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Boleslas II le Généreux dit le Téméraire ou le Cruel

mercredi 10 avril 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 15 décembre 2011).

Boleslas II le Généreux dit le Téméraire ou le Cruel (vers 1039-vers 1081)

Roi de Pologne

Boleslas II le Généreux dit le Téméraire ou le Cruel Roi de Pologne

Fils de Casimir 1er le Restaurateur et de Maria Dobroniega dite Marie de Kiev . En 1058, à la mort de son père, il lui succède sur le trône polonais, ses frères devenant des gouverneurs de province avec une très large autonomie. Il perd la Poméranie [1] qui reprend son indépendance.

De 1060 à 1063, il intervient en Hongrie pour soutenir Béla 1er et son fils, représentants d’une lignée s’opposant au Saint Empire. En 1061, Béla, aidé par des troupes polonaises, prend le pouvoir en Hongrie, ses rivaux se réfugient dans le Saint Empire.

En février 1061, le duc Vratislav II monte sur le trône de Bohême [2]. Celui-ci étant un ennemi de Béla, Boleslas encourage les prétendants à la couronne tchèque et arrête de payer le tribut annuel aux Tchèques.

En été 1061, il assiège la ville de Hradec [3] en Moravie [4] mais il est battu par les Tchèques et doit battre en retraite. En 1063, au décès de Béla 1er, il revient en Hongrie pour soutenir Géza, le fils de Béla, mais il ne peut rien contre l’intervention musclée du Saint Empire. La même année, les relations entre la Bohême et la Pologne se réchauffent, Vratislav II épousant Świętosława de Pologne , la sœur de Boleslas II.

En 1069, Iziaslav 1er et Gertrude de Pologne la fille de Mieszko II sont renversés à Kiev [5]. Une campagne militaire de Boleslas II remet le pro catholique Iziaslav sur le trône de Kiev.

En 1071, il attaque à nouveau la Bohême. L’empereur Henri IV demande à arbitrer le conflit à Meissen [6], mais sa demande est ignorée par Boleslas II, les belligérants concluant un armistice sans la médiation du Saint Empire. En 1072, malgré l’armistice, il lance une nouvelle attaque contre la Bohême et arrête de payer au Saint Empire un tribut pour la Silésie [7].

Le 22 avril 1073, Grégoire VII, un opposant à Henri IV et donc un allié naturel de la Pologne, devient pape. Boleslas II appliquera la Réforme grégorienne [8] dans l’archevêché de Gniezno [9] et entame des négociations pour récupérer la couronne royale. En août 1073, Henri IV déclare la guerre à la Pologne, mais une révolte saxonne l’empêche de mettre ses projets à exécution. En 1074, Boleslas II lâche Iziaslav qui a été chassé par son frère Sviatoslav II et signe un traité avec Kiev pour éviter une guerre sur deux fronts. En Hongrie, la prise du pouvoir par Géza marque l’échec de la politique interventionniste polonaise.

En 1075, une nouvelle révolte saxonne, soutenue par Boleslas II, oblige Henri IV à se retirer de Saxe. Néanmoins, Henri IV écrasera la révolte saxonne à Hombourg [10]. En 1076, avec son allié russe Vladimir II Monomaque , il lance une offensive contre Vratislav, le fidèle vassal d’Henri IV, et s’installe à Meissen qui était occupé par Vratislav.

Le soutien apporté au pape dans la Querelle des Investitures [11] qui l’oppose à l’empereur du Saint Empire et les interventions de Boleslas dans les guerres intestines de l’empire en 1075 et 1076 lui apportent la reconnaissance de Grégoire VII.

Ainsi, il obtient la création d’un évêché à Płock [12] dont Marek devient le premier évêque. Alors qu’en décembre 1076 Henri IV se rend en Italie à Canossa [13] pour se réconcilier avec le pape Grégoire VII, celui-ci permet à Boleslas II de se faire couronner roi le 25 décembre 1076.

La couronne envoyée par le pape est le symbole de la renaissance du pays comme membre de la chrétienté occidentale, comme état indépendant et royaume. Le couronnement de Boleslas II est ressenti par le Saint Empire et par les ennemis de la Pologne comme une insulte. Suite à ce couronnement, il devra affronter une sérieuse rébellion. Les magnats [14], adversaires d’un pouvoir monarchique fort, s’opposent à Boleslas à cause des reformes grégoriennes, de sa politique d’indépendance par rapport au Saint Empire et de son alliance avec la Hongrie.

En avril 1077, à la mort de Géza, Ladislas 1er de Hongrie, le fils de Béla, monte sur le trône hongrois, aidé par les Polonais qui s’opposent aux troupes tchèques qui soutenaient son rival. La même année, à la mort de Sviatoslav, Boleslas intervient à Kiev et aide de nouveau Iziaslav à reconquérir le trône.

En 1078, sur le chemin du retour, il reprendra la Ruthénie rouge [15]. Pendant ce temps, les opposants à Boleslas soutenus par le Saint Empire et la Bohême commencent à dessiner les grandes lignes d’un complot contre le roi qu’ils souhaitent remplacer par son jeune frère Ladislas 1er Herman .

Ayant eu vent de la conspiration et soupçonnant l’évêque de Cracovie [16] Stanislas de Szczepanów d’en être l’instigateur, il le fait arrêter.

Le 11 avril 1079, il fait trancher les membres de l’évêque Stanislas, qui avait été jugé et condamné à mort. Face à l’indignation et à la révolte des nobles et des prélats, il est excommunié et doit abandonner la couronne pour s’enfuir en Hongrie, accompagné de son épouse et de son fils Mieszko Bolesławowic .

Ladislas 1er Herman, le jeune frère de Boleslas II, est installé au pouvoir par les magnats dont il est la marionnette. Il renonce au titre de roi et reprend le titre de duc.

Vers 1081, Boleslas II meurt en Hongrie dans des circonstances mystérieuses.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Boleslas II le Généreux/ Portail de la Pologne/ Catégories  : Souverain de Pologne du 11ème siècle

Notes

[1] Le duché de Poméranie est un ensemble de principautés féodales apparues au 11ème siècle et restées pendant environ 5 siècles possession patrimoniale de la dynastie des Greifen (nom francisé en « Griffons »), mais rarement dirigées par un seul homme. Le duché a en effet le plus souvent été divisé entre différents lignages de la famille des Greifen : Szczecin, Wolgast, Barth, Darłowo, Demmin, Słupsk et Stargard. Selon les époques, il a été vassal de la Pologne, du Danemark, du Saint-Empire, plus particulièrement de la Saxe ou du Brandebourg. Malgré les bouleversements politiques survenus au cours de son histoire, son emplacement correspond à celui de l’actuelle région géographique de Poméranie, située de part et d’autre de l’estuaire de l’Oder, de la rivière Recknitz à l’ouest au delta de la Vistule à l’est.

[2] Le royaume de Bohême était un royaume situé dans la région de la Bohême, en Europe centrale, dont la plupart des territoires se trouvent actuellement en République tchèque. Devenu une possession héréditaire des Habsbourg en 1620, le royaume a fait partie du Saint Empire jusqu’à sa dissolution en 1806, après quoi il est devenu une partie de l’Empire d’Autriche, puis de l’Empire austro-hongrois.

[3] Hradec nad Moravicí est une ville du district d’Opava, dans la région de Moravie-Silésie, en Tchéquie.

[4] La Moravie est une région historique d’Europe centrale, ayant jadis englobé l’actuelle Tchéquie et un large territoire autour, mais formant aujourd’hui le tiers oriental de la Tchéquie. Ses villes principales sont Brno et Olomouc. Depuis le premier tiers du 11ème siècle, le margraviat de Moravie (ou « duché de Méranie », forme, avec la Bohême, la région historique de Bohême-Moravie.

[5] La Rusʹ de Kiev ou Rous de Kiev, appelée aussi État de Kiev, Russie kiévienne, principauté de Kiev ou Ruthénie prémongole, est une principauté slave orientale qui a existé du milieu du 9ème au milieu du 13ème siècle, se désagrégeant en une multitude de principautés avant de disparaître formellement du fait de l’invasion mongole de la Rus’ de Kiev, qui commença en 1223 et entraîna la disparition de la principauté en 1240. La Rusʹ est la plus ancienne entité politique commune à l’histoire des trois États slaves orientaux modernes : Biélorussie, Russie et Ukraine.

[6] Meissen ou Misnie est une ville de Saxe, en Allemagne. La ville est internationalement connue pour la production de la porcelaine de Meissen, qui, en 1708, fut la première porcelaine produite en Europe. Cette ville fut fondée par Henri 1er de Saxe en 922 sur un rocher surplombant l’Elbe. En 929, il fit fortifier la montagne située à l’endroit stratégique constitué par un gué sur l’Elbe. Durant plusieurs siècles, Meissen fut une ville florissante dont il reste toujours de nombreux vestiges dans les quartiers anciens : ruelles médiévales, château (Albrechtsburg) qui a abrité, entre 1710 et 1865, la manufacture nationale de porcelaine, Dom (cathédrale Saints-Jean-et-Donat), construite à partir de 1250 sur les vestiges d’une église romane et terminée vers la fin du 15ème siècle.

[7] La Silésie est une région historique en Europe centrale qui s’étend dans le bassin de l’Oder sur trois États : la majeure partie est située dans le Sud-Ouest de la Pologne, une partie se trouve au-delà de la frontière avec la Tchéquie et une petite partie en Allemagne.

[8] La réforme grégorienne est une politique menée durant le Moyen Âge sous l’impulsion de la papauté. Si les historiens admettent que le pape Léon IX a commencé le redressement de l’Église, c’est pourtant le pape Grégoire VII qui a laissé son nom à la réforme. De plus, les efforts pour sortir l’Église catholique d’une crise généralisée depuis le 10ème siècle se poursuivent bien après le pontificat de Grégoire VII. Ainsi l’expression « réforme grégorienne » peut paraître impropre puisqu’elle ne s’est pas limitée à quelques années mais concerne au total près de trois siècles.

[9] L’archidiocèse de Gniezno est un archidiocèse catholique situé en Pologne. Sa fondation, en l’an mil, marqua la création de l’Église de Pologne, en hommage au martyre de Wojciech. Traditionnellement, l’archevêque de Gniezno porte le titre de primat de Pologne.

[10] Bad Homburg vor der Höhe (en français Bad Hombourg) est une ville située en République fédérale d’Allemagne dans le Land de Hesse.

[11] La querelle des Investitures est le conflit qui opposa la papauté et le Saint Empire romain germanique entre 1075 et 1122. Elle tire son nom de l’investiture des évêques. Au Moyen Âge, l’investiture est un acte par lequel une personne met une autre en possession d’une chose. Au 11ème siècle, les souverains estiment que le fait de confier à un évêque ou à un curé des biens matériels leur permet de choisir l’officiant et de lui accorder les investitures spirituelles. Cette mainmise du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel a comme conséquence une défaillance profonde du clergé, qui n’assure plus son rôle. La réforme grégorienne qui débute au milieu du 11ème siècle entend lutter contre les manquements du clergé à ses devoirs, ce qui incite le pape à vouloir le contrôler, au détriment du pouvoir politique. Les monarques du Saint Empire romain germanique, pour qui les évêques sont aussi des relais de l’autorité impériale, s’opposent alors à cette prétention. Après une lutte sans merci entre les empereurs et les papes, la querelle des Investitures aboutit à une victoire provisoire du spirituel sur le temporel.

[12] Płock, parfois francisée en Plotsk, est une ville de la voïvodie de Mazovie, dans le centre de la Pologne. Elle est une ville-powiat et le siège administratif (chef-lieu) du powiat de Płock, sans en faire partie.

[13] La pénitence de Canossa de janvier 1077 est un moment clef du conflit médiéval entre la papauté et le souverain germanique, au cours duquel le roi des Romains Henri IV vient s’agenouiller devant le pape Grégoire VII afin que celui-ci lève l’excommunication prononcée contre lui.

[14] Magnat (était la dénomination, ou plutôt le titre de courtoisie, donné aux membres de la grande noblesse en Pologne et Lituanie, en Hongrie, en Angleterre. Le titre est apparu dans le haut Moyen Âge. Un magnat était un grand propriétaire terrien, qui possédait des châteaux, des manoirs, des villes et des villages. Il avait aussi une grande influence sur les affaires du pays. Le titre était héréditaire. On peut le considérer comme l’équivalent de pair héréditaire. Il y avait en Pologne 200 à 300 familles de magnats (18ème siècle). Le magnat était un seigneur qui se distinguait de la petite noblesse (appelée szlachta en Pologne) par sa puissance économique et politique.

[15] La Ruthénie rouge, ou Russie rouge est le nom qui a été utilisé depuis le Moyen Âge jusqu’à la Première Guerre mondiale pour désigner la Galicie orientale. À l’origine, la Ruthénie rouge désignait le territoire compris entre le Bug et le Wieprz, c’est à dire le territoire autour de Chelm. Cette région est mentionnée pour la première fois en 981, quand Vladimir 1er le Grand de la Rus’ de Kiev reprend cette région à la Pologne de Mieszko 1er. En 1018, Boleslas 1er le Vaillant récupère ce territoire qui sera repris par la Rus’ de Kiev en 1031.

[16] Le diocèse aurait été créé un peu avant l’an 1000, et l’on a suggéré qu’il aurait pu avoir été fondé par Mieszko 1er, le roi de Pologne en 984. L’invasion tchèque de 1039 a détruit les archives ecclésiastiques, et en conséquence, les premiers évêques, appelés Prochorus, Proculpus et Proppo, sont méconnus ou légendaires. La première liste épiscopale a été compilée en 1266, la deuxième en 1347. Au départ, le diocèse comprenait les villes de Sandomir et Lublin, et toute la Petite-Pologne. Les évêques étaient parfois ducs de la Sévérie (Sievers), entre la Silésie et Cracovie.