Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 11ème siècle > Mathilda Van Vlaanderen dite Mathilde de Flandre

Mathilda Van Vlaanderen dite Mathilde de Flandre

lundi 14 décembre 2020, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 2 décembre 2011).

Mathilda Van Vlaanderen dite Mathilde de Flandre (vers 1031-1083)

Duchesse de Normandie et reine d’Angleterre

Fille de Baudouin V dit Baudouin de Lille, comte de Flandre [1], et d’Adèle de France, comtesse de Corbie [2]. Petite-fille du roi de France Robert II.

En 1050 elle épouse le duc de Normandie [3] Guillaume le Bâtard, fils illégitime de Robert 1er dit Robert le Diable, duc de Normandie, et d’Arlette de Falaise. Le mariage à lieu à Rouen [4], la capitale du duché de Normandie. Les négociations pour leur mariage avaient débuté probablement depuis 1048, mais en 1049, le pape Léon IX le prohibe sur des bases inconnues.

Toutefois, les futurs époux outrepassent l’interdiction. En 1059, le pape Nicolas II valide rétrospectivement ce mariage à condition que les 2 époux fondent chacun une abbaye. Mathilde fonde alors l’abbaye aux Dames de Caen [5]. Son église abbatiale est dédicacée le 18 juin 1066. La fondation de l’église Notre-Dame du Pré de Quevilly lui est aussi attribuée.

Elle a apparemment des relations cordiales avec tous ses enfants, et elle est notamment très proche de son aîné Robert. Elle est particulièrement peinée quand celui-ci se dispute avec son père et qu’il s’exile en France. Elle a l’habitude de lui envoyer de l’argent et de l’or aux dépens de son mari, mais quand celui-ci découvre le pot au rose, il menace de sévices le messager breton qu’elle utilise.

Sur le plan politique, elle est régente du duché pendant la conquête normande de l’Angleterre, probablement avec son fils Robert. Roger II de Montgommery et Roger de Beaumont sont parfois ses conseillers. Elle contribue à la flotte d’invasion en donnant un bateau nommé Mora, que l’on peut d’ailleurs voir sur la Tapisserie de Bayeux.

À la Pentecôte 1068, elle est en Angleterre où elle se fait couronner reine à Westminster [6]. Elle continue à s’occuper de la régence de la Normandie durant les années 1070 et 1080. Dans son entourage on trouve l’évêque Guy d’Amiens , et elle entretient une correspondance avec le pape Grégoire VII, qui l’encourage à user de son influence sur son mari.

La conquête de l’Angleterre lui apporte de nombreuses terres et fait d’elle une riche propriétaire terrienne avec des propriétés dans 8 comtés. Elle ne possédait auparavant qu’un maigre douaire dans le Pays de Caux [7]. Elle utilise ses nouvelles ressources financières pour faire divers dons à des maisons religieuses, notamment aux abbayes de Saint-Évroult [8], Corneille [9], Cluny et la Sainte Trinité de Caen.

Elle tombe malade à la fin de l’été 1083 et meurt le 2 novembre. Selon sa volonté, elle est inhumée dans l’église de la Sainte Trinité de Caen. Elle laisse toutes ses terres anglaises et son argent à son benjamin Henri. Sa couronne et son sceptre vont aux nonnes de la Sainte Trinité.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Annie Fettu, La reine Mathilde : princesse de Flandre, duchesse de Normandie, reine d’Angleterre, vers 1032-1083, Cully, OREP, 2005 (ISBN 978-2-912925-77-0, OCLC 469473416).

Notes

[1] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).

[2] Corbie est une commune française située dans le département de la Somme. En 1124, l’abbé Robert accorda une charte communale à la ville de Corbie. La commune avait la charge de l’entretien des remparts qui jusqu’au 19ème siècle étaient percés de trois portes permettant l’accès à la ville, au nord, la porte d’Encre, au sud la porte à l’Image qui devait son nom à une statue en bois de la Vierge qui l’ornait, et à l’ouest, la porte des Vaches qui menait aux prairies de La Neuville. En 1184, la ville de Corbie fut assiégée par le comte de Flandre, Philippe d’Alsace, en guerre contre le roi de France, Philippe Auguste. La résistance de Corbie permit à Philippe Auguste de battre le comte de Flandre et de lui prendre le comté d’Amiens qu’il possédait. Philippe Auguste donna à Corbie de nouvelles libertés à l’encontre de l’abbé de Corbie qui s’y opposait. Mais, parti en croisade en 1189, le roi fut accompagné par l’abbé Nicolas III qui lui arracha la suppression de ces articles additionnels. En 1191, l’abbé Nicolas III en lutte avec ses religieux eux-mêmes dut démissionner en 1191.

[3] Le duché de Normandie est un duché féodal du royaume de France qui a existé de 911 à 1469, d’abord comme principauté largement autonome, puis après sa conquête par le roi de France en 1204, comme partie du domaine royal ou comme apanage. Louis XI supprime le duché en 1469. Toutefois, il subsiste pour sa partie insulaire (les îles Anglo-Normandes) comme dépendance de la couronne britannique. Le duché de Normandie fait partie, comme l’Aquitaine, la Flandre ou la Catalogne, de ces principautés qui émergent au milieu du Moyen Âge avec l’affaiblissement du pouvoir royal carolingien.

[4] Rouen est une commune du Nord-Ouest de la France traversée par la Seine. Préfecture du département de la Seine-Maritime. Entre 911 et 1204, elle fut la capitale du duché de Normandie. Terre de pouvoirs, elle accueillit l’Échiquier puis le Parlement de Normandie. À partir du 13ème siècle, la ville connaît un essor économique remarquable, notamment grâce au développement des manufactures de textile et au commerce fluvial. Revendiquée aussi bien par les Français que par les Anglais durant la guerre de Cent Ans, c’est sur son sol que Jeanne d’Arc a été provisoirement incarcérée, jugée puis brûlée vive le 30 mai 1431.

[5] L’Abbaye aux Dames est l’une des deux grandes abbayes de Caen. L’église abbatiale de la Trinité abrite depuis 1083 le tombeau de Mathilde de Flandre, épouse de Guillaume le Conquérant. L’abbaye est le siège du Conseil régional de Basse-Normandie depuis 1986.

[6] Le palais de Westminster, également désigné sous le nom de Chambres du Parlement, est le lieu où siège le Parlement du Royaume-Uni : la Chambre des communes et la Chambre des lords. Le palais borde la rive nord de la Tamise et se situe au centre de la ville, dans l’arrondissement londonien de la cité de Westminster. La section la plus ancienne du palais, Westminster Hall, remonte à l’an 1097. Le palais de Westminster servait à l’origine de résidence royale, mais aucun monarque anglais ou britannique n’y a plus vécu depuis le 16ème siècle, suite à un important incendie survenu en 1512. Cependant, la plus grande partie du bâtiment date du 19ème siècle car le palais fut presque entièrement détruit par un nouvel incendie, encore plus dévastateur, survenu le 16 octobre 1834. L’architecte responsable de la reconstruction, Sir Charles Barry, inscrivit le nouveau bâtiment dans le plus pur style néogothique, en référence à l’époque des Tudor. L’une des attractions les plus célèbres du palais de Westminster est sa tour de l’Horloge, qui abrite Big Ben.

[7] Le pays de Caux est une région naturelle de Normandie appartenant au Bassin parisien. Il s’agit d’un plateau délimité au sud par la Seine, à l’ouest et au nord par les falaises de la Côte d’Albâtre, à l’est par les hauteurs dominant les vallées de la Varenne et de l’Austreberthe. Son territoire occupe toute la partie occidentale du département de la Seine-Maritime. Au 9ème siècle, des Vikings pillent la région, puis s’y implantent en fondant le duché de Normandie en 911 qui va dès lors s’ouvrir aux influences nordiques. Intégré en même temps que le duché au royaume de France en 1204, le pays de Caux est particulièrement frappé par les effets de la Guerre de Cent Ans et des guerres de religion, les Cauchois comme les autres Normands s’étant convertis au protestantisme en grand nombre.

[8] L’abbaye de Saint-Évroult est une ancienne abbaye bénédictine construite sur ce qui est aujourd’hui le territoire de la commune de Saint-Évroult-Notre-Dame-du-Bois (Orne), elle est aujourd’hui en ruines et fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 17 janvier 1967. Elle est réputée pour avoir été fondée par saint Évroult sous le nom d’« abbaye d’Ouche », dont on trouve mention pour la première fois dans un diplôme de Charles le Simple en l’an 900 : monasterio que vocatur Uticus2, c’est-à-dire d’Utica, du pays d’Ouche.

[9] L’abbaye Saint-Corneille est située à Compiègne (876-1790), à 75 km au nord de Paris, dans le pays de Valois, et s’appelle tout d’abord Sainte-Marie ou Notre-Dame. Elle est renommée par la suite Saint-Corneille et est connue également sous le nom de Saint-Cyprien. Cette abbaye impériale et royale, fondée par un empereur, pour succéder ou être au moins la rivale de la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle, fut consacrée par un pape et fut le lieu de réunion de plusieurs conciles. Plusieurs Carolingiens et Robertiens se firent couronner ou inhumer dans ses murs. En 987, c’est en son sein qu’une assemblée reconnut roi Hugues Capet. Mais, après 987, l’influence de l’abbaye diminua et devint presque uniquement provinciale. Toutefois, aux yeux des princes comme du peuple, elle resta, du fait de son passé et de ses précieuses reliques, une illustre abbaye royale.