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Wolfgang de Ratisbonne ou saint Wolfgang

lundi 17 mars 2025, par lucien jallamion

Wolfgang de Ratisbonne ou saint Wolfgang (934-994)

Évêque de Ratisbonne en Bavière de 972 jusqu’à sa mort

Wolfgang descendait de la famille des comtes de Pfullingen [1]. À l’âge de 7 ans, il avait un précepteur ecclésiastique à la maison pour son éducation, plus tard, il rejoignit l’école du monastère de Reichenau [2].

C’est là qu’a débuté la fidèle amitié qu’il noua avec Henri de Babenberg, frère de l’évêque de Wurtzbourg [3], qu’il suivit dans cette ville afin d’y suivre les cours du grammairien Stéphane de Novara, à l’école de la cathédrale.

Après qu’Henri fut élu archevêque de Trèves [4] en 956, il appela Wolfgang afin qu’il devienne professeur à l’école épiscopale de Trèves et qu’il travaille aussi à la réforme du diocèse, ce qu’il fit, en dépit de l’hostilité rencontrée.

Son séjour à Trèves influença grandement sa vision de la vie monastique et de l’ascétisme, par le contact qu’il eut avec les grands réformateurs du 10ème siècle, particulièrement Ramwold, l’inspirateur d’Adalbert de Prague.

Après la mort de l’archevêque Henri, en 964, Wolfgang entra dans l’ordre bénédictin [5] à l’abbaye d’Einsiedeln [6] en Suisse, et fut ordonné prêtre par Ulrich d’Augsbourg dit saint Ulrich en 968.

Après leur défaite à la bataille de Lechfeld en 955 [7], victoire attribuée à l’intercession de saint Ulrich, les Magyars [8], païens, s’étaient réfugiés en Pannonie [9], mais, tant qu’ils n’étaient pas convertis, ils demeuraient une menace pour l’empire.

À la demande d’Ulrich, qui avait clairement vu le danger, et pour satisfaire aux désirs de l’empereur Otton le Grand, Wolfgang fut envoyé pour évangéliser les Magyars, parce qu’il était la personne la plus apte à réussir cette mission.

Il fut suivi par d’autres missionnaires, envoyés par l’évêque de Nassau, sous la juridiction duquel était la région.

À la mort de l’évêque Michel de Ratisbonne, le 23 septembre 972, Wolfgang fut nommé à sa place, à Noël 972.

Il devint le tuteur de l’empereur Henri II, auquel il enseigna les meilleurs principes pour gouverner chrétiennement. Il eut aussi d’importants élèves, comme le fils du margrave [10] Léopold, futur archevêque de Trèves.

Il travailla à réformer plusieurs abbayes, ainsi que les couvents d’Obermünster et de Niedermünster [11] à Ratisbonne [12], luttant contre les abus du clergé et les nominations de complaisance des abbés.

Il accorda aussi un soin tout particulier à la liturgie et fut enfin un grand bienfaiteur des pauvres. C’est lui qui aurait décidé en 975 de la fondation d’une école rattachée à la cathédrale Saint-Pierre qui sera à l’origine de la chorale Regensburger Domspatzen [13], faisant d’elle le plus ancien chœur du monde encore en activité.

Vers la fin de sa vie, Wolfgang se retira dans un endroit isolé, en Autriche, dans la région du Salzkammergut [14]. Gebhard d’Anders dit Gebhard 1er de Ratisbonne lui succéda au siège de Ratisbonne. On ne sait s’il avait quitté son évêché à la suite d’un désaccord politique, ou seulement pour une visite pastorale à l’abbaye de Mondsee [15]), mais il fut découvert par un chasseur, et ramené à Ratisbonne.

Tandis qu’il voyageait sur le Danube [16] en direction de Pöchlarn [17], en Autriche, il tomba malade dans le village de Pupping [18] entre Eferding [19] et Aschach [20]. À sa demande, il fut transporté à la chapelle Saint-Othmar de Pupping où il mourut.

Sa dépouille fut ramenée sur le Danube par ses amis Aribo d’Andechs et Hartwich de Salzbourg, à Ratisbonne où il fut solennellement enterré dans la crypte de l’église Saint-Emmeran [21].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Wolfgang of Regensburg »

Notes

[1] Pfullingen est une ville de Bade-Wurtemberg (Allemagne), située dans l’arrondissement de Reutlingen, dans la région Neckar-Alb, dans le district de Tübingen.

[2] L’Abbaye de Reichenau est un monastère d’Allemagne, dans le Land du Bade-Wurtemberg, se trouvant sur l’île homonyme, située sur l’Untersee, partie inférieure du lac de Constance. Le monastère était un des centres culturels et scientifiques importants des royaumes carolingiens et Ottoniens du Haut Moyen Âge.

[3] L’évêché de Wurtzbourg est une principauté ecclésiastique du Saint Empire romain germanique, situé en Basse Franconie, autour de la ville de Wurtzbourg. Le diocèse est crée en 743, et devient à la fin du 8ème siècle suffragant du diocèse de Mayence. Au 18ème siècle, le prince évêque de Wurtzbourg est aussi évêque de Bamberg.

[4] Le diocèse de Trèves est une Église particulière de l’Église catholique dans le land de Rhénanie-Palatinat, en Allemagne. Trêves est la plus ancienne ville d’Allemagne et un diocèse également très ancien élevé au rang d’archidiocèse au 8ème siècle. L’archevêque est l’un des huit Prince Électeurs de l’Empire.

[5] L’ordre des Prêcheurs ou des Frères Prêcheurs, plus connu sous le nom d’ordre dominicain, est un ordre catholique né sous l’impulsion de saint Dominique en 1215. Il appartient, comme l’ordre des Frères mineurs ou franciscains, à la catégorie des ordres mendiants. Suivant la règle de saint Augustin, ainsi que ses propres Constitutions, en partie inspirées de celles des prémontrés, il s’est donné pour mission l’apostolat et la contemplation. Les dominicains sont des religieux mais pas des moines : ils ont la particularité de ne prononcer qu’un seul vœu, celui d’obéissance, dans les mains du maître de l’ordre (ou de son représentant), les vœux de pauvreté et de chasteté étant implicitement inclus. Ils ne font, par contre, pas vœu de stabilité comme les moines. Ils vivent dans des couvents et non dans des monastères. Leur vocation étant de prêcher, leurs couvents sont souvent situés dans de grandes villes.

[6] L’abbaye territoriale d’Einsiedeln est un monastère bénédictin, situé dans la ville suisse d’Einsiedeln dans le canton de Schwytz, dédié à Notre-Dame des Ermites, à cause des circonstances de sa fondation, dont provient également le nom d’Einsiedeln. Le monastère est une station importante du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle et la destination de nombreux pèlerins. La « Vierge noire » d’Einsiedeln dans la Gnadenkapelle est un pôle d’attraction pour environ un million de pèlerins et touristes chaque année. Le monastère est depuis 1130 une abbaye double, c’est-à-dire regroupant sous l’autorité d’un même abbé deux communautés vivant sur deux sites distincts : les hommes à Einsiedeln, les femmes à Fahr

[7] La bataille du Lechfeld eut lieu le 10 août 955. Elle marque probablement l’endiguement des incursions des Hongrois (Magyars) en Europe centrale, avec le contrôle de la trouée pannonienne. Ce fut une victoire décisive des forces du futur empereur Otton le Grand contre le khan Horka Bulcsu. Situé près d’Augsbourg, le Lechfeld s’étend entre les rivières Lech et Schmutter. La bataille de la Lech enleva pour toujours aux Hongrois le goût des déprédations dans les territoires germaniques.

[8] Les Magyars ou Hongrois sont à l’origine un groupe ethno-linguistique finno-ougrien originaire d’Asie centrale et dont les migrations successives, d’abord vers l’Oural, ensuite vers la mer Noire (pays d’Etelköz, l’actuelle Ukraine) ont finalement abouti à la création du « pays magyar » (Magyarország), c’est-à-dire la Hongrie. Des débats historiographiques récurrents évoquent l’existence de « Magyars orientaux » (keleti Magyarok) dans le Caucase et en Asie centrale. De nos jours, le qualificatif « magyar » est souvent utilisé comme un ethnonyme, pour désigner la catégorie ethnique dans son sens historique (avant la création de l’État hongrois) ou dans son sens socio-culturel, pour désigner les Magyars d’outre-frontières, à savoir les minorités de langue hongroise dans les pays frontaliers de la Hongrie. En hongrois, le qualificatif magyar est également utilisé dans un sens politique, pour désigner tout ce qui est relatif à la Hongrie comme État-nation moderne et par extension tous les citoyens hongrois, quelles que soient leurs origines socio-culturelles.

[9] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc. Vers 105 apr. jc, Trajan divise la province en Pannonie supérieure à l’ouest et Pannonie inférieure à l’est. Ces qualificatifs ne sont pas seulement déterminés par le sens du cours du Danube, mais aussi par l’éloignement par rapport à Rome en suivant les itinéraires routiers : le voyageur venant d’Italie rencontre d’abord la Pannonie supérieure, puis la Pannonie inférieure. Le Pannonien Maximien est associé au pouvoir en 285. Les tétrarques réorganisent les provinces pour en améliorer l’administration et la défense : la Pannonie inférieure est divisée en deux : au nord la Valeria, du nom de famille de Dioclétien, avec pour capitale Aquincum ; au sud, la Pannonia Secunda, avec pour capitale Sirmium

[10] Le titre de margrave était donné aux chefs militaires des marches (ou mark), dans l’empire carolingien, puis à certains princes du Saint Empire romain germanique. Le titre équivalent en français est marquis. Le margraviat est la juridiction sur laquelle il a autorité.

[11] Le Niedermünster de Ratisbonne est une communauté de chanoinesses qui fut l’une des plus riches et influentes de Bavière. L’église est toujours affectée au culte. Le monastère a longtemps conservé le Codex Uta, manuscrit enluminé ottonien commandé par l’abbesse Uta dans le premier quart du 11ème siècle.

[12] Ratisbonne, est une ville allemande, située dans le Land de Bavière et baignée par le Danube. Elle est située à 88 kilomètres de Nuremberg et à 103 kilomètres de Munich, proche de la République tchèque. La ville est le chef-lieu du district du Haut Palatinat et du Landkreis de Regensburg. Après des troubles intérieurs en 1500, le Roi des Romains et futur empereur Maximilien 1er intervint et appliqua une constitution (la Regimentsordnung) à la ville. Modifiée en 1514, elle reste formellement valable jusqu’en 1803. En 1519, lors d’un pogrom, la communauté juive, la plus grande d’Allemagne à l’époque, fut chassée de la ville. Les habitants profitèrent de la transition de pouvoir après la mort de Charles Quint pour détruire l’ancien quartier juif.

[13] Les moineaux de la cathédrale de Ratisbonne

[14] Le Salzkammergut est une région d’Autriche des Préalpes orientales septentrionales. C’est aujourd’hui une région touristique, réputée pour ses multiples lacs alpins, comprenant 54 communes encaissées entre les faubourgs de la ville de Salzbourg, la vallée de l’Almtal et le Grimming, la vallée de la Vöckla et le massif du Dachstein.

[15] qui dépendait de l’évêché de Ratisbonne

[16] Le Danube est le deuxième fleuve d’Europe par sa longueur (après la Volga qui coule entièrement en Russie). Il prend sa source dans la Forêt-Noire en Allemagne lorsque deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, se rencontrent à Donaueschingen où le fleuve prend le nom de Danube. La longueur du Danube dépend du point de départ considéré : 2 852 km pour la confluence de Donaueschingen mais 3 019 km à partir de la source de la Breg. Il coule vers l’est et baigne plusieurs capitales de l’Europe centrale, orientale et méridionale

[17] Pöchlarn est une ville autrichienne située dans le district de Melk en Basse-Autriche. La commune porte le titre de Nibelungenstadt.

[18] Pupping est une commune autrichienne du district d’Eferding en Haute-Autriche.

[19] Eferding est une petite ville d’Autriche, située au cœur de la Haute-Autriche. La ville est aussi la capitale du district d’Eferding qui a 12 communes. Eferding est la 3ème plus ancienne ville d’Autriche (1222), après Enns en 1212 et Vienne en 1221.

[20] Aschach an der Donau est une commune autrichienne du district d’Eferding en Haute-Autriche.

[21] L’abbaye Saint-Emmeran, aujourd’hui divisée entre le château de Thurn und Taxis et la basilique Saint-Emmeran, est une abbaye bénédictine aujourd’hui disparue, fondée vers 739 à Ratisbonne (Bavière), sur la tombe de l’évêque missionnaire franc, saint Emmeran de Ratisbonne. Le monastère de Saint-Emmeran a émergé d’une église Saint-Georges au-dessus d’un site funéraire paléochrétien situé dans la zone de peuplement urbain au sud-ouest à l’extérieur du camp de légionnaires romains de Castra Regina. Saint-Emmeran de Ratisbonne y fut enterré au 7ème siècle.