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Antoine de Lorraine dit le Bon

vendredi 24 mai 2024, par lucien jallamion

Antoine de Lorraine dit le Bon (1489-1544)

Duc de Lorraine et de Bar de 1508 à 1544-Duc titulaire de Gueldre de 1538 à 1541

Fils de René II, duc de Lorraine [1] et de Bar [2], et de Philippe de Gueldre.

Il fut élevé à la cour de Louis XII, roi de France avec son frère Claude et s’était lié d’amitié avec son cousin le duc d’Angoulême, futur roi François 1er. Il a 19 ans à la mort de son père et sa mère Philippe de Gueldre revendique la régence, mais les États de Lorraine déclarèrent qu’Antoine était en âge compétent et qualifié pour être hors de tutelle.

En 1509, il confia le duché à sa mère et à l’évêque de Toul [3] Hugues des Hazards , et partit accompagner Louis XII dans les guerres d’Italie. Il prit part à la bataille d’Agnadel le 14 mai 1509 [4]. À partir de cette campagne, son médecin personnel est Symphorien Champier , qu’il fait chevalier à Marignan [5].

Après la mort de Louis XII, il assiste au sacre de François 1er, puis l’accompagne en Italie et il combat à la bataille de Marignan, les 14 et 15 septembre 1515. Mais pris par des problèmes intérieurs à la Lorraine, il ne participa pas aux expéditions suivantes et ne participa pas à la bataille de Pavie en 1525 [6] où est tué son frère François de lorraine comte de Lambesc .

La Réforme, lancée par Luther commençait à pénétrer à Metz [7] et dans la Lorraine. Le 26 décembre 1523, Antoine publia un édit interdisant les propos luthériens, ainsi que la saisie des écrits protestants.

La situation s’aggrava l’année suivante, car une insurrection paysanne, appelée révolte des Rustauds [8], se développa en Alsace. Les insurgés prirent Saverne [9] et tentèrent de prendre Saint-Dié [10] et les paysans du pays de Bitche [11] se soulevèrent à leur tour en mai 1525. Antoine dut monter une expédition qui reprit Saverne le 17 mai, puis battit et massacra une armée de rustauds le 20 mai près de Sélestat [12]. Les 30 000 victimes de cette journée font aux Lorrains une réputation de traîtres et de brutes qui restera gravée dans les mémoires en Alsace. Il dut par la suite promulguer d’autres édits contre les Protestants.

Par héritage et achats, il agrandit le duché. À partir de 1525, Antoine préféra rester neutre dans les guerres qui opposaient François 1er à Charles Quint. Par le traité de Nuremberg du 26 août 1542 [13], il réussit à obtenir de l’empereur l’indépendance du duché de Lorraine. Mais il subsistait un problème qui l’inquiétait : après Pavie, François 1er avait renoncé au Milanais et à Naples. L’Italie cessait d’être un champ de bataille entre les deux monarques, et la Lorraine risquait de le devenir.

Il tenta des démarches auprès des deux souverains pour que la Lorraine soit épargnée, mais sans succès, et il mourut de maladie peu après.

Il avait épousé en 1515 Renée de Bourbon-Montpensier , fille de Gilbert de Bourbon, comte de Montpensier [14], et de Claire de Gonzague, et sœur du connétable de Bourbon Charles III de Bourbon. Ce mariage lui apportait en dot le comté de Mercœur [15].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Henry Bogdan, La Lorraine des ducs, sept siècles d’histoire, Perrin, 2005 (ISBN 2-262-02113-9)

Notes

[1] Le duché de Lorraine est né du partage de la Lotharingie en 959 par le duc Brunon de Cologne, qui confia la Haute Lotharingie au vice duc Frédéric de Bar. Celui-ci prit le titre de duc de Haute Lotharingie en 977. Au fil du temps, le duché de Haute Lotharingie deviendra le duché de Lorraine, mentionné comme tel en 1067. Les ducs (pour les descendants de Gérard d’Alsace et ceux des Maisons de Vaudémont et d’Anjou jusqu’en 1737) se succédèrent jusqu’en 1766, date de l’annexion par la France où le trône ducal fut occupé par Stanislas Leszczynski, souverain polonais détrôné profitant de la vacance du trône lorrain à la suite du mariage du dernier duc de la maison de Lorraine, François III, avec l’archiduchesse régnante d’Autriche Marie-Thérèse. Ce François III a été élu par la suite roi des Romains et couronné comme Saint Empereur Romain sous le nom de François (premier de ce nom), de sorte qu’on parle de sa femme comme l’Impératrice Marie-Thérèse.

[2] Relevant à la fois du Saint Empire romain germanique mais aussi du domaine royal de France (partie du duché située à l’ouest de la Meuse), le comté, puis duché de Bar, fut formé au 10ème siècle par Ferry d’Ardennes, frère de l’évêque de Metz Adalbéron. Il fut annexé par la France en 1766. Ses villes principales étaient Bar-le-Duc, la capitale, Pont-à-Mousson sur la Moselle, au pied du château de Mousson, Briey et Longwy. Ses frontières bordaient le comté de Champagne, la principauté épiscopale de Verdun, le comté puis duché de Luxembourg, la principauté épiscopale de Metz, le duché de Lorraine et la principauté épiscopale de Toul.

[3] Le diocèse de Toul est érigé au 4ème siècle. Selon la tradition, le premier évêque de Toul est saint Mansuy (Mansuetus). Au 10ème siècle l’évêque de Toul est fait prince-évêque conjointement à ceux de Verdun et de Metz, résultat des privilèges déjà attribués par Charlemagne qui faisaient que l’évêque avait droit à la perception d’un impôt. Il s’approprie ainsi un temporel important autour de la ville qu’il partage en partie avec le chapitre de la cathédrale. Or au 13ème siècle à la manière des bourgeois de Verdun et de Metz, ceux de Toul se rebellent et obtiennent d’ériger leur cité en ville libre d’Empire jusqu’au règne de Louis XIII. Louis XIV préserve toutefois les antiques franchises de la ville.

[4] Le 14 mai 1509, la république de Venise est vaincue à Agnadel, non loin de Milan, par la coalition de pays regroupés dans la Ligue de Cambrai, à savoir le pape Jules II, le roi de France Louis XII, l’empereur d’Allemagne Maximilien 1er et le roi d’Aragon Ferdinand.

[5] La bataille de Marignan eut lieu les 13 et 14 septembre 1515 et opposa François 1er et ses alliés vénitiens aux mercenaires Suisses qui défendaient le duché de Milan.

[6] La bataille de Pavie à lieu le 24 février 1525. Elle est un événement décisif de la sixième guerre d’Italie (1521-1526). Elle marque la défaite des rois de France dans leur tentative de domination du nord de l’Italie.

[7] Metz est une commune française située dans le département de la Moselle, en Lorraine. Préfecture de département. Metz et ses alentours, qui faisaient partie des Trois-Évêchés de 1552 à 1790, se trouvaient enclavés entre la Lorraine ducale et le duché de Bar jusqu’en 1766.

[8] La guerre des Paysans allemands est un conflit qui a eu lieu dans le Saint Empire romain germanique entre 1524 et 1526 dans des régions de l’Allemagne du Sud, de la Suisse, de la Lorraine allemande et de l’Alsace. On l’appelle aussi, en allemand, le Soulèvement de l’homme ordinaire (Erhebung des gemeinen Mannes), ou en français la révolte des Rustauds. Cette révolte a des causes religieuses, liées à la réforme protestante, et sociales, dans la continuité des insurrections qui enflamment alors régulièrement le Saint Empire, comme celles menées par Joß Fritz. Le souvenir des révoltes liées à l’Église hussite a pu également jouer un rôle. La révolte des paysans sera prolongée en 1534-1535 par la révolte des anabaptistes de Munster.

[9] Saverne est une commune française située dans le département du Bas-Rhin. Sous-préfecture de département. Les évêques de Strasbourg sont maîtres de la ville de 1236 jusqu’à la Révolution. En 1394, Saverne devient résidence épiscopale ce qui favorise le développement de la cité : la ville s’étend en dehors de l’enceinte romaine. La ville basse s’établit au-delà de la porte dite « Mitteltor » et est précédée de l’autre côté de la Zorn par « Kleinstadt ». Moulins et tanneries se développent le long de la Zorn. Lors de la Guerre des paysans en 1525, Saverne est investie par l’armée ducale du duc de Lorraine, la population est massacrée ainsi que les membres des bandes paysannes qui s’y étaient enfermés (environ 20 000 morts). La ville est lentement reconstruite après les sièges et les incendies dus à la guerre de Trente Ans. À partir du milieu du 17ème siècle, toutes les constructions doivent être de même hauteur et érigées dans le même alignement. Saverne, comme le reste de la province d’Alsace, est progressivement annexée par le roi de France.

[10] Saint-Dié-des-Vosges (appelée Saint-Dié jusqu’en 1999, est une commune française, chef-lieu du pays de la Déodatie et chef-lieu d’arrondissement du département des Vosges. Située dans la région historique et culturelle de Lorraine. C’est à Saint-Dié, au sein du gymnase vosgien, que fut publié en 1507 le planisphère de Waldseemüller qui contient la première mention du mot « America » (francisé en Amérique), nom donné en l’honneur de l’explorateur Amerigo Vespucci, sur une carte intitulée « Universalis Cosmographia ». C’est ainsi que la ville s’honore encore du titre de Marraine de l’Amérique.

[11] Le pays de Bitche est une région naturelle de France, située au nord-est du département de la Moselle, en Lorraine. Il est appelé Bitscherland en allemand standard, de même qu’en francique rhénan, dialecte traditionnel du pays de Bitche, et Bitcherland en français. Le pays de Bitche est composé de 47 communes dont 46 sont regroupées dans le canton de Bitche depuis le redécoupage cantonal de 2014, Kalhausen étant passée dans le canton de Sarreguemines en 2015.

[12] Sélestat est une commune française, dans le département du Bas-Rhin, en Alsace. Sélestat est mentionnée pour la première fois au 8ème siècle. Ville libre du Saint-Empire, membre de la Décapole, Sélestat connaît un développement très rapide à la fin du Moyen Âge et au cours de la Renaissance. Elle devient d’ailleurs un foyer de l’humanisme. C’est alors la troisième ville alsacienne, dotée d’un port sur l’Ill et d’une ceinture de remparts. Elle souffre néanmoins des troubles liés à la Réforme, de la guerre des Paysans puis de la guerre de Trente Ans, à la suite de laquelle elle devient française.

[13] Le traité de Nuremberg est un traité signé à Nuremberg, le 26 août 1542, entre Ferdinand d’Autriche, roi des Romains, et la diète des États du Saint-Empire romain germanique. Il règle notamment les relations des duchés de Lorraine et de Bar avec l’Empire.

[14] Le comté de Montpensier est une principauté féodale du nord de l’Auvergne. Initialement centrée autour de Montpensier, la capitale en est néanmoins la ville d’Aigueperse. La maison des Bourbon-Montpensier est à la tête de ce territoire jusqu’en 1531. Montpensier est d’abord une seigneurie du comté d’Auvergne qui va intégré la seigneurie des Ventadour après la conquête française de 1213 suite au siège de Tournoël. En 1384, Jean de Berry, duc d’Auvergne et de Berry achète le comté de Montpensier au seigneur de Ventadour pour 40 000 francs. Lorsque le duché passe aux mains des Bourbons, une branche cadette de cette dynastie y est installée. En 1531, suite à la guerre entre Charles III de Bourbon, duc d’Auvergne et de Bourbon, qui est né à Montpensier, et le roi de France François 1er, les territoires ducaux sont intégrés à la couronne de France.

[15] Mercœur est une commune française située dans le département de la Haute-Loire