Aldhelm (vers 640-709/710)
Religieux anglo-saxon
Originaire du Wessex [1], il dirige l’abbaye de Malmesbury [2], puis devient le premier évêque de Sherborne [3] vers 705. Il est l’auteur de nombreux textes religieux en latin, rédigés dans un style caractéristique qui exerce une grande influence sur les écrivains postérieurs de la période anglo-saxonne.
Outre quelques indices glanés dans ses écrits et une brève mention dans l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais [4] de Bède le Vénérable, “la vie d’Aldhelm” est principalement connue grâce à deux hagiographies [5] écrites après la conquête normande de l’Angleterre, celle de l’abbé Faricius d’Abingdon ou Faritius d’Abingdon et celle du moine chroniqueur Guillaume de Malmesbury, ce dernier s’appuyant en partie sur un texte perdu d’Alfred le Grand.
D’après ses deux biographes, Aldhelm est issu de la maison royale du Wessex. Guillaume de Malmesbury précise que son père s’appelait Kenten, un nom qui semble être une forme corrompue de Centwine, roi du Wessex de 676 à 685. Aldhelm pourrait être le frère d’une certaine Osburg, nonne à l’abbaye de Barking [6].
Il est possible qu’il ait fait une partie de son éducation auprès d’Adomnán à l’abbaye d’Iona [7], aux côtés du futur roi Aldfrith de Northumbrie. Au début des années 670, il se rend à Cantorbéry [8] pour y recevoir l’enseignement de l’archevêque Théodore et de l’abbé Adrien et y reste jusqu’à sa nomination à la tête de la nouvelle abbaye de Malmesbury.
On date traditionnellement la fondation du monastère de Malmesbury de l’année 675, mais la charte qui donne cette date est selon toute vraisemblance un faux datant du 12ème siècle. Aldhelm ne semble en être devenu l’abbé qu’après 680, voire peut-être même aussi tardivement que 685.
En 705 ou 706, Aldhelm devient le premier évêque de Sherborne, à la suite de la division du diocèse des Saxons de l’Ouest entre Sherborne et Winchester [9]. Son épiscopat, énergique selon Bède, est néanmoins bref, puisqu’il meurt 4 ans plus tard, en 709 ou 710. Il semble avoir eu le temps de fonder plusieurs églises dans son diocèse.
Notes
[1] Le Wessex est l’un des royaumes fondés par les Anglo-Saxons en Angleterre durant le Haut Moyen Âge. Il s’étend sur une partie du sud-ouest de la Grande-Bretagne, entre la Domnonée à l’ouest, la Mercie au nord et les royaumes de Kent, de Sussex et d’Essex à l’est. Au IXe siècle, le Wessex est le dernier royaume anglo-saxon à résister aux invasions vikings.
[2] L’abbaye de Malmesbury, située dans la ville du même nom dans le Wiltshire (Angleterre), est un ancien monastère bénédictin fondé vers 676 par l’érudit et poète Aldhelm, neveu du roi Ina du Wessex. En 941, le roi Athelstan d’Angleterre fut enterré dans l’abbaye. Au 11ème siècle elle recelait la deuxième plus vaste bibliothèque d’Europe et était considérée comme l’un des centres européens du savoir. Elle fut continuellement en activité depuis sa fondation au 7ème siècle jusqu’à la dissolution des monastères.
[3] Le diocèse de Sherborne est fondé vers 705 par Aldhelm. Il s’étend à l’origine sur tout le Sud-Ouest de l’Angleterre, correspondant aux comtés de Cornouailles, Devon, Somerset et Dorset. Les Cornouailles en sont détachées au 9ème siècle pour former un diocèse séparé. Après la mort de l’évêque Asser en 908 ou 909, il est divisé en trois sièges correspondant aux trois comtés restants : Crediton pour le Devon, Wells pour le Somerset, et Sherborne ne conservant que le Devon. L’évêque Herman de Ramsbury devient également titulaire du siège de Sherborne en 1058. Il unifie les deux diocèses et déplace leur siège à Old Sarum en 1075, à la suite du concile de Londres. Par la suite ce diocèse deviendra le diocèse de Salisbury, dans la province de Cantorbéry, et son siège sera la cathédrale de Salisbury.
[4] L’Histoire ecclésiastique du peuple anglais (Historia ecclesiastica gentis Anglorum en latin) est un ouvrage de Bède le Vénérable écrit vers 731. Comme son titre le suggère, il s’agit d’une histoire de l’Angleterre qui s’intéresse tout particulièrement à sa christianisation.
[5] L’hagiographie est l’écriture de la vie et/ou de l’œuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que rarement d’« une hagiographie », mais plutôt d’un texte hagiographique ou tout simplement d’une vie de saint. Le texte hagiographique étant destiné à être lu, soit lors de l’office des moines soit en public dans le cadre de la prédication. Un texte hagiographique recouvre plusieurs genres littéraires ou artistiques parmi lesquels on compte en premier lieu la vita, c’est-à-dire le récit biographique de la vie du saint. Une fresque à épisode est également une hagiographie, de même qu’une simple notice résumant la vie du bienheureux. Par rapport à une biographie, l’hagiographie est un genre littéraire qui veut mettre en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie. L’écrivain, l’hagiographe n’a pas d’abord une démarche d’historien, surtout lorsque le genre hagiographique s’est déployé. Aussi les hagiographies anciennes sont parsemées de passages merveilleux à l’historicité douteuse. De plus, des typologies de saints existaient au Moyen Âge, ce qui a conduit les hagiographes à se conformer à ces modèles et à faire de nombreux emprunts à des récits antérieurs.
[6] L’abbaye de Barking est un ancien monastère royal situé à Barking, dans le borough londonien de Barking et Dagenham. Elle a été décrite comme étant « l’un des couvents les plus importants du pays ». Initialement créée au 7ème siècle, l’abbaye suivit la règle de saint Benoît dès la fin du 10ème siècle. Elle disposait d’un fonds de dotation important et de revenus considérables, mais elle souffrit beaucoup après 1377, lorsque la Tamise inonda environ 720 acres (290 hectares) de terres appartenant à l’abbaye qui devinrent irrécupérables. Malgré cela, au moment de la dissolution, elle était encore le troisième couvent le plus riche d’Angleterre. L’abbaye continua de fonctionner pendant près de 900 ans, jusqu’à sa fermeture en 1539, dans le cadre de la dissolution des monastères par le roi Henri VIII.
[7] Iona est une petite île du nord-ouest de l’Écosse, dans les Hébrides intérieures, séparée de l’île de Mull par le détroit d’Iona. L’île, avec 4,8 km du nord au sud et 2,4 km de d’est en ouest, s’étend sur 800 hectares. Le point le plus élevé, Dun I, culmine à 101 m. En 563, saint Colomba d’Iona ou Columcille, exilé d’Irlande, a fondé un monastère sur l’île sous le double patronage de Conall mac Comgaill, roi de Dal Riada, et de Brude mac Maelchon, roi des Pictes. Sa communauté connut une belle évolution, comme en témoignent les croix savamment sculptées et les pierres tombales, mais fut décimée par les invasions nordiques au 8ème et au 9ème siècles.
[8] C’est l’une des villes les plus anciennes du pays. C’est l’ancienne capitale du royaume de Kent. Saint Augustin de Cantorbéry convertit la ville, ainsi que le roi Æthelbert et en fait pour lui un siège épiscopal en 597. La ville devient rapidement le siège de l’archevêque primat d’Angleterre.
[9] Winchester est la ville capitale du comté de Hampshire, au sud de l’Angleterre. Elle devient la grande capitale du royaume du Wessex du 6ème siècle au 9ème siècle, puis d’Angleterre jusque sous les premiers rois normands au 11ème siècle. Elle reste une des résidences principales des rois jusqu’à George 1er, tout en s’affirmant un des évêchés les plus riches d’Angleterre. Son évêque, qui siège à la chambre des Lords, a aujourd’hui le cinquième rang dans la hiérarchie anglicane.