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Hugues de Saint-Victor

mardi 9 janvier 2024, par lucien jallamion

Hugues de Saint-Victor (1096-1141)

Philosophe et théologien-Auteur mystique du Moyen Âge

Né au manoir de Hartingham en Saxe [1]. Fils aîné de Conrad, comte de Blankenburg. Son oncle Reinhard, qui avait fait ses études sous la direction de Guillaume de Champeaux à Paris et à Saint-Victor [2], avait été fait évêque d’Halberstadt [3] à son retour en Saxe. C’est dans le monastère de Saint-Pancrace à Hamersleben près d’Halberstadt, que Hugues reçut son éducation. Reinhard y avait appelé quelques Victorins qui y apportèrent l’amour des études, de la sagesse et de la science.

Les maîtres principaux qui ont influencé Hugues sont : Raban Maur, lui-même disciple d’Alcuin, Bède le Vénérable, Yves de Chartres et Jean Scot Érigène et quelques autres.

Malgré l’opposition de ses parents, il prit l’habit de chanoine de saint Augustin à Hamerleve. Avant la fin de son noviciat [4], les troubles dans le pays firent que son oncle, Reinhardt, lui conseilla d’aller à l’abbaye de Saint-Victor, où ils arrivèrent, un autre oncle appelé Hugues aussi, l’archidiacre d’Halberstadt, déjà fort âgé, et lui, vers 1115.

Guillaume de Champeaux, fondateur de l’abbaye toute proche de Paris, après son élection au Siège de Châlons, en 1112, avait été remplacé par Gilduin, sous la direction duquel le monastère gagna encore en réputation pour la piété et l’excellence de son enseignement. C’est sous son autorité et avec ses conseils que Hugues passa le reste de sa vie à étudier, à enseigner et à écrire. Il compléta sa formation avec l’écolâtre [5] et prieur Thomas, mais Hugues semble avoir été très tôt le successeur à la chaire de Guillaume, en 1125, mais peut-être au plus près de 1115.

Après la mort tragique de Thomas le 20 août 1133, Hugues fut choisi pour lui succéder à la tête de l’école de Saint-Victor et sous sa direction elle connut un brillant succès, le maître y attirant beaucoup d’étudiants. On parle quelquefois de lui comme d’un autre saint Augustin, en raison de sa familiarité avec les travaux de ce grand Père de l’Église, pour la valeur de sa théologie, mais aussi pour son style, ses trouvailles d’expressions. À cette époque l’école cessa d’être publique et Hugues n’eut plus que des élèves victoriens.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de P. Sicard, Iter Victorinum. La tradition manuscrite des œuvres de Hugues et de Richard de Saint-Victor. Répertoire complémentaire et études, Turnhout : Brepols Publishers, 2015 (Bibliotheca Victorina, 24) (ISBN 978-2-503-55492-1)

Notes

[1] Le duché de Saxe était un duché médiéval couvrant la plus grande partie du nord de l’Allemagne. Il s’étendait sur les états allemands contemporains de Basse-Saxe, Rhénanie-du-Nord-Westphale, Schleswig-Holstein, Saxe-Anhalt et des parties de la Saxe. Le duc Henri le Lion occupa la région déserte de Mecklembourg Poméranie occidentale. Les Anglo-Saxons avaient quitté cette dernière zone pour l’Angleterre.

[2] Saint-Victor est une ancienne abbaye de chanoines réguliers (augustins), fondée au 12ème siècle par Guillaume de Champeaux, archidiacre et directeur (écolâtre) de l’école cathédrale de Notre-Dame de Paris. En quelques dizaines d’années Saint-Victor était devenue l’un des centres les plus importants de la vie intellectuelle de l’Occident médiéval, surtout dans le domaine de la théologie et de la philosophie. Son rayonnement perça au travers de maîtres aussi illustres que Hugues, Adam, André, Richard ou Thomas Gallus, explorant de nombreux champs de la connaissance. Supprimée en 1790, l’abbaye fut détruite en 1811.

[3] Halberstadt est une ville allemande. Elle est située dans l’ouest du land de Saxe-Anhalt et est le chef-lieu de l’arrondissement de Harz. En 1629, Halberstadt fut occupée pour la seconde fois par les armées de Wallenstein. Le général en chef du Saint Empire restitua de façon éphémère la cathédrale et l’église Notre-Dame aux catholiques et le 18 janvier 1630 il fit lui-même une entrée triomphale dans Halberstadt. La principauté de Halberstadt fut annexée en 1648 comme domaine ducal à la Marche de Brandebourg : ce fut désormais, et jusqu’en 1994, une ville de garnison.

[4] Dans toutes les traditions religieuses, occidentales, comme orientales y compris non chrétiennes le noviciat est une période d’initiation et de probation (incluant des « épreuves ») à la vie religieuse stable. Par extension, dans la tradition catholique, il a pris le sens canonique de lieu (bâtiment) où se fait cette initiation

[5] L’écolâtre était, au Moyen Âge, le maître de l’école monastique ou de l’école cathédrale. La fonction était importante et nombreux furent les écolâtres qui devinrent écrivains de renom, théologiens, ou évêques. Chrodegang, évêque de Metz au 8ème siècle, forma les prêtres de sa cathédrale à vivre en communauté, et écrivit pour eux une règle appelée Regula vitae communis inspirée de celle de saint Benoît. Il y introduit dans la communauté la fonction d’écolâtre : un des chanoines est spécialement chargé d’instruire les jeunes clercs de la cathédrale. Charlemagne demanda l’ouverture de l’école cathédrale aux non-clercs. Au fil des temps l’écolâtre devient également l’inspecteur des maîtres d’écoles du diocèse. Plus tard, le concile du Latran III officialisa la coutume en 1179 en spécifiant que l’enseignement sera gratuit. Cependant, avec l’émergence et l’influence croissante des universités au 13ème siècle, les écoles cathédrales perdront progressivement leur importance et le rôle de l’écolâtre disparaîtra.