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Ludger ou Saint Ludger

vendredi 14 avril 2023, par ljallamion

Ludger ou Saint Ludger (vers 744-809)

Évêque de Münster

Fondateur des abbayes de Werden [1] et de Helmstedt [2]. Les plus anciennes données sur l’apostolat du missionnaire et réformateur frison [3] nous viennent de son hagiographie [4] “la Liudgeri vita d’Altfrid, Vita Liudgeri secunda, Vita tertia etc.”, puis des archives de l’abbaye de Werden, plus tardives, et enfin des historiens de l’église du Moyen Âge et de la Renaissance,

Ses parents, Thiadgrim et Liafburg, étaient des chrétiens, issus d’une famille de notables du pays. Destiné très jeune à la vocation religieuse, Ludger fréquente le séminaire cathédral d’Utrecht( [5] en 756 et en 767. Là, Grégoire d’Utrecht lui inculque les 7 arts libéraux en préambule de la théologie. Pour compléter sa formation, Ludger voyage en 767 à York [6] auprès du séminaire de l’érudit Alcuin.


C’est là que l’archevêque Ethelbert d’York ordonne Ludger diacre [7] dans l’année. Hormis un bref séjour à Utrecht [8] en 768/769, Ludger demeure en Angleterre jusqu’à l’été 772. Mais les conflits entre Angles [9] et Frisons le forcent ensuite à retrouver la collégiale Saint-Martin d’Utrecht, qu’il ne quittera qu’avec la mort de Grégoire en 775. En souvenir de sa formation à Utrecht, Ludger rédigera par la suite une biographie de son maître, la Vita Gregorii.

Son premier voyage missionnaire conduit Ludger à Deventer [10] en 775-776), où il fait ériger une église à l’emplacement du tombeau de son prédécesseur Lébuin c’est ainsi que commence l’évangélisation de la Frise.

À peine ordonné prêtre à Cologne [11] le 7 juillet 777, Ludger poursuit sa mission plus à l’est, mais il doit s’enfuir lors du soulèvement des Saxons [12] menés par Widukind en 784.

Liudger entreprend alors un pèlerinage à Rome et au Mont-Cassin [13] de784 à 787. De retour en Frise, le roi des Francs Charlemagne nomme Liudger chef de la mission d’évangélisation de la moyenne-Frise en 787, et lui confie l’abbaye Saint-Pierre de Lothusa [14].

C’est au cours de cette période vers 791 que se situe le voyage de Ludger dans l’île sacrée de Heligoland [15]. C’est peut-être une nouvelle rébellion des Saxons et des Frisons en 792 qui incite Charlemagne à nommer Ludger évêque missionnaire de Saxe [16].

L’action de Liudger, qui institue dès 793 des chanoines à Münster [17], se perpétue par la création d’une mission permanente dans cette ville et la mise en place d’un réseau de paroisses très organisé. À Nottuln [18], Ludger fait édifier une église, et établit sans doute une première confrérie de moniales.

C’est vers l’an 800 que, sur des terres acquises à Werden en 799, il parvint enfin à fonder son propre monastère. Ce succès fut prolongé par l’attribution du prometteur diocèse de Münster : Ludger fut consacré premier évêque de l’endroit le 30 mars 805 par l’archevêque Hildebold de Cologne , son diocèse étant rattaché à la province ecclésiastique de Cologne [19].

Le nouvel évêque passa les dernières années de sa vie à parcourir son diocèse. Ludger mourut lors de l’un de ces voyages, le 26 mars 809 à Billerbeck [20]. Il était parti de Coesfeld [21] où, pour la dernière fois, il avait prêché devant les fidèles. Entre Coesfeld et Billerbeck, en un lieu appelé aujourd’hui Ludgerirast, il bénit une dernière fois le pays de Münster. À Billerbeck le dimanche de la Semaine sainte de l’an 809, il célébra une dernière messe et mourut la nuit suivante, entouré de ses frères, à l’emplacement, dit-on, de la tour de l’abbaye Saint-Ludger de Billerbeck. Son corps fut ramené dans sa cathédrale de Münster, afin qu’il y soit embaumé. Un mois plus tard, ses cendres étaient amenées à Werden où il fut inhumé dans la crypte de l’église Saint-Ludger, le 28 avril, près du maître autel, comme il l’avait souhaité.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Josef Alfers : Mit Liudger auf dem Lebensweg. Münster : Dialogverlag 2009, (ISBN 978-3-941462-06-9)

Notes

[1] Près d’Essen, saint Ludger fonde le monastère de Werden en 799 et en devient le premier abbé. Une petite église est construite et achevée en 804. Elle est d’abord dédiée à saint Étienne puis à saint Ludger lui-même, devenu entre-temps évêque de Münster et mort en odeur de sainteté. L’abbaye hérite à son frère cadet Hildegrim 1er, puis à ses 4 neveux qui la gouverne pendant moins d’un an. Sous la férule d’Hildigrim 1er, devenu évêque de Châlons-sur-Marne, le nouveau monastère de Helmstedt, dans le diocèse de Halberstadt, est fondé en tant que filiale de Werden. Gouverné par un prévôt, il est resté indépendant de Werden jusqu’à sa sécularisation en 1803. Werden se développe et devient une abbaye riche avec des domaines en Westphalie, en Frise, en Saxe et autour de l’abbaye elle-même, couvrant une superficie de 125 km². Sous Hildegrim II, le monastère, qui reste la propriété de la famille de saint Ludger, obtient le 22 mai 877 le titre d’abbaye impériale et le titre de prince-abbé pour ses régents, et bénéficie également d’un siège à la Diète d’Empire.

[2] Vers l’an 800, le missionnaire Ludger vient au cours de la guerre des Saxons christianiser la région de Helmstedt. Sur l’ancienne route commerciale entre Brunswick et Magdebourg, il fonde un monastère là où il y avait un culte germanique. Jusqu’au 15ème siècle, ses abbés exerceront une influence certaine sur la ville de Helmstedt. L’abbaye Saint-Ludger de Helmstedt est une abbaye sœur de Werden. Les deux monastères sont dirigés par le même abbé. Elle se maintient lors de l’apparition de la Réforme protestante. À l’exception de la chapelle double romane dans la cour, le monastère est reconstruit après la guerre de Trente Ans dans le style baroque

[3] La Frise occidentale est une région historique des Pays-Bas. Son étendue a varié au cours du temps. La région administrative actuelle de Frise-Occidentale est comprise dans cette région historique. On considère généralement qu’elle comprend les territoires protégés par la Westfriese Omringdijk (« digue circulaire de Frise occidentale »), soit le nord de la Hollande-Septentrionale. La partie occidentale de la province de Frise est parfois également incluse.], de l’embouchure de l’Escaut[[L’Escaut est un fleuve européen de 355 km de long, qui traverse trois pays (France, Belgique et Pays-Bas) et cinq régions, avant de se jeter en mer du Nord. Après la division de l’ancien royaume des Francs au traité de Verdun, l’Escaut a longtemps servi de frontière naturelle officielle entre le royaume de France et le Saint Empire romain germanique.

[4] L’hagiographie est l’écriture de la vie et/ou de l’œuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que rarement d’« une hagiographie », mais plutôt d’un texte hagiographique ou tout simplement d’une vie de saint. Le texte hagiographique étant destiné à être lu, soit lors de l’office des moines soit en public dans le cadre de la prédication. Un texte hagiographique recouvre plusieurs genres littéraires ou artistiques parmi lesquels on compte en premier lieu la vita, c’est-à-dire le récit biographique de la vie du saint. Une fresque à épisode est également une hagiographie, de même qu’une simple notice résumant la vie du bienheureux. Par rapport à une biographie, l’hagiographie est un genre littéraire qui veut mettre en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie. L’écrivain, l’hagiographe n’a pas d’abord une démarche d’historien, surtout lorsque le genre hagiographique s’est déployé. Aussi les hagiographies anciennes sont parsemées de passages merveilleux à l’historicité douteuse. De plus, des typologies de saints existaient au Moyen Âge, ce qui a conduit les hagiographes à se conformer à ces modèles et à faire de nombreux emprunts à des récits antérieurs.

[5] la collégiale Saint-Martin

[6] York est une ville du nord de l’Angleterre. Située à la confluence de deux rivières, l’Ouse et la Foss, elle donne son nom au comté du Yorkshire. Fondée par les Romains sous le nom d’Eboracum, elle est l’une des villes majeures du royaume anglo-saxon de Northumbrie, puis la capitale du royaume viking de Jórvík. Elle est également le siège d’un archevêché de l’Église d’Angleterre. Après l’arrivée des Anglo-Saxons, York devint l’une des principales villes du royaume de Northumbrie sous le nom vieil anglais Eoforwic. Le roi Edwin y fut baptisé en 627. Elle devint le siège d’un évêché, puis d’un archevêché en 735. Tombée aux mains de la Grande Armée en 866, elle fut la capitale d’un royaume viking de 876 à 954 sous le nom de Jórvík, date de sa conquête définitive par le royaume d’Angleterre. Le 20 septembre 1066, Harald Hardrada s’empara de la ville, mais fut tué cinq jours plus tard par le roi Harold Godwinson à la bataille de Stamford Bridge, vainqueur qui devait périr à son tour à la bataille de Hastings peu de temps après. En 1190, Richard de Malbis et d’autres nobles d’York qui envisageaient de se joindre à Richard dans la troisième croisade profitèrent d’un incendie qui avait éclaté en ville pour faire courir une rumeur contre les Juifs. Les maisons de Benoît et Joce furent attaquées et ce dernier obtint la permission du gardien du château d’York d’y évacuer sa famille et l’ensemble des Juifs, probablement dans la tour de Clifford. Assaillis par la foule, les Juifs prirent peur et ne laissèrent pas rentrer le gardien qui avait quitté la tour. Il en appela au shérif, qui fit venir la milice du Comté. La tour de Clifford fut assiégée plusieurs jours. Un moine fit la cérémonie de sacrement chaque matin autour des murs comme pour sacraliser la lutte. Il fut écrasé d’une pierre jetée par les Juifs assiégés ; la colère de la foule devint alors une folie forcenée. Quand les Juifs de la tour de Clifford virent qu’ils n’avaient aucune alternative autre que de se soumettre au baptême ou périr aux mains de la foule, Yom-Tob ben Isaac de Joigny, tossafiste français et nouveau chef de la communauté, les exhorta à se tuer eux-mêmes plutôt que de succomber à la cruauté de leurs ennemis. Ceux qui étaient en désaccord furent autorisés à se retirer. Les autres se donnèrent la mort, après avoir mis le feu à leurs vêtements et marchandises pour éviter que ceux-ci ne tombent dans les mains de la foule.

[7] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[8] Utrecht est une ville néerlandaise, chef-lieu de la province d’Utrecht. Au 6ème siècle, la contrée rhénane d’Utrecht passe sous l’influence franque, en particulier celle du grand royaume mérovingien dont les jalons sont posés par Clovis. Utrecht aurait été, selon la légende de la Magna Frisia, la capitale du royaume de Frise pendant le règne d’Aldgisl 1er et éventuellement pendant celui de son fils. Avant 690, le chef missionnaire anglo-saxon, de tradition irlandaise, Willibrord s’installe à Utrecht, et en 690 selon son hagiographie, avec ses frères-compagnons, il y rénove et déploie les institutions chrétiennes avec le titre de père (papa selon la tradition) : la vaste contrée évangélisée est ensuite promue terre épiscopale lors de son retour dans le royaume mérovingien. L’évêché d’Utrecht sera pour les Pays-Bas le centre de la foi chrétienne pendant tout le Moyen Âge.

[9] Le peuple des Angles, qui donne son nom aux Anglais et à l’Angleterre, est une peuplade germanique possiblement originaire de la péninsule d’Angeln dans l’actuel Schleswig, en Allemagne, ou bien de l’Angrie, autre région historique de l’Allemagne, située plus au sud. Durant les années 449-455, le roi breton Vortigern fit appel aux Angles pour se battre à ses côtés contre les Pictes.

[10] Deventer est une ville et commune néerlandaise, située dans la province d’Overijssel. Deventer reçoit la charte de cité en 956 et à partir de cette date, des fortifications de défense sont construites. Entre 1000 et 1500, la ville se développe grâce à son port, situé sur le fleuve IJssel, accessible aux gros navires, Deventer étant membre de la Ligue hanséatique.

[11] La ville doit son nom de Cologne à l’impératrice romaine Agrippine, épouse de l’empereur Claude, qui éleva son lieu de naissance au rang de colonie en l’an 50, sous le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium. Les Romains y tenaient une garnison et des axes routiers convergeaient vers un pont de bateaux sur lequel transitait un important commerce avec toutes les régions de la Germanie. En raison de son importance stratégique sur le limes du Rhin et de la présence de l’armée et de la clientèle germanique, l’endroit attira de nombreux marchands et devint un foyer d’artisanat et de commerce. Centre militaire, la ville fut la résidence de l’empereur gaulois Postume de 260 à 268, et le lieu de l’usurpation éphémère de Silvanus en 355. Les Romains introduisirent le christianisme à Cologne, qui devint siège épiscopal à partir du 4ème siècle. Des Francs se sont regroupés au cours de la seconde moitié du 5ème siècle pour fonder un royaume à Cologne, qui est intégré dans le royaume franc de Clovis. À partir du 7ème siècle, ils sont désignés sous le nom de Francs ripuaires.

[12] Au 8ème siècle, le territoire saxon est bordé par la Thuringe au sud, la Rhénanie à l’ouest, les Slaves à l’est et la mer du Nord. À cette époque, trois peuples y cohabitent avec les Ouestphales de l’ouest (« Westfalen »), voisins des Rhénans : les Angrares au centre (« Angraren »), les Estphales au sud-est (« Ostfalen »), voisins des Thuringes, et les Nordalbingiens au nord (« Nordalbingen »), voisins des Slaves. Tous sont païens et descendent des peuples de l’ancienne Germanie.

[13] L’abbaye du Mont-Cassin se situe au sommet du mont éponyme, à 80 km à l’ouest de Naples, entre Rome et Naples, près de la commune de Cassino, dans la province de Frosinone, dans la région du Latium, en Italie. L’abbaye est dite « territoriale », car elle ne fait pas partie d’un diocèse, et a donc le statut dit de Nullius dioecesis.

[14] Leuze

[15] Heligoland est un archipel d’Allemagne situé dans le sud-est de la mer du Nord. Il a appartenu successivement au Danemark puis au Royaume-Uni qui le cède à l’Allemagne en 1890 en vertu du traité Heligoland-Zanzibar. Composé de deux îles, Heligoland et Düne

[16] Le comté palatin de Saxe était une principauté du Saint-Empire romain germanique. Fondée par l’empereur Otton 1er au 10ème siècle, elle s’étendait sur l’actuelle région de Saale-Unstrut dans le sud-est du duché de Saxe, autour du palais impérial d’Allstedt.

[17] Münster est une ville allemande située dans le Nord du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. En raison de sa population croissante, la ville reçoit en 1170 sa charte de ville. Au milieu du 14ème siècle, Munster est la plus grande ville de Westphalie. Ayant à sa tête un prince évêque, elle joue un rôle important dans le commerce avec la Ligue hanséatique.

[18] Nottuln est une ville de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Allemagne), située dans l’arrondissement de Coesfeld, dans le district de Münster, dans le Landschaftsverband de Westphalie-Lippe, située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Münster.

[19] Le diocèse de Cologne, en Allemagne, fut fondé au 4ème siècle et devint archidiocèse métropolitain de rite romain au 8ème siècle. Au 13ème siècle, l’archevêque de Cologne prend le rang prestigieux de Prince Électeur du Saint Empire, le territoire de l’archevêché se muant en Électorat de Cologne.

[20] Billerbeck est une ville de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Allemagne), située dans l’arrondissement de Coesfeld, dans le district de Münster, dans le Landschaftsverband de Westphalie-Lippe.

[21] Coesfeld est une ville de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Allemagne), située dans l’arrondissement de Coesfeld et le district de Münster. Elle appartient au Landschaftsverband de Westphalie-Lippe. Le centre-ville est dominé par les énormes anciens bâtiments jésuites du Collegium Nepomucenum, aujourd’hui Gymnasium Nepomucenum, et par son église, l’église des Jésuites, juste à côté de l’église paroissiale Saint-Lambert.