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Shattiwazza

vendredi 31 mars 2023, par ljallamion

Shattiwazza

Souverain du Mitanni au 14ème siècle av. jc

Fils du roi Tushratta, Shattiwazza fut forcé de fuir la cour mitanienne [1] quand son père fut assassiné par un autre de ses fils. Dans l’époque troublée qui suivit, les Assyriens [2], sous l’égide de Assur-uballit 1er, s’émancipèrent du Mitanni, les Alshéens [3] envahirent le pays et le prétendant Artatama/Artatama II gagna l’ascendant, suivi par son fils Shuttarna.

Le roi des Hittites [4] Suppiluliuma 1er affirma que l’ensemble du pays du Mitanni tomba en ruine, et que l’Assyrie et le pays de Alshe se partagèrent son territoire. Il semblerait néanmoins que cela corresponde davantage à un rêve qu’à la réalité. Shuttarna garda de bonnes relations avec l’Assyrie et rendit les portes du palais d’Assur [5] qui avait été prises parShaushtatar. Un tel butin était un très grand symbole politique en Mésopotamie.

Le fugitif Shattiwazza aurait d’abord été chercher refuge à Babylone [6], puis à la cour du roi hittite, qui l’aurait marié à une de ses filles. Le traité entre Suppiluliuma de Hatti et Shattiwazza du Mitanni nous est parvenu et est une des sources principales d’information sur cette époque. Après la conclusion de ce traité, Piyashshili, un fils de Suppiluliuma, mena une armée hittite en pays mitannien.

D’après des sources hittites, Piyashshili et Shattiwazza traversèrent l’Euphrate [7] à Karkemish [8] et marchèrent ensuite contre Irridu en territoire hourrite [9]. Ils envoyèrent des messages depuis la rive ouest de l’Euphrate et il semblerait qu’ils eussent attendu un accueil amical. Il n’en fut rien car le peuple, influencé par les richesses de Tushratta comme Suppiluliuma le prétendait, resta loyal à son nouveau dirigeant. Shuttarna envoya des hommes pour renforcer les troupes et des chars du district d’Irridu, mais l’armée hittite remporta la victoire et le peuple d’Irridu demanda la paix.

Dans le même temps, une armée assyrienne menée par un seul conducteur de char marcha sur Washshukanni [10]. Il semble que Shuttarna avait demandé l’aide assyrienne devant la menace hittite. Soit les troupes n’étaient pas à la hauteur des attentes, soit Shuttarna changea d’avis car l’armée assyrienne se vit refuser l’entrée dans Washshukanni. Elle fit donc le siège de la cité.

Cet évènement conduisit à la baisse de popularité de Shuttarna : peut-être que les habitants préféraient dépendre de l’empire hittite que de leurs anciens sujets. Un messager fut envoyé à Piyashshili et Shattiwaza à Irridu et délivra son message publiquement, aux portes de la cité. Piyashshili et Shattiwaza marchèrent sur Washshukanni et les villes de Harran [11] et de Pakarripa sur le parcours se rendirent.

Tandis qu’ils étaient à Pakarripa, au cœur d’un pays désolé où leurs troupes souffrirent de la faim, ils eurent vent de l’avancée assyrienne, mais l’ennemi ne se montra jamais. Les alliés poursuivirent les troupes assyriennes dans leur retraite vers Nilap-ini, mais ne parvinrent pas à les obliger à la confrontation. Les Assyriens seraient retournés dans leur pays en raison de la supériorité des forces hittites.

Shattiwaza devint roi du Mitanni, mais après que Suppiliuma eut pris Karkemish [12] et les régions à l’ouest de l’Euphrate, qui étaient gouvernées par son fils Piyashshili, le Mitanni se limitait aux vallées du Khabur [13] et du Balikh [14] et il était de plus en plus dépendant de ses alliés en Hatti. Certains experts parlent d’un État fantoche hittite, qui servait à faire tampon contre l’Assyrie.

L’Assyrie, alors sous Assur-uballit 1er, commença également à chercher à s’étendre au détriment de Mitanni. Son État vassal de Nuzi [15], à l’est du Tigre [16], fut conquis et détruit.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Shattiwazza/ Portail du Proche-Orient ancien/ Catégorie : Mitanni

Notes

[1] Mitanni (ou Mittani) était un royaume du Proche-Orient ancien dont le centre était situé au nord-est de la Syrie actuelle, dans le triangle du Khabur, à peu près entre le 17ème siècle et le 13ème siècle avant notre ère. Il était peuplé en majorité de Hourrites, peuple qui doit son nom actuel à la région appelée Hurri, qui semble recouvrir une grande partie de la Haute Mésopotamie. Son élite et sa dynastie régnante, bien que hourrites, préservent cependant des traits archaïques indo-aryens qui traduisent peut-être des origines de ce peuple. Le nom du royaume provient peut-être du nom d’un certain Maitta. Ses voisins l’appelaient de différentes façons : Naharina pour les Égyptiens, Hanigalbat pour les Assyriens, ou encore Subartu dans certains cas. À son apogée, le Mitanni domine un vaste espace allant de la mer Méditerranée jusqu’au Zagros, dominant alors de riches royaumes, notamment en Syrie (Alep, Ugarit, Karkemish, Qatna, etc.). Il rivalise avec les autres grandes puissances du Moyen-Orient de la période, les Égyptiens et les Hittites, avant que les conflits contre ces derniers et les Assyriens ne causent sa chute.

[2] L’Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d’Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s’est formé au 2ème millénaire av. jc un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux 8ème et 7ème siècles av. jc, l’Assyrie contrôle des territoires s’étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l’Iran.

[3] Alshe, forme récente Alzi, est une région de l’Anatolie orientale antique, située dans la haute vallée de l’Euphrate, où émergea un royaume du même nom.

[4] Les Hittites sont un peuple ayant vécu en Anatolie au 2ème millénaire av. jc. Ils doivent leur nom à la région dans laquelle ils ont établi leur royaume principal, le Hatti, situé en Anatolie centrale autour de leur capitale, Hattusan. À partir de la seconde moitié du 17ème siècle avant notre ère, les rois du Hatti construisent un des plus puissants royaumes du Moyen-Orient, dominant l’Anatolie jusqu’aux alentours de 1200 av. jc. À partir du 14ème siècle avant notre ère, ils réussissent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe, ce qui les met en rivalité avec d’autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l’Égypte, le Mitanni et l’Assyrie.

[5] Assur ou Assour, est une ancienne ville, capitale de l’Assyrie jusqu’au début du 9ème siècle av. jc, située sur la rive occidentale du Tigre. Ses ruines se trouvent actuellement sur le site de Qalʿat Sharqat, dans la plaine de Sharqat, à environ 110 kilomètres au sud de Mossoul. Le site principal est un promontoire dominant le fleuve, peuplé depuis au moins le début du 3ème millénaire av. jc.

[6] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.

[7] L’Euphrate est un fleuve d’Asie de 2 780 km de long. Il forme avec le Tigre dans sa partie basse la Mésopotamie. Son débit est particulièrement irrégulier puisque plus de la moitié de son flux s’écoule de mars à mai et que le débit peut tomber à 300 m3/s contre un débit moyen de 830 m3/s à l’entrée en Syrie. En période de crue, il peut atteindre 5 200 m3/s pouvant provoquer de graves inondations. Les deux branches mères de l’Euphrate naissent sur le haut-plateau anatolien : celle de l’ouest, ou Karasu, naît près d’Erzurum, dont elle traverse la plaine ; celle de l’est, le Murat, se forme au Nord du lac de Van, sur les flancs d’un contrefort occidental de l’Ararat. Il traverse ensuite la zone de piémont, zone aride partagée entre la Syrie et l’Irak. Arrivé aux environs de Ramadi en Irak, il entre dans la plaine fertile de Mésopotamie, passant par Fallujah à proximité de Bagdad, et puis à environ 1 km à l’ouest des ruines de Babylone. Il rejoint le Tigre dans le sud-est du pays à Qurna à environ 100 km au nord-ouest de Bassorah pour former le Chatt-el-Arab et se jeter dans le golfe Persique.

[8] Karkemish (appelée Europus par les Romains) est une ville antique des empires Mitanni et Hittites située à la frontière de la Turquie et de la Syrie actuelles. Durant l’Antiquité, la ville commandait le principal point de traversée de l’Euphrate. Cette situation a dû largement contribuer à son importance historique et stratégique. Elle fut le théâtre d’une importante bataille mentionnée dans la Bible entre les Babyloniens et les Égyptiens.

[9] Les Hourrites ou Hurrites ou Hari, Khurrites, Hourri, Churri, Hurri, Hurriter, sont un peuple habitant l’Asie Mineure durant l’Antiquité. Ils fondent le royaume du Hourri ou Hari d’où découle plus tard le Mitanni, au début du second millénaire, dans une région jouxtant le Nord de la Mésopotamie.

[10] Wassukanni est la capitale du royaume hourrite de Mitanni du 15ème au 13ème siècle av. jc. On ignore où elle se trouvait exactement. On a suggéré de la localiser sous le butte de Tell el Fakhariya, près de Tell Halaf en Syrie, largement inexplorée, mais cette proposition est disputée. On sait que la ville fut pillée par le roi hittite Suppiluliuma 1er dans la cinquième année de son règne. Une inscription du traité avec le Mitanni précise qu’il y installa un vassal hourrite, Shattiwazza. La cité fut de nouveau mise à sac par le roi d’Assyrie Adad-nerari 1er vers 1290 av. jc.

[11] Harran (ou Carrhes) est une ville et un district de Turquie, ainsi qu’un site archéologique au sud-est de la Turquie actuelle, au croisement des routes de Damas, de Karkemich et de Ninive. Cette situation en a fait un point stratégique au cours de l’Histoire. Des inscriptions assyriennes mentionnent ce lieu vers 1100 avant l’ère chrétienne sous le nom de Harranu qui signifierait route en akkadien. Harran fut brûlé par les Hittites.

[12] Karkemish (appelée Europus par les Romains) est une ville antique des empires Mitanni et Hittites située à la frontière de la Turquie et de la Syrie actuelles. Durant l’Antiquité, la ville commandait le principal point de traversée de l’Euphrate. Cette situation a dû largement contribuer à son importance historique et stratégique. Elle fut le théâtre d’une importante bataille mentionnée dans la Bible entre les Babyloniens et les Égyptiens.

[13] Le Khabour est une rivière de 320 km de long qui prend sa source dans le Sud-Est de la Turquie. Son cours pénètre en Syrie à Ras al-Aïn et traverse l’Est du pays où elle rencontre la Jaghjagh avant de se jeter dans l’Euphrate. Dans l’Antiquité, d’importants sites préhistoriques, tels que Tell Halaf, Tell Brak, Chagar Bazar, Urkish, Tell Mashnaqa et Tell Tuneinir ont été découverts dans le bassin du Khabour et de la Jaghjagh.

[14] Le Belikh ou Balikh est une rivière pérenne (jusqu’à une époque récente) qui coule en Syrie. Elle naît à la source karstique ’Ayn al-’Arus, près de Tall Abyad, à proximité de l’actuelle frontière de la Turquie, et se jette plus au sud dans l’Euphrate près de la ville de Raqqa. Son cours est long d’une centaine de kilomètres.

[15] Nuzi ou Nuzu était une ville de la Mésopotamie antique située au sud-ouest de Kirkouk dans l’Irak actuel, près du Tigre. Ce nom est celui qu’elle porte au 2ème millénaire av. jc. Auparavant, elle était connue sous le nom de Gasur. Le site des ruines de cette antique cité est de nos jours appelé Yorghan Tepe.

[16] Le Tigre est un fleuve de Mésopotamie long de 1 900 km. Ce fleuve prend sa source en Turquie comme l’autre grand fleuve de la région l’Euphrate.