Nicolas-Prosper Bauyn d’Angervilliers (1675-1740)
Seigneur d’Angervilliers-Intendant du Dauphiné, puis d’Alsace-Secrétaire d’État à la guerre de juillet 1728 à sa mort
Fils de Prosper Bauyn seigneur d’Angervilliers [1], Maître de la chambre aux deniers du Roi, et de Gabrielle Choart de Busenval, Nicolas-Prosper Bauyn d’Angervilliers fut conseiller au parlement* à partir de 1692.
Le 14 juin 1694, il épouse, à l’église Saint-Eustache de Paris [2], Anne de Maupeou et fait accoler sur un jeton d’argent ses armes à celles de la famille de Maupeou [3]. Maître des requêtes [4] en 1697, il devient intendant de la généralité d’Alençon [5] de 1702 à 1705, puis intendant de Dauphiné [6] de 1705 à 1716, d’Alsace de 1716 à 1724 et enfin de Paris de 1724 à 1728.
Administrateur expérimenté, le cardinal de Fleury lui confia le secrétariat d’État à la guerre à la mort de Claude Le Blanc . À ce poste, il poursuivit la réorganisation de la gendarmerie et engagea des préparatifs pour la guerre de succession de Pologne [7].
Afin de ne plus dépendre des importations pour équiper les armées en épées et baïonnettes, Louis XV, l’avait chargé de mettre sur pied une manufacture d’armes blanches, qui sera installée à Klingenthal [8] en Alsace en 1730.
Notes
[1] Angervilliers est une commune française située à 36 kilomètres au sud-ouest de Paris dans le département de l’Essonne
[2] L’église Saint-Eustache est une église de Paris. Elle est située dans le 1er arrondissement au cœur du quartier des Halles. Les origines de l’église Saint-Eustache remontent au début du 13ème siècle. Une chapelle consacrée à sainte Agnès fut le premier édifice construit. Une crypte portant ce nom jouxte encore l’église côté oriental.
[3] La famille de Maupeou est une famille subsistante de la noblesse française attestée en Île-de-France depuis le 16ème siècle. Anoblie en 1587, elle s’illustre notamment dans l’administration de la justice avec deux chanceliers, garde des sceaux de France et dans la carrière des armes avec trois lieutenants-généraux des armées du Roi.
[4] Le titre de maître des requêtes est porté en France, ainsi que dans certains autres pays d’Europe, depuis le Moyen Âge, par les titulaires de certaines hautes fonctions judiciaires et administratives. Les maîtres des requêtes ordinaires de l’hôtel du Roi étaient, depuis le Moyen Âge, des officiers propriétaires d’une charge extrêmement prestigieuse et devenue, sous Louis XIV, particulièrement coûteuse. Les maîtres des requêtes étaient les collaborateurs du chancelier de France, dont ils dépendaient étroitement. Ils étaient associés à l’œuvre de justice à travers l’audience du sceau et le Conseil des parties, auquel ils assistaient. Ils siégeaient par quartiers trimestriels. Chaque quartier avait son doyen. Le doyen des doyens avait rang de conseiller d’État. Au Conseil, les maîtres des requêtes étaient debout et découverts. Ils étaient membres du parlement de Paris où ils pouvaient siéger mais pas plus de quatre en même temps. Ils n’étaient justiciables que devant les chambres assemblées du Parlement. Ils étaient fréquemment appelés comme rapporteurs dans les Conseils de gouvernement. Du fait de leurs formations de juges et d’administrateurs, ils formaient le vivier dans lequel se recrutaient naturellement les très hauts fonctionnaires et les membres du Gouvernement royal : conseillers d’État, intendants des provinces, intendants des finances, intendants du commerce, contrôleurs généraux des finances, lieutenants généraux de police, etc.
[5] La généralité d’Alençon est une circonscription administrative de la Normandie créée en 1636 par Louis XIII, son ressort concernant la Normandie et le Grand Perche. La plupart des élections composant la nouvelle généralité furent distraites de celle de Rouen, à l’exception de celle de Falaise provenant de la généralité de Caen. À la fin de l’Ancien Régime, la généralité d’Alençon se composait de 9 élections et de 18 subdélégations (ce nombre ayant varié selon les époques). En 1685, lors de la suppression de l’élection de Longny-au-Perche (appartenant alors à la généralité d’Orléans), une partie de cette circonscription fut rattachée à l’élection de Mortagne, de la généralité d’Alençon.
[6] Le Dauphiné est une entité historique et culturelle. Elle occupe l’ancienne province Viennoise située dans le quart sud-est de la France actuelle. Le Dauphiné de Viennois fut un État, sous l’autorité des comtes d’Albon, qui prirent le titre de dauphins, ce dernier terme ayant donné au Dauphiné son nom. Cette entité apparaît dans l’ancienne Provence, et était une subdivision du Saint Empire romain germanique, de ses origines admises au 11ème siècle, jusqu’à son rattachement en 1349 au royaume de France. Le Dauphiné de Viennois devient alors la province du Dauphiné, et conserve une certaine autonomie jusqu’en 1457.
[7] La guerre de Succession de Pologne eut lieu de 1733 à 1738. À la mort d’Auguste II en 1733, son fils, Auguste III, et Stanislas 1er, ancien roi de Pologne déchu en 1709, beau-père de Louis XV, se disputent le trône
[8] Klingenthal est un village français situé sur les communes de Bœrsch et d’Ottrott , dans la communauté de communes des Portes de Rosheim, dans le département du Bas-Rhin. Le village est créé ex nihilo à partir de 1730, lorsqu’une manufacture d’armes blanches est établie par Louis XV. La manufacture fonctionne pendant un siècle, puis son activité est transférée à Châtellerault. Néanmoins, de 1838 à 1962, le village continuera de fabriquer armes et outils tranchants pour le compte privé de l’entreprise Coulaux. On retrouve les traces de la « mono-industrie » d’État dans toute l’organisation du village : ateliers de forge (rez-de-chaussée) sur maisons d’habitation (1er étage), aiguiseries, moulins à eau, bassins de rétention et système de canaux, jusqu’aux équipements publics (école, église, temple).