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L’histoire pour le plaisir

Petronas (général)

samedi 30 juillet 2022, par ljallamion

Petronas (général) (vers 815-865)

Général byzantin

Oncle de l’empereur Michel III, il détient les titres de magistros [1] et de patrice [2] et dirige les corps d’élite de la Scholae* et de la Vigla [3] sous Théophile.

Fils du drongaire [4] Marinos et de Théoktiste . Il est le plus jeune frère de l’impératrice Théodora et de Bardas. Théophane le confesseur mentionne 3 autres sœurs.

En 840 ou 842, l’empereur Théophile lui ordonne de décapiter le patrice Théophobos qui est le général d’une armée qui l’a proclamé empereur à Sinope [5] quelques années auparavant. Toutefois, en dépit de ses relations avec Théophile, il semble que l’empereur aurait fait déshabiller Petronas avant de le fouetter car il aurait fait construire un palais qui éclipse la maison d’une veuve. Le palais est ensuite détruit et les matériaux ainsi que le terrain sont laissés à la veuve.

Quand l’empereur Théophile meurt en 842, Théodora devient régente de son fils, l’empereur Michel III. Petronas aurait alors pressé Théodora de révoquer la politique iconoclaste [6] de Théophile. Toutefois, il est mis sur la touche durant la régence de Théodora et du logothète [7] Théoctiste. Quand l’empereur Michel III atteint l’âge de régner en 855, il commence à mal ressentir la domination de sa mère et de Théoctiste. Avec le soutien de ses oncles Bardas et Petronas, Michel s’empare de Théoctiste et le tue à la fin de l’année 855, tandis que Petronas entreprend d’isoler l’impératrice byzantine et ses filles dans un monastère.

Bardas est élevé à la dignité de césar et possède le contrôle effectif du gouvernement de l’Empire byzantin. Il agit alors avec une énergie et une habileté remarquable. Parmi ses décisions les plus importantes figure la posture agressive qu’il adopte contre les Arabes en Orient.

Petronas est nommé stratège du thème des Thracésiens [8]. Lors de sa première campagne contre les Pauliciens [9] de Téphrikè [10] en 856, il pille les terres de l’émirat de Mélitène [11] et des Pauliciens de Samosate [12] et d’Amida [13]. Il est alors le général byzantin [14] à pénétrer le plus profondément en territoire arabe depuis les conquêtes musulmanes et il revient victorieux avec de nombreux prisonniers.

En 863, une armée arabe conduite par l’émir de Mélitène Omar al-Aqta pénètre profondément en territoire byzantin. Elle atteint la mer Noire [15] à Amisos [16]. Petronas est placé à la tête des troupes byzantines et grâce à un brillant effort de coordination, trois corps séparés parviennent à converger sur l’armée arabe pour l’encercler et la détruire lors de la bataille de Poson [17] le 3 septembre 863. Petronas amène la tête de son ennemi vaincu à Constantinople [18] où il est honoré par son neveu par le biais d’une entrée triomphale. Peu après, il est élevé au rang de magistros et de domestique des Scholes [19].

La défaite des Arabes et de leurs alliés pauliciens est un tournant dans les guerres arabo-byzantines. Grâce à cette victoire, Petronas et Bardas sont capables de sécuriser leurs frontières orientales, de renforcer l’Empire byzantin et de préparer le terrain pour les conquêtes du 10ème siècle. Les chroniqueurs byzantins ajoutent que le général victorieux ne survit pas très longtemps à la bataille de Poson.

Il est enterré dans le monastère de Gastria [20] où son tombeau est placé à l’opposé de celui de sa sœur l’impératrice Théodora et de ses nièces

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Warren Treadgold, A History of Byzantine State and Society, Stanford University Press, 1997 (ISBN 0-8047-2630-2)

Notes

[1] Le magister officiorum ou maître des offices est un haut fonctionnaire romain de l’époque du Bas-Empire. Sous l’Empire byzantin, il devient une dignité, le magistros, avant de disparaître au 12ème siècle.

[2] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis. Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.

[3] La Vigla ou Veille en français, aussi connue sous le nom d’arithmos est l’une des tagmata d’élite de l’armée byzantine. Cette unité est créée dans la deuxième moitié du 8ème siècle et perdure jusqu’à la fin du 11ème siècle. Aux côtés du régiment des noumeroi, la Vigla forme la garde du palais impérial de Constantinople et est responsable de la sécurité de l’empereur lors des expéditions.

[4] Un drongaire est un rang militaire de la fin de l’Empire romain et de l’Empire byzantin. Il désigne le chef d’un drongos (Le drongos désigne une unité militaire de la taille d’un bataillon).

[5] Sinop (anciennement Sinope) est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située au bord de la mer Noire. Dans l’Antiquité, elle était considérée comme une des plus importantes villes de la région de la mer Noire. La ville est située sur une presqu’île.

[6] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses appartenant à sa propre culture, généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette l’adoration vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier. L’iconoclasme est opposé à l’iconodulie. L’iconoclasme ou Querelle des Images est un mouvement hostile au culte des icônes, les images saintes, adorées dans l’Empire romain d’Orient. Il se manifesta aux 8ème et 9ème siècles par des destructions massives d’iconostases et la persécution de leurs adorateurs, les iconophiles ou iconodules. Il caractérise également la Réforme protestante.

[7] poste prestigieux qui implique à cette époque les relations avec les ambassadeurs, la circulation et la surveillance des étrangers dans l’Empire, le bon fonctionnement des communications et de la poste impériale…

[8] Le thème des Thracésiens est une province ou thème de l’Empire byzantin située à l’ouest de l’Asie mineure, dans l’actuelle Turquie, et comprenant les anciennes régions d’Ionie et de Lydie ainsi que des parties de la Phrygie et de la Carie.

[9] Le paulicianisme est une religion d’origine chrétienne orientale, probablement arménienne. Ce mouvement néo-manichéen apparaît en Asie mineure, alors part de l’Empire byzantin, à la fin du 7ème siècle. Il a été considéré comme hérétique par les Églises catholique et orthodoxe.

[10] Divriği est une ville et un district de la province de Sivas en Turquie. Elle correspond à la ville paulicienne et byzantine de Téphrikè. Elle possède notamment une Grande mosquée et un hôpital œuvre des beys Mengüjekides (1118-1252)

[11] Malatya est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. La population de Malatya est principalement kurde et turque, mais la ville accueille aussi une minorité arménienne. Il s’agit de l’ancien emplacement de Mélitène, fort et chef lieu de la province romaine de l’Arménie. Mélitène fut un grand centre du christianisme monophysite, le chroniqueur et philosophe Bar-Hebraeus (Abu al-Faraj Ibn al-Ibri) y occupa la fonction de maphrien. Byzantine, la ville tombe aux mains des Arabes au 7ème siècle. Basile 1er l’isole mais ne réussit pas à la prendre. Reprise par les Byzantins en 934, la cité est ensuite intégrée aux possessions de Philaretos Brakhamios, serviteur arménien de l’empire qui prend son autonomie à la mort de Romain IV Diogène, en 1071. Après sa chute en 1085, Mélitène est défendue par son lieutenant Gabriel contre les Seldjoukides, qui assiègent la cité en 1097. L’arrivée des Croisés les oblige cependant à lever le siège et à quitter la région. Malgré l’alliance avec Baudouin du Bourg, comte d’Édesse, Mélitène est prise en 1103 par les Danichmendides. Militène fut le siège du patriarcat jacobite de 1094 à 1293.

[12] également appelée Antioche de Commagène, une ancienne cité dont les ruines se situent dans l’actuelle province d’Adıyaman, près de l’Euphrate, en Turquie

[13] Diyarbakır est une ville du sud-est de la Turquie. Elle était également appelée Amida sous l’Empire romain. Les Kurdes constituant la majeure partie de la population de la ville la considèrent comme la capitale du Kurdistan turc, dans le sud-est anatolien. Appelée Amida dans l’Antiquité, ce qui lui vaut son nom de Kara Amid, la « Noire Amida », elle fut la capitale du royaume araméen de Bet-Zamani à partir du 13ème siècle av. jc, puis d’un royaume arménien appelé Cordyène ou Cardyène. La région devint par la suite une province de l’Empire romain ; Amida était au 4ème siècle la principale place forte de Mésopotamie, dans la haute vallée du Tigre. Amida fut un centre religieux lié au patriarcat syriaque-orthodoxe d’Antioche. De cette époque, jusqu’au génocide arménien de 1915, la région est fortement peuplée d’Arméniens. La région comportait également une minorité chaldéenne. La ville d’Amida fut le siège du patriarcat chaldéen de 1681 à 1828.

[14] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[15] La mer Noire est une mer située entre l’Europe et l’Anatolie. Large d’environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km². Elle communique au nord avec la mer d’Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Dans l’Antiquité, les Grecs la désignèrent d’abord par Skythikos Pontos. Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignèrent comme Axaïna, c’est-à-dire « indigo ». Les Grecs quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, la désignèrente comme Pontos Euxeinos, traduit en français par Pont-Euxin.Les Romains l’appelèrent Mare Caecili, terme qui fut traduit par la suite par les bulgares en « mer Cécile ».Au 13ème siècle, elle apparaît sur les portulans génois, dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin sous les noms de mer Majoure c’est-à-dire « grande mer ». Le terme de Noire apparu dans les textes et les cartes à partir du 15ème siècle.

[16] ville du royaume du Pont

[17] La bataille de Poson opposa en 863 les forces de l’Empire byzantin à une armée d’invasion arabe en Paphlagonie. L’armée byzantine était dirigée par Petronas, l’oncle de l’empereur Michel III, bien que les Arabes mentionnent la présence de Michel lors de la bataille. L’armée arabe était quant à elle dirigée par l’émir de Mélitène Omar al-Aqta. Omar réussit à briser la résistance initiale des Byzantins à son invasion avant d’atteindre les rivages de la mer Noire. Toutefois, les Byzantins mobilisent leurs forces et les Arabes sont encerclés près de la rivière Lalakaon. La bataille qui s’ensuit voit la victoire complète des Byzantins et la mort de l’émir sur le champ de bataille. Les Byzantins lancent ensuite une contre-offensive victorieuse contre l’émirat.

[18] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[19] chef des armées impériales en Europe

[20] ancien monastère orthodoxe oriental converti en mosquée par les Ottomans