Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 9ème siècle > Théophile (empereur byzantin)

Théophile (empereur byzantin)

mardi 21 novembre 2017, par lucien jallamion

Théophile (empereur byzantin) (813-842)

Empereur byzantin d’octobre 829 au 20 janvier 842

Monnaie de Constantinople représentant un Solidus de Théophile. Source : wiki/ Théophile (empereur byzantin)/ licence : CC BY-SA 2.5Fils de Michel II le Bègue, qui l’associe au pouvoir dès le 12 mai 821. Il reçoit une excellente éducation, en particulier de la part de Jean VII le Grammairien, un ardent iconoclaste [1].

Il épouse vers 821 Théodora , une fille de Marinos, drongaire [2] en Paphlagonie [3], et de Théoctista Phlorina

Cette influence se retrouve dès l’accession au trône de Théophile en 829 car il se révèle l’un des plus ardents empereurs iconoclastes. En 832, un édit impérial interdit strictement l’utilisation des icônes, puis en 833, un décret ordonne l’arrestation de ceux qui ne suivent pas l’Église officielle, notamment les Stoudites [4]. Les récits des traitements cruels que reçoivent les récalcitrants sont nombreux. La propre femme de l’empereur, Théodora, est une partisane des images, ce qui entraîne des conflits avec son mari.

Théophile est un empereur assez controversé. Certains historiens en font un des souverains les plus capables de Byzance, d’autres au contraire un despote oriental au règne insignifiant. Ce qui est certain, c’est qu’il s’attaque avec courage à la corruption de son administration et s’attelle à l’assainissement des finances. Un incident frappe ainsi fortement ses contemporains. Un navire ayant apporté des marchandises de Syrie dans le port de son palais, Théophile fait demander à qui est destiné son chargement. Le capitaine répond qu’il est pour l’impératrice. Théophile fait alors brûler le navire et conseille à sa femme de faire ses achats au marché de Constantinople pour ne pas priver l’État des taxes qui y sont prélevées.

Sous son règne, les musulmans s’emparent de la quasi-totalité de la Sicile à l’exception de Syracuse [5]. Palerme [6] tombe ainsi en 831. Théophile réagit peu car il est occupé par la guerre, qu’il a déclenchée, contre les califes de Bagdad.

En effet, il a au début de son règne accueilli des réfugiés persans opposés aux différents califes. L’un de ces réfugiés, Théophobos , épouse Héléna, la sœur de l’empereur, et devient l’un de ses généraux. Ces réfugiés poussent à la guerre contre Bagdad. Théophile est victorieux dans un premier temps et son armée ravage la ville syrienne de Zapetra [7] en 837.

Ce dernier riposte en levant une énorme armée, qu’il divise en deux corps d’armée, l’un dirigé contre l’armée de Théophile et l’autre contre Amorium [8] en Phrygie [9], le berceau de la dynastie qui gouverne l’empire.

Théophile est battu à Dazimon [10] en 838, son meilleur général, Manuel l’Arménien , étant tué dans l’affrontement quant Amorium, tombe le 23 septembre 838, sans doute par trahison, et est rasée par les troupes du calife. Plus de 30 000 personnes sont tuées et les autres vendues comme esclaves. De nombreux chefs militaires byzantins sont tués ou torturés.

Cependant, en 841, Théophile parvient à rétablir la situation en exploitant les dissensions dans le camp musulman et signe une trêve avec Al-Mu’tasim .

Dans le domaine économique, malgré la guerre, son règne correspond à une période prospère, encouragée par les dépenses de l’empereur pour des grands travaux, dont la restauration des murailles de Constantinople et la construction d’un hôpital qui fonctionne jusqu’à la chute de l’Empire byzantin.

Amateur d’art et de musique, Théophile favorise la constitution d’une grande université à Constantinople et favorise l’augmentation du nombre d’ateliers de copistes.

Touché physiquement par la prise de sa ville natale, Amorium, et malade, Théophile meurt le 20 janvier 842. Son fils Michel III lui succède sous la régence de sa mère l’impératrice Théodora

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean Skylitzès, Empereurs de Constantinople, « Synopsis Historiôn » traduit par Bernard Flusin et annoté pat Jean-Claude Cheynet, éditions P. Lethilleux, Paris, 2003 (ISBN 2283604591), « Théophile »

Notes

[1] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses appartenant à sa propre culture, généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette l’adoration vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier. L’iconoclasme est opposé à l’iconodulie. L’iconoclasme ou Querelle des Images est un mouvement hostile au culte des icônes, les images saintes, adorées dans l’Empire romain d’Orient. Il se manifesta aux 8ème et 9ème siècles par des destructions massives d’iconostases et la persécution de leurs adorateurs, les iconophiles ou iconodules. Il caractérise également la Réforme protestante.

[2] Un drongaire est un rang militaire de la fin de l’Empire romain et de l’Empire byzantin. Il désigne le chef d’un drongos (Le drongos désigne une unité militaire de la taille d’un bataillon).

[3] La Paphlagonie est une ancienne région de l’Asie Mineure, sur la côte nord, entre la Bithynie et le Pont, bornée au sud par la Galatie, qui avait pour capitale Amastris (Amasra) et comme villes principales Gangra (Çankırı) et Sinope (Sinop). Selon Hérodote, la Paphlagonie est au 6ème siècle av jc sous la domination de Crésus, roi de Lydie. En 480 av jc, elle envoie un contingent, dirigé par un certain Dotos, fils de Mégasidrès à Xerxès 1er pour son invasion de la Grèce. Après Alexandre le Grand, la Paphlagonie devint un royaume, dont le dernier roi Pylémène II, légua à sa mort, en 121 av jc, son territoire au père de Mithridate VI. Ce pays devint dès lors un sujet de guerre entre les rois du Pont et ceux de Bithynie. Les Romains, vainqueurs de Mithridate, la réduisirent en province romaine, et la réunirent à la province du Pont en 63 av jc. Elle en fut séparée et fit partie sous Dioclétien du diocèse du Pont.

[4] les moines du Stoudion

[5] Syracuse fut fondée au 8ème siècle av. jc par des colons grecs venant de Corinthe. Elle est aujourd’hui la principale ville de la province de Syracuse. Cicéron la présenta comme la plus grande et la plus belle des villes grecques.

[6] Palerme est une ville italienne, chef-lieu et plus grande ville de la région Sicile Elle se situe dans une baie sur la côte nord de l’île.

[7] ville natale du calife Al-Mu’tasim

[8] Dans l’Antiquité, la ville d’Aura, devenue Amorium ou Amorion à l’époque romaine et byzantine, se trouvait sur l’emplacement du village turc actuel de Hisarköy, à 12 km d’Emirdağ sur la route de Davulga, dans la province d’Afyonkarahisar.

[9] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Les Phrygiens sont un peuple indo-européen venu de Thrace ou de la région du Danube. Ils ont occupé vers 1200 av.jc la partie centrale et occidentale de l’Asie Mineure, profitant de l’effondrement de l’Empire hittite.

[10] La bataille d’Anzen ou bataille de Dazimon se déroule le 22 juillet 838 à Anzen ou Dazimon (aujourd’hui Dazman en Turquie). Elle oppose l’Empire byzantin aux forces du califat abbasside. Les Abbassides viennent de lancer une expédition massive composée de deux armées, en représailles aux succès de l’empereur Théophile l’année précédente. Le but de l’expédition est de mettre à sac la cité d’Amorium, l’une des plus grandes cités byzantines. Théophile et son armée affronte la plus petite armée arabe, dirigée par le général Afchin Khaydar ben Kawus à Dazimon. L’armée byzantine supérieure en nombre est d’abord dans une situation favorable mais quand Théophile décide de diriger l’attaque en personne, son absence à son poste habituel crée la panique chez les Byzantins, qui craignent qu’il ait été tué. Cet événement combiné à la vigoureuse contre-attaque des archers à cheval turcs entraînent la fuite de l’armée byzantine. Théophile et sa garde sont encerclés sur une colline avant qu’ils ne parviennent à s’échapper. La défaite ouvre la voie du sac brutal d’Amorium quelques semaines plus tard. Ce sac est l’une des plus sérieuses déroutes des Byzantins lors des longues guerres arabo-byzantines.