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Agathocle de Bactriane ou Agathoclès Dikaios

mardi 4 janvier 2022, par lucien jallamion

Agathocle de Bactriane ou Agathoclès Dikaios

Souverain gréco-bactrien/ indo-grec qui régna entre 190 et 180 av. jc

Ce roi se caractérise à la fois par une production monétaire très indianisante, avec le seul cas d’illustration de divinités hindoues dans le monnayage des grecs en Inde, mais aussi un monnayage au contraire très tradionnaliste honorant ses ancêtres dynastiques.

Après Agathocle, les divinités hindoues disparaissent pour toujours du monnayage grec, ainsi que le Brahmi, au bénéfice du Kharoshthi, un script du nord-ouest de l’Inde d’origine araméenne, ancienne langue officielle de l’Empire achéménide [1], jugée peut-être plus acceptable et plus "occidentale" que le Brahmi.

Agathocle a d’abord émis plusieurs pièces selon le standard indien, incorporant des symboles locaux, et probablement bouddhistes, tels que les collines semblables à un stupa, ou l’arbre dans son enclos, avec légendes en Kharoshthi indicant son nom et la mention "Hiranasame [2]".

Agathocle est le premier roi gréco-bactrien à rajouter un qualificatif sur ses monnaies purement grecques, celui de "Dikaios" [3]. Ce titre, n’apparaissant pas sur ses monnaies "indiennes", on considère que ces monnaies commémoratives leur sont postérieures. Ce titre de "Dikaios" sera réutilisé très souvent à partir du règne de Ménandre 1er , avec la traduction Kharoshthi au revers de Dhramatikasa [4]. Il est donc possible que le titre "Dikaios" ait eu cette connotation Bouddhisque dès le règne d’Agathocle, d’autant plus que certaines de ses monnaies "indiennes" comportaient elles-aussi des symboles Bouddhiques.

Euthydème II, Pantaléon et Agathocle sont les seuls rois de l’antiquité à avoir frappé quelques monnaies de cupro-nickel. La température de fonte étant trop élevée pour les fourneaux de l’époque, ces pièces sont particulièrement poreuses. Cette similitude sur le plan de la technologie de fonte permet de placer ces 3 rois gréco-bactriens dans la même période historique.

Seule la Chine semble avoir possédé ce type d’alliage à l’époque, ce qui suggère de possibles contacts et échanges. Euthydème 1er, quelques décennies auparavant, est en effet connu pour avoir pris possession de la région du Ferghana [5], et mené des expéditions dans le Kashgar [6] et sur Ürümqi [7], ce qui a pu conduire aux premiers contacts entre la Chine et l’Occident.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de François Widemann, Les successeurs d’Alexandre en Asie centrale et leur héritage culturel, Paris, Riveneuve éditions, 2009

Notes

[1] L’Empire achéménide est le premier des Empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s’étend alors au nord et à l’ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières de la mer Noire ; à l’est jusqu’en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l’actuel Iraq, sur la Syrie, l’Égypte, le nord de l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël et la Palestine, le Liban et jusqu’au nord de la Libye. Le nom « Achéménides se rapporte au clan fondateur qui se libère vers 556 av. jc de la domination des Mèdes, auparavant leurs suzerains, ainsi qu’au grand empire qui résulte ensuite de leur fusion. L’empire fondé par les Achéménides s’empare de l’Anatolie en défaisant la Lydie, puis conquiert l’Empire babylonien et l’Égypte, unissant les plus anciennes civilisations du Moyen-Orient dans une seule entité politique de façon durable. L’Empire achéménide menace par 2 fois la Grèce antique et prend fin, vaincu par Alexandre le Grand, en 330 av. jc.

[2] Monastère d’Or

[3] le Juste

[4] ce qui en Prakrit a une connotation très religieuse, et signifie "L’initié au Dharma"

[5] en actuel Ouzbékistan

[6] ou Kachgar ou Kashi ou Turkestan chinois

[7] aujourd’hui la capitale de la région autonome du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine