Ce roi se caractérise à la fois par une production monétaire très indianisante, avec le seul cas d’illustration de divinités hindoues dans le monnayage des grecs en Inde, mais aussi un monnayage au contraire très tradionnaliste honorant ses ancêtres dynastiques.
Après Agathocle, les divinités hindoues disparaissent pour toujours du monnayage grec, ainsi que le Brahmi, au bénéfice du Kharoshthi, un script du nord-ouest de l’Inde d’origine araméenne, ancienne langue officielle de l’Empire achéménide [1], jugée peut-être plus acceptable et plus "occidentale" que le Brahmi.
Agathocle a d’abord émis plusieurs pièces selon le standard indien, incorporant des symboles locaux, et probablement bouddhistes, tels que les collines semblables à un stupa, ou l’arbre dans son enclos, avec légendes en Kharoshthi indicant son nom et la mention "Hiranasame [2]".
Agathocle est le premier roi gréco-bactrien à rajouter un qualificatif sur ses monnaies purement grecques, celui de "Dikaios" [3]. Ce titre, n’apparaissant pas sur ses monnaies "indiennes", on considère que ces monnaies commémoratives leur sont postérieures. Ce titre de "Dikaios" sera réutilisé très souvent à partir du règne de Ménandre 1er , avec la traduction Kharoshthi au revers de Dhramatikasa [4]. Il est donc possible que le titre "Dikaios" ait eu cette connotation Bouddhisque dès le règne d’Agathocle, d’autant plus que certaines de ses monnaies "indiennes" comportaient elles-aussi des symboles Bouddhiques.
Euthydème II, Pantaléon et Agathocle sont les seuls rois de l’antiquité à avoir frappé quelques monnaies de cupro-nickel. La température de fonte étant trop élevée pour les fourneaux de l’époque, ces pièces sont particulièrement poreuses. Cette similitude sur le plan de la technologie de fonte permet de placer ces 3 rois gréco-bactriens dans la même période historique.
Seule la Chine semble avoir possédé ce type d’alliage à l’époque, ce qui suggère de possibles contacts et échanges. Euthydème 1er, quelques décennies auparavant, est en effet connu pour avoir pris possession de la région du Ferghana [5], et mené des expéditions dans le Kashgar [6] et sur Ürümqi [7], ce qui a pu conduire aux premiers contacts entre la Chine et l’Occident.