André II de Hongrie ou André II Árpád (1176-1235)
Roi de Hongrie de 1205 à 1235
Fils de Béla III de Hongrie et d’ Agnès d’Antioche , il anima la 5ème croisade [1] en 1217. Il s’est proclamé roi de Galicie-Volhynie [2].
À son avènement, il tente de rétablir un régime centralisé. Après avoir disputé la couronne à son frère Emeric ou Imre de Hongrie , il doit faire face à des complots. La reine Gertrude de Méran est tuée en 1213 lors d’une campagne du roi en Russie par un groupe de conspirateurs mécontents, conduits par le ban, le palatin lui-même. Les soldats de haut rang, les servants du roi, veulent obtenir la garantie de leurs statuts et privilèges. On reproche aussi au roi d’avoir affermé les finances à des Juifs et des Ismaélites [3].
Le roi de Hongrie dispose alors de 70 % des terres du royaume, le reste appartenant à l’Église, à la descendance d’anciens chefs de tribus, à des chevaliers étrangers ou à des guerriers paysans libres. Sous le règne d’André II, les donations du roi à divers bénéficiaires, monastères, évêchés ou particuliers s’accélèrent, annonçant un système seigneurial. Ces donations font naître une classe de barons, sans impliquer de liens de vassalité envers le souverain donateur.
Le règne d’André II de Hongrie nous laisse deux fois plus de documents que les deux siècles précédents. La production écrite émane de la chancellerie royale, des institutions de l’État et de l’Église, mais aussi des villes. D’abord exclusivement en latin, elle contient de plus en plus d’éléments en allemand, en slovaque et en hongrois.
André II participe à la 5ème croisade. En septembre 1217 André II et Léopold VI d’Autriche débarquent à Acre [4] avec leurs troupes. Les Hongrois effectuent une chevauchée sans résultat jusqu’à Beïsan [5] en novembre 1217 puis assiègent en vain la forteresse ayyoubide [6] du mont Thabor [7] entre le 29 novembre et le 7 décembre. Malade et découragé André II rentre en Europe dès 1218.
Au cours de son expédition le roi négocie les fiançailles de son fils aîné Béla avec Marie Lascaris , fille de l’empereur de Nicée [8] Théodore 1er Lascaris et celle de son 3ème fils et homonyme André avec la fille de Léon II d’Arménie . Le second projet reste sans suite. Après la mort sans héritier direct de l’empereur Henri de Constantinople, les barons lui offrent la couronne impériale qu’il refuse.
Le roi se heurte à son retour à une révolte de la noblesse. Il est contraint de lui accorder une Bulle d’Or [9]. Elle lui reconnaît par ailleurs le droit d’insurrection contre le monarque en 1222.
Par l’Andreanum de 1224, il accorde aux Saxons de Transylvanie [10] un statut d’autonomie et d’importants privilèges fiscaux.
À sa mort en 1235, il est enterré aux côtés de sa femme Yolande de Courtenay dans l’abbaye cistercienne d’Egres [11]
Notes
[1] La cinquième croisade (1217–1221) est une campagne militaire dont le but était d’envahir et de conquérir une partie du sultanat ayyoubide d’Égypte afin de pouvoir échanger les territoires conquis contre les anciens territoires du royaume de Jérusalem se trouvant sous contrôle ayyoubide. Malgré la prise de Damiette, cette croisade fut un échec, à cause de l’intransigeance du légat Pélage et de sa méconnaissance de la politique locale, ce qui le conduisit à refuser les négociations au bon moment.
[2] en latin rex Galiciae et Lodomeriae
[3] musulmans
[4] Acre est une ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d’un port en eaux profondes. Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. Cette ville côtière donne son nom à la plaine d’Acre qui comporte plusieurs villages. Son ancien port de commerce florissant dans l’Antiquité, est devenu une zone de pêche et de plaisance de moindre importance. Elle devient au 13ème siècle la capitale du Royaume de Jérusalem et le principal port de Terre sainte.
[5] La ville de Beït Shéan, en Israël est l’une des villes les plus anciennes d’Orient. Elle s’est appelée Scythopolis ou Nysa à la période hellénistique et romaine. La position de la ville se tenant au carrefour de routes principales et la facilité d’accès dont elle dispose vers les sources d’eau des environs.
[6] La dynastie musulmane des Ayyoubides ou Ayyubides est une famille kurde et descendante d’Ayyoub. À l’origine ce sont des officiers des émirs Zengi puis Nur ad-Din. Ensuite, Saladin prend le pouvoir en Égypte en 1170, puis unifie la Syrie contre les Francs, avant de conquérir la plus grande partie des États latins d’Orient. Après lui, les sultans Al-Adel et Al-Kâmil règnent en Égypte jusqu’en 1250, tandis que d’autres princes ayyoubides se succèdent en Syrie jusqu’en 1260 et au Yémen jusqu’en 1229.
[7] Le mont Thabor, ou mont Tabor est une montagne isolée de 588 mètres d’altitude située au cœur de la Galilée, en Israël.
[8] Vestige de l’Empire byzantin ayant résisté à la prise de Constantinople par les croisés en 1204, l’Empire de Nicée était le plus étendu des États impériaux successeurs : l’Empire de Nicée, le despotat d’Épire et l’Empire de Trébizonde. Il occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer Égée à la mer Noire. Si Nicée demeura sa capitale et le siège du patriarcat pendant toute sa brève histoire (1204-1261), les empereurs établirent leur résidence et le siège du gouvernement à Nymphaion (aujourd’hui Kemalpaşa), ville de Lydie, moins exposée aux armées ennemies. Se défendant à la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, Théodore 1er Laskaris réussit à édifier un État politiquement stable et économiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas Vatatzès et Théodore II Laskaris, étendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. Après avoir écarté Jean IV Lascaris, le successeur légitime de Théodore II, Michel VIII Paléologue n’eut plus qu’à reprendre la ville en 1261 grâce à un concours de circonstances. L’Empire de Nicée redevint ainsi une partie constituante de l’Empire byzantin rénové.
[9] elle garantit à la noblesse une diète annuelle, des immunités d’ordre fiscal et la perception des impôts
[10] Le territoire de la principauté de Transylvanie a varié dans le temps : son cœur historique correspond à une région située à l’est de la Transylvanie actuelle, dans le centre de la Roumanie. La toponymie laisse penser que différentes ethnies y ont cohabité entre le 3ème et le 10ème siècle. S’y succédèrent des Huns (confédération à dominante turcophone), des Gépides (germanophones), des Avars (autre confédération turcophone), des Slaves (slavonophones), des Bulgares (confédération à composantes iranienne et turque), des Iasses (Alains iranophones). Selon la Gesta Hungarorum, Gelou aurait été le premier dux des Valaques et des Slaves de Transylvanie, vaincu et tué par les Magyars au 10ème siècle en 900 ou 903, et son duché se serait soumis au traité d’Esküllő (aujourd’hui Aşchileu, au nord-ouest de Cluj), mais la fiabilité de cette source est contestée. Quoi qu’il en soit, à partir du 11ème siècle, les Magyars, peuple parlant une langue du groupe finno-ougrien venu du nord de la Mer Noire (pays d’Etelköz) et installés à la place des Avars au centre du bassin danubien, étendent progressivement leur emprise jusqu’aux chaîne des Carpates, y compris sur les montagnes de l’Est (massif du Bihor), puis sur ce qui devient alors la Transylvanie
[11] alors en Hongrie, aujourd’hui Igriș en Roumanie