Liudolf de Souabe (vers 930-957)
Duc de Souabe de 950 à 954
Issu de la dynastie des Ottoniens [1]. Il est connu pour sa rébellion contre son père, le roi Otton 1er, créant une crise majeure pour la Francie orientale [2].
Liudolf est le seul fils issu du premier mariage de son père avec Édith , fille d’Édouard l’Ancien.
Dans les œuvres de Hrotsvita de Gandersheim , il est décrit comme un véritable prince héritier avec intelligence et sagesse. Déjà en 939 Liudolf est fiancé avec Ida, fille et seul enfant du duc Hermann 1er de Souabe . Après le décès de sa mère Édith en 946 fut la première femme du royaume.
Quand son père Hermann mourut le 10 décembre 949, le roi Otton désigne Liudolf comme son héritier et c’est ainsi que le duché de Souabe [3] fut mis sous la tutelle des Ottoniens. Il était un dirigeant apprécié de sa population.
Après l’usurpation de Bérenger II d’Ivré suite à la mort du roi Lothaire II dit Lothaire d’Arles, Liudolf envahit l’Italie au début de l’été 951, sans qu’en ait eu connaissance son père, afin de venir en aide à la reine douairière Adélaïde, une nièce de sa femme Ida. Bérenger chercha à éviter un 2ème mariage de l’héritière d’Italie et il la jeta en prison. Toutefois, Otton 1er déjoua les plans de Liudolf et entreprit lui-même d’envahir l’ancien royaume lombard, laissant à son fils peu de trésors.
Quand Otton 1er fit un deuxième mariage avec Adélaïde, Liudolf sentit sa position menacée et leva la bannière de la révolte en 953, aidé par son beau-frère, le duc Conrad de Lotharingie et l’archevêque Frédéric de Mayence .
Liudolf et Conrad essayèrent de négocier avec Otton vers Pâques 953 à Mayence [4], mais Otton revint sur ses engagements et assiégea Mayence en vain en juillet pendant 2 mois, puis alla investir Ratisbonne [5] que le gouverneur avait livrée à Liudolf. Les révoltés se réconcilièrent avec le roi Otton à la diète de Langenzenn en juin 954.
Bien que réconcilié avec son père, ce dernier le déposséda de son duché d’une manière définitive. Liudolf envahit alors l’Italie pour la seconde fois en 957.
Beaucoup de villes capitulèrent, et Bérenger II préféra fuir. Il mourut subitement de fièvre en plein milieu d’une campagne victorieuse à Pombia [6], près de Novare [7] le 6 septembre. Il fut inhumé en l’église de l’Abbaye Saint-Alban devant Mayence [8]. On lui doit la fondation de la ville de Stuttgart [9] dans l’actuel Bade-Wurtemberg [10].
Notes
[1] Les Ottoniens sont une famille de rois germaniques qui doivent leur nom à Otton 1er du Saint Empire, fils d’Henri 1er de Germanie. À partir du royaume de Germanie et des restes orientaux de l’Empire d’Occident, ils vont fonder le Saint Empire romain germanique et conserver la dignité impériale de 962 à 1024.
[2] La Francie orientale est la partie orientale de l’empire carolingien partagé lors du traité de Verdun en 843. Elle échoit à Louis le Germanique. Ce royaume comprenait la part orientale de l’ancienne Austrasie, la Saxe, la Thuringe et la Bavière. Le royaume des Francs orientaux ne gardera que sous les Carolingiens le nom de Francie qui sera dès l’origine également utilisé pour désigner deux régions : l’une originellement peuplée de Francs, la Francie du Rhin ou Lotharingie (« Rheinfranken »), l’autre colonisée par eux, la Francie du Main, ou Franconie (« Mainfranken »).
[3] La Souabe est une région historique d’Allemagne. Au haut Moyen Âge, le royaume d’Alémanie regroupait de nombreux petits royaumes sur le territoire des Alamans. Ceux-ci sont soumis par les Francs sous Clovis 1er et Théodebert 1er. À partir du début du 6ème siècle, l’Alémanie est un duché sous le contrôle des Francs, jusqu’à ce qu’il soit dissous en 746 en raison du Massacre de Cannstatt. En 829, le royaume de la Souabe se forme sur le même territoire, qui est attribué à Louis II le Germanique et donc à la Francie orientale dans le traité de Verdun en 843. Après la réforme des comtés dans la Francie orientale, le Duché de Souabe est alors formé en 915 ; il s’étendait alors des Vosges dans l’ouest jusqu’au Lech dans l’est et à Chiavenna, aujourd’hui en Italie, dans le sud
[4] Mayence fut, de 1619 à 1918, une forteresse et une ville de garnison. La présence des militaires et les fortifications étendues ont fortement marqué la vie des citoyens mayençais. En raison de sa position stratégiquement favorable, Mayence a joué un grand rôle dans le passé : d’un côté à l’autre de la frontière, on l’appelait le boulevard de la France ou das Bollwerk Deutschlands. La citadelle, une place forte érigée vers l’an 1619, fut transformée au cours des siècles en une véritable forteresse par les archevêques de Mayence. En particulier, Mayence fut successivement forteresse fédérale puis forteresse impériale. Plusieurs casernes et ouvrages de fortification subsistent encore aujourd’hui en ville. De nombreux noms de rue renvoient au passé de ville-forteresse. La citadelle de Mayence, principal vestige de la forteresse, est considérée comme un des édifices historiques importants de la métropole rhénane.
[5] Ratisbonne (en allemand : Regensburg), est une ville allemande, située dans le Land de Bavière. Elle est baignée par le Danube et est la capitale tant du district du Haut-Palatinat que du Landkreis de Regensburg. À l’époque mérovingienne, Ratisbonne, capitale des Bavarii, était la résidence des Agilolfing, premiers ducs de Bavière. En 739 saint Boniface, l’apôtre de la nation allemande, y établit un évêché. La ville atteignit son apogée politique et économique au 7 et 8ème siècle, quand elle se trouvait au carrefour de grandes routes commerciales importantes.
[6] Pombia est une commune italienne de la province de Novare dans la région Piémont en Italie, à environ 100 km au nord-est de Turin.
[7] Novare est une ville italienne, située dans la province de même nom, dans la région Piémont, région de la plaine du Pô, dans le nord-ouest de l’Italie.
[8] L’abbaye Saint Alban devant Mayence a été, plusieurs siècles durant, l’un des monastères les plus importants de l’Ordre de Saint-Benoît en Europe. Elle était située devant Mayence, dans le Saint Empire romain germanique. Cette abbaye a pris la succession d’un monastère bénédictin qui se dressait naguère sur le Mont Saint Alban au sud de Mayence. Le monastère était célèbre pour son école pietate doctrinaque inclinatum et sa somptueuse abbaye. L’école dépendait de l’Académie palatine, où l’archevêque Richulf aussi bien que l’archevêque Raban Maur, né en 780 à Mayence avaient reçu leur instruction. Si au moins une partie de la production des manuscrits du Haut Moyen Âge de provenance mayençaise, et qui présente des traits bien reconnaissables, a dû être localisée à Saint Alban, il semble toutefois que le scriptorium proprement dit se trouvait dans la cathédrale.
[9] Stuttgart est la capitale du Land de Bade-Wurtemberg, au sud de l’Allemagne. Stuttgart était la propriété de la margrave de Bade et les villes de Backnang et Besigheim. Autour de 1300, Stuttgart est devenue la résidence des comtes de Wurtemberg, qui en ont fait la capitale de leur territoire (Territorialstaat). Stuttgart a été élevée au rang de ville en 1321 quand elle est devenue la résidence royale officielle. Le territoire autour de Stuttgart fut appelé comté de Wurtemberg, avant que les comtes soient élevés au rang de ducs en 1495, par l’empereur. Stuttgart est alors devenue la capitale du duché et la résidence ducale.
[10] Le Bade-Wurtemberg est un Land du Sud de l’Allemagne. Sa capitale et plus grande ville est Stuttgart.