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Colomba d’Iona dit Saint Colomba

samedi 7 août 2021, par ljallamion

Colomba d’Iona dit Saint Colomba (521-597)

Missionnaire irlandais

Il aida à réintroduire le christianisme en Écosse et dans le nord de l’Angleterre. Il établit un nouvel ordre monastique dont la principale communauté s’installa sur l’île de Iona [1] en 563. La légende veut qu’il soit arrivé sur la petite île des Hébrides [2] avec 12 compagnons, métaphore christique visant à renforcer son caractère sacré. Il a été enterré à Downpatrick [3] avecsaint Patrick et sainte Brigitte d’Irlande qui sont les autres saints patrons de l’Irlande.

Saint Colomba est né sous le nom royal de Criamtham. C’est en effet un prince de la maison des Ui Neill [4] de Tir Conail [5] dans l’actuel Comté de Donegal [6] en Irlande. Il est le fils de Feidlimid mac Fergus Cendfota mac Conall Gulban , son ancêtre est le fondateur éponyme du Cenél Conaill.

Ce dernier est lui-même l’un des fils de l’Ard ri Érenn [7] Niall Noigiallach. Par sa grand-mère, Erca, fille de Loarn mac Eirc , le fondateur du Cenél Loairn, il est également apparenté aux rois de Dal Riada [8]. Par ses origines, il est représentatif du haut Moyen Âge irlandais où la réalité du pouvoir est détenue par les abbés issus des familles princières et perpétuant la société clanique de l’île.

Connu sous le nom ecclésiastique de Colomba, il entre à l’Abbaye de Clonard [9] sous la direction de saint Finien et aurait fondé selon la tradition plusieurs écoles et monastères en Irlande : à Derry [10] en 545, Durrow en 553 et Kells [11] en 554.

Colomba fut peut-être poussé à l’émigration par son zèle missionnaire mais également exilé, sans doute pas comme le veut la légende, pour avoir exécuté et emporté sans l’accord de Finnian de Moville , la copie d’un précieux manuscrit romain, mais plutôt pour des raisons politiques liées à son rôle dans les rivalités qui opposaient les membres de la famille royale. Ces rivalités avaient abouti en 561 à la sanglante bataille de Cúl Dreimne entre les Ui Neill du Nord et l’Ard rí Érenn Diarmait mac Cerbaill et à l’excommunication de Colomba par un synode. Il est pardonné lors d’un autre synode réuni à Teltown dans le comté de MeathLe comté de Meath est un comté de la République d’Irlande, souvent surnommé le Comté Royal (Royal County), d’une superficie de 2 342 km². La ville principale d’un point de vue administratif est Navan, bien que Trim ait un patrimoine historique plus important. mais doit s’exiler immédiatement.

En s’enfonçant vers le nord par le Great Glen [12], il dompte selon la légende le monstre qui hantait déjà les rives du Loch Ness [13] et réussît à traiter avec les druides [14] qu’il rencontre à la cour du roi Brude et dont le principal Broichan était le propre père nourricier du souverain.

La conversion, la huitième ou neuvième année de son règne, des pictes [15] et du roi Brude, pourtant issu d’une famille brittonique [16] théoriquement déjà chrétienne, et dont le père putatif aurait fait l’objet des anathèmes de Gildas est passée sous silence par Saint Adomnan biographe du saint, mais mise au crédit de Colomba par la Chronique Picte [17] et sous entendue par Bède le Vénérable.

L’abbé Colomba joue également un grand rôle dans le royaume de Dal Riada. Il use de son influence pour couronner roi à Iona Áedán mac Gabráin, en conformité avec les règles de la tanistrie [18] pratiquées dans les royaumes irlandais, mais au détriment des droits d’Eòganán mac Gabráin, le pieux fils aîné de Gabhran, écarté de la royauté par le saint qui lui était pourtant favorable à la suite de l’intervention d’un ange.

En 575, le nouveau roi, accompagné de saint Colomba, participe au concile de Druim Ceat [19], en Irlande, où le Dal Riada écossais est reconnu indépendant par le futur Ard rí Érenn Áed mac Ainmerech du Cenél Conaill [20] des Ui Neill du Nord [21], sous réserve qu’il le soutienne toujours dans les conflits purement irlandais.

Saint Adomnan rapporte qu’un jour, le roi des Scots [22] demanda à saint Colomba lequel de ses trois fils aînés, devrait selon lui succéder à sa mort. L’évêque répondit qu’aucun d’eux ne régnerait jamais car ils seraient tous tués au combat. Le saint demanda alors au roi de faire venir ses plus jeunes fils et lorsque Eochaid Buide , quatrième héritier mâle, se présenta devant lui, il le bénit et déclara à son père : Voilà celui qui te survivra !

Après la mort de Colomba, la direction de la communauté monastique d’Iona fut assurée pendant au moins un siècle et demi, à une exception près par des princes abbés issus directement du Cenél Conaill, dont son biographe et 9ème successeur comme abbé d’Iona, saint Adomnan d’Iona

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire des Saints d’Irlande. Analyse critique des sources hagiographiques (viie – ixe siècle) : Nathalie Stalmans Presses Universitaires de Rennes (2003) (ISBN 2868477062).

Notes

[1] Iona est une petite île du nord-ouest de l’Écosse, dans les Hébrides intérieures, séparée de l’île de Mull par le détroit d’Iona. L’île, avec 4,8 km du nord au sud et 2,4 km de d’est en ouest, s’étend sur 800 hectares. Le point le plus élevé, Dun I, culmine à 101 m. En 563, saint Colomba d’Iona ou Columcille, exilé d’Irlande, a fondé un monastère sur l’île sous le double patronage de Conall mac Comgaill, roi de Dal Riada, et de Brude mac Maelchon, roi des Pictes. Sa communauté connut une belle évolution, comme en témoignent les croix savamment sculptées et les pierres tombales, mais fut décimée par les invasions nordiques au 8ème et au 9ème siècles.

[2] Les Hébrides sont un archipel du Royaume-Uni. Situé au sud de la mer d’Écosse, cet archipel comprend les Hébrides intérieures et les Hébrides extérieures, séparées par la mer des Hébrides et le Little Minch. Ces îles ont une longue histoire de peuplement remontant au Mésolithique et leurs cultures ont été successivement influencées par les peuples de langues celtiques, nordiques et anglophones.

[3] Downpatrick est le chef-lieu du Comté de Down, en Irlande du Nord (Royaume-Uni). Située à environ 33 km au sud de Belfast

[4] Les Uí Néill étaient une grande dynastie irlandaise. Il signifiait les « descendants de Niall Noigiallach », et se rapportait à un groupe de parenté irlandais. Les Uí Néill n’étaient ni une tribu, ni une confédération de tribus, mais une dynastie, c’est-à-dire qu’ils étaient composés, dès le 6ème siècle, de quelques douzaines de personnes réparties sur un vaste territoire au nord et au centre de l’Irlande. Ils devinrent à partir de la seconde moitié du 6ème siècle la dynastie dominante de la moitié nord de l’Irlande. Ses diverses branches donnèrent un certain nombre de hauts rois d’Irlande entre les 7ème et 11ème siècles.

[5] Les Cenél Conaill est le nom des descendants de Conall Gulban, fils de Niall Noigiallach, reconnu par l’histoire orale et écrite comme le co-fondateur avec son frère Eógan mac Néill dont est issu le Cenél nEógain de la puissance des Uí Néill du Nord en Ulster. Le Cenél Conaill était également connus en Écosse comme le famille de saint Columba.

[6] Le Comté de Donegal est le comté d’Irlande situé le plus au nord. C’est un des trois comtés de l’Ulster qui ne fait pas partie des six comtés d’Irlande du Nord sous souveraineté britannique.

[7] Le Ard rí Érenn désigne, dans la mythologie celtique et l’histoire médiévale de l’Irlande, le souverain qui règne sur la totalité de l’île. Ard rí signifie « roi suprême » et « Érenn » provient de la déesse Ériu, véritable personnification du pays

[8] Le Dal Riada était un royaume scot situé sur la côte nord-est de l’Irlande et la côte ouest de l’Écosse.

[9] L’abbaye de Clonard est une importante fondation religieuse irlandaise du 6ème siècle, sise pratiquement sur la ligne de démarcation traditionnelle entre les moitiés nord et sud de l’Irlande, dans l’actuel comté de Meath. Elle est proche du village de Clonard. Fondée par Finien de Clonard vers 520 sur la rivière Boyne, le site originel ne consistait qu’en une seule cellule qui se trouvait peut-être à Ard Relec, proche. L’abbaye était située à côté de l’Esker Riada, levée de terre naturelle servant de route principale d’est en ouest de l’Irlande. Cet emplacement ajoutait à sa proéminence ; mais elle était aussi à la frontière des royaumes de Leinster et de Meath, occasionnellement en guerre l’un contre l’autre. Elle fut au début du Moyen Âge un centre d’enseignement monastique d’importance en Irlande. Dans le courant du 6ème siècle elle vit passer les plus grands noms de l’histoire chrétienne irlandaise, dont les Douze apôtres de l’Irlande. Vers le milieu du 9ème siècle c’était l’église principale des midlands irlandais.

[10] Derry ou Londonderry est une cité d’Irlande du Nord. Seconde ville de la province d’Irlande du Nord après Belfast. La vieille ville fortifiée de Londonderry se situe sur la rive ouest de la rivière Foyle alors que le vieux Derry était localisé sur la rive est. La ville actuelle couvre les deux rives (Cityside à l’Ouest et Waterside à l’Est) qui sont reliées par deux ponts. Derry fut la dernière ville des îles Britanniques à être enfermée dans des remparts et c’est une des rares en Europe à avoir gardé ses remparts inviolés. Derry est très proche de la frontière avec le comté de Donegal en République d’Irlande (moins de 10 km). Elle est située à 110 km de Belfast.

[11] Kells est une localité irlandaise située dans le comté de Meath. La ville a un riche passé historique : l’abbaye de Kells et sa tour sont associées à saint Colomba et au Livre de Kells, aujourd’hui conservé au Trinity College de Dublin.

[12] Le Great Glen, aussi appelé Glen Albyn, Glen Mor et Grande vallée d’Écosse désigne une série de vallées reliant les façades orientale et occidentale de l’Écosse. Il s’étend sur une centaine de kilomètres, de la ville d’Inverness dans l’estuaire Beauly Firth à la ville de Fort William, à la pointe du bras de mer Loch Linnhe.

[13] Le loch Ness est un lac d’eau douce situé dans les Highlands (Écosse), au sud-ouest de la ville d’Inverness et au nord-est de Fort Augustus.

[14] Le druide est un personnage très important de la société celtique, au point qu’il est à la fois ministre du culte, théologien, philosophe, gardien du Savoir et de la Sagesse, historien, juriste et aussi conseiller militaire du roi et de la classe guerrière. Il est en premier lieu l’intermédiaire entre les dieux et les hommes. Il existait également des druidesses chez les Celtes. Les plus célèbres d’entre elles sont Velléda (prophétesse) ou Cartimandua.

[15] Les Pictes étaient un peuple établi principalement dans les Lowlands de l’Écosse. Les migrations Pictes s’installent entre les différentes vagues de migrations goïdeliques (gaëliques) et gallo-britonniques. Leurs ancêtres seraient venus du continent à la fin de la préhistoire, peut-être au cours du 1er millénaire avant jc. Leur première mention est due à l’orateur breton Eumenius, en 297, ce dernier les cite aux côtés des Hibernii (les Irlandais) comme ennemis des Bretons.

[16] Les peuples brittoniques ou Brittons sont des peuples celtes de la protohistoire, habitant l’actuelle Grande-Bretagne. Leur dénomination vient du fait qu’ils parlaient une langue celtique, de la famille des langues brittoniques. À partir de l’occupation romaine, on parle de Britto-romain

[17] La Chronique picte est un nom souvent attribué par les historiens à une liste des rois des Pictes débutant des milliers d’années avant l’histoire connue des Pictes et s’achevant après l’intégration du royaume picte au royaume d’Alba.

[18] La tanistrie ou tanistry est une loi de succession coutumière qui fut pratiquée sous une forme ou sous une autre par certains groupes celtes et pictes. Elle fut également pratiquée par certains peuples germaniques et slaves, et fut une coutume germanique durant le Moyen Âge. Suivant cette coutume, le successeur d’un roi ou d’un chef de clan doit être choisi parmi sa parenté, mais de préférence parmi des collatéraux (frères, cousins, neveux) plutôt que parmi ses descendants directs. Le successeur est en général choisi du vivant du chef précédent et est alors appelé tanist. La loi précise généralement que le tanist, ne doit souffrir d’aucune infirmité mentale ou physique, et qu’il doit être reconnu comme le plus méritant parmi les candidats. Suivant les cas, il est choisi par le roi précédent lui-même ou par un conseil des anciens, des chefs et des princes.

[19] Comté de Derry

[20] Les Cenél Conaill est le nom des descendants de Conall Gulban, fils de Niall Noigiallach, reconnu par l’histoire orale et écrite comme le cofondateur avec son frère Eoghan mac Néill dont est issu le Cenél nEógain de la puissance des Uí Néill du Nord en Ulster. Le Cenél Conaill était également connu en Écosse comme la famille de saint Columba.

[21] Les Uí Néill étaient une grande dynastie irlandaise. Il signifiait les « descendants de Niall Noigiallach », et se rapportait à un groupe de parenté irlandais. Les Uí Néill n’étaient ni une tribu, ni une confédération de tribus, mais une dynastie, c’est-à-dire qu’ils étaient composés, dès le 6ème siècle, de quelques douzaines de personnes réparties sur un vaste territoire au nord et au centre de l’Irlande. Ils devinrent à partir de la seconde moitié du 6ème siècle la dynastie dominante de la moitié nord de l’Irlande. Ses diverses branches donnèrent un certain nombre de hauts rois d’Irlande entre les 7ème et 11ème siècles.

[22] Les Scots sont un peuple celte originaire de l’est de l’Irlande qui commença à s’établir dans l’île de Bretagne entre les rivières Clyde et Solway aux 3ème et 4ème siècles de l’ère chrétienne. L’Écosse actuelle leur doit son nom (Scotland). Les premiers Scots affrontèrent les Britto-romains lors de raids qui se transformèrent en établissements durables, profitant sans doute d’un dépeuplement précoce des régions où ils effectuaient leur piraterie. Peu avant 500, ces Scots s’établirent sur les côtes du Devon et du pays de Galles, mais ils n’y établirent pas d’ensembles politiques durables. On leur doit toutefois l’introduction de l’écriture oghamique sur l’île. Plus au nord, les Scots devinrent dans un premier temps les voisins immédiats et les rivaux occidentaux des Pictes, les anciens habitants de la Calédonie. Cette région, qui n’avait jamais été conquise par Rome, passa progressivement sous leur contrôle du 6ème au 9ème siècle. Dès le 6ème siècle, les Scots durent cependant résister aux Anglo-Saxons, établis durablement au sud du Forth avant 500, contrairement aux Bretons, les Scots nouèrent de nombreux contacts avec ces nouveaux venus, surtout à l’est avec le royaume septentrional de Northumbrie. Au 7ème siècle, les Scots chrétiens jouèrent en particulier un rôle important dans l’évangélisation des Anglo-Saxons, rôle qui fut ensuite éclipsé par Rome.