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Patrick d’Irlande dit saint Patrice ou saint Patrick

mardi 25 mai 2021, par ljallamion

Patrick d’Irlande dit saint Patrice ou saint Patrick (vers 386-461)

Saint semi-légendaire

Les dates et lieux traditionnellement retenus, relatifs à sa biographie, sont une naissance vers 386 en Bretagne insulaire [1], une mission en Irlande en 432 et mort à Down [2], Ultonie [3].

Saint patron de l’Irlande, il est considéré comme son évangélisateur et comme le fondateur du christianisme irlandais.

Avec l’introduction du christianisme en Irlande au 5ème siècle, se développe une littérature hagiographique [4] essentiellement élaborée à partir du 7ème siècle par des moines lettrés irlandais chargés de rédiger des Vitæ [5].

Maints épisodes de la biographie de ce saint ne sont pas prouvés historiquement. Les très nombreux textes hagiographiques anciens le concernant rapportent beaucoup de légendes parfois contradictoires qui ne peuvent être reliées à aucun des faits historiques attestés.

Les principaux textes hagiographiques relatifs à ce saint, outre les textes très lacunaires écrits de la main de Patrick au 5ème siècle, sont élaborés par des moines au 7ème siècle. Il s’agit du Liber Angeli [6], des Collectanea de Tírechán [7]et de la Vita sancti Patricii [8].

Selon la “Confession”, d’origine britto-romaine [9], il serait né, dans une villa près du vicus de Bannaven Taberniæ [10], localité non identifiée, ce qui permet à plusieurs contrées de revendiquer être son lieu de naissance.

Son père, Calpurnius, membre du conseil de la petite colonie romaine, exerce les fonctions de décurion [11], et de diacre [12], mais n’est pas considéré comme un homme très religieux. Son grand-père Potitus était prêtre, sa grand-mère était originaire de Touraine [13], en Gaule.

Selon la Confession, des pirates scots [14]ou pictes [15] enlèvent vers 405 Patrick, à l’âge de 16 ans, dans sa villa près de “Bannaven Taberniæ”. Ces derniers le vendent, avec plusieurs de ses serviteurs, comme esclave en Irlande. Durant ses 6 années de captivité, près du bois de Fochoill [16] selon la tradition, il aurait été berger pour le compte d’un chef de clan irlandais. Peu religieux avant sa capture, il rencontre Dieu et devient un chrétien dévot.

Selon la Vita tripartita Sancti Patricii [17], une tradition à l’historicité douteuse, ses parents le mènent à 16 ans visiter l’Armorique [18]. Des princes scots exilés massacrent sa famille. Épargnés en raison de leur jeunesse mais retenus captifs, Patrick et ses deux sœurs Lupait et Tigris auraient ensuite été convoyés vers l’Irlande pour y être vendus comme esclaves.

Pendant ses 6 années de captivité, Patrick apprend la langue et se persuade de l’urgence qu’il y a à conquérir au Christ ces païens enfermés dans leurs abominables superstitions. Selon sa Confession, il a une vision de Dieu une nuit qui lui dit de rejoindre le rivage et de s’embarquer sur un bateau. Il s’exécute et parvient à rejoindre les côtes de Bretagne insulaire vers 411. Selon la légende, son bateau s’échoue.

Pressés par la faim, ses compagnons d’infortune prient leurs dieux païens pour obtenir de la nourriture, en vain. Ils demandent alors à Patrick de prier son étrange dieu chrétien, et grâce à son intercession, un troupeau de porcs et des rayons de miel sauvage apparaissent. Impressionnés, les marins se convertissent au christianisme.

C’est à cette date que les légions romaines quittent la Bretagne, aussi Patrick voit-il s’écrouler un ordre qui, durant 3 siècles, a régné sur l’île, lui apportant la civilisation puis le christianisme.

Diverses traditions [19] font mention d’un voyage de Patrick en Gaule pour acquérir la formation religieuse qui lui manque, mais cette hypothèse d’une formation ecclésiastique à l’étranger reste spéculative. Débarquant en Armorique, il aurait traversé la Gaule, et gagné des îles de la mer, sans préciser le lieu exact. Une tradition tardive le fixe dans les îles de Lérins [20] où il se serait installé au monastère de Saint-Honorat [21]. Il s’y serait consacré à des études théologiques pendant 2 années. Une tradition tout aussi incertaine, la Vita sancti Patricii de Muirchú, le fait se rendre ensuite à Auxerre auprès de saint Germain, où il devient diacre puis évêque. La durée de son séjour en Gaule est sujette à débat.

Selon les Annales d’Ulster, en 432, à la demande du pape Célestin, Patrick se rend en Irlande, débarquant à Saul, près de Downpatrick [22]. La chronique de Prosper d’Aquitaine nous apprend qu’en 431, le pape y a déjà dépêché un évêque, Palladius , afin de lutter contre l’hérésie pélagienne [23] en Irlande. Le choix de l’année 432 n’est probablement pas anodin, la tradition voulant souligner l’échec de Palladius qui ne parlait pas le gaélique et la primauté de Patrick et faire de lui le principal évangélisateur qui aurait converti l’île païenne au christianisme en défiant les druides dans des joutes singulières comme l’épreuve du feu.

Pour ce citoyen romain, l’Empire romain est synonyme de civilisation et sa déportation en Irlande lui fournit l’occasion de convertir ce peuple barbare. Pendant les premières années de sa mission, il prêche au milieu de l’assemblée générale des rois et des États de toute l’Irlande qui se tient chaque année à Tara [24] qui était à la fois le palais du grand monarque d’Irlande, le lieu de séjour de druides et le chef-lieu de la religion du pays. Le fils de Niall Noigiallach qui était grand roi [25], se déclare contre le saint et contre sa doctrine, mais plusieurs princes se convertissent : le père de saint Benen qui deviendra le successeur de Patrick au siège épiscopal d’Armagh, puis les rois de Dublin [26], de Munster [27] et les 7 fils du roi de Connacht [28].

Il prend le titre d’évêque, peut-être de sa propre autorité [29], et contribue à la diffusion du christianisme. On le trouve mentionné en 432 sous le nom de Patricius en latin [30].

Selon la tradition, il crée le diocèse d’Armagh en 445 ce qui en fait le plus ancien des diocèses constitués dans les îles Britanniques et tient plusieurs conciles où il pose les canons et la discipline de l’église d’Irlande qu’il a fondée.

Escorté de ses neveux, Mel et Melchuo, ainsi que d’assistants venus avec lui de Gaule, Patrick sillonne toute l’Irlande prêchant, enseignant, et aurait fondé selon la légende 365 évêchés et trois monastères : Armagh, Damnach-Padraig et Sabhal-Padraig. Ces monastères couvriront à leur tour toute l’Irlande de centaines de prieurés avec des écoles, permettant aux moines de recueillir par écrit les monuments de la riche tradition littéraire orale de l’Irlande païenne, son histoire, sa mythologie, sa législation, ses généalogies, ses épopées, sa musique.

La tradition populaire raconte que c’est par sa bénédiction que tous les serpents ont été chassés du pays, action qui symbolise la conversion du peuple irlandais. Cette image évangélisatrice est cependant à nuancer, Patrick n’hésitant pas à baptiser des païens convertis contre la volonté de leurs familles, ce qui suscite parfois des mouvements d’hostilité

Après de longues années d’évangélisation, il se retire au prieuré de Down en Ultonie.

À sa mort, l’Irlande bénéficie de la paix civile, elle est majoritairement chrétienne, sans avoir compté un seul martyr. Malgré son influence, un siècle après sa mort il ne resta plus rien de l’organisation ecclésiastique qu’il a mise en place. Désormais, la vie religieuse s’organise autour des monastères, les nouveaux centres de propagation de la foi, qui vont créer des succursales dans toute la Bretagne insulaire, et de proche en proche dans toute l’Europe, formant des hommes d’exception comme saint Colomban ou Alcuin, et jetant les fondements de la Renaissance carolingienne [31]

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Blaise Pons, Saint Patrick, Flerus, Paris, 1989, non paginé 22 p. (ISBN 2-215-00578-5).

Notes

[1] La Bretagne ou Britannie (Britannia en latin) est la province romaine qui, du premier au quatrième siècle, couvrait une partie de l’île de Grande-Bretagne correspondant à des territoires qui devinrent par la suite ceux de l’Angleterre, du pays de Galles et du sud de l’Écosse.

[2] capitale du royaume d’Ulaid en Ulster

[3] l’Ulster

[4] L’hagiographie est l’écriture de la vie et/ou de l’œuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que rarement d’« une hagiographie », mais plutôt d’un texte hagiographique ou tout simplement d’une vie de saint. Le texte hagiographique étant destiné à être lu, soit lors de l’office des moines soit en public dans le cadre de la prédication. Un texte hagiographique recouvre plusieurs genres littéraires ou artistiques parmi lesquels on compte en premier lieu la vita, c’est-à-dire le récit biographique de la vie du saint. Une fresque à épisode est également une hagiographie, de même qu’une simple notice résumant la vie du bienheureux. Par rapport à une biographie, l’hagiographie est un genre littéraire qui veut mettre en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie. L’écrivain, l’hagiographe n’a pas d’abord une démarche d’historien, surtout lorsque le genre hagiographique s’est déployé. Aussi les hagiographies anciennes sont parsemées de passages merveilleux à l’historicité douteuse. De plus, des typologies de saints existaient au Moyen Âge, ce qui a conduit les hagiographes à se conformer à ces modèles et à faire de nombreux emprunts à des récits antérieurs.

[5] vies de saints en latin, puis en langue vernaculaire et qui enregistrent en même temps les récits épiques et mythologiques transmis oralement auparavant pendant des siècles

[6] Livre des Anges

[7] La Collectanea de Tírechán a été datée entre 688 et 693 par Thomas Charles-Edwards. Tírechán mentionne les fléaux récents qui ont affligé l’Irlande. Ceux-ci se réfèrent probablement à ceux enregistrés pour 664/666 et 686/688. La fin du 7ème siècle a été témoin d’un épanouissement de la littérature patricienne comme on le voit dans la Vita Patricii et le Liber Angeli de Muirchú.

[8] Vie de saint Patrick

[9] Les Britto-Romains sont les Bretons insulaires romanisés à la suite de la conquête de la Grande-Bretagne par l’Empire romain au cours du 1er siècle. Ces populations celtes adoptent une partie des coutumes romaines, sans pour autant abandonner leur langue (le brittonique) et certaines de leurs coutumes.

[10] ou Banna Venta Berniæ

[11] c’est-à-dire de collecteur des impôts de l’empire

[12] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[13] La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d’Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d’une reprise capétienne séculaire, Philippe Auguste s’impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l’égide de la maison royale de France.

[14] Les Scots sont un peuple celte originaire de l’est de l’Irlande qui commença à s’établir dans l’île de Bretagne entre les rivières Clyde et Solway aux 3ème et 4ème siècles de l’ère chrétienne. L’Écosse actuelle leur doit son nom (Scotland). Les premiers Scots affrontèrent les Britto-romains lors de raids qui se transformèrent en établissements durables, profitant sans doute d’un dépeuplement précoce des régions où ils effectuaient leur piraterie. Peu avant 500, ces Scots s’établirent sur les côtes du Devon et du pays de Galles, mais ils n’y établirent pas d’ensembles politiques durables. On leur doit toutefois l’introduction de l’écriture oghamique sur l’île. Plus au nord, les Scots devinrent dans un premier temps les voisins immédiats et les rivaux occidentaux des Pictes, les anciens habitants de la Calédonie. Cette région, qui n’avait jamais été conquise par Rome, passa progressivement sous leur contrôle du 6ème au 9ème siècle. Dès le 6ème siècle, les Scots durent cependant résister aux Anglo-Saxons, établis durablement au sud du Forth avant 500, contrairement aux Bretons, les Scots nouèrent de nombreux contacts avec ces nouveaux venus, surtout à l’est avec le royaume septentrional de Northumbrie. Au 7ème siècle, les Scots chrétiens jouèrent en particulier un rôle important dans l’évangélisation des Anglo-Saxons, rôle qui fut ensuite éclipsé par Rome.

[15] Les Pictes étaient un peuple établi principalement dans les Lowlands de l’Écosse. Les migrations Pictes s’installent entre les différentes vagues de migrations goïdeliques (gaëliques) et gallo-britonniques. Leurs ancêtres seraient venus du continent à la fin de la préhistoire, peut-être au cours du 1er millénaire avant jc. Leur première mention est due à l’orateur breton Eumenius, en 297, ce dernier les cite aux côtés des Hibernii (les Irlandais) comme ennemis des Bretons.

[16] en Mayo

[17] La Vita tripartita Sancti Patricii (La vie tripartite de Saint Patrick ) est une vie bilingue de Patrick , écrite en partie en irlandais et en partie en latin . C’est une hagiographie centrée sur Patrick. Le texte est difficile à dater. Kathleen Mulchrone avait attribué une date de la fin du 9ème siècle sur la base de la dernière référence historique dans le texte. Cependant, pour des raisons linguistiques, il a été daté d’aussi tard que le 12ème siècle

[18] Le nom d’Armorique, d’un mot gaulois latinisé en Aremorica ou en Armorica, est donné dans l’Antiquité classique à une large région côtière de la Gaule, allant de Pornic au sud de l’estuaire de la Loire à Dieppe dans le pays de Caux. À l’époque gauloise, l’Armorique était une vaste confédération de peuples gaulois s’étendant sur les cinq départements Morbihan, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Finistère et Côtes-d’Armor, la partie nord-ouest de la région Pays de la Loire Anjou, Sarthe, Mayenne, la quasi-totalité des départements modernes de l’actuelle Normandie Manche, Calvados, Eure, peut-être une partie de la Seine-Maritime et leurs territoires limitrophes.

[19] l’Hymne de Fíacc, les Collectanea de Tírechán et la Vita Tripartita

[20] Les îles de Lérins forment un archipel français, situé en région Provence Alpes Côte d’Azur, sur la Côte d’Azur, et administré par la commune cannoise. Situées au sud-est de la Croisette, en face de Cannes, elles séparent le golfe de la Napoule, à l’ouest, du golfe de Juan, à l’est. L’archipel de Lérins, baignant dans une Méditerranée limpide, se compose de deux grandes îles : Sainte Marguerite, la plus étendue, célèbre pour son fort qui aurait abrité le célèbre Homme au masque de fer, et Saint-Honorat, plus petite, bien connue pour son monastère. Chacune de ces îles principales est accompagnée d’un îlot inhabité, respectivement celui de la Tradelière et l’îlot Saint-Ferréol. L’archipel englobe également un rocher dénommé très simplement l’Îlot, situé à l’extrême sud de Saint-Honorat, qui porte à cinq le nombre d’îles de Lérins.

[21] L’île Saint-Honorat est l’une des deux îles de Lérins situées dans la baie de Cannes, dans le département des Alpes-Maritimes. Elle est la plus éloignée de la côte et plus petite que Sainte-Marguerite, mais plus grande que Saint-Ferréol. Longue de 1 460 m et large de 400 m, elle se situe à 2,9 km au sud du cap de la Croisette, à Cannes, et est séparée de l’île Sainte-Marguerite par un étroit chenal dit « plateau du Milieu ». Elle est boisée de pins maritimes et de superbes pins parasols. L’île Saint-Honorat a une vocation monastique depuis 410 : on y trouve le monastère de Lérins. Son ancien monastère fortifié, situé dans la presqu’île dans le sud de l’île et visible de loin, domine directement la mer. L’île est occupée par une vingtaine de moines.

[22] Downpatrick est le chef-lieu du Comté de Down, en Irlande du Nord (Royaume-Uni). Située à environ 33 km au sud de Belfast

[23] Le pélagianisme est le courant considéré comme hérétique par l’Église catholique, issu de la doctrine du moine Pélage. Pélage minimisait le rôle de la grâce et exaltait la primauté et l’efficacité de l’effort personnel dans la pratique de la vertu. Il soutenait que l’homme pouvait, par son seul libre arbitre, s’abstenir du péché, niait la nécessité de la grâce, le péché originel, les limbes pour les enfants morts sans baptême. En effet, pour le moine breton les hommes ne doivent pas supporter le péché originel d’Adam dans leurs actions et ne doivent donc pas se rédimer à jamais. Trois conciles s’étaient opposés à cette doctrine : ceux de Carthage, 415 et 417, et celui d’Antioche en 424. Le Concile oecuménique d’Éphèse, en 431, condamna cette hérésie en dépit des correctifs que Pélage inséra dans ses apologies. Le pélagianisme subsista jusqu’au 6ème siècle. Il fut surtout combattu par saint Augustin qui a tout fait pour que Pélage soit excommunié car il le considérait comme un disciple du manichéisme. En 426, l’Église catholique romaine excommunie Pélage.

[24] Tara est un site archéologique d’Irlande dans le comté de Meath. Dans la mythologie celtique irlandaise, Tara est la capitale mythique de l’Irlande, située dans la cinquième province de Mide, dans le centre du pays : c’est la colline des rois. Le récit Suidigud Tellach Temra (« Fondation du domaine de Tara ») expose la suprématie de la ville sur le reste de l’île. Elle voisine d’autres sites archéologiques majeurs, dont Brú na Bóinne.

[25] Le titre de roi de Tara représentait un très vieil idéal de royauté sacrée en Irlande, imprégné d’une aura mythique s’étendant dans un passé longtemps oublié, même pour les tout premiers détenteurs historiques de ce titre. Pour ces raisons, le titre de roi de Tara donnait à son titulaire une puissante position, du moins dans la moitié nord de l’Irlande, peut-être à cause d’une tradition presque totalement oubliée d’un roi des rois sacré. De nombreux Hauts-rois d’Irlande furent également rois de Tara et, plus tard, les prétendants même à ce nouveau titre de haut-roi, qui n’apparut qu’au 9ème ou au 10ème siècle, usèrent de leur titre de roi de Tara pour appuyer leur postulation de la haute-royauté. Avant cela, plusieurs branches de la dynastie des Uí Néill paraissent l’avoir utilisé pour montrer la suzeraineté de leur famille et de leurs royaumes.

[26] Les Vikings envahissent le territoire environnant Dublin au cours du 9ème siècle, établissant ainsi le royaume de Dublin, le premier et le plus durable des royaumes vikings en Irlande, Grande-Bretagne et dans toute l’Europe hors Scandinavie à l’exception du Royaume de Man et des Îles. L’étendue du royaume correspond peu ou prou à l’actuel Comté de Dublin.

[27] Situé dans le sud-ouest de l’île, le Munster, est l’une des quatre provinces d’Irlande. Il comprend six comtés. Au début du Moyen Âge, la plus grande partie de la province actuelle faisait partie du Royaume de Munster, dirigé par Eóganachta, qui succeda aux Dáirine et Corcu Loígde à partir du 7ème siècle. Les trois couronnes du drapeau de Munster ressemblent à celles du drapeau de Dublin et du blason de sudédois, elles représentent les trois royaumes issus de la séparation de la province au 12ème siècle : Thomond (nord), Desmond (sud), et Ormond (est). Ces derniers royaumes furent eux-mêmes absorbés par renonciation et restitution dans le Pairage d’Irlande comme comtés. Ces noms n’existent plus qu’indirectement aujourd’hui, en particulier pour le comté de Thomond.

[28] Connacht ou Connaught est une province de la République d’Irlande située à l’ouest sur la côte atlantique. La province comprend les cinq comtés de Galway, Leitrim, Mayo, Roscommon et Sligo. Après la première intervention des barons anglo-normands en Irlande Guillaume du Bourg reçoit vraisemblablement le titre de « seigneur de Connaught » mais il ne peut pas prendre possession de son domaine qui demeure entre les mains des Uí Conchobair jusqu’en 1224/1235. À cette date Richard Mor de Burgh se prévalant des droits de son père réclame l’investiture sur le Connacht. Il reçoit l’appui de son parent Hubert de Burgh qui est « Justicier d’Irlande » et qui l’autorise à effectuer une levée féodale parmi les barons normands pour conquérir le Connacht à partir de 1227. Après avoir vaincu Felim mac Cathal Crobderg Ua Conchobair roi de Connacht issu des Uí Conchobair qui ne conserve plus comme vassal du roi d’Angleterre que cinq cantons de son ancien royaume Richard de Burgh se proclama seigneur de Connaught en 1235.

[29] ce qui expliquerait que son autorité ait été contestée par la hiérarchie ecclésiastique bretonne

[30] qui désignait à l’époque un membre de l’aristocratie : « patricien », « patrice » ou « noble »

[31] La renaissance carolingienne est une période de renouveau de la culture et des études en Occident sous les empereurs carolingiens, aux 8ème et 9ème siècles. La renaissance carolingienne, première période de renouveau culturel majeur au Moyen Âge à l’échelle de l’Occident, est une période d’importants progrès intellectuels, notamment grâce à la redécouverte de la langue latine, à la sauvegarde de nombreux auteurs classiques, et à la promotion des arts libéraux. Cette renaissance carolingienne est cependant nuancée par les historiens actuels car elle présuppose qu’il y a eu effondrement de la culture entre l’époque romaine et l’époque carolingienne, le Haut Moyen Âge, qualifié d’« Âge sombre », étant en effet réhabilité.