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Gildas le Sage

lundi 13 novembre 2017

Gildas le Sage (vers 504-570)

Ecclésiastique

Originaire de Grande-Bretagne, il aurait fini sa vie en Bretagne continentale, Gildas est connu comme auteur du sermon “De Excidio et Conquestu Britanniae” [1], l’une des sources majeures pour l’histoire de la Grande-Bretagne aux 5ème et 6ème siècles.

Il promeut dans ses écrits la vie monastique, et des fragments de lettres indiquent qu’il aurait également rédigé une règle monacale moins austère que celle de son contemporain, saint David .

Au-delà du personnage historique existe aussi une tradition légendaire. Il existe essentiellement trois Vies de saint Gildas conservées datant du Moyen Âge. Une fut écrite vers le milieu du 11ème siècle en Bretagne continentale par un moine de l’abbaye de Saint-Gildas de Rhuys [2] qui fut restaurée à l’époque par un délégué de Saint-Benoît-sur-Loire [3] ; ce texte donne à la fois les signes d’avoir eu des sources sérieuses, mais aussi d’avoir mélangé des éléments biographiques de manière assez incohérente, outre la présence d’éléments visiblement légendaires ; il fut publié pour la première fois en 1605 par le célestin dom Jean du Bois dans sa “Floriacensis vetus bibliotheca” à partir d’un manuscrit de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, et ensuite en 1668 par Luc d’Achéry et Jean Mabillon dans les “Acta sanctorum ordinis Sancti Benedicti” à partir d’un texte un peu plus long venant de l’abbaye de Saint-Gildas de Rhuys. Une autre Vie fut composée au 12ème siècle au Pays de Galles par Caradoc de Llancarfan  ; elle se trouve parfois dans des manuscrits de l’Historia Brittonum [4], car ce texte a été attribué par certains, à tort, à saint Gildas. Elle a été imprimée pour la première fois en 1639, par James Ussher , dans sa “Britannicarum ecclesiarum antiquitas”. Il existe une troisième Vie, datant du 13ème siècle, mais elle n’ajoute rien de valable aux deux autres.

Dans son “De Excidio et Conquestu Britanniae”, Gildas déclare qu’il écrit ce texte la 44ème année après la bataille du Mont Badon [5]

D’après la Vie armoricaine, il fut disciple de saint Ildut avec d’autres religieux qui vinrent ensuite en Armorique [6] Samson de Dol et Pol Aurélien .

Après plusieurs années passées auprès d’Ildut, Gildas serait allé compléter sa formation en Irlande. Après son retour d’Irlande, ayant été ordonné prêtre, il serait allé comme missionnaire auprès des païens et des hérétiques qui habitaient le nord de la Grande-Bretagne. Ensuite prend place dans le récit le second voyage en Irlande, à l’appel du roi Ainmere mac Sétnai , puis un voyage à Rome et à Ravenne, puis l’arrivée en Armorique, où se serait déroulé le reste de la vie du saint.

Suivant l’hagiographe armoricain, Gildas mourut sur l’île d’Houat [7] ; la majorité de ses disciples, originaires de Cornouaille [8], voulurent emporter le corps chez eux, mais le bateau fit naufrage.

On trouva quelques semaines plus tard l’épave sur la plage du Crouesty [9], avec le corps intact à l’intérieur. Les disciples du monastère de Saint-Gildas-de-Rhuys le récupérèrent, dressant un autel commémoratif à cet endroit, et l’inhumèrent dans leur église.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de Gildas le Sage (trad. Christiane M. J. Kerboul-Vilhon), De Excidio Britanniae. Décadence de la Bretagne, éditions du Pontic, 1996

Notes

[1] De excidio et conquestu Britanniæ ac flebili castigatione in reges, principes et sacerdotes (Sur la ruine et la plainte de la Bretagne et les reproches éplorés contre les rois, les nobles et les prêtres), ou simplement De excidio Britanniænote, est un sermon latin en trois parties composé au 6ème siècle par le moine breton Gildas le Sage. La première partie retrace l’histoire de l’île de Bretagne de la conquête romaine jusqu’à l’époque de Gildas. La deuxième partie fustige cinq rois pour leurs péchés, et la troisième partie s’en prend tout aussi violemment au clergé breton. C’est un texte important pour l’histoire de la Grande-Bretagne aux 5ème et 6ème siècles, car il s’agit de l’un des rares textes d’époque encore existants.

[2] L’abbaye Saint-Gildas de Rhuys est une ancienne abbaye bénédictine dont la fondation légendaire est liée à la deuxième vague migratoire en Armorique avec l’arrivée sur le continent de saint Gildas. Mais son histoire est mal connue. Pourtant depuis quelques années, on semble de nouveau s’intéresser à ce monastère qui laisse aujourd’hui une des plus belles églises romanes de Bretagne.

[3] L’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, appelée également abbaye de Fleury, est une abbaye bénédictine située à Saint-Benoît-sur-Loire dans le Loiret. Le premier monastère fondé au Haut Moyen Âge en 651 est l’un des premiers en Gaule à vivre selon la règle de saint Benoît et les reliques de Saint Benoît y sont transférées. Au début du 11ème siècle, l’abbaye est un des centres culturels de l’Occident et rayonne alors grâce à son importante bibliothèque et son scriptorium. Après un incendie en 1026, l’église actuelle est reconstruite et sa tour-porche occupe une place importante au début de la période dominée par l’art roman, par la haute qualité des sculptures des chapiteaux.

[4] L’Historia Brittonum est un ouvrage ayant trait à l’histoire de l’île de Bretagne, et notamment à celle du pays de Galles. Il est très difficile à dater, dans la mesure où il s’agit de juxtaposition de textes de différentes époques. Mais on peut considérer que le plus ancien date du 9ème siècle, et le plus récent du 11ème siècle.

[5] dont la date est d’ailleurs incertaine, apparemment autour de l’an 500, 493 ou 494 suivant la chronologie de Bède le Vénérable

[6] Armorique est un nom propre d’origine gauloise qui désigne depuis l’Antiquité classique le territoire d’une large région côtière atlantique de la Gaule, recouvrant les parties ouest et nord de la péninsule de Bretagne sans y inclure le pays de Vannes ni celui de Nantes, ainsi que le Cotentin et une partie de la Basse Normandie. Les auteurs de la fin de la République et du début de l’Empire romain la présentent comme peuplée par sept tribus gauloises dont Jules César donne la liste. Les Armoricains pourraient avoir constitué une confédération de peuples rivale de celle des Vénètes. Après la conquête, l’empire romain n’a pas repris cette division dans son découpage provincial (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine) de la Gaule. Mais au 4ème siècle, face aux menaces venues de la mer, est créé un secteur militaire, le Tractus armoricanus comprenant les territoires littoraux de l’embouchure de la Somme à celle de la Loire.

[7] Houat est une île de la côte morbihannaise, en Bretagne. Administrativement, elle constitue la commune nommée Île-d’Houat. Elle fait partie de l’association des Îles du Ponant.

[8] La Cornouaille est une ancienne division politique et religieuse de la Bretagne (à ne pas confondre avec les Cornouailles britanniques. Connue sous ce nom à partir du haut Moyen Âge, elle a été un comté et un évêché, tous deux disparus comme tels à la Révolution.

[9] Le port du Crouesty est un port de plaisance créé en 1973 sur l’emplacement d’une zone marécageuse située à l’entrée du golfe du Morbihan sur le territoire de la commune d’Arzon.