Vardan III Mamikonian
Noble arménien de la famille des Mamikonian [1], qui fut sparapet [2] et marzpan [3] avant de devoir se réfugier en 572 dans l’Empire byzantin.
Vardan III est cité pour la première fois dans une lettre du catholicos [4] Nersès II qui donne la liste des différents souscripteurs du second concile de Dvin [5], en 555. Il y figure comme fils de Vasak Mamikonian et frère de Grigor Mamikonian. Ce frère et ce père ont été rapprochés de nobles d’origine arménienne cités par Procope. En effet, il parle du général Artabanès, général de la famille des Arsacides [6] réfugié à Byzance [7] en 542, qui est beau-frère d’un Bassakès, général en 539 et en 542 et oncle d’un Grégorios, capitaine en 546.
En 572 ou 571, Souren , le marzpan perse d’Arménie, qui, faisant preuve de zèle, relance les persécutions mazdéennes [8], cherche à affaiblir les nakharark [9] arméniens et assassine le meneur Mamikonian, Manouel, frère de Vardan.
Avec l’aide du catholicos Hovhannès II Gabeghian , ce dernier entre alors en révolte, conclut secrètement des alliances avec l’empereur byzantin Justin II, les Aghbans [10] et les Géorgiens [11], et rassemble 10 000 hommes ; après s’être enfui à Ctésiphon [12], Sourên revient avec une armée mais est défait à Dvin [13] le 23 février 572 et est tué. La capitale est cependant reprise par les Perses, forçant Vardan et le catholicos, suivis d’évêques et de nakharark, à se réfugier à Constantinople, où ils auraient été forcés de communier avec les Grecs à Sainte-Sophie [14].
Justin II offre alors sa protection à l’Arménie, et, avec son aide, Vardan reprend Dvin et vainc l’empereur sassanide [15] Khosro 1er.
L’armistice de 575 voit cependant le retour des Perses en Arménie, obligeant à nouveau Vardan et le catholicos à se réfugier en terres byzantines. Vardan s’installe alors en Asie Mineure occidentale [16]. Il est possible qu’il y fasse souche, car les textes byzantins mentionnent régulièrement plusieurs personnages du nom de Bardanès, l’équivalent byzantin de son prénom
Notes
[1] Les Mamikonian ou Mamikoneans sont les membres d’une famille noble ayant dominé la politique de l’Arménie entre les 4ème et 8ème siècles. Ils ont exercé la charge héréditaire de sparapet (« généralissime ») d’Arménie jusqu’à la fin du 6ème siècle et ont dirigé entre autres les régions du Taron, de Sasun et de Bagrévand.
[2] généralissime
[3] gouverneur
[4] Le titre de catholicos est un titre équivalent à celui de patriarche porté par des dignitaires de plusieurs Églises orthodoxes orientales, notamment les Églises de la tradition nestorienne et les Églises monophysites, en particulier l’Église apostolique arménienne.
[5] Le second concile de Dvin est un concile de l’Église apostolique arménienne qui s’est tenu en 555 dans la ville arménienne de Dvin, lieu de résidence du catholicos d’Arménie.
[6] Les Arsacides d’Arménie ou Aršakouni sont les rois issus de la dynastie parthe des Arsacides ayant régné sur l’Arménie après les souverains artaxiades.
[7] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.
[8] Le mazdéisme est une religion iranienne qui doit son nom à son dieu principal, Ahura Mazda. Le livre sacré du mazdéisme est l’Avesta.
[9] Le nakharar est un satrape héréditaire en Arménie. Ce titre est de premier ordre au sein de la noblesse arménienne antique et médiévale. Durant cette période, l’Arménie est divisée en larges domaines, propriétés d’une famille noble et gouvernés par l’un de ses membres, auquel les titres nahapet (« chef de famille ») ou tanuter (« maître de maison ») sont donnés. Les autres membres d’une famille de nakharar gouvernent à leur tour des portions plus petites du domaine familial. Les ’nakharark’ jouissant d’une grande autorité sont reconnus comme ishkhans (princes)
[10] L’Aghbanie ou Aghouanie ou Albanie du Caucase est un royaume antique couvrant le territoire actuel de la république d’Azerbaïdjan et le sud du Daghestan.
[11] Pays sur la côte est de la mer Noire dans le Caucase, situé à la fois en Europe de l’Est et en Asie. Elle est considérée comme faisant culturellement, historiquement et politiquement parlant partie de l’Europe. Sa capitale est Tbilissi.
[12] Ctésiphon est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km².
[13] Dvin ou Dwin est une ancienne capitale de l’Arménie. Elle est située sur le territoire de l’actuelle communauté rurale de Dvin, dans le marz d’Ararat. La ville de Dvin est fondée au 4ème siècle par le roi d’Arménie Khosrov III Kotayk. La ville est située dans la région d’« Aïrarat », et plus précisément dans la province de Vastan Hayots. Khosrov III fait construire la citadelle et le palais royal sur une colline. Par la suite, la ville attire de nombreux habitants de la ville voisine d’Artachat qui vont donc habiter à Dvin. En 470, le Catholicossat est déplacé de Vagharchapat à Dvin. Elle devient officiellement capitale du pays, ou plutôt « centre administratif » sous les dominations perse et arabe. Elle est détruite en 893 à cause d’un tremblement de terre, mais elle est reconstruite au Moyen Âge et devient un lieu de commerce florissant.
[14] Ancienne église chrétienne de Constantinople du vie siècle, devenue une mosquée au 15ème siècle sous l’impulsion du sultan Mehmet II. Elle est édifiée sur la péninsule historique d’Istanbul. Depuis 1934, elle n’est plus un lieu de culte mais un musée.
[15] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.
[16] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie