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Pol Aurélien ou Pol de Léon

mardi 21 avril 2020, par ljallamion

Pol Aurélien ou Pol de Léon (490-594)

Saint breton-Premier évêque de la ville de Saint-Pol-de-Léon et du pays du Léon au 6ème siècle

La cloche à main de saint Pol Aurélien (facsimilé exposé dans le Musée de l'abbaye de Landévennec) photo Moreau.henri.C’est un des Sept saints fondateurs de la Bretagne continentale. La ville de Saint-Pol-de-Léon [1] est une étape du pèlerinage médiéval des sept saints de Bretagne continentale appelé aujourd’hui Tro Breizh* ( [2]).

Le patronyme de Paul (Pol) Aurélien, et l’origine bretonne insulaire suggèrent qu’il a pu appartenir à une famille patricienne également connue pour avoir produit Ambrosius Aurelianus qui semble avoir conduit les opérations de défense des Bretons de l’île de Bretagne [3] contre les Saxons [4] entre 470 et 485. Cela confirmerait qu’une migration vers l’Armorique [5] d’un grand nombre de Bretons a eu lieu de manière organisée, sous la conduite des princes et du clergé, à partir du 6ème siècle en raison de l’invasion saxonne de l’île de Bretagne.

Sa Vie en latin a été composée en 884 par Gurmonoc, moine de Landévennec [6]. Le texte nous est connu par deux manuscrits : celui du 10ème, provenant de l’abbaye de Fleury-sur-Loire [7], et conservé à la Bibliothèque publique d’Orléans, est l’un des plus beaux fleurons de la Renaissance Carolingienne en Bretagne. Le second manuscrit, de la fin du 11ème ou du début du 12ème, est conservé à la Bibliothèque nationale.

Paul, surnommé Aurélien, naît à Pen Ohen [8], dans la province de Glamorgan [9] du Dyved [10]. Il a 9 frères et 3 sœurs, dont l’une, Sicofolla, deviendra abbesse. Leur père, Porphino, était un chevalier qui destinait Pol au métier des armes. Face à l’obstination de l’enfant, Porphino le met, à l’âge de 9 ans, en pension dans le monastère de Saint-Hiltud en l’île de Pyrus [11]. Il fit son éducation auprès d’Ildut, avec d’illustres condisciples tels que Samson, Brieuc , Malo ou Gildas. Il fut très vite attiré par la solitude.

Dès l’âge de 15 ans, il obtient de son abbé de se faire ermite à Pen Ohen. Devenu abbé d’un groupe de 12 prêtres, il est ordonné prêtre à son tour à l’âge de 22 ans, par l’évêque de Winchester [12], d’après Albert Le Grand (écrivain) . Il séjourne 5 ans dans l’abbaye de sa sœur Sicofolla, à la cour du roi Mark pour y enseigner les évangiles. Après avoir accompli sa mission il eut une vision divine demandant d’aller prêcher en terre d’Armorique. Il se prépara donc à rejoindre sur le continent son cousin Gwithur, vraisemblablement pour introduire en Armorique la réforme desaint Germain, dont Hiltud était le disciple, contre le pélagianisme [13]. Le roi Mark consentit à le laisser partir, mais refusa de lui donner une de ses cloches qui aurait permis à Pol de tenir les démons éloignés.

C’est ainsi qu’en 517, il débarque, accompagné de 12 prêtres et de 12 cousins ou parents, à Porz an Ejen en Ouessant [14] et s’établit quelque temps à Lampaul [15]. Il aboutit ensuite vers l’île de Batz [16] ou il fut reçu par le comte Withur, un de ses cousins. Lors du dîner un énorme poisson fut servi dans le ventre duquel l’on avait retrouvé la cloche que le roi Mark lui avait refusée [17].

À la demande de son cousin, le comte Withur, Paul débarrasse l’île de Batz d’un dragon avec l’aide de Nuz, gentilhomme de Cléder [18]. Withur lui fait alors don de son palais et de l’île de Batz où il fonda un monastère. Le roi franc Childebert 1er le fait ordonner évêque et le place à la tête de l’évêché de Léon [19] à Castel-Paol [20]. À la suite de son retrait, vers l’an 553, sur l’île de Batz, 3 évêques lui succèdent de son vivant.

Il meurt selon le chanoine Aubert, le 12 mars 594 à l’île de Batz..

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Bernard Tanguy, Job an Irien, Saik Falhun, et Yves-Pascal Castel, Saint Paul Aurélien. Vie et culte / Sant Paol a Leon, Tréflévenez, éd. Minihi Levenez, 1991, 243 p. (avec traduction en breton et en français de la Vita Pauli Aureliani, p. 150-231), (livre bilingue) (ISBN 2-908230-05-4)

Notes

[1] Saint-Pol-de-Léon est une commune française du département du Finistère. Petite cité de caractère et station balnéaire en bordure de la Manche, Saint-Pol-de-Léon est une ancienne cité épiscopale, capitale historique de l’évêché de Léon.

[2] Tour de Bretagne

[3] La Bretagne insulaire, parfois également appelée l’île de Bretagne, est le nom donné à la Grande-Bretagne par les historiens modernes jusqu’à la fin de la période médiévale britannique.

[4] Sans doute dès le 6ème siècle, les Saxons constituent quatre royaumes au sud de l’île : l’Essex, le Sussex, et le Wessex (respectivement terres saxonnes de l’Est, du Sud et de l’Ouest) ainsi que le Middlesex, plus éphémère puisqu’il fut annexé à la terre des Angles, l’Angleterre (Englalånd > England). Dans l’ensemble, les Saxons montrent également une résistance assez forte au Christianisme, alors en plein essor dans le royaume de Kent au début du 7ème siècle sous l’influence du missionnaire romain Paulinus. Si dès le 7ème siècle, la présence de Bretwaldas, sortes de « sur-rois », est attestée parmi les Anglo-Saxons de Grande-Bretagne. C’est seulement au 10ème siècle qu’une dynastie saxonne, à savoir celle de Wessex, s’impose finalement sur l’île sous le règne d’Alfred le Grand, pour une courte période jusqu’à l’invasion normande. La langue des Saxons donne naissance au vieil anglais, remplaçant dans une grande partie des îles britanniques les anciens dialectes celtiques.

[5] Armorique est un nom propre d’origine gauloise qui désigne depuis l’Antiquité classique le territoire d’une large région côtière atlantique de la Gaule, recouvrant les parties ouest et nord de la péninsule de Bretagne sans y inclure le pays de Vannes ni celui de Nantes, ainsi que le Cotentin et une partie de la Basse Normandie. Les auteurs de la fin de la République et du début de l’Empire romain la présentent comme peuplée par sept tribus gauloises dont Jules César donne la liste. Les Armoricains pourraient avoir constitué une confédération de peuples rivale de celle des Vénètes. Après la conquête, l’empire romain n’a pas repris cette division dans son découpage provincial (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine) de la Gaule. Mais au 4ème siècle, face aux menaces venues de la mer, est créé un secteur militaire, le Tractus armoricanus comprenant les territoires littoraux de l’embouchure de la Somme à celle de la Loire.

[6] Landévennec est une commune du département du Finistère. Elle est située à l’embouchure de l’Aulne dans la rade de Brest, à égale distance de Brest et de Quimper (55 km). Landévennec devint un centre d’échange et de communication par l’importance de son abbaye.

[7] L’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, plus exactement abbaye de Fleury, est une abbaye bénédictine située à Saint-Benoît-sur-Loire dans le Loiret. Le premier monastère fondé au Haut Moyen Âge en 651 est l’un des premiers en Gaule à vivre selon la règle de saint Benoît et les reliques de Saint Benoît y sont transférées. Au début du 11ème siècle, l’abbaye est un des centres culturels de l’Occident et rayonne alors grâce à son importante bibliothèque et son scriptorium.

[8] tête de bœuf, aujourd’hui Boverton

[9] Le comté de Glamorgan est un ancien royaume puis comté du sud du Pays de Galles

[10] Pays de Galles

[11] aujourd’hui Caldey

[12] L’évêque de Winchester est à la tête du diocèse anglican de Winchester, dans la province de Cantorbéry. Il s’agit d’un des sièges épiscopaux les plus anciens et les plus prestigieux d’Angleterre, et son titulaire est automatiquement membre de la Chambre des Lords. Il est aussi prélat de l’Ordre de la Jarretière.

[13] Doctrine du moine Pelage, qui minimisait le rôle de la grâce et exaltait la primauté et l’efficacité de l’effort personnel dans la pratique de la vertu.

[14] (l’île d’Ossa à Heussa

[15] ermitage de Pol

[16] Île-de-Batz, est une commune française située dans le nord du département du Finistère (dans le Léon). Elle est constituée de l’île de Batz, faisant face à Roscoff. Son territoire faisait autrefois partie du minihy de Saint Pol.

[17] cette cloche nommée "Hir-glaz" est aujourd’hui exposée à la cathédrale

[18] Cléder est une commune française située dans le département du Finistère.

[19] Le diocèse de Léon a existé du 6ème siècle jusqu’en 1790 et couvrait le territoire de l’actuel Finistère. Le diocèse de Léon ou évêché de Léon est un ancien diocèse de l’Église catholique en France. Il est un des neuf évêchés de la Bretagne historique. Il a fusionné en 1790 avec l’évêché de Cornouaille pour former le diocèse de Quimper et Léon. Le siège épiscopal se trouvait à Saint-Pol-de-Léon. La majeure partie de l’évêché de Léon a formé dans la première moitié du Moyen Âge la vicomté de Léon qui, en 1176, est scindée en deux au profit d’une branche cadette qui forme la seigneurie de Léon. La vicomté de Léon disparaît à la fin du 13ème siècle, absorbée par le duché de Bretagne, la seigneurie de Léon subsiste jusqu’à la Révolution française, même si elle est passée aux mains de la famille de Rohan à partir de 1363.

[20] Saint-Pol-de-Léon