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L’histoire pour le plaisir

Emma de Laval

dimanche 6 octobre 2019

Emma de Laval (1200-1264)

Fille de Guy V de Laval et de Avoise de Craon . Le décès de son frère Guy VI de Laval , en septembre 1211, fait d’elle l’héritière de la seigneurie. Emma n’avait que 13 ans et la coutume fixait à 14 l’âge de la majorité pour les filles. Le bail de sa terre fut donc continué à Raoul de Beaumont .

Le roi Philippe Auguste, dont cette succession importante attirait l’attention, voulut savoir quels étaient à ce propos les usages de la province. En 1211, le roi de France eut recours au sénéchal [1] du Maine [2] et de l’Anjou [3], Guillaume des Roches , pour connaître des coutumes locales dans ses provinces de Touraine [4], d’Anjou et du Maine.

Il s’agissait dans le détail de s’informer des affaires de Laval, où Emma, fille de Guy VI, venait d’hériter de la baronnie ; le sénéchal émit l’avis que le roi devait marier cette héritière, et que le gendre devait traiter avec lui du rachat.

C’est Robert 1er d’Alençon , comte d’Alençon [5] et de Séez [6], issu des comtes de Ponthieu [7] et de Bellême [8], qui parut propre aux desseins de Philippe Auguste. Ce dernier s’assura du consentement d’Havoise de Craon, mère d’Emma, de celui des seigneurs de Mayenne, de Craon et de Beaumont, et conclut le mariage de Robert avec l’héritière de Laval. La cérémonie se fit à la cour en 1214. On assigna à Havoise de Craon un douaire que son gendre augmenta plus tard en y ajoutant l’usufruit des terres de la Gravelle [9] et de Montsûrs [10]. Des dons faits par elle à son second mari furent confirmés ; il eut en partage les fiefs de Montjean et de Beaulieu, plus la jouissance de quelques autres biens. On lui donna même des espérances sur les biens d’Angleterre, au cas où le roi Jean d’Angleterre viendrait à les restituer ; mais le prince anglais ne rendit rien.

Robert meurt en 1217, laissant sa femme enceinte d’un fils. Ce fils posthume, successeur de son père au comté d’Alençon, meurt en 1219.

En juillet 1218, Emma se remarie avec Mathieu II de Montmorency, seigneur de Montmorency [11], connétable de France [12], veuf de Gertrude de Nesle-Soissons , fille de Ralph, comte de Soissons . Mathieu de Montmorency meurt le 24 novembre 1230

L’année même de la mort de Matthieu de Montmorency, Emma, va à Paris pour traiter de ses affaires avec Bouchard VI de Montmorency , fils aîné du connétable et de Gertrude de Nesle. Elle est engagée par saint Louis à passer à un troisième mariage. Son fils entrait à peine dans sa douzième année, et sa minorité qui devait se prolonger encore 9 ans avait besoin d’un protecteur. Emma n’était que dans sa 33ème année, et ses amis, ainsi que ses nobles vassaux, dont elle prit l’avis, lui conseillèrent de consentir à une nouvelle alliance.

En 1231, Emma épouse en troisièmes noces le baron Jean de Choisy et de Toucy, seigneur de Proisie, allié aux maisons de Bourbon [13], de Dampierre [14] et de Mello [15].

Le roi saint Louis, voulut, en 1238, pour s’assurer de la ville et du château de Laval, y mettre garnison. Pour l’empêcher, le baron de Toucy promit de garder lui-même la place ; et pour sûreté de sa parole, il engagea son château de Saint-Fargeau [16] et ses terres de Bourgogne.

En 1256, dans une charte datée du dimanche avant la fête de Saint-Thomas, Emma promit à Charles 1er d’Anjou, comte de Provence [17] et d’Anjou, de lui livrer, à grande et petite force, son château de Laval.

Emma mourut le 27 avril 1264 et fut inhumée à l’abbaye de Clermont [18].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de « Emma de Laval (1200-1264) », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910

Notes

[1] Un sénéchal est un officier au service d’un roi, d’un prince ou d’un seigneur temporel.

[2] Le Maine, en tant que comté, apparaît au 9ème siècle, à l’époque carolingienne. Il occupe une position stratégique, puisqu’il se trouve sur la frontière de la Bretagne, de la Normandie et de l’Anjou. Il sert donc d’État tampon jusqu’à la fin du Moyen Âge et connaît plusieurs guerres liées aux Capétiens et aux Plantagenêts. Il est rattaché au domaine royal en 1204 puis est disloqué en 1790 lors de la création des départements.

[3] L’Anjou est une région historique et culturelle française, correspondant à l’ancienne province du même nom et dont la capitale est Angers. Bien que le duché ait disparu, le terme « Anjou » est toujours utilisé pour définir le territoire de Maine-et-Loire

[4] La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d’Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d’une reprise capétienne séculaire, Philippe Auguste s’impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l’égide de la maison royale de France.

[5] La première maison des comtes d’Alençon descend des seigneurs de Bellême. En 1268, Alençon fut donnée en apanage à Pierre, fils de Louis IX puis en 1293, à Charles, comte de Valois, frère de Philippe le Bel. Une troisième maison des chefs d’Alençon fut issue de Charles II, second fils du comte de Valois, tué à la bataille de Crécy en 1346. Le comté d’Alençon fut élevé au statut de duché en 1414.

[6] Sées est une commune française, située dans le département de l’Orne. Sées est le siège de l’évêché de Séez.

[7] Dans la seconde moitié du 10ème siècle, les Robertiens annexent le comté. Plus tard, en 996, Hugues Capet le donna en fief à un de ses gendres, le chevalier Hugues 1er de Ponthieu. Le fils de ce dernier, Enguerrand 1er, ne prit le titre de comte de Ponthieu qu’en 1024, après avoir tué le comte de Boulogne et épousé sa veuve. Le comté passe ensuite à la famille de Montgommery, puis à celle des Dammartin, aux rois de Castille et aux Plantagenêts.

[8] La seigneurie de Bellême est le domaine possédé par la famille de Bellême du 10ème siècle à l’an 1113. Située aux confins du duché de Normandie et du comté du Maine, elle s’étalait à son apogée du Passais à l’ouest au Saosnois à l’est en passant par la campagne d’Alençon et une partie du Perche. Outre sa capitale, Bellême, ses villes principales étaient Sées, Alençon et Domfront.

[9] Le château de la Gravelle était un château situé à la lisière de la région forestière située sur les confins de la Bretagne. Le domaine est fondé par la famille de Laval au 12ème siècle. Il comprenait une motte féodale, entièrement cernée par des douves et une cour, avec un donjon quadrangulaire habité. Afin de favoriser sa mainmise sur ce secteur stratégique, Guy V de Laval développa les défrichements pour créer le village de La Gravelle. Jusqu’à la fin du 13ème siècle et au début du 14ème siècle, les Laval utilisent le château

[10] Montsûrs est une commune nouvelle française, située dans le département de la Mayenne.

[11] Montmorency est une commune française, chef-lieu de canton du Val-d’Oise, située à environ treize kilomètres au nord des portes de Paris, et vingt et un kilomètres par la route de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Elle prend au 12ème siècle le nom de Montmorency et s’attribue le titre de « Premiers barons chrétiens ». Une commune voisine non limitrophe, à six kilomètres à l’ouest environ à vol d’oiseau, porte le nom de la famille Bouchard : Le Plessis-Bouchardc . En attendant, ses descendants plus immédiats agrandissent leur domaine de Montmorency au détriment de celui de l’abbaye et diminuent l’influence de celle-ci en implantant des établissements religieux concurrents sur leurs terres. Ainsi Mathieu 1er de Montmorency fonde le prieuré de Bois-Saint-Père près du château de la Chasse et la collégiale Saint-Martin à Montmorency. Dans la même lancée, son fils Bouchard V établit les religieux de Grandmont dans la forêt de Montmorency. La protection qu’assure le château entraîne à sa proximité la création d’une première agglomération. Louis VI le Gros attaqua et prit Montmorency, puis en fit raser la forteresse pour punir la révolte du seigneur. Le château féodal est reconstruit en pierre au 12ème siècle, ainsi qu’une enceinte de 90 mètres qui ceint la petite ville.

[12] Le connétable sous l’Ancien Régime apparaît dès la dynastie mérovingienne. Son rôle se cantonnait à la gestion des écuries royales. Mais suite à l’effritement du pouvoir royal, ce dernier prend de l’ampleur envers tous les corps d’armée. Sous les Capétiens, le connétable de France est le « chef souverain des armées de France ».

[13] La maison capétienne de Bourbon est une branche de la dynastie capétienne issue de Robert de France (né en 1256, mort le 7 février 1317), comte de Clermont, par mariage seigneur de Bourbon, seigneur de Charolais, de Saint-Just et de Creil, chambrier de France, dernier fils du roi de France Saint Louis et de Marguerite de Provence. Louis était comte de Clermont-en-Beauvaisis et fut donc le fondateur de la maison capétienne de Bourbon. Elle se scinde en de nombreuses sous-branches ; les branches issues de Henri IV ont donné la dynastie des Bourbons et ont régné sur plusieurs pays d’Europe.

[14] La maison de Dampierre est une grande famille du Moyen-Âge, originaire de Dampierre (Aube). Ses différentes branches se sont développées à partir du 11ème siècle en Champagne, en Artois, et dans plusieurs provinces de la Belgique actuelle. Toutes les branches de cette famille se sont éteintes avant la fin du Moyen Âge.

[15] La famille de Mello est une famille de la chevalerie française du Moyen Âge qui possédait en fief la terre de Mello. Par mariage, une branche acquit le comté de Dammartin et prit alors le nom de Dammartin.

[16] Le château de Saint-Fargeau est un château français situé sur la commune de Saint-Fargeau dans le département de l’Yonne. À l’origine, Saint-Fargeau était un rendez-vous de chasse fortifié construit en 980 par Héribert, évêque d’Auxerre, et fils naturel d’Hugues le Grand et donc frère naturel de Hugues Capet. Son premier seigneur connu, vers 1060, est Ithier, seigneur de Toucy, Saint-Fargeau et pays de Puisaye ; en 1147, Ithier III, son cinquième seigneur, alla en Terre Sainte avec Louis VII ; le huitième, Ithier V, mourut au siège de Damiette en 1218 ; le onzième, Jean 1er, n’ayant pas eu de fils, Jeanne, une de ses filles, épousa Thibaut, comte de Bar, et lui apporta les seigneuries paternelles. En 1411, le château soutint un siège, puis les terres passèrent à Louis de Bar, évêque de Verdun et cardinal, qui les légua en 1430 à son neveu Jean-Jacques, marquis de Montferrat.

[17] Le Comté de Provence est une ancienne principauté territoriale située à l’est du delta du Rhône. Il ne doit pas être confondu avec le marquisat ou le Duché de Provence. En 1019, Emma, comtesse de Provence, se maria avec Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, transmettant les droits de la lignée de Roubaud à la maison de Toulouse. Le titre de marquis de Provence passa définitivement à cette maison à compter de 1093. En 1112, Douce de Provence, héritière des droits de la ligne de Guilhem, épousa Raimond Bérenger III, comte de Barcelone, qui devient Raimond Bérenger 1er de Provence. Les maisons de Toulouse et de Barcelone entrèrent alors en conflit pour le marquisat. Un traité fut conclu, en 1125, entre Raymond Bérenger et Alphonse Jourdain de Toulouse : par celui-ci, le comté de Provence fut divisé en un marquisat au nord de la Durance - attribué aux Toulouse - et un comté au sud, attribué à Barcelone. En 1193, Alphonse II de Provence épouse Gersande de Forcalquier, ce qui donne naissance au comté de Provence Forcalquier.

[18] L’abbaye Notre-Dame de Clermont ou de Clairmont est une ancienne abbaye cistercienne située à quatre kilomètres du bourg d’Olivet dans le département de la Mayenne. Elle a été fondée en 1150 par Guy IV de Laval et fut longtemps la nécropole de la famille de Laval