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Jean Tristan de France dit Jean Tristan

vendredi 9 août 2019

Jean Tristan de France dit Jean Tristan (1250-1270)

Comte consort de Nevers de 1265 à 1270)-comte de Valois de 1268 à 1270)

Né à Damiette [1], quatrième fils de Saint Louis, roi de France, et de Marguerite de Provence.

Le prince Jean naît pendant que ses parents menaient la 7ème croisade et avaient pris la ville de Damiette le 4 juin 1249, mais son père ayant été fait prisonnier dans la nuit du 5 au 6 avril 1250, la cité elle-même se trouve menacée par les Égyptiens.

Marguerite de Provence, enceinte, déclare à un chevalier qu’elle préfère qu’on les tue, elle et son enfant, plutôt que tomber aux mains des musulmans. Elle accouche peu après et ajoute « Tristan » au prénom choisi pour son fils en raison des circonstances dramatiques qui accompagnent la naissance du prince.

Peu après, le sultan égyptien est renversé et son successeur négocie la liberté du roi contre la restitution de la ville de Damiette le 6 mai 1250. Saint Louis séjourne ensuite en Terre sainte jusqu’au 25 avril 1254 pour la réorganiser et lui donner quelques chances de résister

Saint Louis ne revient à Paris qu’au début octobre 1254. En 1258, Jean Tristan est fiancé à Yolande de Bourgogne, comtesse de Nevers [2], fille d’Eudes de Bourgogne. Le mariage intervient en 1266 et la même année, à la suite de la mort d’Eudes à Acre [3], il devient comte de Nevers.

Le 24 avril de l’année suivante a lieu à Vézelay [4] une ostension des reliques de la Madeleine. Son père lui donna ensuite en apanage en 1269 le comté de Valois avec Crépy-en-Valois [5], la Ferté-Milon [6] et Villers-Cotterêts. Toutefois Jean Tristan est toujours dénommé Jean comte de Nevers.

Jean Tristan accompagna son père durant la 8ème croisade, mais l’armée fut victime d’une épidémie de dysenterie. Jean Tristan compta parmi les victimes et mourut le 3 août 1270, et l’on dit que l’annonce de sa mort acheva Saint Louis, également malade. Tous deux étant morts loin de leur patrie, la technique funéraire du mos Teutonicus [7] leur fut pratiquée.Il est inhumé comme son père dans l’église de l’abbaye royale de Saint-Denis [8]

Jean Tristan disparaît sans descendance et sa veuve Yolande de Bourgogne se remarie dès 1272 avec Robert III de Dampierre, comte de Flandre [9], et lui apporte son comté de Nevers. En revanche, le comté de Valois, apanage du défunt, retourna à la Couronne.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Colette Beaune, « La légende de Jean Tristan fils de saint Louis », Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge, Temps modernes, tome 98, no 1, 1986

Notes

[1] Damiette est un port du gouvernorat du même nom, en Égypte, dans le delta du Nil, à environ 200 kilomètres au nord-est du Caire. Dans l’Égypte ancienne, la cité était nommée Tamiat, mais elle perdit de l’importance durant la période grecque après la construction d’Alexandrie. Damiette reprit de l’importance durant les 12ème et 13ème siècles dans le cadre des Croisades. En 1169 une flotte du Royaume de Jérusalem, avec des soutiens de l’Empire byzantin attaqua le port, mais fut défaite par Saladin. Durant les préparations de la cinquième croisade en 1217, il fut décidé que Damiette serait la cible de l’attaque. Le contrôle de Damiette impliquait le contrôle du Nil, et les croisés pensaient pouvoir conquérir l’Égypte à partir de là. Après l’Égypte ils pourraient attaquer la Palestine et reprendre Jérusalem. Le port fut assiégé et occupé par des croisés de Frise en 1219, mais en 1221 les croisés furent vaincus devant Le Caire et chassés d’Égypte. Damiette fut aussi la cible de la septième croisade, menée par Saint Louis. Sa flotte arriva en 1249 et s’empara rapidement du fort. Il refusa de le rétrocéder au roi de Jérusalem, à qui il avait été promis durant la cinquième croisade. Toutefois à la suite de nouvelles défaites militaires, les croisés furent contraints de rendre la ville. Saint Louis donna aux remparts d’Aigues-Mortes la forme qu’avaient ceux de la ville égyptienne. Du fait de son importance pour les croisés, le sultan Mamelouk Baybars détruisit la ville et la reconstruit quelques kilomètres plus loin avec de meilleures fortifications. Aujourd’hui un canal la relie au Nil, ce qui en fait de nouveau un port important.

[2] Le Comté de Nevers est un comté historique au centre de la France. Sa principale ville était Nevers. Il correspond sensiblement à l’ancienne province du Nivernais et au département moderne de la Nièvre. Le comté lui-même date approximativement du début du 10ème siècle. Le comté a été fréquemment associé au Duché de Bourgogne voisin ; il faisait partie des terres et des titres détenus par Henri 1er de Bourgogne. En 1032, le Comté de Nevers est joint au Comté d’Auxerre, mais entre en conflit rapidement avec l’évêque d’Auxerre. Son premier titulaire a été Renaud 1er de Nevers. Nevers est passé sous la domination des comtes de Flandre au 14ème siècle, et à partir de là, est devenu possession de Philippe II le Hardi, Duc de Bourgogne, qui a brièvement réuni les deux terres. Philippe de Bourgogne, le plus jeune fils de Philippe le Hardi, a reçu le comté de Nevers qui est devenu plus tard possession d’une branche cadette des ducs de Clèves. À partir de 1521, les dirigeants de Nevers se sont appelés ducs de Nivernais.

[3] Acre ou Saint-Jean-d’Acre ; appelée Ptolémaïs dans l’Antiquité est une ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d’un port en eaux profondes. Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. Cette ville côtière donne son nom à la plaine d’Acre qui comporte plusieurs villages. Son ancien port de commerce florissant dans l’Antiquité, est devenu une zone de pêche et de plaisance de moindre importance. En l’an 700 avant l’ère chrétienne, elle est dominée par les Assyriens avant d’être intégrée, 3 siècles plus tard, aux territoires conquis par Alexandre le Grand, puis au 3ème siècle av. jc par Ptolémée II, souverain d’Égypte qui débaptisa son nom en Ptolémaïs. Ce nom sera conservé jusqu’au Moyen Âge. Vers 52-54 sous le règne de l’empereur Claude, elle devient colonie romaine sous le nom de Colonia Claudii Caesaris. Dans la continuité de l’Empire romain, la ville d’Acre fait partie de l’Empire byzantin avant d’être conquise en 638 par les musulmans. Elle est rattachée successivement aux califats omeyyades, abbassides puis fatimides. Pendant les croisades, la ville est prise le 26 mai 1104 par Baudouin 1er, roi de Jérusalem. Reprise par le sultan Saladin, le 9 juillet 1187, elle est reconquise en 1191 par les rois Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion durant la 3ème croisade. Au 13ème siècle, elle devient la capitale du royaume de Jérusalem, la ville sainte restant entre les mains des sultans ayyoubides. Saint-Jean-d’Acre est alors le principal port de Terre sainte, divisé en quartiers contrôlés par des marchands venus de tout le pourtour méditerranéen, notamment vénitiens, pisans, génois, français et germaniques.

[4] Vézelay est une commune française, située dans le département de l’Yonne. La cité de Vézelay doit son origine à une abbaye bénédictine ayant abrité les reliques de sainte Marie-Madeleine. Vers 858, un monastère de femmes est fondé par Girart de Roussillon, à l’emplacement actuel de Saint-Père. Il possède une villa, entourée de grands domaines. Le finage dans lequel les habitations se trouvent porte le nom de Vezeliacus qui deviendra Vizeliac puis Vézelay. Élu en 1037, l’abbé Geoffroy réforme l’abbaye et convainc ses contemporains que l’abbaye possède les restes de Marie-Madeleine : d’où pèlerinages, donc offrandes et donations. Ceci profita naturellement aux habitants et le village devint une petite ville. Il faudra attendre une bulle pontificale pour que Madeleine devienne officiellement la patronne de l’abbaye (1050). Une telle prospérité attira Cluny : celle-ci soumit Vézelay et lui imposa l’abbé clunisien Artaud. En 1096, Urbain II prêche la première croisade ; la construction de l’abbatiale est décidée. Elle est consacrée en 1104. L’impôt établi pour réaliser cette entreprise avait exaspéré les habitants qui se révoltèrent : l’abbé Artaud fut assassiné en 1106. Après bien des vicissitudes (révoltes, conflits seigneuriaux, incendie de 1120), le narthex ou église des Pèlerins pénitents fut construit : il ne sera dédicacé qu’en 1132). En 1137 l’abbé Albéric signa avec les habitants une charte qui définissait les droits de l’abbaye et des bourgeois : acte de sagesse qui fut loué en termes élogieux par Saint Bernard.

[5] Crépy-en-Valois est une commune française située dans le département de l’Oise. À partir du 10ème siècle, Crépy-en-Valois devient la résidence des comtes du Valois, puissants vassaux des rois de France jusqu’en 1213, date à laquelle le Valois est intégré au domaine de la Couronne. Donné en apanage, il revient ainsi à Louis d’Orléans qui le transforme en duché.

[6] La Ferté-Milon est une commune française située dans le département de l’Aisne. La Ferté-Milon était l’une des principales châtellenies du duché de Valois

[7] Le mos Teutonicus, parfois appelé mos gallicus (« usage gaulois »), désigne une technique funéraire d’excarnation utilisée dans l’Europe médiévale. Consistant à séparer les os de la chair du cadavre, cette technique hygiénique permet ainsi pour les grands seigneurs et prélats mourant loin de leur communauté de rapatrier leurs os avant que leur corps ne soit putréfié.

[8] L’ancienne abbaye royale de Saint-Denis est associée à l’histoire du monde franc. L’église abbatiale a été dénommée « basilique » dès l’époque mérovingienne. L’église s’élève sur l’emplacement d’un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de saint Denis martyrisé vers 250. Le transept de l’église abbatiale, d’une ampleur exceptionnelle, fut destiné à accueillir les tombeaux royaux. Elle fut ainsi la nécropole des rois de France depuis les Robertiens et Capétiens directs, même si plusieurs rois mérovingiens puis carolingiens avaient choisi avant eux d’y reposer. En 858, le monastère de Saint-Denis qui subit plusieurs rapines de la part des Vikings qui assiègent Paris. Le Vendredi Saint 3 avril 858, deux bandes normandes partent de Jeufosse à cheval en se dirigeant, l’une vers l’abbaye de Saint-Denis, l’autre vers l’abbaye de Saint-Germain-des-Près, pour capturer leurs abbés et demander une forte rançon. A Saint-Denis, plusieurs hommes d’Église sont enlevés dont l’abbé et son demi-frère Gauzlin (834-886), évêque de Paris4. De façon générale, le ixe siècle siècle est marqué par de nombreux troubles causés par les raids des vikings remontant par la Seine jusqu’à Paris et ses alentours. En 867, l’implication dans la vie politique et le prestige des abbés est tel que Charles II le Chauve s’approprie le titre d’abbé de Saint-Denis. En 869, Charles II le Chauve devant la menace des invasions des Vikings fortifia le monastère.

[9] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).