Il envahit le royaume voisin de Deira [1] vers 604, constituant ainsi l’ébauche de la future Northumbrie [2].
Bède le Vénérable, dans son patriotisme northumbrien, est très indulgent pour ce païen sanguinaire, à l’occasion massacreur de moines, car il reconnaît en lui le véritable fondateur du royaume. Il voit en lui un grand roi, le dit avide de gloire et le compare au biblique Saül pour le nombre de Bretons qu’il a vaincus, soumis au tribut ou chassés de leurs terres.
De fait, à sa suite, l’historiographie traditionnelle associait les succès d’AEthelfrith à la vigueur de l’expansionnisme anglo-saxon au détriment des royaumes celtiques.
Le chapitre 63 de l’Historia Brittonum [3] assure qu’AEthelfrith a régné sur la Bernicie [4] pendant 12 années, puis pendant 12 autres années sur la Northumbrie unifiée.
AEthelfrith succède vers 592/593 à un obscur roi de Bernicie nommé Hussa qu’il a dû tuer ou au moins chasser du pouvoir, car on trouvera un peu plus tard un fils de Hussa allié à ses ennemis bretons du Dalriada [5]. Hussa n’apparaît pas dans la généalogie d’ Ida le fondateur de la Bernicie et paraît donc avoir appartenu à un clan rival.
AEthelfrith, lui, est un des petit-fils d’Ida, et il est le fils d’ AEthelric , roi de Bernicie de 568 à 572. Son accession au pouvoir peut donc être considérée comme une restauration de la famille du fondateur.
Bamburgh [6] était la capitale de la dynastie bernicienne, fondée et fortifiée selon la tradition par Ida lui-même. Un tel « don de mariage » n’est pas banal dans les unions anglo-saxonnes, même quand la mariée est fille d’un roi prestigieux. Si Bebba est bien la première femme d’AEthelfrith, il faut croire que le roi de Bernicie avait contracté une alliance hors du commun.
C’est par son activité guerrière qu’AEthelfrith a laissé sa trace la plus visible dans l’histoire.
C’est sous le règne d’AEthelfrith que doit se situer la célèbre bataille de Catraeth [7] dont il nous reste Y Gododdin [8]. Certains commentateurs sont d’ailleurs enclins à identifier cette bataille semi-légendaire avec la bataille de Daegsastan [9], historiquement plus certaine, où fut vaincu Áedán mac Gabráin .
Áedan survit à la bataille, mais, déjà âgé, il semble se retirer peu après en faveur de son fils Eochaid Buide . Cette succession, même si elle a pu être précipitée par la défaite, montre tout de même que l’aristocratie guerrière du Dalriada continue de faire confiance au clan d’Áedan. Néanmoins, d’après Bède, c’est la dernière fois qu’un roi des Scots [10] s’aventure en territoire anglo-saxon. Il est probable qu’AEthelfrith établit avec les Scots du Dalriada une alliance de vainqueur à vaincu qui les contraint à accepter une forme de dépendance honorable.
Æthelfrith pris pour épouse Acha, fille d’ Aella et sœur d’Edwin. Cette alliance assura la victoire posthume d’AEthelfrith : Acha sera la mère de Oswald.
Vers 615 ou 616, AEthelfrith mène une nouvelle campagne contre les Gallois. Il affronte à Caer Legion [11] les armées du roi de Powys [12] Selyf Sarffgadau . Ce dernier trouve la mort au combat, de même qu’un autre roi d’origine inconnue nommé Cetula. La bataille est restée célèbre pour le massacre des moines de Bangor [13], venus prier en faveur des Bretons.
Après la défaite celte de Chester, Edwin trouve refuge auprès de Rædwald , roi d’Est-Anglie [14]. Bède rapporte qu’AEthelfrith lui aurait promis une belle récompense en échange de la mort d’Edwin, et que Rædwald aurait envisagé d’accéder à sa demande avant d’être réprimandé par son épouse, qui l’aurait convaincu de rester fidèle à Edwin.
En tout état de cause, Rædwald mène une armée contre AEthelfrith et le vainc à la bataille de la rivière Idle, en 616 ou 617. Le vaincu trouve la mort, laissant Edwin libre de s’emparer du trône de Northumbrie. Les enfants d’AEthelfrith connaissent à leur tour l’exil, se réfugiant en Irlande ou en Écosse