Née à Wiener Neustadt [1], dans l’archiduché d’Autriche Marie-Anne d’Autriche est la fille aînée de l’empereur Ferdinand III et de Marie-Anne d’Autriche infante d’Espagne et la sœur puis la belle-mère de l’empereur Léopold 1er du Saint Empire .
Enfant, elle est promise à son cousin, l’infant héritier Baltasar Carlos d’Espagne, prince des Asturies, fils de Philippe IV et d’ Élisabeth de France . La mort de l’infant en 1646 et les intérêts de l’Empire et de sa Maison feront de Marie-Anne la promise de son oncle, devenu veuf.
Régente d’Espagne à la mort de son mari, confrontée à la faible constitution de son fils, dernier représentant de la branche des Habsbourg d’Espagne, et aux intrigues de la cour, elle sera la principale animatrice de la politique Espagnole de la fin du 17ème siècle.
En 1649, Marie-Anne, âgée de 14 ans, épouse son oncle de 30 ans son aîné.
Quand Philippe IV meurt en 1665, Charles II n’a que trois ans et Marie-Anne, âgée de 30 ans, devient régente jusqu’en 1675 et garde le contrôle de l’Espagne jusqu’à sa mort en 1696.
Peu préparée à jouer un rôle politique, la souveraine s’appuie sur le père Johann Eberhard Nithard son ancien précepteur qui l’a suivi en Espagne, devenu son aumônier et son confesseur et en qui le feu roi lui-même avait grande confiance. Pour le faire entrer au conseil de régence, la reine lui octroie la nationalité espagnole.
Cependant, le jésuite qui a déjà refusé la dignité cardinalice, est impopulaire du seul fait de ses origines étrangères. Il est aussi issu d’une famille protestante. Le clergé, la noblesse et le peuple ne veulent pas de cet Allemand pourtant très compétent. Un de ses serviteurs sera même assassiné. Il semble que Juan José d’Autriche comte d’Oñate, fils légitimé de Philippe IV, soit à l’origine de l’attentat.
Juan José d’Autriche, fils que le défunt Philippe IV a eu de la comédienne Maria Calderón , fort populaire auprès du peuple du fait de ses origines mais aussi de la noblesse pour ses actions militaires tant en Sicile qu’en Flandres, a été nommé gouverneur de l’Aragon. Rassemblant 600 cavaliers, il a pris la tête de l’insurrection aragonaise. Voulant éviter une guerre civile, la régente n’a d’autre choix que de se séparer de son principal conseiller, le père jésuite Johann Eberhard Nithard en 1669.
Pour ne pas perdre la face et ne pas humilier cet homme digne de sa confiance, elle le nommera ambassadeur près le Saint Siège et le fera nommer cardinal.
De même, s’appuyant sur la noblesse, Don Juan José obligera la reine mère à se séparer d’un autre premier ministre dont le principal handicap était d’être un roturier anobli, Fernando de Valenzuela. Juan José finit par se faire nommer premier ministre en 1677. Sa mort en 1679 permit à la reine mère de reprendre les rênes du pouvoir.
Marie-Anne, décrite comme ayant été une jeune fille gaie mais devenue froide et moins enjouée après son mariage qui l’assujettit à l’implacable et oppressante étiquette de la cour Espagnole et les intrigues auxquelles elle doit faire face.
En Europe, à peine le roi d’Espagne est-il mort que Louis XIV, prétextant le non-paiement de la dot de son épouse la reine Marie-Thérèse, déclenche la Guerre de dévolution [2] qui affaiblit un peu plus l’Espagne. Par le traité d’Aix-la-Chapelle [3], l’Espagne doit céder à la France quelques place fortes Belges mais récupère la Franche-Comté que la France lui prendra définitivement dix ans plus tard par le Traité de Nimègue [4] qui mit fin à la Guerre de Hollande [5].
Reculant aux Pays-Bas et Franche-Comté, l’Espagne recule aussi dans la péninsule Ibérique. Pour protéger sa frontière occidentale, la régente a du signer avec le souverain rebelle Portugais le traité de Lisbonne [6] qui reconnaît l’indépendance du Portugal qui était espagnol depuis 1580.
Favorable à l’alliance autrichienne, la reine Marie-Anne s’allie de nouveau aux puissances Européennes contre la France de Louis XIV en 1674 et s’engage dans la Guerre de Hollande. Elle y perd la Franche-Comté et d’autres places Belges.
De ce fait, la reine ne peut empêcher le mariage de son fils avec une nièce de Louis XIV, Marie-Louise d’Orléans en 1679.
La jeune reine se fait la championne de la politique impérialiste de la France, inclinant le roi à demeurer neutre alors que la guerre de la Ligue d’Augsbourg [7] se profile. Elle meurt à 27 ans en 1689 et les français font courir le bruit quelle a été empoisonnée sur les ordres de la reine mère. D’ailleurs, le roi épousera en secondes noces Marie-Anne de Neubourg , sœur de l’impératrice en 1691.
Le petit roi Charles II d’Espagne étant considéré comme viable, en 1666 Marie-Anne a marié sa fille l’infante Marguerite Thérèse , tant de fois peinte par Diego Velasquez, à Léopold 1er du Saint Empire . La politique étant le premier devoir des princes et les méfaits de la consanguinité étant ignorés, il ne semble pas scandaleux qu’une princesse soit mariée à son oncle. Il en a été de même pour Marie-Anne. La jeune impératrice est morte prématurément en 1673 en laissant à son mari une fille unique Marie-Antoinette d’Autriche , héritière potentielle de l’empire espagnol, laquelle a été mariée en 1685 à l’électeur Maximilien II de Bavière.
Charles II n’ayant pas de descendance de ses deux mariages, la reine mère lui fit désigner comme successeur peu avant de mourir son arrière-petit-fils, le prince Joseph Ferdinand de Bavière né en 1692.
La reine mourut en 1696 et fut inhumée avec les autres membres de sa dynastie à l’Escurial [8].
Le petit prince bavarois ne lui survécut pas longtemps. Il mourut subitement en 1699 et l’on parla encore de poison, la France et l’Autriche lorgnant sur le fabuleux héritage Espagnol.