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L’histoire pour le plaisir

Kavadh 1er

samedi 27 février 2016, par lucien jallamion

Kavadh 1er (vers 449-531)

Roi sassanide de Perse de 488 à 496 et de 499 à 531

Illustration. Plat d'apparat du règne de Kavadh 1er. Roi sassanide de Perse de 488 à 496 et de 499 à 531 Source : Kavadh Ier/ domaine publicFils de Péroz 1er , il monte sur le trône en 488. Parce qu’il voulait, pour briser la puissance de la noblesse et de l’église mazdéiste [1], abolir l’inégalité sociale en établissant le partage des terres et la mise en commun des femmes dans ses États selon les principes du mazdakisme [2], il est déposé en 496 par les nobles et le clergé qui portent au trône son frère Zamasp .

Interné dans la prison de l’Oubli [3] Kavadh parvient à s’évader et se réfugie chez les Huns hephthalites [4] qui l’aident à reconquérir son trône en 499. Il règne pour une nouvelle période de trente ans qui s’ajoutent à ses huit premières années.

Kavadh 1er réussit pendant son règne à neutraliser l’influence des deux grandes familles féodales d’origine parthe [5] représentées par Sukhra Karin, qui lui avait permis de se rétablir sur le trône, et Shapur Razi Mihran. Il peut ainsi se consacrer à affermir le pouvoir royal en réformant certaines fonctions palatines.

Les pillages et les jacqueries suscités par les mazdakites le conduisent à la fin de 528 ou au début de 529 à une sévère répression contre Mazdak, qui entraîne son exécution mais lui vaut l’appui du clergé zoroastrien et prélude à la désignation de son fils Khosrô comme successeur.

Après le refus en 502 des Grecs de payer leur contribution annuelle destinée à la défense des Portes de la Caspienne et l’édification près de Nisibis [6] d’une nouvelle cité nommée Dara [7], la première campagne de Kavadh 1er contre l’Empire byzantin à partir de 503-505 met fin au traité de paix de 50 ans conclu entre Yazdgard 1er et Théodose II en 440.

Il obtient quelques succès contre l’empereur Anastase en Arménie en s’emparant de Théodosiopolis [8] en août 502 et en Mésopotamie en prenant Amida [9] le 10 janvier 503, reprise par les Byzantins dès 504. Mais son empire doit subir les attaques des Khazars [10], implantés entre le Don et la Volga, qui passent le Caucase et ravagent l’Ibérie [11], le nord de l’Arménie et l’Aghbanie [12].

Kavadh 1er doit conclure dès 506 une trêve de 7 ans. Au cours d’une seconde campagne contre les Byzantins en 527/531, il est battu par Bélisaire, général de Justinien lors de la bataille de Dara [13]. Les Grecs vaincus à Callinicum [14] le 19 avril 531 ne peuvent prendre Nisibis mais obligent Kavadh 1er à demander la paix.

Il meurt le 13 septembre 531, âgé d’environ 82 ans. Sur son lit de mort, il convoque sa famille, les nobles et les modeds [15] et désigne en leur présence comme successeur son troisième fils Khosro au détriment des deux aînés.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Clément Huart & Louis Delaporte, L’Iran antique : Élam et Perse et la civilisation iranienne, Albin Michel, coll. « L’Évolution de l’Humanité », Paris, 1952./dictionnaire d’histoire universelle, le petit mourre édition Bordas 2004 p 763

Notes

[1] Le zoroastrisme est une religion (non-biblique) mais monothéiste où Ahura Mazdâ est seul responsable de l’ordonnancement du chaos initial, le créateur du ciel et de la Terre. Le zoroastrisme est une réforme du mazdéisme, réforme prophétisée par Zarathoustra, dont le nom a été transcrit en Zoroastre par les Grecs. Cette réforme est dite classiquement être intervenue au cours du 1er millénaire av. jc mais les indices s’accumulent pour la faire remonter au millénaire précédent.

[2] Le mazdakisme est un courant religieux né en Perse, dans l’Empire sassanide, à la fin du 5ème siècle, dérivé du mazdéisme et du manichéisme. Son influence s’est prolongée jusqu’au 14ème siècle environ. Il doit son nom à son fondateur, Mazdak. Cette religion n’est connue par aucune source directe. On doit se référer à ce qu’en disent des auteurs de langues persane, arabe, syriaque et aussi grecque.

[3] prison d’Oblivion

[4] Les Huns blancs, sont un peuple nomade, nommé Hephthalites par les Grecs. On les rattache généralement aux autres peuples appelés Huns. Ils ont joué un rôle important dans l’histoire de l’Asie centrale, de la Perse et de l’Inde. Les Chinois les ont mentionnés pour la première fois en 125 comme vivant au sud de la Dzoungarie, sous le nom de Hua. Ils franchirent le Syr-Daria avant 450 et envahirent la Transoxiane (habitée par les Sogdiens), la Bactriane et le Khorasan, au Nord-Est de la Perse.

[5] La Parthie est une région historique située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides et berceau de l’Empire parthe qui domine le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av. jc et 224 ap. jc. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord (aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan) et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.

[6] Nusaybin (Nisibe ou encore Nisibis) est une ville du sud-est de la Turquie située dans la province de Mardin, à la frontière turco syrienne. Elle est un haut lieu de l’histoire du christianisme de langue syriaque. C’est l’ancienne Antioche de Mygdonie.

[7] Oğuz est le nom actuel du village qui occupe le site de Dara ou Daras forteresse byzantine marquant la frontière avec l’empire sassanide. Le site a été le théâtre d’importantes batailles entre les deux empires en 530 et en 573. Le village d’Oğuz se trouve dans la province de Mardin en Turquie à 30 km au sud-est de la ville de Mardin sur la route de Nusaybin (Nisibe).

[8] Erzurum ou Erzéroum est une ville d’Anatolie orientale (ancienne Arménie occidentale), en Turquie.

[9] Diyarbakır est une ville du sud-est de la Turquie. Elle était également appelée Amida sous l’Empire romain. Les Kurdes constituant la majeure partie de la population de la ville, la considèrent comme la capitale du Kurdistan turc, dans le sud-est anatolien.

[10] Les Khazars étaient un peuple semi-nomade turc d’Asie centrale ; leur existence est attestée entre le 6ème et le 13ème siècle. Au 7ème siècle les Khazars s’établirent en Ciscaucasie aux abords de la mer Caspienne où ils fondèrent leur Khaganat ; une partie d’entre eux se convertirent alors au judaïsme qui devint religion d’État. À leur apogée, les Khazars, ainsi que leurs vassaux, contrôlaient un vaste territoire qui pourrait correspondre à ce que sont aujourd’hui le sud de la Russie, le Kazakhstan occidental, l’Ukraine orientale, la Crimée, l’est des Carpates, ainsi que plusieurs autres régions de Transcaucasie telles l’Azerbaïdjan et la Géorgie.

[11] L’Ibérie, est le nom donné par les Grecs et les Romains à l’ancien royaume de Karthlie et correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l’actuelle République de Géorgie.

[12] L’Aghbanie ou Aghouanie ou Albanie du Caucase est un royaume antique couvrant le territoire actuel de la république d’Azerbaïdjan et le sud du Daguestan.

[13] La bataille de Dara a eu lieu à la frontière des empires byzantin et sassanide au niveau de la ville fortifiée de Dara en 530. Elle débuta par les tirs des archers perses. Des lanciers et la cavalerie lourde chargèrent le flanc droit des forces byzantines, puis le gauche. Les cavaliers byzantins furent repoussés par ces charges. Cependant les archers montés Huns de Bélisaire avaient profité des charges ennemies pour les encercler. La cavalerie perse fut défaite et les fantassins au vu de cette perte s’enfuirent. Bélisaire refusa de les poursuivre.

[14] Racca, est une ville du centre de la Syrie sur les rives de l’Euphrate en aval du lac el-Assad, à environ 160 km à l’est d’Alep. C’est la capitale du gouvernorat syrien homonyme.

[15] dignitaires religieux