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Pierre Le Pesant de Boisguilbert

samedi 12 octobre 2019 (Date de rédaction antérieure : 4 novembre 2012).

Pierre Le Pesant de Boisguilbert (1646-1714)

Écrivain et Économiste

Cousin germain de Pierre Corneille, il entreprend ses études chez les jésuites [1] de Rouen et les termine chez les jansénistes [2] de Port-Royal avant d’étudier le droit à Paris.

En 1676, il acquiert la charge de juge de la vicomté de Montivilliers [3]. En 1690, il devient lieutenant général civil au bailliage [4] et siège présidial [5] de Rouen avant d’en obtenir la charge de lieutenant de police 9 ans plus tard. Il se maria, le 26 février 1628 avec Florimonde de la Champagne, fille de Charles de la Champagne, conseiller au parlement de Rouen, et de Florimonde Bouchard.

Comme son illustre prédécesseur en la matière, Antoine de Montchrestien , Boisguilbert s’essaie d’abord à la littérature dont il a acquis le goût à Port-Royal entre 1674 et 1685 avec des traductions du grec en français. Il écrit “Marie Stuart, reyne d’Escosse”, qui sera traduite en anglais.

Se tournant, à partir de 1676 vers l’économie politique, il s’attaque en 1691 à la division des Français en 22 classes pour la capitation [6] qu’il dénonce comme absurde alors que la France est pratiquement ruinée par les guerres dispendieuses de Louis XIV et réclame la justice distributive [7].

Boisguilbert a essayé avec acharnement de faire appliquer ses idées, publiant au besoin ses ouvrages anonymement, ce qui lui a quelquefois valu d’être rejeté comme fou ou de connaître des exils temporaires. Certaines de ses œuvres ont été publiées sous le nom de Vauban.

Auteur d’un “Détail de la France” en 1699 et du “Factum de la France” en 1707, dans lesquels il analyse les causes et les remèdes à la misère de la nation. Il réalise également la première schématisation en France d’un circuit économique en tant que tel, expliquant la circulation de l’argent dans la société d’Ancien Régime. Son analyse sera reprise et approfondie par Richard Cantillon .

Il annonce les théories de la demande, soulignant notamment l’insuffisance de la consommation sous l’effet du système fiscal.

Critiquant Colbert pour avoir négligé l’agriculture, il soutient que la richesse d’un pays réside non dans l’importance de sa masse monétaire mais dans sa production et ses échanges.

Il réclame également la liberté du commerce, en particulier celui des grains, et la réforme des impôts.

Il propose, comme solution aux calamités de son époque, moins la réduction que l’égalisation de la participation à l’impôt comme devant permettre aux pauvres de consommer plus, d’augmenter la production et d’ajouter à la richesse générale. Il demande la réforme de la taille [8], la suppression des droits de douane intérieure et la liberté du commerce.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Portail de l’économie/ Économiste français

Notes

[1] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.

[2] Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe aux 17ème et 18ème siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du 17ème siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d’une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine

[3] Montivilliers est une commune française située dans le département de la Seine-Maritime. En 1551, le pasteur Godard, originaire de Bolbec et formé à Genève, vient prêcher à Montivilliers à la demande des bourgeois de la ville. Les cultes rassemblent de 3 000 à 5 000 personnes. Dans la tourmente des guerres de Religion, les protestants trouvent asile pour célébrer leur culte à partir de 1561 au manoir de Bévilliers, résidence du seigneur d’Harfleur. Un temple sera aménagé dans un bâtiment de la cour du manoir détruit en 1679 sur ordre du parlement de Paris. En novembre 1685, Montivilliers connaît une dragonnade dirigée par le commandant Marillac. Les dragons du roi investissent la ville pour y arrêter les protestants, et les obliger à « abjurer » la confession protestante. 27 avril 1688 : un navire affrété « aux frais du roi », expulse vers l’Angleterre 94 protestants de Montivilliers, Rouen, Le Havre, Lillebonne, Fécamp, Caudebec, et Gisors enfermés au château de Dieppe et refusant « de signer leur abjuration ». Pendant la période des persécutions de Louis XIV, les protestants se réunissent clandestinement pour le culte dans le désert. En Pointe de Caux, il a existé plusieurs lieux de désert à Saint-Antoine-la-Forêt, Saint-Nicolas-de-la-Taille, Mélamare, Tancarville, dans des forêts, des granges ou des carrières. En 1787, à l’occasion de l’Édit de tolérance du roi Louis XVI, la riche communauté protestante de Montivilliers fait construire hors les murs de la ville, sur un terrain de la famille Barnage, le magnifique temple actuel, véritable bijou d’architecture Louis XVI

[4] En France, sous l’Ancien Régime, mais aussi en Belgique, en Savoie et en Suisse, le terme de « bailliage » désignait à la fois une entité territoriale (circonscription administrative, financière et judiciaire) et la charge d’officier de bailli qui y était liée. C’était la même institution que la « sénéchaussée » (autrefois aussi écrit seneschaucie).

[5] Le présidial est un tribunal de justice de l’Ancien Régime créé au 16ème siècle. C’est en janvier 1551 (ancien style), c’est-à-dire en 1552 de notre calendrier actuel, que le roi Henri II de France, désireux de renforcer son système judiciaire, notamment d’alléger les parlements d’affaires en appel issues des bailliages, a institué par édit royal les présidiaux. Il en créait un dans les plus grands bailliages et sénéchaussées. 60 présidiaux étaient créés, dont 32 du ressort du Parlement de Paris. En fonction des besoins et des nécessités (ressources du Trésor, annexion de nouveau territoire, etc.), le nombre des présidiaux a atteint le nombre de 101 en 1764. Hiérarchiquement placé entre le bailliage et le Parlement, le présidial statuait sur les affaires civiles dont l’objet était inférieur à 250 livres tournois en capital ou 10 livres tournois de rente, ainsi que les affaires d’appel dont l’objet était compris entre 250 et 500 livres tournois en capital ou entre 10 et 20 livres tournois de rente. La sentence était exécutée par provision nonobstant l’appel. Le présidial était incompétent pour les affaires difficilement estimables en valeur ou si les montants étaient supérieurs aux 500 livres tournois, pour les affaires qui touchaient à l’État ou la qualité des personnes, les affaires ecclésiastiques, etc. Dans ces cas, le bailliage demeurait compétent. Le présidial était également compétent pour les affaires criminelles concouramment et par prévention aux prévôts et lieutenants criminels s’ils décrétaient avant eux ou le même jour. Comme toutes les juridictions de l’Ancien Régime, les présidiaux furent supprimés en 1790 par décret de l’Assemblée nationale.

[6] La capitation est un impôt qui a été pratiqué dans la Rome antique et par les administrations byzantine et surtout perse, ainsi qu’en France pendant l’Ancien Régime et dans les empires coloniaux européens. Le terme dérive du latin căpĭtātĭo (« taxe par tête »). Il s’agit d’un impôt très proche de l’impôt par tête.

[7] La justice distributive est, selon Aristote, la « première espèce de la justice particulière qui s’exerce dans la distribution des honneurs ou des richesses ou des autres avantages qui peuvent être répartis entre les membres d’une communauté politique. » À l’inverse de la justice commutative qui établit une égalité arithmétique, la justice distributive repose sur l’égalité proportionnelle ou égalité géométrique. Elle distribue selon le mérite, faisant cas des inégalités entre les personnes.

[8] En France, sous l’Ancien Régime, la taille est un impôt direct, très impopulaire dû au fait que les bourgeois des grandes villes, le clergé et la noblesse en sont affranchis. Cet impôt peut peser sur les individus (taille personnelle) ou sur la terre (taille réelle) suivant les régions. Il devient annuel et permanent en 1439 vers la fin de la guerre de Cent Ans. L’État tente à plusieurs reprises au 17ème siècle de réformer l’imposition pour limiter les exemptions et privilèges ce qui donnera lieu à la création de la capitation, du dixième et du vingtième qui viennent en plus de la taille et conduisent à une insatisfaction croissante de la population vis-à-vis du système fiscal français