Son père était Qourdjaqouz Khan [1]. Il connut Yesügei-ba’atour et son fils Témüdjin qui devint par la suite Gengis Khan. Les Kéraït [2] étaient en grande majorité chrétiens nestoriens [3]. Il reçu le titre de Ong Khan par les Mandchous [4]. Il joua un rôle important dans l’ascension fulgurante de Gengis Khan qui unifia les tribus mongoles par la suite.
Il eut une jeunesse très difficile. Les Merkit [5] l’ont capturé durant son enfance et il fut réduit à l’esclavage. Lorsqu’il revint chez les Kéraït. Son père, Qourdjaqouz, mourut. Il prit sa place et commanda les Kéraït vers les années 1165.
Il en profita pour tuer ses 3 frères. Erké-qara s’échappa et fuit chez les Naïman [6] qui étaient la tribu voisine des Kéraït. Les 2 autres frêres, Bouqa Témur et Tai-Témur Taïchi furent exécutés.
Cependant, son succès fut bref car son oncle, Gourkhan dit Djamuqa , le renversa. Il prit la fuite avec sa fille et une poignée de fidèles. Il tenta d’obtenir l’aide des Merkit pour renverser à son tour Gourkhan mais leur chef, Toqto’a, refusa malgré le fait que Toghril lui offrit sa fille car les Kéraït étaient très nombreux.
Il alla donc voir le père de Témüdjin, Yesügei. Il choisit d’aider Toghril car il avait auparavant livré une bataille aux côtés des Kéraït contre les Tatar [7]. Les Kéraït furent surpris lorsque Yesügei attaqua sans qu’ils n’aient le temps de se préparer. Malgré le fait que les Kéraït étaient beaucoup plus nombreux, leurs forces étaient dispersées un peu partout dans la Mongolie centrale. Toghril reprit le commandement des Kéraït et Gourkhan s’enfuit.
Il fut, tout comme Djamuqa et Témüdjin, frère par serment avec Yesügei. Lorsque Yesügei fut assassiné par empoisonnement alors que ce dernier visitait des Tatar et qu’il apprit plus tard par Belgutaï et Qassar que la jeune femme de Témüdjin, Börté, avait été enlevée par les Merkit, il lui vint en aide.
C’était une bonne manière de se venger des Merkit dont il avait été l’esclave. La victoire lui sembla probablement assurée. Il demanda tout de même l’assistance de Djamuqa qui lui vint en aide. Avant que la coalition guidée par Toghril, son frère Djaqagambou, Djamuqa et Témüdjin ne puisse arriver là où ils voulaient attaquer les Merkit, 2 des chefs de cette tribu, Dayir-oussoun et Toqto’a-béki, fuirent le campement, probablement informés par des gens qui avaient vu l’armée se déplacer.
La coalition gagna aisément le combat qui suivit et environ 300 Merkit périrent. Les chefs distribuèrent le butin entre eux et donnèrent les femmes merkit aux guerriers. Les enfants devinrent des esclaves. Börté fut retrouvée plus tard dans la soirée.
Temüdjin, quelque temps après, reçut le nom de Gengis Khan. Il avait l’intention d’attaquer les Tatar qui lui avaient depuis longtemps causé divers problèmes dont le meurtre de son père. Il demanda l’aide de Toghril qui accepta volontiers, encore content de la victoire qu’il avait eu auparavant. Le grand-père de Toghril avait été lui aussi assassiné par les Tatar ce qui lui donnait une raison similaire de les combattre. Il rejoignit Gengis Khan avec quelques milliers de Kéraït. Les Djurki furent également invités, mais déclinèrent l’offre car ils étaient quelque peu brouillés avec la tribu de Gengis.
Ils trouvèrent finalement des alliés en Wan-yen Siang, roi de la dynastie kin de Chine [8]. Lorsque les forces combinées de Toghril et Gengis Khan attaquèrent les Tatars, ils furent pris dans un étau puisque les guerriers chinois qui se trouvaient derrière encerclèrent facilement la tribu ennemie. Les hommes furent massacrés, les femmes données aux guerriers les plus valeureux et les enfants étaient adoptés ou devenaient serviteurs et esclaves.
Quelques milliers de Tatar qui avaient résisté puis qui s’étaient échappés se retranchèrent. Le général des chinois donna le titre de roi à Toghril. Ce dernier, ainsi que Gengis Khan, revinrent à leurs campements d’origine avec en leur possession encore plus de butin.
Lorsqu’il arriva chez lui vers1194, il fut renversé par son frère Erké-qara qu’il n’avait pu assassiner et qui était revenu avec les Naïman. De nombreux Kéraït qui étaient insatisfaits de son commandement ont probablement aussi contribué à le chasser. Il fuit sans même aller demander de l’aide de Gengis Khan.
Il finit par aboutir sur les terres des Ouigours [9] puis se rendit chez le roi des Qara-Khitaï [10] après avoir parcouru environ 2500 kilomètres. Il ne resta pas très longtemps à cet endroit. C’est après avoir quitté les Qara-Khitaï qu’il décida finalement de rejoindre Gengis Khan. Il aurait atteint le campement de Gengis Khan en 1196. Il avait perdu beaucoup de bétail et de fidèles.
Il n’avait jamais vraiment aidé Gengis Khan quand lui-même avait vécu ses propres années de misère jusqu’à ce que Börté fut enlevée. Gengis Khan le logea pourtant avec la plus grande attention. Il devint son invité durant environ 2 ans. Il était sans ressources, c’est pourquoi Gengis Khan entreprit d’attaquer les Merkit pour une seconde fois et lui donna une grande partie de butin qui en donna à différents chefs Kéraït pour se consolider des alliés auprès de sa tribu d’origine. Gengis Khan aurait alors attaqué une tribu Kéraït, les Tumèn-Tubégän*, et une grande partie des survivantsse mirent au service de Toghril. Pour récompenser les Kéraït qui lui étaient restés fidèles, Toghril leur ordonna de piller les faibles Merkit pour la troisième fois. D’importants Merkit dont 2 fils de Toqto’a-béki furent capturés alors qu’un autre fut assassiné. Il ne donna aucun butin à Gengis Khan qui fut très patient et généreux. Le frère de Toghril, Djaqagambou trouva en Gengis Khan un très bon ami et tous 2 devinrent frères de sang par serment.
Vers 1199, il voulait en finir une bonne fois pour toute avec les Naïman et la dispute entre les 2 rois de cette tribu était une chance inespérée pour attaquer. S’il attaquait l’un des frères, il était presque certain que l’autre ne ferait rien et il pourrait les détruire l’un après l’autre sans avoir à affronter les 2 tribus ensemble qui auraient pu former une alliance redoutable. Il réussit à réunir Gengis Khan et Djamuqa, chef de la tribu des Djadjirat et les força à redevenir alliés car ils étaient jusqu’alors devenus ennemis.
Ils le firent, mais avec une méfiance l’un envers l’autre. Lorsque les forces de Toghril, Djamuqa et Gengis Khan se réunirent pour combattre celles de Gutchugudun, ils réalisèrent bien vite que les Naïman possédaient un atout, leurs terres étaient propices à une longue poursuite. En effet, il eut bien du mal à pourchasser ses ennemis car ils avaient beaucoup de terrain pour s’échapper. Après une randonnée de quelques centaines de kilomètres, il se rendit à l’évidence qu’il ne pourrait jamais les rattraper et revint sur ses pas. Cependant, un général Naïman du nom de Köksé’u-sabraq qui était non loin se mit à le poursuivre à son tour. Durant la nuit, les camps Naïman et Kéraït étaient face à face et Toghril, sous les conseils de Djamuqa, quitta Gengis Khan pour fuir. Il avait préalablement placé des feux de camp pour faire croire à l’ennemi qu’ils restaient à cet endroit pour la nuit. Le lendemain, Gengis Khan se rendit vite compte de la ruse et fuit en contournant les Naïman qui décidèrent de poursuivre Toghril.
Ils le rejoignirent et attaquèrent son arrière-garde qui était composée de Djaqagambou et Ilqa, le fils de Toghril. Ils eurent beaucoup de mal à combattre l’ennemi car ils étaient probablement encore très fatigués de la poursuite.
Toghril envoya des messagers à cheval à Gengis Khan pour qu’il lui vienne en aide. Il envoya ses fidèles Bo’ortchou, Mouqali, Boroqoul et Tchila’oun avec quelques centaines d’hommes. Durant la bataille, les deux prisonniers Merkit, fils de Toqto’a-béki, s’enfuirent pour rejoindre leur père. C’est à ce moment que les hommes de Gengis Khan arrivèrent et écrasèrent les Naïman qui ne s’y attendaient pas du tout. Les Kéraït avaient échappé à un massacre potentiel. Il remercia Gengis Khan et lui promit qu’il n’allait jamais oublier ce qu’il avait fait pour lui durant cette bataille.
En 1200, il prêta main forte à Gengis Khan alors que ce dernier fut attaqué par une alliance formée des Tayitchi’out [11], commandés par Targhoutaï Kiriltouq, un vieil ennemi de Gengis, et des Merkit dirigés par Toqto’a-béki qui avait retrouvé ses fils. Cela se passa sur les bords de l’Onon [12]. Les forces combinées des Kéraït et des mongols de Genghis Khan furent gagnantes de cet affrontement.
Cependant, les Tayitchi’out n’en avaient pas fini. Ils trouvèrent plusieurs alliés et devinrent 2 fois plus nombreux que les fidèles de Gengis Khan. Il vint encore une fois en aide à son allié près de l’Onon.
En 1201, Djamuqa avait recommencé les hostilités envers Gengis Khan. Une coalition impressionnante formée des tribus Djadjirat, Tayitchi’out, Ikiräs, Qorolas, Saldji’out, Dörbat, Suldus, Qatagin, Bésut, Merkit, Oïrat [13] et finalement des Tatar s’opposera à Genghis Khan en nommant Djamuqa " Khan Universel ". Il décide de se joindre à nouveau à Gengis.
Toghril et Gengis Khan allèrent dans la vallée appelée la vallée du Kérulèn et gravirent les monts Khingan [14]. Ils livrèrent un combat en défensive qui fut très difficile et périlleux. Après que l’ennemi ait replié ses forces, il revint à la Toula [15] avec ses guerriers
Gengis et Toghril revinrent aux monts Khingan, mais cette fois ci dans la portion sud, et firent face aux hommes nouvellement dirigés par Gutchugudun. Encore une fois, les pentes abruptes, les arbres et différents obstacles naturels ralentissaient considérablement les ennemis de Toghril et Gengis et le combat se gagna petit à petit.
En 1203, Ilqa prit le commandement des Kéraït et Toghril eut un rôle moins important auprès de la tribu. Ilqa était ambitieux. Djamuqa, Altan et Qoutchar le persuadèrent d’éliminer Gengis Khan. Ilqa tenta de l’assassiner, échoua, puis affronta les hordes de Gengis en un combat acharné dans lequel il fut blessé.
Toghril était présent et assuma le commandement, mais il était plus ou moins en condition de combattre lui-même étant donné son âge avancé et retira ses hommes du combat. Après cette bataille qui fut appelée " Bataille des Sables Brûlants ", Gengis reçut l’aide des Qonggirat [16] qui l’avaient affronté durant la première bataille de Kérulèn pour ensuite fuir Djamuqa. Gengis Khan envoya des ambassadeurs pour demander la paix car il souhait renouer d’amitié avec Toghril. Ilqa, choisissant maintenant pour son père, rejeta la demande.
Gengis Khan attaqua les Kéraït par surprise. 8000 cavaliers mongols sous ses ordres foncèrent sur l’ennemi. Quelques Kéraït abandonnèrent presque immédiatement alors que d’autres, plus loyaux, firent face aux guerriers mongols durant 3 jours mais finirent par se rendre. Toghril, honteux et désemparé, fuit chez les Naïman du nord mais ne fut pas reconnu par ces derniers et fut assassiné.