Selon la tradition, il est né dans une famille noble désargentée. Placé sous la garde de l’un de ses frères, il devint porcher. Il fut ensuite recueilli par un autre de ses frères, archiprêtre de Ravenne, qui le plaça à l’école. En signe de gratitude, il accola alors à son prénom celui de son frère, Damien. L’enfant accomplit des progrès rapides, au point d’aller à l’université, d’abord à Ravenne, puis à Faenza, puis à Parme. Il devint lui-même professeur de rhétorique.
Devenu adulte, il se découvre une vocation d’ermite et se retire en 1035 à Fonte Avellana [1], fondé quelques années plus tôt par Romuald de Ravenne, fondateur des camaldules [2]. Il rédigera par la suite une Vita Romualdi en 1042. Il se distingua alors par la rigueur des pénitences qu’il s’infligeait. En 1043, il devint le prieur du monastère. Il s’engagea avec vigueur dans le mouvement de réforme promu par les papes, notamment Grégoire VII. Il devint célèbre pour la vigueur de ses sermons contre la simonie [3] et le nicolaïsme [4]. En 1051, il rédigea le “Livre de Gomorrhe”, où il dénonçait les vices du clergé et en particulier les prêtres homosexuels, dont il exige le renvoi de l’Église. Léon IX refuse toutefois d’accéder à sa requête, ce qui poussa Pierre Damien à écrire une lettre de protestation. Il se montra également opposé à la réordination des prêtres hérétiques.
Il prit part à de nombreux synodes. En 1058, il fut élevé à la dignité de cardinal évêque d’Ostie par Étienne IX. À la mort de ce dernier, il prend parti contre l’antipape Benoît X. Il fut ensuite contraint de retourner à son ermitage. En 1059, il fut envoyé comme légat dans l’archevêché de Milan, où régnait la simonie et où la plupart des prêtres étaient mariés. Avec l’aide des Patarins [5], il rétablit l’ordre et obtint la soumission de l’archevêque et du clergé local. Il prit part à la condamnation de Bérenger de Tours, opposé à la transsubstantiation [6]. Au 3ème synode du Latran, il fait adopter le canon interdisant aux fidèles d’entendre la messe d’un prêtre marié ou concubin.
En 1072, il est pris de fièvre au retour d’un voyage à Ravenne. Il meurt au monastère de Sainte-Marie des Anges [7].
Son œuvre consiste surtout en une imposante correspondance,158 lettres et des sermons, 75. Il est également l’auteur d’hagiographies [8] et de traités.