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Theophylaktos Lekapenos dit Théophylacte de Constantinople

mardi 7 septembre 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 13 novembre 2011).

Theophylaktos Lekapenos dit Théophylacte de Constantinople (917-956)

Patriarche de Constantinople du 2 février 933 jusqu’à sa mort en 956

Patriarcat œcuménique de ConstantinopleFils de l’empereur Romain 1er Lécapène et de sa femme Théodora . Romain a prévu de le faire patriarche dès la mort de Nicolas Mystikos, il fut tonsuré et ordonné sous diacre.

Le 25 décembre 924, jour où ses frères Étienne et Constantin furent couronnés co-empereurs. À la mort de Nicolas, comme il ne peut pas encore lui succéder en raison de son âge, l’empereur fait installer comme patriarche le vieux métropolite [1] d’Amasée [2] sous le nom d’ Étienne II .

Malheureusement pour les plans de Romain 1er, Étienne II meurt dès le 18 juillet 927. L’empereur choisit alors le 27 décembre un moine nommé Tryphon de Constantinople , connu pour l’austérité de ses mœurs, qu’on ordonne patriarche pour un temps convenu. Lorsque le délai qu’il a lui-même fixé est accompli, Tryphon refuse d’abandonner son siège. Son abdication est finalement obtenue en août 931, grâce à une tromperie de l’évêque Théophane de Césarée.

Théophylacte n’a encore que 14 ans et il faut une véritable campagne diplomatique pour venir à bout de la résistance du synode. L’empereur Romain doit faire pression sur les évêques dont l’ordination a été différée et demander l’appui du pape Jean XI dont les légats viennent introniser le nouveau patriarche le 2 février 933 après une vacance du siège de près de 2 ans.

Il soutient les desseins politiques de son père et poursuit l’œcuménisme ecclésiastique, conservant des contacts étroits avec les patriarcats grecs d’Alexandrie [3] et d’Antioche [4].

Après l’éviction du pouvoir de Romain 1er le 20 décembre 944 et de ses 2 fils le 27 janvier 945, il doit ensuite couronner Romain II co-empereur. Théophylacte est le seul membre masculin de la famille des Lécapène, outre l’eunuque bâtard Basile, à être maintenu en poste. L’empereur Constantin VII accepte de conserver Théophylacte sur son siège malgré les nombreux écarts qui lui sont reprochés selon les chroniqueurs.

À la fin des années 940, Théophylacte envoie des missionnaires chez les Hongrois pour essayer d’appuyer les efforts de la diplomatie impériale. À peu près au même moment, il donne des conseils à son neveu par alliance, le tsar [5] Pierre 1er de Bulgarie , au sujet de la nouvelle hérésie bogomile [6]. Il introduit des éléments théâtraux dans la liturgie byzantine, ce qui n’est pas unanimement approuvé dans son entourage par le clergé conservateur.

Théophylacte est le 3ème et dernier patriarche de Constantinople à être le fils d’un empereur et le seul à l’être devenu au cours du règne de son père.

Son patriarcat, d’un peu plus de 23 ans, est d’une longueur inhabituelle. Il meurt le 27 février 956.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Bernard Flusin (traduction) et Jean-Claude Cheynet (annotations) (trad. du grec ancien), Jean Skylitzès. Empereurs de Constantinople, Paris, P. Lethielleux, coll. « Réalités byzantines » (no 8), 2003, 466 p. (ISBN 2-283-60459-1)

Notes

[1] Métropolite est un titre religieux porté par certains évêques des Églises d’Orient. À l’origine, le métropolite est l’évêque d’une capitale de province (métropole) romaine investi de la charge de présidence des conciles ou synodes provinciaux. Dans l’Église d’Occident, on prit l’habitude de dire « métropolitain » pour désigner un archevêque assurant un rôle de coordination entre les évêques titulaires des sièges qui composent la province ecclésiastique. En Orient on utilise le terme de métropolite qui, au cours de l’histoire, est souvent synonyme d’archevêque.

[2] Amasya est la ville capitale de la province turque de même nom. Amasya est la ville natale du grand historien et géographe grec Strabon et de Saint Théodore d’Amasée. Sous le nom d’Amasée ou Amasia elle était la capitale de la province de Diospontus ou Hélénopont, créée par Dioclétien et rattachée au diocèse du Pont.

[3] Le titre de patriarche d’Alexandrie est traditionnellement porté par l’évêque d’Alexandrie (en Égypte). L’Église d’Alexandrie est l’une des plus anciennes de la Chrétienté. Aujourd’hui, trois chefs d’Église, dont une catholique, portent le titre de patriarche d’Alexandrie. Le chef de l’Église catholique copte qui réside au Caire, le chef de l’Église copte orthodoxe qui réside à Alexandrie et le primat de l’Église grecque-catholique melkite, résidant à Damas en Syrie qui porte le titre de Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem des Melkites.

[4] Le patriarcat grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient est une juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe appelée aussi Église orthodoxe d’Antioche. Le patriarche, chef de cette Église, administre directement l’archidiocèse grec-orthodoxe d’Antioche et de Damas, résidant depuis le 14ème siècle à Damas (aujourd’hui capitale de la Syrie).

[5] Le mot tsar désigne un souverain de Russie (de 1547 à 1917), de Bulgarie (de 893 à 1422), et de Serbie (de 1346 à 1371).

[6] Le bogomilisme était un mouvement chrétien hétérodoxe né au 10ème siècle, aujourd’hui disparu dont le nom vient du prêtre bulgare Bogomil. Il s’est développé en Bulgarie, puis en Serbie et ensuite en Bosnie, influençant une grande partie des Balkans. Les empereurs byzantins eurent une attitude ambiguë à son égard, parfois le réprimant, parfois l’utilisant à leur profit. Inspiré par les gnostiques chrétiens et le manichéisme, il fut considéré comme une hérésie par l’Église catholique et par l’Église orthodoxe qui l’ont violemment combattu. Le bogomilisme a par ailleurs longtemps été considéré, si ce n’est comme en étant à l’origine, du moins comme ayant contribué à l’apparition du catharisme. Toutefois, les recherches les plus récentes ont radicalement remis en cause l’origine supposément orientale de la dissidence religieuse qui se manifeste dans le sud-ouest de la France à la fin du 12ème siècle, un consensus se dégageant désormais pour la considérer comme un mouvement occidental