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Abû Abd Allâh Muhammad V al-Hasan

mercredi 26 mars 2025, par lucien jallamion

Abû Abd Allâh Muhammad V al-Hasan (mort en 1549)

Il succède à son père Abû Abd Allâh Muhammad IV al-Mutawakkil comme sultan hafside [1] de Tunis [2] en 1526. Il est détrôné en 1543 par son fils Abû al-Abbâs Ahmed III al-Hafsi.

Rencontrant Charles Quint à Augsbourg [3] en 1548, il s’allie avec lui pour déloger le corsaire Turgut Reis dit Dragut qui avait fait de la ville de Mahdia [4] son repaire. Il meurt en 1549, avant la reconquête de la cité, sans doute empoisonné par des émissaires de son fils Ahmed dit Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi .

En 1526, à la mort du sultan Abû Abd Allâh Muhammad al-Mutawakkil , le plus jeune de ses fils usurpe le trône grâce aux intrigues de sa mère. Le nouveau souverain fait massacrer ses 2 frères aînés alors que le troisième, Rachid, parvient à fuir vers Alger [5] où il est bien accueilli par le beylerbey [6] Khayr ad-Din Barberousse, qui voit dans l’arrivée du jeune prince l’occasion de mettre en exécution ses projets concernant le trône de Tunis.

Barberousse annonce alors au prince qu’il soutient ses prétentions à la couronne et le persuade de se rendre avec lui à Istanbul [7] pour plaider sa cause devant le sultan ottoman Soliman le Magnifique. Mais il fait jeter le jeune prince hafside en prison et obtient du sultan, qui vient de le nommer capitan pacha* ( [8]) d’Alger, les moyens navals et militaires nécessaires à la conquête de Tunis afin d’y établir la souveraineté ottomane.

Le 19 août 1534, Barberousse jette l’ancre devant La Goulette [9] avec son importante flotte et fait aussitôt répandre le bruit qu’il est accompagné de Rachid, le prince légitime, qu’il souhaite placer sur le trône hafside. Dès que la population de Tunis a connaissance de cette nouvelle, elle prend d’assaut les palais du sultan Abû Abd Allâh Muhammad al-Hasan qui a tout juste le temps de s’enfuir. Une délégation de notables se rend alors à La Goulette pour recevoir et introniser le prince Rachid que Barberousse prétend avoir amené avec lui. Mais ce dernier fait débarquer 9 000 hommes et s’empare de la kasbah de Tunis [10]. Il y proclame la déchéance de la dynastie hafside et l’établissement de l’autorité ottomane dont il se déclare le représentant à Tunis.

Malgré le soulèvement des habitants, l’artillerie ottomane rend vite Barberousse maître de la situation alors que les Tunisiens dénombrent 3 000 morts et plusieurs centaines de blessés. Barberousse décrète une amnistie générale dont l’effet d’apaisement lui permet de faire occuper Kairouan [11] sans violence. Il s’empresse alors de renforcer les défenses de Tunis et de La Goulette, en y employant des Maures [12] et des milliers d’esclaves chrétiens.

Abû Abd Allâh Muhammad al-Hasan réussit à gagner à sa cause Charles Quint profondément irrité par la présence ottomane au Maghreb. Celui-ci prend alors personnellement le commandement d’une expédition forte de 400 navires et 33 000 hommes à laquelle participent l’Espagne, l’Ordre de Malte [13], le Saint-Siège [14] et le Portugal [15].

Le 16 juin 1535, ces forces débarquent entre Carthage [16] et La Goulette et assiègent la citadelle ainsi que Tunis. Le 4 juillet, La Goulette tombe aux mains de Charles Quint qui réinstalle Abû Abd Allâh Muhammad al-Hasan sur le trône.

En 1542, Abû Abd Allâh Muhammad al-Hasan traverse la Méditerranée pour recruter des mercenaires à Naples [17] afin de lutter contre une communauté religieuse armée occupant la ville de Kairouan. Là-bas, il apprend que son fils Ahmed s’est rebellé contre lui. Revenu à Tunis au début de 1543, il est capturé par son fils.

Il se réconcilie avec les occupants de Kairouan, qui sont désormais en butte à une menace ottomane, car Dragut a conquis Mahdia. Il voyage en Europe en 1548, rendant visite au pape Paul III et obtenant une entrevue avec Charles Quint à Augsbourg, où il se présente en tenue traditionnelle, un bandeau sur les yeux. Celui-ci lui accorde son aide pour chasser Dragut de Mahdia, mais Abû Abd Allâh Muhammad al-Hasan décède avant que l’expédition ne parvienne à reconquérir la cité.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Abû `Abd Allâh Muhammad V al-Hasan/ Portail de la Tunisie/ Catégories : Hafsides

Notes

[1] Les Hafsides sont une dynastie d’origine berbère masmoudienne qui gouverne puis règne sur l’Ifriqiya, constituée par le Constantinois, la Tunisie et la Tripolitaine, entre 1207 et 1574. C’est sous leur règne que Tunis prendra de l’importance, à la suite de l’installation des souverains dans la ville, au détriment notamment de Kairouan. Étroitement liés aux Almohades, au nom desquels ils gouvernent l’Ifriqiya à partir de 1207, les Hafsides deviennent indépendants sous Abû Zakariyâ Yahyâ en 1236 et se maintiendront au pouvoir jusqu’à l’annexion de la Tunisie par l’Empire ottoman en 1574.

[2] Tunis est la ville la plus peuplée et la capitale de la Tunisie. Elle est aussi le chef-lieu du gouvernorat du même nom depuis sa création en 1956. Située au nord du pays, au fond du golfe de Tunis dont elle est séparée par le lac de Tunis, la cité s’étend sur la plaine côtière et les collines avoisinantes. Son cœur historique est la médina. Bourgade modeste placée dans l’ombre de Carthage, Kairouan puis Mahdia, elle est finalement désignée comme capitale le 20 septembre 1159, sous l’impulsion des Almohades, puis confirmée dans son statut sous la dynastie des Hafsides en 1228 et à l’indépendance du pays le 20 mars 1956.

[3] Augsbourg est une ville allemande située dans le Land de Bavière, en Souabe bavaroise, sur la Route romantique.

[4] Mahdia est une ville côtière tunisienne située au centre-est du pays, à environ 200 kilomètres au sud de la capitale Tunis.

[5] La régence d’Alger est une appellation historique de l’Algérie, alors État d’Afrique du Nord, intégré à l’Empire ottoman tout en étant autonome, dont l’existence, de 1516 à 1830, a précédé la colonisation de l’Algérie par la France. La régence d’Alger, fondée par les frères corsaires Arudj et Khayr ad-Din Barberousse, fut gouvernée par des sultans puis des beylerbeys, des pachas, des aghas et des deys. La Régence s’étendait à l’origine dans des limites allant de La Calle à l’Est aux Trara à l’ouest et d’Alger à Biskra, et s’est ensuite déployée jusqu’aux actuelles frontières septentrionales orientale et occidentale de l’Algérie. Elle était formée par trois beyliks qui se trouvaient sous l’autorité des beys : Constantine à l’est, Médéa dans le Titteri et Mazouna, puis Mascara et Oran à l’ouest, et qui étaient subdivisés en outan (cantons) avec à leur tête des caïds relevant directement du bey. Il y avait aussi une quatrième entité sous le contrôle direct du sultan qui comprenait Alger, le Dar Es-Soltane.

[6] Beylerbey (anciennement beglerbeg, littéralement « émir des émirs » est une haute distinction des pays musulmans du Proche-Orient (et leurs dépendances) utilisée durant le Moyen Âge et l’époque moderne. Désignant initialement un commandant en chef, le terme qualifia de plus en plus au fil du temps le gouverneur d’une ou plusieurs provinces

[7] Istanbul ou Istamboul, appelé officiellement ainsi à partir de 1930 et auparavant Byzance et Constantinople, est la plus grande ville et métropole de Turquie et la préfecture de la province homonyme, dont elle représente environ 50 % de la superficie mais plus de 97 % de la population

[8] c’est-à-dire grand amiral de la flotte) et beylerbey* (c’est-à-dire régent

[9] La Goulette est une ville tunisienne cosmopolite qui accueille le principal port de Tunis, capitale du pays. Elle est située à une dizaine de kilomètres au nord-est de cette dernière. Commandant l’accès au lac de Tunis, La Goulette joue pendant des siècles un rôle militaire important. Occupée par les Turcs, elle est conquise en 1535 par l’armée de Charles Quint (qui compte 400 vaisseaux et 30 000 hommes) lors de la bataille de Tunis. La forteresse de la Carraca, qui existe toujours, est édifiée par les Espagnols puis agrandie par les Turcs lorsque, en 1574, ils reprennent la ville. La population goulettoise est, au départ, composée exclusivement de Turcs et de Maures. Mais la cité se développe à partir du milieu du 18ème siècle en tant que quartier, par extension, de la capitale à la suite de l’arrivée, d’abord modeste, d’immigrés provenant de Malte et de Sicile attirés par les perspectives de travail liées aux activités maritimes et portuaires.

[10] La kasbah de Tunis, parfois orthographiée casbah ou qasba selon différentes translittérations de l’arabe, est un quartier de Tunis, capitale de la Tunisie. À l’origine citadelle fortifiée au sein de la vieille ville, d’où son appellation de « citadelle », elle est le symbole et le siège du pouvoir tout au long de son existence jusqu’à nos jours.

[11] Kairouan, dont le nom signifie étymologiquement « campement », est une ville du centre de la Tunisie et le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Elle se situe à 150 kilomètres au sud-ouest de Tunis et cinquante kilomètres à l’ouest de Sousse. Elle est souvent considérée comme la quatrième ville sainte de l’islam. Jusqu’au 11ème siècle, la ville a été un important centre islamique de l’Afrique du Nord musulmane, l’Ifriqiya. Avec sa médina et ses marchés organisés par corporations à la mode orientale, ses mosquées et autres édifices religieux

[12] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole.

[13] L’origine de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem remonterait à la fin du 11ème siècle dans l’établissement des marchands amalfitains à Jérusalem et la création d’hôpitaux, d’abord à Jérusalem, puis en Terre sainte, d’où leur nom d’« Hospitaliers ». À la suite de donations, ils vont posséder des établissements, prieurés et commanderies dans toute l’Europe catholique. À l’instar des Templiers, il assume rapidement une fonction militaire pour défendre les pèlerins qu’il accueille sur les chemins de Jérusalem, puis pour combattre les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte. Après l’expulsion des Croisés de Terre sainte en 1291, l’Ordre s’installe à Chypre avant de conquérir l’île de Rhodes en 1310 et de devenir une puissance maritime pour continuer à être le rempart de la chrétienté contre les Sarrasins. À la suite de la disparition de l’ordre du Temple en 1314, les Hospitaliers reçoivent les biens des Templiers, ce qui fait d’eux l’ordre le plus puissant de la chrétienté. Expulsé de Rhodes en 1523 par la conquête turque, l’Ordre s’installe à Malte en 1530, dont il est considéré comme le souverain par décision de Charles Quint. Avec sa flotte maritime de guerre, l’Ordre se transforme en une puissance politique qui prend de plus en plus d’importance en Méditerranée centrale jusqu’à la bataille de Lépante en 1571 et jusqu’aux premiers traités des royaumes d’Europe avec les Ottomans. Après quoi il se consacre surtout à des opérations de guerre de course et transforme Malte en magasins d’échanges du commerce méditerranéen avec une quarantaine reconnue dans tous les ports de Méditerranée. En 1798, Bonaparte expulse le grand maître et les chevaliers de l’archipel maltais au nom de la République française. L’Ordre qui s’était placé sous la protection de Paul 1er de Russie, une majorité de chevaliers s’exilent à Saint-Pétersbourg et élisent le tzar comme grand maître en 1798.

[14] Le Saint-Siège ou Siège apostolique est une personne morale représentant le pape et la curie romaine. C’est un sujet de droit international qui entretient des relations diplomatiques avec les États et qui est membre d’organisations internationales ou y est représenté. Son existence remonte à celle de la papauté ainsi qu’à la structuration, à partir du 11ème siècle, de la curie romaine et d’une diplomatie pontificale. Celle-ci a d’abord été faite de relations diplomatiques entre le pape et les souverains, rois et empereurs, puis avec les États modernes à mesure de leur constitution dans l’histoire. Sur le plan du droit international, le Saint-Siège existe aujourd’hui comme « sujet de droit primaire » à l’égal des États, c’est-à-dire qu’il est reconnu par les États mais ne doit pas son existence à cette reconnaissance. L’existence du Saint-Siège est liée à la personne du pape et non pas à un territoire. Ainsi, le Saint-Siège est resté un sujet de droit international entre 1870, date de la fin des États pontificaux, et 1929, date de l’instauration de l’État du Vatican par les accords du Latran. Le Saint-Siège et le Vatican sont deux entités distinctes bien qu’elles aient l’une et l’autre le pape à leur tête. Le Vatican se compose du Saint-Siège, entité spirituelle et de l’État de la cité du Vatican, entité temporelle. Le lien entre ces deux entités est le pape, chef du spirituel et du temporel, disposant du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire). Les représentants du Saint-Siège auprès des États et des organismes internationaux sont les nonces ou des délégués apostoliques.

[15] Le royaume de Portugal est le régime politique du Portugal de 1139 à 1910. Cet État situé dans la partie occidentale de la péninsule Ibérique est également connu sous le nom de royaume du Portugal et des Algarves après 1415 et sous le nom de Royaume-Uni du Portugal, du Brésil et des Algarves entre 1815 et 1822. Le Portugal est une monarchie traditionnelle et absolue jusqu’en 1822. Il alterne ensuite entre l’absolutisme et la monarchie constitutionnelle de 1822 à 1834, avant d’adopter définitivement le constitutionnalisme en 1834. L’ancêtre de l’État portugais est le comté de Portugal, établi en 868 par Vímara Peres, un vassal du roi des Asturies, dans le cadre de la Reconquista. Le comté devient une partie du royaume de León en 1097, et les comtes portugais s’affirment comme les dirigeants d’un royaume indépendant au 11ème siècle, après la bataille de São Mamede en 1128 et le couronnement du roi Alphonse Ier en 1139. Le royaume est gouverné par la dynastie alphonsine jusqu’à la crise de 1383-1385, après quoi la monarchie passe entre les mains de la dynastie jeanine. Au même siècle, le Portugal noue une alliance avec l’Angleterre par un traité en 1373, ce qui constitue à ce jour l’alliance diplomatique et militaire la plus ancienne de la planète. Au cours des 15ème siècle et 16ème siècle, les découvertes portugaises établissent un vaste empire colonial. De 1580 à 1640, le Portugal est en union personnelle avec l’Espagne des Habsbourgs. Après la guerre de Restauration de 1640 à 1668, le royaume passe de la maison de Bragance puis à la maison de Bragance-Saxe-Cobourg et Gotha. À partir de cette époque, l’influence du Portugal commence à décliner, mais il reste encore une puissance majeure en raison de sa colonie la plus importante, le Brésil.

[16] Carthage est une ville tunisienne située au nord-est de la capitale Tunis. L’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui l’une des municipalités les plus huppées du Grand Tunis, résidence officielle du président de la République, regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs ou de richissimes fortunes tunisiennes et expatriées. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart avec quelques éléments puniques,

[17] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.