Adon de Jouarre (vers 600-670)
Fondateur du monastère de Jouarre
Issu d’une famille noble, alliée à celle de sainte Fare , la fondatrice du monastère de Faremoutiers [1]. Fils aîné de saint Authaire et de la première épouse de celui-ci, Aiga, riche propriétaire. Authaire, grand fonctionnaire à la cour de Clotaire II, fonde des monastères sur ses terres, autour de la demeure familiale, la Villa Vulciacum [2].
Les frères d’Adon sont Dadon et Radon : Dadon, qui fondera le monastère de Rebais [3], prendra le nom d’Ouen lorsqu’il deviendra évêque de Rouen [4] et Radon fondera le monastère de Reuil-en-Brie [5]. Les deux aînés, Adon et Dadon, encore enfants, auraient rencontré saint Colomban, qui aurait séjourné chez eux durant l’hiver 610-611. À l’école du palais royal, les trois frères acquièrent une grande culture.
Adon est quelque temps référendaire à la cour, puis mène une vie de solitaire, suivant la règle de Colomban [6]. Il fonde un ermitage à Jouarre [7], sur ses propres terres, au lieu-dit “Saltus jotrum”, vaste plateau dominant la vallée de la Marne [8] et celle du Petit Morin [9]. En 625, il invite des moines de Luxeuil [10] à le rejoindre. Parmi eux, ses neveux : Ebrégisile, futur évêque de Meaux [11] et Agilbert, futur évêque de Paris [12].
Jouarre [13], richement doté par Adon lui-même, est donc tout d’abord un monastère d’hommes. Quelques années plus tard, il devient monastère double, sous la direction d’une abbesse, sainte Théodechilde (ou Telchilde), nièce ou tout au moins parente d’Adon. La belle-mère d’Adon, sainte Mode, sa sœur sainte Balde sa nièce sainte Aguilberte rejoignent la communauté de femmes.
Adon meurt à Jouarre en 670. Il est enterré dans la crypte Saint-Paul, près du monastère. Son sarcophage est découvert en 1978.
Notes
[1] Située à quelques kilomètres à l’ouest de la ville de Coulommiers, l’abbaye Notre-Dame de Faremoutiers est fondée à l’époque mérovingienne vers 620 par sainte Fare. Le symbole héraldique de la double crosse, figurant encore sur le blason de la commune de Faremouriers, rappelle que Notre-dame de Faremoutiers a eu le rang d’abbaye royale. Cette abbaye était un monastère double, le premier du genre en France, accueillant moines et moniales. Deux fois détruit, il a connu plusieurs états architecturaux successifs, dont on peut voir aujourd’hui, à côté des bâtiments contemporains, des pans de fondations médiévales.
[2] qui donnera naissance à Ussy-sur-Marne
[3] Dans les années 630, Dadon (saint Ouen) fonde le monastère de Rebais, sur les terres de chasse du roi Dagobert 1er, près d’un torrent nommé Resbac. Il en confie la charge à Saint Aile (ou saint Agile), fils d’Arnoald, membre de la cour de Childebert II. La ville devient alors le siège de l’abbaye Saint-Pierre de Resbacum.
[4] L’archidiocèse de Rouen est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Érigé au 3ème siècle, le diocèse de Rouen est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain au 5ème siècle. C’est le siège primatial de Normandie, premier dans l’ordre de préséance dans la province de Normandie. Saint Mellon qui était probablement un disciple de saint Nicaise, devint le premier évêque de Rouen. L’archevêque de Rouen est primat de Normandie et porte aussi les titres de comte de Dieppe, Louviers, Aliermont et Douvrend, vicomte de Déville, baron de Fresne-l’Archevêque, seigneur de Gisors, Neaufle, Gaillon, Bouteilles, Cliponville, Envronville
[5] Reuil-en-Brie est une commune française située dans le département de Seine-et-Marne
[6] Rédigée entre 591 et 610 à l’intention des monastères continentaux d’Annegray, Luxeuil et Fontaines que le roi mérovingien Gontran lui avait demandé de réformer ; elle insiste sur les vertus des moines. Cette règle est d’abord en vigueur à l’abbaye de Luxeuil, la première fondée par saint Colomban en 594 puis à celles de Lure et de Fontaine-lès-Luxeuil. Lorsque Colomban doit quitter Luxeuil, il s’établit à Eustaise, puis fonde les monastères de Bobbio et 18 autres : abbaye de Jouarre, abbaye de Remiremont. La règle connaît un certain succès, et près de 90 monastères l’adoptent : soit fondations des disciples de Colomban (comme Attala, Gall et Colomban le Jeune), soit imitation. Elle est de même utilisée par des monastères féminins ou doubles. Mais, extrêmement sévère, parfois imprécise, elle est modifiée ou abandonnée : dès 628, la règle de saint Benoît est associée à celle de saint Colomban dans les monastères qui en relèvent. En 745, le concile des Francs, dirigé par saint Boniface de Mayence, préconise l’adoption de la règle bénédictine pour tous les monastères du royaume. La règle n’est jamais utilisée dans les îles Britanniques. Cependant, lors de sa réforme au 9ème siècle, saint Benoît d’Aniane reprend quelques articles de la règle de saint Colomban qu’il incorpore à la règle de saint Benoît.
[7] Jouarre est une commune française située dans le département de Seine-et-Marne
[8] La Marne est une rivière française située à l’est du Bassin parisien et longue de 514,26 km. Elle représente à ce titre la plus longue rivière de France. C’est le principal affluent de la Seine : elle prend sa source sur le plateau de Langres, à Balesmes-sur-Marne, sur la commune de Saints-Geosmes (Haute-Marne) et se jette dans la Seine entre Charenton-le-Pont et Alfortville (Val-de-Marne) dans le quartier de Conflans-l’Archevêque. Son nom est intégré à celui de quatre départements français.
[9] Le Petit Morin est une rivière de France, dans les départements de la Marne, de l’Aisne et de Seine-et-Marne, affluent de la rive gauche de la Marne, et donc sous-affluent de la Seine.
[10] Le monastère Saint-Pierre et Saint-Paul de Luxeuil est situé à Luxeuil-les-Bains au Sud-Est des Vosges. Il a été fondé en 590 par saint Colomban, ce qui a permis à Luxovium, importante cité à l’époque romaine mais déserte car complètement ruinée par les invasions barbares, de revivre. Les Sarrasins la pillent en 732, mais Charlemagne la relève et la règle de Saint-Benoît remplace celle de Saint-Colomban.Ce monastère était renommé pour son scriptorium, actif dès le milieu du 7ème siècle, et probablement le lieu de naissance de la première écriture calligraphique en minuscules, avec une ornementation marginale empruntée à la grammaire décorative de l’Irlande.
[11] Le diocèse de Meaux (en latin : Dioecesis Meldensis) est un diocèse de l’Église catholique en France, suffragant de l’archidiocèse métropolitain de Paris. Érigé au 4ème siècle, il est un des diocèses historiques d’Île-de-France. Il couvre le département de Seine-et-Marne.
[12] L’archidiocèse de Paris est le principal archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. L’évêché de Paris aurait été créé au 4ème siècle. Selon la tradition, Paris aurait été évangélisée par saint Denis, premier évêque de la ville, mais le premier évêque de Paris attesté est Victorin (Victorinus) cité en 346. L’évêché n’a pendant plusieurs siècles qu’une importance relative dans le royaume, Sens ou Reims ayant un rôle primordial dans la partie nord
[13] L’abbaye Notre-Dame de Jouarre, fondée au 7ème siècle, est une abbaye bénédictine située à Jouarre dans le département de Seine-et-Marne, en Île-de-France. Une communauté de moniales bénédictines l’anime de nos jours. Elle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.