Il aurait étudié auprès d’un disciple de Zi Si , petit-fils de Confucius. Se posant en défenseur des stricts enseignements du maître, il a combattu sans relâche les hérésies extrémistes des disciples de Mozi et de Yang Zhu . Sillonnant la Chine chaotique des Royaumes combattants [1] à la recherche d’un sage-roi capable de restaurer la paix, il a rencontré un grand nombre de princes de cette époque et leurs entretiens sont consignés dans le livre qui porte son nom, “le Mencius”, l’un des Quatre Livres formant, avec les Cinq Classiques [2], le corpus néo-confucianiste [3] tel que défini par Zhu Xi , le grand réformateur des Song [4]. Il est appelé Maeng-ja en Corée, et ’Môshi’ au Japon.
Bien qu’il soit considéré traditionnellement comme son continuateur le plus orthodoxe, Mencius adapte aux réalités de son temps les enseignements de Confucius. Il utilise des arguments polémiques et défend que l’homme est né avec un sens moral inné, les circonstances seules l’empêchant de révéler cette bonté naturelle. Xun Zi, autre grand confucianiste pré-impérial, défendra l’inverse un peu plus tard.
On raconte que la mère de Mencius déménagea 3 fois pour trouver un voisinage convenable à l’éducation de son fils. Dans le quartier des fossoyeurs, Mencius enfant creusait des tombes miniatures, dans celui des abattoirs, il tuait les petits animaux ; ils finirent par s’installer près d’une école.
Une autre anecdote tout aussi édifiante dans la carrière du jeune Mencius est souvent racontée aux enfants en Asie du Sud-Est. Un jour, sa mère, ayant élu domicile dans un endroit convenable pour l’éducation de son fils, était à son ouvrage. Elle vit le jeune garçon rentrer de l’école plus tôt que prévu. Sans mot dire, elle prit les ciseaux et coupa le beau morceau de tissu qu’elle était en train de réaliser. Le jeune Mencius lui demanda pourquoi ce geste de destruction d’un si bel ouvrage ! Ce à quoi sa mère rétorqua : C’est exactement ce que tu es en train de faire ! Aussitôt, l’enfant se confondant en excuses, retourna à l’école et devint le grand philosophe Mencius.
Les enseignements de Mencius, présentés sous forme de dialogues, sont réunis dans un ouvrage en 7 livres dont chacun porte le titre du principal interlocuteur, prince ou disciple. L’ouvrage a été traduit plusieurs fois en français.
La pensée de Mencius s’arc-boute sur l’idée que la nature de l’homme est fondamentalement bonne. La preuve de cette bonté, Mencius la voit dans le fait que tout un chacun tentera spontanément d’aider un enfant en détresse tombé dans un puits. Ce qui nous fait affirmer que tout homme est doué de compassion, c’est que toute personne qui apercevrait aujourd’hui un petit enfant sur le point de tomber dans un puits, éprouverait en son cœur panique et douleur, non pas parce qu’il connaîtrait ses parents, non pas pour acquérir une bonne réputation auprès des voisins ou amis, ni non plus par aversion pour les hurlements de l’enfant.
Parmi les principes de l’éducation morale mencienne on trouve : préserver sa bonté naturelle, maîtriser ses désirs matériels, chercher ses défauts afin de s’améliorer, se repentir et se corriger si on a commis une faute, développer la grandeur naturelle de l’âme et la volonté.