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Mencius de son nom personnel Meng Ke

mercredi 27 novembre 2024, par lucien jallamion

Mencius de son nom personnel Meng Ke (vers 380-289 av. jc)

Penseur chinois confucéen

Il aurait étudié auprès d’un disciple de Zi Si , petit-fils de Confucius. Se posant en défenseur des stricts enseignements du maître, il a combattu sans relâche les hérésies extrémistes des disciples de Mozi et de Yang Zhu . Sillonnant la Chine chaotique des Royaumes combattants [1] à la recherche d’un sage-roi capable de restaurer la paix, il a rencontré un grand nombre de princes de cette époque et leurs entretiens sont consignés dans le livre qui porte son nom, “le Mencius”, l’un des Quatre Livres formant, avec les Cinq Classiques [2], le corpus néo-confucianiste [3] tel que défini par Zhu Xi , le grand réformateur des Song [4]. Il est appelé Maeng-ja en Corée, et ’Môshi’ au Japon.


Bien qu’il soit considéré traditionnellement comme son continuateur le plus orthodoxe, Mencius adapte aux réalités de son temps les enseignements de Confucius. Il utilise des arguments polémiques et défend que l’homme est né avec un sens moral inné, les circonstances seules l’empêchant de révéler cette bonté naturelle. Xun Zi, autre grand confucianiste pré-impérial, défendra l’inverse un peu plus tard.

On raconte que la mère de Mencius déménagea 3 fois pour trouver un voisinage convenable à l’éducation de son fils. Dans le quartier des fossoyeurs, Mencius enfant creusait des tombes miniatures, dans celui des abattoirs, il tuait les petits animaux ; ils finirent par s’installer près d’une école.

Une autre anecdote tout aussi édifiante dans la carrière du jeune Mencius est souvent racontée aux enfants en Asie du Sud-Est. Un jour, sa mère, ayant élu domicile dans un endroit convenable pour l’éducation de son fils, était à son ouvrage. Elle vit le jeune garçon rentrer de l’école plus tôt que prévu. Sans mot dire, elle prit les ciseaux et coupa le beau morceau de tissu qu’elle était en train de réaliser. Le jeune Mencius lui demanda pourquoi ce geste de destruction d’un si bel ouvrage ! Ce à quoi sa mère rétorqua : C’est exactement ce que tu es en train de faire ! Aussitôt, l’enfant se confondant en excuses, retourna à l’école et devint le grand philosophe Mencius.


Les enseignements de Mencius, présentés sous forme de dialogues, sont réunis dans un ouvrage en 7 livres dont chacun porte le titre du principal interlocuteur, prince ou disciple. L’ouvrage a été traduit plusieurs fois en français.

La pensée de Mencius s’arc-boute sur l’idée que la nature de l’homme est fondamentalement bonne. La preuve de cette bonté, Mencius la voit dans le fait que tout un chacun tentera spontanément d’aider un enfant en détresse tombé dans un puits. Ce qui nous fait affirmer que tout homme est doué de compassion, c’est que toute personne qui apercevrait aujourd’hui un petit enfant sur le point de tomber dans un puits, éprouverait en son cœur panique et douleur, non pas parce qu’il connaîtrait ses parents, non pas pour acquérir une bonne réputation auprès des voisins ou amis, ni non plus par aversion pour les hurlements de l’enfant.

Parmi les principes de l’éducation morale mencienne on trouve : préserver sa bonté naturelle, maîtriser ses désirs matériels, chercher ses défauts afin de s’améliorer, se repentir et se corriger si on a commis une faute, développer la grandeur naturelle de l’âme et la volonté.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire de Mencius. Traduction d’André Lévy, You Feng, 2003, (ISBN 978-2842791476),

Notes

[1] La période des Royaumes combattants, s’étend en Chine, du 5ème siècle av. jc à l’unification des royaumes chinois par la dynastie Qin en 221 av. jc. Ce nom lui est donné tardivement, par référence aux Stratagèmes des Royaumes combattants, ouvrage portant sur cette période. Elle correspond dans la chronologie dynastique à la fin de la période des Zhou orientaux (771-256 av. jc). Cette chronologie, qui repose sur l’historiographie traditionnelle, ne correspond pas nécessairement à la datation précise des évolutions sociales, politiques, économiques et culturelles : ce qui caractérise les Royaumes combattants date principalement du début du 4ème siècle av. jc.

[2] L’étude des Quatre Livres (à partir du 13ème siècle) et des Cinq Classiques (à partir du 2ème siècle av. jc) était obligatoire pour les étudiants qui souhaitaient devenir fonctionnaires. La rédaction, la compilation ou le commentaire des Cinq classiques étaient attribués à Confucius. Toute discussion politique était émaillée de références à cette base commune et il n’était pas possible de devenir lettré, ou même officier militaire, sans les connaître à la perfection.

[3] Le néoconfucianisme est un courant philosophique extrême-oriental qui prit son essor sous la dynastie chinoise Song et devint la version officielle du confucianisme du 14ème siècle jusqu’au tout début du 20ème siècle, malgré la concurrence du courant Hanxue à partir de la dynastie Qing. Le canon des Quatre Livres proposé par Zhu Xi, son principal promoteur, constituait la base des examens impériaux. Le néoconfucianisme pénétra au Vietnam, au Japon et en Corée, jouant un rôle particulièrement important dans ces deux derniers pays, où il reçut parfois une interprétation originale. Il est connu en Chine sous divers noms désignant ses multiples branches à différentes époques, dont les deux principales sont l’École du Principe et l’École de l’Esprit. Au 20ème siècle, Feng Youlan (1895–1990) créa la Nouvelle École du principe Xin Lixue. Les penseurs néoconfucéens ont popularisé à partir des 16 et 17ème siècles le symbole taijitu, représentation du concept de taiji du Livre des Mutations, parfois appelé en Occident « symbole taoïste ».

[4] La dynastie Song est une dynastie qui a régné en Chine entre 960 et 1279. Elle a succédé à la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes et a été suivie par la dynastie Yuan. Il s’agit du premier gouvernement au monde à émettre des billets de banque. Cette dynastie a également vu la première désignation du vrai Nord à l’aide d’une boussole. L’histoire de la dynastie Song se divise en deux périodes distinctes : les Song du Nord et les Song du Sud. Durant la période des Song du Nord (960-1127), la capitale est la ville septentrionale de Bianjing (actuelle Kaifeng) et l’empire s’étend sur la plus grande partie de la Chine historique. La période des Song du Sud (1127-1279) est la période durant laquelle les Song perdent le Nord de la Chine au profit de la dynastie Jin. À cette époque, la cour impériale se réfugie au sud du fleuve Yangzi Jiang et la nouvelle capitale est établie à Lin’an (actuelle Hangzhou). Bien que la dynastie ait perdu le contrôle du berceau traditionnel de la civilisation chinoise au bord du fleuve Jaune, son économie ne s’effondre pas pour autant, le Sud de la Chine abritant 60 % de la population de la Chine et la majorité des terres les plus fertiles de la région. La dynastie Song du Sud a considérablement développé et professionnalisé sa force navale pour défendre ses eaux et ses frontières et pour mener des expéditions maritimes vers l’étranger. Pour repousser les Jin et plus tard les Mongols, les Song ont développé des technologies militaires révolutionnaires, notamment l’usage de la poudre à canon. En 1234, la dynastie Jin est défaite par les Mongols qui mettent la main sur le Nord de la Chine.