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Michiel Adriaenszoon de Ruyter

lundi 18 novembre 2024, par lucien jallamion

Michiel Adriaenszoon de Ruyter (1607-1676)

Amiral hollandais

Ruyter a combattu pendant les 3 premières Guerres anglo-néerlandaises [1] et a remporté plusieurs victoires. De plus, il a été actif dans divers conflits sur la mer Baltique [2] et contre les pirates de la mer Méditerranée, alternativement au service de son pays ou d’armateurs privés. Gravement blessé pendant la bataille d’Agosta [3], le 22 avril 1676, il expire à terre quelques jours plus tard.


Michiel de Ruyter est né à Flessingue [4]. Fils de Adriaen Michielszoon et de Aagje Jansdochter. Il est devenu marin à l’âge de 11 ans en 1618 et il combat lors du siège de Bergen-op-Zoom [5] en 1622. Il rejoint ensuite la flotte marchande et travaille comme agent d’une compagnie marchande à Dublin [6] entre 1623 et 1631. Il se marie en 1631 avec Maayke Velders, la fille d’un fermier, mais son épouse meurt quelques mois plus tard en donnant naissance à une fille, qui meurt elle aussi trois semaines plus tard. Entre 1633 et 1635, il participe comme officier à des expéditions de chasse à la baleine. En 1636, il épouse en secondes noces, Neeltje Engels, la fille d’un riche bourgeois.

De 1637 à 1640, il commande un navire chargé de pourchasser les corsaires dunkerquois et, le 4 novembre 1641, il est commandant en troisième lors d’une action au cours de laquelle une flotte néerlandaise repousse une flotte espagnole au large du Cap Saint-Vincent [7]. Jusqu’en 1651, où il décide de terminer sa carrière de capitaine-marchand, chasseur de pirates et de baleines, il fait de nombreux voyages au Spitzberg [8], en mer Baltique, au Maroc et aux Antilles.

Sa deuxième épouse meurt en 1650 après lui avoir donné 4 enfants. Il conclut en janvier 1652 un 3ème mariage avec Anna van Gelder. Sa nouvelle femme exige qu’il choisisse la vie à terre mais, en 1652, alors que vient d’éclater la première guerre anglo-hollandaise, les États généraux des Provinces-Unies [9] font appel à lui.

Après avoir initialement refusé, il décide de s’engager pour convoyer les navires marchands qui franchissent la Manche. Au cours de la guerre, Ruyter prouve sa valeur sous les ordres de l’amiral Maarten Tromp, gagnant la bataille de Plymouth*. Après la mort de Maarten Tromp, à la bataille de Scheveningen*, il décline le commandement de la flotte néerlandaise pour la laisser à un amiral ayant plus d’ancienneté que lui.

Le 2 mars 1654, il accepte de devenir vice-amiral de l’Amirauté d’Amsterdam [10] et s’installe dans cette ville avec sa famille. De juillet 1655 à mai 1656, il opère sur la côte des Barbaresques [11], capturant plusieurs pirates locaux. En 1659, il est envoyé dans la mer Baltique pour protéger les bateaux de commerce et aider le Danemark, allié des Provinces-Unies, à combattre la Suède.

Il commande le corps expéditionnaire néerlandais qui participe à la libération de Nyborg [12] et, reçu par le roi Frédéric III de Danemark, se lie d’amitié avec lui. De 1661 à 1663, il escorte des convois marchands en Méditerranée. Une année avant que la deuxième Guerre anglo-néerlandaise [13] ne commence, il combat la flotte anglaise au large de la Guinée [14], reprenant les possessions néerlandaises occupées par les Anglais, puis il mène en 1665 un raid dans les Antilles et capture plusieurs navires mais renonce à attaquer New York [15] à cause des dommages subis par ses propres vaisseaux.

À son retour aux Provinces-Unies, la deuxième Guerre anglo-néerlandaise a éclaté et il accepte le commandement suprême de la flotte néerlandaise le 11 août 1665, au grand dam de Cornelis Tromp qui s’attendait à recevoir cet honneur. Il remporte la bataille des Quatre Jours en 1666 [16] mais échappe de justesse au désastre lors de la bataille de North Foreland [17], échec qu’il reproche à Tromp, obligeant celui-ci à démissionner. Il tombe ensuite gravement malade mais se rétablit à temps pour diriger le raid sur la Medway [18], en 1667, qui mène les Néerlandais aux portes de Londres et oblige l’Angleterre à signer la paix. Il échappe à une tentative d’assassinat de la part d’un partisan de Tromp qui tente de le poignarder en 1669 et reste à terre de 1667 à 1671 sur l’ordre de Johan de Witt qui ne veut pas qu’il risque sa vie en mer.

Lors de la troisième Guerre anglo-néerlandaise, ses victoires contre la flotte anglo-française, pourtant supérieure en nombre, à la bataille de Solebay [19] en 1672 et aux batailles de Schooneveld [20] et du Texel [21] en 1673 permettent d’éviter l’invasion maritime des Provinces-Unies par les alliés.

Les stratégies mises au point par de Ruyter jouent un grand rôle lors de ces victoires et il est alors considéré comme le plus grand amiral de son époque.

Au mois de février 1673, le rang de lieutenant-amiral général est créé spécialement pour lui. L’année suivante, voguant à nouveau vers les Antilles, il tente de s’emparer de Fort-de-France [22] mais l’opération est un échec et il rentre en Europe.

En 1676, il prend le commandement d’une flotte conjointe avec l’Espagne dans le but d’aider les Espagnols à combattre la révolte de Messine* et se heurte à deux reprises à une flotte française commandée par Abraham Duquesne, d’abord à Stromboli*, où le combat est indécis, puis à Agosta*, le 22 avril 1676, où il est gravement blessé quand un boulet de canon lui déchiquète la jambe gauche. Il meurt le 29 avril des suites de sa blessure et son corps est ramené aux Provinces-Unies.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Ronald Prud´homme van Reine, Rechterhand van Nederland, Biografie van Michiel Adriaanszoon de Ruyter, Arbeiderspers,‎ 1996

Notes

[1] Les guerres anglo-néerlandaises sont une série de quatre guerres au 17ème siècle et au 18ème siècle entre l’Angleterre puis le Royaume de Grande-Bretagne et les Provinces-Unies. Leur enjeu est le contrôle des échanges commerciaux internationaux ; de ce fait, la quasi-totalité des combats sont menés sur mer.

[2] La mer Baltique est une mer intracontinentale et intérieure de 364 800 km² située dans le Nord de l’Europe et reliée à l’océan Atlantique par la mer du Nord. Elle communique au sud-ouest avec la mer du Nord par le Cattégat et le Skagerrak. Trois golfes principaux intègrent cet espace : le golfe de Botnie au nord, le golfe de Finlande à l’est et le golfe de Riga au sud-est.

[3] La bataille d’Agosta est une bataille navale qui a lieu le 22 avril 1676, à proximité d’Agosta, au large des côtes siciliennes. Elle oppose, dans le cadre de la guerre de Hollande une flotte française commandée par Abraham Duquesne à une flotte combinée, espagnole et hollandaise, commandée par don Francisco de la Cerda et Michiel de Ruyter. Elle est connue aussi sous les noms de bataille du Mont-Gibel et bataille de Famagouste. Le port d’Agosta, connu actuellement comme Augusta, est situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Syracuse, sur la côte est de la Sicile.

[4] Flessingue, est une commune et une ville néerlandaise dotée d’un important port de commerce située sur l’ancienne île de Walcheren, en Zélande. Avec sa position stratégique entre l’Escaut et la mer du Nord, Flessingue a été un port important durant des siècles. Au 17ème siècle, la ville fut le port principal pour les bateaux de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.

[5] Le siège de Berg-op-Zoom de 1622, est un épisode de la guerre de Quatre-Vingts Ans. Le 18 juillet 1622, le général espagnol Ambrogio Spinola met le siège devant la ville néerlandaise de Berg-op-Zoom. Les Espagnols doivent lever le siège le 2 octobre, en raison des constructions défensives récentes et de l’intervention du stathouder Maurice de Nassau, prince d’Orange.

[6] Dublin est la plus grande ville de l’île d’Irlande et de l’Irlande, dont elle est la capitale (la capitale de l’Irlande du Nord est Belfast). La ville est située sur la côte orientale de l’île et au centre du comté de Dublin.

[7] Le cap Saint-Vincent est un cap dans la municipalité portugaise de Sagres, dans l’Algarve. Ce cap est le point le plus au sud-ouest de l’Europe. Un phare et un monastère y ont été construits. À proximité, se trouve la forteresse de Sagres.

[8] Spitzberg, en norvégien Spitsbergen, est une île de Norvège située dans le Svalbard, un archipel formant un territoire de ce pays.

[9] Les états généraux (en néerlandais Staten Generaal) constituaient le corps souverain suprême des institutions républicaines des Provinces-Unies créées par l’Union d’Utrecht de 1579 jusqu’à la révolution batave de 1795. Composés d’une délégation par province (Hollande, Frise, Zélande, Utrecht, Gueldre, Groningue, Overijssel), les états généraux se révélaient être un instrument législatif pour la mise en commun de certaines politiques militaires et navales, de politiques étrangères ainsi que religieuses. De plus, la Généralité pourvoyait à l’administration de certains territoires (pays de la Généralité) issus de conquêtes ultérieures à l’Union (Brabant des États, les Flandres des États, Maastricht, etc.) ou tout simplement jugés trop pauvres pour constituer une province en tant que telle (Drenthe). À ne pas confondre avec les états provinciaux qui détenaient alors la majorité des pouvoirs dévolus aux États modernes.

[10] L’amirauté d’Amsterdam est la plus importante des cinq amirautés hollandaises actives à l’époque des Provinces-Unies. L’administration des différentes amirautés était fortement influencée par les intérêts provinciaux. Le territoire sur lequel l’amirauté d’Amsterdam était responsable était limité à la ville même, la région de Gooi, les îles de Texel, Vlieland et Terschelling, la province d’Utrecht, la partie d’Arnhem située en Gueldre et le Graafschap de Zutphen. Amsterdam devint la plus importante de toutes les amirautés hollandaise, compensant souvent les déficiences des autres amirautés. Lorsque le Comité tot de Zaken der Marine (en français : Comité des affaires navales) remplace les Collèges des amirautés, le 27 février 1795 dans le cadre des réformes menées par la République batave, les fonctionnaires furent conservés, contrairement aux officiers qui furent renvoyés.

[11] L’adjectif « barbaresques » date des années 1500 et provient d’Italie, provenant du mot « barbare » (au sens d’étranger, parlant une langue incompréhensible) et désignant sans référence particulière l’Afrique du Nord. Utilisé peu de temps, il est revenu, sous la plume de nombreux auteurs et dans les dictionnaires, puis dans le langage courant, pour désigner en particulier les pirates et corsaires musulmans maghrébins et ottomans qui opéraient depuis l’Afrique du Nord, basés principalement dans les ports d’Alger, de Tunis, de Tripoli, et de Salé

[12] La bataille de Nyborg a lieu le 14 novembre 1659 pendant la première guerre du Nord, et voit la victoire d’une armée constituée de Danois, d’Impériaux, de Brandebourgeois et de Polonais sur les Suédois.

[13] La Deuxième Guerre anglo-néerlandaise, opposant le royaume d’Angleterre et les Provinces-Unies, se déroula de 1665 à 1667. Elle faisait suite à la Première Guerre anglo-néerlandaise, qui s’était conclue par une victoire britannique. Tout comme la première, la deuxième guerre anglo-néerlandaise avait pour principal enjeu la maîtrise des principales routes commerciales maritimes, sur lesquelles la Hollande exerçait alors une nette domination.

[14] La Guinée se trouve sur la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest. Le mot Guinée s’applique à toute une région de l’Afrique de l’Ouest, qui s’étend le long du golfe de Guinée et jusqu’au Sahel au nord. Il est présent dans le nom de trois autres pays : la Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Pour la distinguer de ces autres pays, la Guinée est parfois appelée Guinée-Conakry (du nom de sa capitale, Conakry).

[15] New York est la plus grande ville des États-Unis en nombre d’habitants et l’une des plus importantes du continent américain et du monde. Elle se situe dans le Nord-Est du pays, sur la côte atlantique, à l’extrémité sud-est de l’État de New York. La ville de New York se compose de cinq arrondissements appelés boroughs : Manhattan, Brooklyn, Queens, le Bronx et Staten Island.

[16] La bataille des Quatre Jours est une bataille navale de la deuxième guerre anglo-néerlandaise qui se déroula du 11 au 14 juin 1666 (1er au 4 juin selon le calendrier julien alors en usage en Angleterre), au large des côtes flamandes et de l’Angleterre.

[17] La bataille de North Foreland, connue dans l’historiographie britannique comme la bataille de la Saint-Jacques (en anglais : St. James’s Day Battle) et dans l’historiographie néerlandaise comme la bataille des Deux Jours (en néerlandais : Tweedaagse Zeeslag), eut lieu le 4 et 5 août 1666 (les 25 et 26 juillet selon le calendrier julien alors en usage en Angleterre), pendant la deuxième guerre anglo-néerlandaise, entre la flotte des Provinces-Unies, commandée par l’amiral Michiel de Ruyter, et la flotte d’Angleterre, commandée par le prince Rupert.

[18] Le raid sur la Medway, parfois appelé bataille de la Medway ou bataille de Chatham, eut lieu du 9 au 14 juin 1667 au cours de la deuxième guerre anglo-néerlandaise. Les Néerlandais, sous les ordres du lieutenant-amiral Michiel de Ruyter, bombardèrent et prirent Sheerness, remontèrent la Tamise en brisant les chaînes bloquant l’accès au fleuve jusqu’à Gravesend, puis la rivière Medway jusqu’à Chatham, où ils brûlèrent trois navires de commerce et dix navires de la Royal Navy et s’emparèrent du Unity et du Royal Charles, navire amiral et orgueil de la flotte anglaise. Ce raid, généralement considéré comme la plus grande victoire navale néerlandaise et la pire défaite navale anglaise, mit fin à la guerre, et le traité de Bréda, favorable aux Néerlandais, fut signé le 31 juillet 1667.

[19] La bataille navale de Solebay eut lieu le 7 juin 1672. Ce fut la première bataille de la guerre de Hollande. Une flotte de 75 navires des Provinces-Unies, commandée par l’amiral Michiel de Ruyter, Willem Joseph de Gand et Adriaen Banckert, surprend la flotte franco-anglaise, forte de 93 vaisseaux, qui se trouvait à l’ancre à Solebay (Suffolk), sur la côte est de l’Angleterre.

[20] La première bataille de Schooneveld, également appelée bataille des bancs de Flandre, est une bataille navale qui eut lieu le 7 juin 1673, un an jour pour jour après la bataille de Solebay, pendant la guerre de Hollande. Elle voit la victoire de la flotte des Provinces-Unies, commandée par Michiel de Ruyter, sur la flotte combinée franco-anglaise, commandée par le prince Rupert.

[21] La bataille du Texel est une bataille navale qui a lieu le 21 août 1673 pendant la guerre de Hollande entre la flotte anglo-française et la marine de la république des Provinces-Unies. Deux mois après les batailles de Schooneveltd et de Walcheren (14 juin), les flottes ennemies se rencontrent à nouveau au large des côtes des Provinces-Unies. Malgré leur supériorité numérique, les Alliés essuient une nouvelle défaite face à la flotte de l’amiral Michiel de Ruyter.

[22] Fort-de-France est une commune française, chef-lieu de la Martinique. Fort-de-France a changé plusieurs fois d’appellation : les Français baptisent le site du nom de Cul-de-Sac Royal (1635-1672), il devient la paroisse puis la ville de Fort-Royal (1672-1793) avant de devenir Fort-de-la-République ou République-Ville à la suite de la Révolution (1793-1794). La ville redevient Fort-Royal (1794-1807) et enfin Fort-de-France depuis 1807.