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Gisolf ou Gisulf 1er de Salerne

jeudi 7 novembre 2024, par lucien jallamion

Gisolf ou Gisulf 1er de Salerne (vers 930-977)

Prince de Salerne de 946 à 973 et de 974 à 977

La "Forte La Carnale" ( la Polveriera ) à Salerne, ItalieFils cadet du prince Guaimar II de Salerne né de sa seconde épouse Gaitelgrime de Capoue une fille d’ Aténolf II de Bénévent . Il est associé à son père en mai 933 après la mort de son demi-frère aîné Guaimar III et il lui succède en juin 946.

Après son avènement en 946 Landolf IV de Capoue et Jean III de Naples tentent de s’emparer de Salerne [1] mais ils sont repoussés par les habitants alliés à Amalfi [2]. Gisolf règne ensuite sur la principauté de Salerne [3] dans une totale indépendance de Byzance [4].

En 956 L’Empire byzantin [5] envoie une flotte en Italie avec une armée prélevée sur les thèmes de Thrace [6] et de Macédoine [7] sous le commandement du patrice [8] Marianos Argyre , nommé stratège de Calabre [9] et de Longobardie [10]. Marianos réprime les révoltes, rétablit l’influence impériale en Campanie [11], Gisolf doit se soumettre et recevoir le titre de Patrice comme avant lui son père et son grand-père. Dès que le stratège quitte la Campanie pour poursuivre l’offensive contre la Sicile [12] musulmane où il s’empare de Taormine [13], le titre de Patrice est oublié comme la vassalité envers Byzance.

En 968 Gisolf est reçu également à Capoue par Othon 1er du Saint Empire comme les autres princes locaux mais comme vassal nominal de Byzance il conserve une indépendance de fait entre les deux empires.

Le faible Gisolf constitue des apanages au profit de son oncle Landolf de Conza, un cousin du prince de Capoue, chassé plusieurs années auparavant de la principauté et qui s’était réfugié d’abord à Naples [14] puis à Salerne.

Landolf et ses fils reçoivent d’importants domaines en Campanie et en Lucanie [15] (Conza, Marsi, Sarno) et forment bientôt un parti hostile au prince Gisolf.

Au cours de l’été 973 avec l’appui de Naples et d’Amalfi rivaux traditionnels de Salerne une conjuration se met en place. Gisolf est arrêté et emprisonné à Amalfi pendant que Landolf se proclame prince de Capoue et associe son fils aîné, Landolf II.

Pandulf Tête de Fer intervient immédiatement il oblige les Amalfitains à relâcher Gisolf et il le rétablit à Salerne en mai/juin 974. Gisolf est désormais à la merci de son puissant protecteur qui s’associe au trône et comme Gisolf est sans enfant il associe d’abord puis, avec son épouse Gemma, désigne comme successeur à sa mort en novembre/décembre 977 Pandolphe II de Salerne , le second fils de Pandolf Tête de Fer. Avec lui s’éteint la lignée des Dauferidi [16].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Patricia Skinner, Politics and Piracy : Urban Life in Medieval Italy, 800-1400. Extracts from the Chronicon Salernitanum, Trans, 2001

Notes

[1] Salerne, en italien Salerno, est une ville italienne de la province de Salerne en Campanie. Capitale de la principauté de Salerne de 861 à 1076, elle fut prise en 1077 par Robert Guiscard. Choisie par les Normands comme capitale de l’Italie du Sud au 11ème siècle, la ville fut le creuset du style « normand arabo-byzantin » Salerne accueillit la plus ancienne université de médecine d’Europe, la Schola Medica Salernitana, la plus importante source de savoir médical en Europe au début du Moyen Âge.

[2] Amalfi puissance maritime était comme Capoue intéressée à limiter le pouvoir de sa rivale Salerne

[3] La principauté de Salerne était une principauté indépendante de l’Italie du Sud de 851 à 1076. Elle est issue de la sécession depuis le duché de Bénévent en 839, c’est-à-dire de la partie méridionale du Royaume lombard appelée Lombardie mineure.

[4] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[5] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[6] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[7] Le thème de Macédoine est un thème byzantin (une province civile et militaire) fondé vers 790. En dépit de son nom, il n’est pas situé sur le territoire de la Macédoine actuelle mais dans la région de Thrace. Sa capitale est Andrinople.

[8] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis. Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.

[9] La région de Calabre, plus couramment appelée la Calabre, est une région d’Italie située à l’extrême sud de la péninsule. La capitale régionale est Catanzaro et la plus grande ville Reggio de Calabre. À partir de la fin de l’Antiquité, elle n’échappe pas aux invasions barbares : elle est pillée et saccagée par les Wisigoths des rois Alaric et Athaulf (410/411). Alaric meurt sous les murailles de Cosenza et est enterré avec un important trésor dans le lit du Busento, qui arrose la ville. Le « trésor d’Alaric », qui a toujours échappé aux pillards et aux chercheurs de trésor, est toujours autant recherché. Elle est également pillée par les Vandales installés en Afrique romaine, puis passe partiellement sous la domination des Ostrogoths. Lors des guerres gothiques opposant les Ostrogoths aux Byzantins, elle est ravagée par les guerriers de Totila avant de passer sous domination byzantine, puis par des bandes de Francs et d’Alamans venus aider les Goths du nouveau roi Teias. Les Lombards pénètrent eux aussi en Calabre peu de temps après leur invasion de l’Italie et la région subit régulièrement les attaques du duché lombard de Bénévent. Le roi lombard Liutprand est peut-être à l’origine de l’actuelle ville calabraise de Longobardi, fondée vers 735, qui tire son nom du peuple lombard. À partir du 9ème siècle, elle commence à subir les incessants raids de pirates Sarrasins puis au 10ème siècle, elle est peut-être atteinte et pillée par des bandes magyares qui se sont aventurées en Italie jusqu’à Bénévent.

[10] La Longobardie est le nom byzantin désignant les territoires contrôlés par les Lombards en Italie. Aux 9 et 10ème siècles, il désigne aussi un territoire romain d’Orient au sud-est de l’Italie.

[11] La région de Campanie, plus couramment appelée la Campanie, est une région d’Italie méridionale. Elle fut associée au Latium, une des 11 régions de l’Italie romaine créées par l’empereur Auguste au 1er siècle av.jc Érigée en province à part entière au début du 4ème siècle au temps de l’empereur Dioclétien, la Campanie fut ensuite sous domination lombarde puis byzantine. Elle fut ensuite morcelée par l’indépendance que quelques-unes de ses villes adoptèrent.

[12] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[13] Taormine est une commune de la ville métropolitaine de Messine en Sicile (Italie). Les Itinéraires placent Tauromenium à 40 km de Messine et à la même distance de Catane. La ville demeure une des plus importantes villes de Sicile après la chute de l’Empire d’Occident. Grâce à sa position de force, elle fut l’une des dernières places fortes à demeurer aux mains de l’Empire byzantin dans la région. Mais la ville fut prise par les Sarrasins en 902 après un siège de 2 ans, et fut totalement détruite. La ville résista farouchement et ce n’est que sous la pression de l’émir aghlabide Ibrahim II lui-même, qui venait d’abdiquer au profit de son fils pour se consacrer à la guerre sainte en Sicile, que la cité finit par tomber

[14] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.

[15] La Lucanie fut l’un des thèmes de l’Empire byzantin situés en Italie. Crée aux alentours de 968-969, il avait comme chef-lieu Tursikon (actuelle Tursi) ou bien, selon d’autres sources, Cassano. Situé entre les thèmes de Calabre et de Longobardie, il ne comprenait pas tout le territoire de la Basilicate actuelle mais celui de la Lucanie ancienne. En fait, la Calabre tyrrhénique septentrionale en faisait partie ; son territoire était délimité par le golfe de Tarente au sud, par le mont Vultur au nord, à l’occident il s’étendait jusqu’au Tanagro et au val di Diano et, à l’orient, jusqu’au fleuve Basento.

[16] Les Dauferides étaient une noble famille lombarde, qui régna sur la principauté de Salerne et le comté de Nocera de 861 à 978, lorsque les Atenulfingi prirent le pouvoir.