Kentigern de Glasgow ou Saint Kentigern
Premier évêque de Glasgow vers 550-603 ou 614
Contemporain de saint Colomba d’Iona, il est considéré comme l’apôtre du royaume de Strathclyde [1]. La vie de saint Kentigern [2] est composée tardivement par un anonyme à la demande d’Herbert, évêque de Glasgow [3], puis par Jocelyn de Furness , un moine de l’abbaye de Furness [4], dans le comté du Lancashire [5] pour son homonyme l’évêque Jocelyn de Glasgow .
Kentigern est également connu sous le diminutif populaire de Mungo qui signifie le Bien-Aimé qui est le surnom que Servan de Culross dit saint Serf de Culross lui aurait donné. Il serait d’origine princière mais de naissance illégitime.
Kentigern serait en effet le fils d’ Owain mab Urien roi de Rheged [6] et de sainte Thanew, une fille du roi Leudonus de Gododdin [7].
Son père Owain mab Urien était déjà marié à une épouse infidèle ; Penarwen ferch Culfanawyd, selon les généalogies galloises, et sa mère fut séduite par subterfuge Owain l’aurait rencontré vêtu en femme alors qu’elle avait fait vœu de chasteté.
Chassée par son père lorsqu’il découvre sa faute Thaneu est abandonnée dans un petit bateau sur le Firth of Forth [8]. Elle accoste à Culross [9] où elle donne naissance à son enfant. Elle et son fils furent alors recueillis par l’abbé-évêque celtique Saint Serf ou Servanus qui fait l’éducation de Kentigern et lui donne son surnom.
Devenu adulte, Kentigern retraverse les eaux du Forth et est consacré par un seul évêque irlandais itinérant. Une réaction païenne dirigée par un roi nommé Morken dit Morcant de Galloway [10] peut être de la famille de Coel Hen, l’oblige ensuite à s’exiler en Ménévia [11], où il aurait rencontré David de Ménevie dit Saint Dewy, un roi “Cathwallon” et construit un monastère dans le Flintshire [12] qui porte le nom de son disciple et successeur le futur Saint Asaph .
Il aurait fait à cette époque un voyage à Rome ou son épiscopat aurait été confirmé par le pape Grégoire le Grand.
Après la Bataille d’Arfderydd en 573 [13] selon les Annales Cambriae [14], qui vit le triomphe du parti chrétien sur les partisans du paganisme, le vainqueur, Rhydderch Hael le généreux ou Hen l’ancien roi de Strathclyde, devenu le maître de la Cumbria [15], le rappelle et lui permet d’établir une abbaye ou il accueille 665 moines, puis de fonder l’évêché de Glasgow dont il demeurera le saint patron jusqu’à la Réforme.
Notes
[1] Le Strathclyde est l’un des royaumes celtes brittoniques qui résista aux Anglo-Saxons, aux Pictes, aux Scots et aux Vikings durant le haut Moyen Âge avant d’être réuni au royaume des Pictes et des Scots vers le milieu du 11ème siècle.
[2] texte hagiographique du 12ème siècle rédigé par Jocelyn moine de l’abbaye de Furness
[3] L’archidiocèse de Glasgow était l’un des treize (puis 14 à partir de 1633) diocèses de l’Église catholique d’Écosse. C’était le second plus grand diocèse du royaume, comprenant des districts de la moitié sud : Clydesdale, Tweeddale, Liddesdale, Annandale, Nithsdale, Cunninghame, Kyle, Strathgryfe et le Kirkcudbrightshire. Glasgow devint un archevêché en 1472 et obtint les diocèses de Galloway, Argyll et des îles comme suffragants. L’Église d’Écosse rompit son allégeance à Rome en 1560, mais continua d’avoir des évêques à Glasgow par intermittence jusqu’en 1689.
[4] L’abbaye est fondée en 1123 par Étienne, comte de Blois le futur roi d’Angleterre pour l’ordre de Savigny. Elle devient cistercienne en 1147, et est progressivement agrandie et remodelée. L’abbaye a eu de l’influence sur l’île de Man : l’un des rois de Man et des Îles y est enterré, ainsi que de nombreux évêques de Sodor et Man ; de plus, l’abbaye de Rushen, sur l’île, a été construite sur un terrain appartenant aux moines, qui y possédaient également des mines ; ils ont construit le château de Piel pour contrôler le commerce entre la péninsule de Furness et l’île. Se situant à une centaine de kilomètres des frontières de l’Écosse, les moines se sont retrouvés pris dans les conflits entre les Écossais et les Anglais ; lorsque Robert 1er a envahi l’Angleterre, l’abbé a choisi de le soutenir, pour ne pas perdre de son pouvoir.
[5] Le Lancashire est un comté en Angleterre. Le nom de l’ancienne ville principale du comté est Lancaster. Le chef-lieu actuel est Preston.
[6] l’un des petits royaumes bretons de ce que les Gallois appellent aujourd’hui le Hen Ogledd (le vieux nord), au nord de l’actuelle Angleterre et au sud de l’Écosse
[7] Le Gododdin était un des royaumes bretons du nord de l’île de Bretagne (Northumbrie), au nord du mur d’Hadrien et, partiellement, au sud du mur d’Antonin, qui s’était constitué après le départ des troupes romaines.
[8] Le Firth of Forth, est l’estuaire, ou firth, du fleuve écossais Forth.
[9] Culross est une commune de la côte est de l’Écosse au Royaume-Uni, dans la région côtière du Fife. À l’origine, la ville était un port sur le Firth of Forth, la tradition attribue sa fondation à Saint Serf.
[10] Sous royaume de l’Ecosse, le Galloway désigne aujourd’hui l’ancien comté de Wigtownshire (délimité par la côte à l’ouest, les collines de Galloway au nord, et le fleuve Cree à l’est) et la Stewartry of Kirkcudbright (qui s’étend du Nith au Cree, et est limité également par les collines de Galloway au Nord) dans le sud-ouest de l’Écosse, mais dont la taille a beaucoup varié au cours de l’Histoire.
[11] Pays de Galles
[12] Le Flintshire est un comté situé dans le nord-est du pays de Galles. Alors que la ville de Mold constitue son centre administratif, la principale agglomération du comté est Connah’s Quay, à l’embouchure de la Dee.
[13] La Bataille d’Arfderydd, selon les Annales Cambriae, opposa en 573 Gwenddolew ap Ceidio, roi de Caer Guendoleu à une coalition de princes bretons dirigée par le roi d’Ebrauc Peredur mab Eliffer et qui comprenait son frère Gwrgi, le roi Rhydderch Hael de Strathclyde. Gwenddolew ap Ceidio fut vaincu et tué mais Ebrauc fut affaibli et ne put résister aux Angles de Deira et de Bernicie qui le détruisirent 7 ans plus tard. La bataille aurait eu lieu à proximité de la petite ville actuelle de Longtown (Longtown, Cumbria), dans le comté de Cumbria au nord-ouest de l’Angleterre, près de Carlisle.
[14] Les Annales Cambriae sont un ensemble, compilé à partir de diverses sources, de chroniques galloises, rédigées en latin à St David’s, dans le royaume de Dyfed, au plus tard au 10ème siècle. Malgré leur nom, les Annales Cambriae ne traitent pas seulement du pays de Galles, mais également d’événements survenus en Irlande, en Cornouailles, en Écosse et en Angleterre, voire au-delà.
[15] Le comté de Cumbria est un comté non-métropolitain essentiellement rural du nord-ouest de l’Angleterre. Son nom est parfois francisé en Cumbrie. Le comté est bordé à l’ouest par la mer d’Irlande, au sud par le Lancashire, au sud-est par le North Yorkshire et à l’est par les comtés de Durham et du Northumberland (chaîne des Pennines). L’Écosse est située juste au nord.