Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Aba 1er

lundi 30 octobre 2023, par lucien jallamion

Aba 1er

Catholicos de l’Église de l’Orient de 540 à sa mort en février 552

Sa carrière est retracée dans la Chronique de Séert [1] et dans une Vie publiée par Paul Bedjan .

Né dans la localité de Hala, en Mésopotamie, dans une famille de religion mazdéenne [2], il fut d’abord secrétaire du gouverneur de sa province natale, et très attaché à sa religion d’origine, avant de se convertir au christianisme.

Une fois baptisé, il devint étudiant à l’École de Nisibe [3], puis voyagea dans l’Empire byzantin [4] avec un ami nommé Thomas d’Édesse, qui lui apprit le grec : d’abord en Palestine [5] et en Égypte, puis à Athènes [6] et Constantinople [7] entre 525 et 533.

De retour dans l’Empire perse, il songea un temps à se faire ermite, mais il devint finalement professeur de l’École de Nisibe. En 540, il fut élu catholicos [8] à l’unanimité du synode, et son élection fut simplement acceptée par le roi Khosro 1er ; ce fut un rare cas d’élection non obtenue par la fraude ou l’intrigue, et non imposée par le roi.

À son avènement, la situation de l’Église de l’Orient [9] est très préoccupante : de 523 à 535, 2 catholicos, Élisée et Narsaï, s’étaient opposés, et malgré la fin officielle du schisme, les évêques consacrés par les deux étaient restés en place, et l’Église se trouvait dotée d’une hiérarchie double. De plus, le mariage des clercs, depuis les évêques jusqu’aux moines, institué depuis 486, tendait à favoriser la constitution de dynasties épiscopales. Ainsi affaiblie, l’Église nestorienne [10] était confrontée, depuis 520 environ, à un afflux de chrétiens monophysites [11] venant de l’Empire byzantin où ils étaient persécutés ; ils se concentraient notamment à Hira [12], capitale des Arabes Lakhmides [13], clients des rois perses ; le monopole de l’Église nestorienne en territoire perse était donc sérieusement mis à mal. Comble de malheur : l’élection d’Aba 1er correspondit à la reprise de la guerre entre l’Empire perse et l’Empire byzantin, interrompue depuis 532, ce qui annonçait de nouvelles persécutions anti-chrétiennes. Ancien mazdéen converti, Mar Aba était également sûr d’attirer une hostilité particulière de la part de la hiérarchie officielle des Mages, qui s’efforçait depuis toujours de faire interdire de telles conversions.

Aba 1er commença son pontificat par un long voyage pastoral de diocèse en diocèse pour rétablir l’unité de l’Église. Il ne garda qu’un évêque par siège, choisissant le plus digne quand il y en avait un, sans parti-pris pour ceux d’Élisée ou ceux de Narsaï, et parfois déposant les deux et imposant un troisième. En 544, il tint un synode pour ratifier ce rétablissement d’une hiérarchie unique. Ce synode réinstitua en outre le célibat et la continence obligatoires pour tous les évêques. Il réglementa précisément l’élection du catholicos, assurée désormais par les 4 métropolites [14] de Beth Lapat [15], de Perat de Maïsan [16], de Karka de Beth Slok [17] et d’Erbil [18], assistés chacun par 3 évêques de leur province. D’autres mesures de réaffirmation de la discipline chrétienne furent prises, concernant notamment le mariage : interdiction de la polygamie et des unions entre parents proches. Interdiction aussi de la coutume d’origine juive du mariage avec la belle-sœur. S’agissant des moines, ils furent exclus du sacerdoce, mais permission fut donnée, ce qui n’était pas le cas auparavant, d’installer des couvents dans les villes.

Pendant ce temps, en 540, lors d’une campagne militaire foudroyante contre l’Empire byzantin, Khosro 1er s’était emparé des villes d’Alep [19] et d’Antioche [20], qu’il avait fait entièrement détruire ; les survivants furent emmenés en captivité et on construisit pour eux près de Séleucie-Ctésiphon [21] une ville nouvelle appelée La Meilleure Antioche de Khosro en 573, 292 000 Syriens y furent encore déportés. Tout cela amenait en Perse de nouveaux chrétiens d’obédience monophysite ou chalcédonienne [22]. Quant à l’Église nestorienne, elle subit des attaques : l’École de Nisibe dut fermer provisoirement ses portes dès 540 ; vers 544/545, Aba 1er fut exilé en Azerbaïdjan [23], où il resta 7 ans, et d’où il ne put revenir que peu de temps avant sa mort. Il continua à administrer son Église par le moyen de lettres dont beaucoup ont été conservées jusqu’à nos jours.

Cependant, le catholicos avait obtenu la conversion de l’émir des Lakhmides, Nouman, damant ainsi le pion, des monophysites installés en nombre à Hira, et assurant le rattachement de cette grande tribu arabe à l’Église nestorienne.

D’autre part, c’est de son pontificat que date le grand élan missionnaire de cette Église vers l’est et vers le sud. Homme d’étude, il favorisa le développement d’une École patriarcale de Séleucie-Ctésiphon, qu’il installa dans un ancien temple du feu cédé par un mage qu’il avait converti, et qui commença à concurrencer l’École de Nisibe, surtout après la fermeture temporaire de cette dernière.

Après sa mort, l’application de ses réformes fut sur certains points bien difficile : Khosro 1er imposa pour sa succession son médecin chrétien Joseph , et après la mort de ce dernier, en 567, fut élu Ézékiel , ancien élève de Mar Aba, mais homme marié, et gendre de Paul, le prédécesseur d’Aba. Cependant, Aba 1er resta dans les mémoires comme le plus grand catholicos de l’époque sassanide [24].

À sa mort il avait été inhumé à Hira, et un monastère fut fondé près de son tombeau.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Raymond Le Coz, Histoire de l’Église d’Orient, Paris, Éditions du Cerf, 1995.

Notes

[1] La Chronique de Séert, dite aussi Histoire nestorienne, est un texte historiographique ecclésiastique arabe écrit par un écrivain nestorien anonyme vers 1036, et qui appartient à la littérature de l’Église d’Orient.

[2] Le mazdéisme est une religion iranienne qui doit son nom à son dieu principal, Ahura Mazda. Le livre sacré du mazdéisme est l’Avesta.

[3] ville située aux confins des empires romain et perse, passée plusieurs fois de l’une à l’autre domination, située aujourd’hui dans le sud-est de la Turquie

[4] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[5] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[6] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès

[7] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[8] Le titre de catholicos est un titre équivalent à celui de patriarche porté par des dignitaires de plusieurs Églises orthodoxes orientales, notamment les Églises de la tradition nestorienne et les Églises monophysites, en particulier l’Église apostolique arménienne.

[9] L’Ancienne Église de l’Orient est une Église autocéphale non canonique de tradition syriaque orientale. Elle fait partie de l’ensemble des Églises des deux conciles et use du calendrier julien. Elle est née d’un schisme au sein de l’Eglise apostolique assyrienne de l’Orient en 1968 en raison de l’adoption du calendrier grégorien quatre ans plus tôt par cette dernière. Le chef de l’Église porte le titre de Catholicos-Patriarche de l’Ancienne Église de l’Orient, avec résidence à Bagdad en Irak

[10] L’Église apostolique assyrienne de l’Orient ou Sainte Église apostolique assyrienne de l’Orient est une Église autocéphale de tradition syriaque orientale. Elle fait partie de l’ensemble des Églises des deux conciles, héritière directe de l’Église de l’Orient. Le chef de l’Église porte le titre de Catholicos-Patriarche de la Sainte Église Apostolique Assyrienne de l’Orient (ou celui, plus traditionnel, de Métropolite de Séleucie-Ctésiphon, Catholicos et Patriarche de l’Orient), avec résidence à Erbil au Kurdistan (Irak). L’Église apostolique assyrienne de l’Orient est l’héritière directe de l’antique Église de l’Orient qui fut une des premières Églises chrétiennes. Selon la tradition, elle aurait été fondée par l’apôtre Thomas.

[11] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans l’Empire byzantin en réaction au nestorianisme, et ardemment défendue par Eutychès et Dioscore d’Alexandrie.

[12] Al-Hîra est une ville d’Irak située sur la rive droite de l’Euphrate à 18 km au sud-est de Nadjaf, capitale lakhmide vers 350-636, près de Koufa et Nadjaf, détruite vers 633 lors de la conquête musulmane de la Perse en 633.

[13] Les Lakhmides sont une tribu pré-islamique arabe du sud de l’Irak alliée des Perses, avec pour capitale Al-Hira. Rivaux des Ghassanides, ils faisaient partie de l’Église de l’Orient. Par contre, les souverains lakhmides ne sont pas chrétiens, à l’exception du dernier, An-Nu’man III, exécuté en 602 par les Perses. Ils sont longtemps au service de la politique perse de contrôle des tribus arabes de leur empire. Leurs revenus viennent des bénéfices commerciaux, du butin de leurs expéditions principalement contre les tribus arabes et les autres populations des confins du Shâm, et du tribut versé par les tribus arabes soumises. Après la conquête arabe, l’établissement militaire permanent des conquérants se fait à Kûfa, 6 km au nord est d’Hîra. Alî, émir de Hîra y est assassiné, selon les sources arabes. Les descendants des Lakhmides sont la famille princière Arslan. C’est une famille druze qui a toujours occupé le Mont-Liban.

[14] Métropolite est un titre religieux porté par certains évêques des Églises d’Orient. À l’origine, le métropolite est l’évêque d’une capitale de province (métropole) romaine investi de la charge de présidence des conciles ou synodes provinciaux. Dans l’Église d’Occident, on prit l’habitude de dire « métropolitain » pour désigner un archevêque assurant un rôle de coordination entre les évêques titulaires des sièges qui composent la province ecclésiastique. En Orient on utilise le terme de métropolite qui, au cours de l’histoire, est souvent synonyme d’archevêque. Dans l’Église orthodoxe d’aujourd’hui, les deux termes ont des usages distincts. Mais il faut distinguer l’usage grec, l’usage russe et l’usage roumain.

[15] L’Académie de Gondichapour était une célèbre Académie universitaire de la ville de Gundishapur qui fut, au cours de l’Antiquité tardive, le centre intellectuel de l’empire sassanide. Ainsi que l’explique la Chronique de Séert, la ville de Gundishapur est la conséquence de la déportation de la population chrétienne d’Antioche et de leur évêque Demetrianos en 270 par le roi Shapur 1er, mais l’école a commencé ses activités beaucoup plus tard. L’Académie était située dans l’actuelle province du Khuzestan, dans le sud-ouest de l’Iran, près de la rivière Karoun. Elle proposait l’enseignement de la médecine, de la philosophie, de la théologie et des sciences. Le corps professoral était versé non seulement dans les traditions zoroastriennes et perses, mais enseignait aussi les langues grecques et indiennes. L’Académie comprenait une bibliothèque, un observatoire, et le plus ancien hôpital d’enseignement connu. Selon les historiens le Cambridge de l’Iran, c’était le centre médical le plus important de l’ancien monde (défini comme le territoire de l’Europe, de la Méditerranée et du Proche-Orient) au cours des 6ème et 7ème siècles

[16] Bassora ou Bassorah ou Basra est la deuxième ville d’Irak, après Bagdad, la capitale. C’est la capitale de la province d’Al-Basra. Principal port du pays, la ville est située sur le Chatt-el-Arab, estuaire commun des fleuves Tigre et Euphrate, à 55 km en amont du golfe Persique et à 550 km de Bagdad. Bassora est, avec Koufa (située plus au nord), un ancien « misr » (au pluriel « amsar » : ville-camp), bâtie en 638 par Omar, le deuxième calife bien-guidé, lors de l’expansion musulmane. Afin de maintenir la distinction entre « croyants » (les convertis à l’islam) et les autres populations, les musulmans y vivaient. Ce confinement ethnique et religieux a, à maintes reprises, fait de la ville un lieu de bouillonnement idéologique.

[17] Kirkouk est une ville du nord de l’Irak, capitale de la province homonyme. Aujourd’hui, elle est un des plus grands centres pétroliers de l’Irak.

[18] Erbil est la capitale de la région autonome du Kurdistan, région fédérale autonome du nord de l’Irak. Elle est aussi la capitale de la province d’Erbil. Elle se trouve à 77 kilomètres à l’est de Mossoul.

[19] Alep est une ville de Syrie, chef-lieu du gouvernorat d’Alep, le gouvernorat de Syrie le plus peuplé, situé dans le Nord-Ouest du pays. Pendant des siècles, Alep a été la ville la plus grande de la région syrienne et la troisième plus grande ville de l’Empire ottoman

[20] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[21] Séleucie du Tigre est une ville antique ruinée située en Irak, en face de Ctésiphon et à trente-cinq kilomètres environ de Bagdad. Elle fut une des plus grandes cités de Mésopotamie à la fin de l’Antiquité, s’inscrivant dans l’histoire entre Babylone et Bagdad. Fondée par le successeur d’Alexandre le Grand, Séleucos 1er Nicator, elle devint rapidement une très grande ville et un centre commercial incontournable. Après son passage dans l’empire parthe des Arsacides, elle resta fortement marquée par ses origines grecques, ce qui lui donnait une place à part dans l’empire et ne doit pas cacher le caractère très cosmopolite de l’agglomération. Souvent disputée par les Romains, la grande cité déclina au 3ème siècle, concurrencée par la fondation voisine de Coche par les souverains perses sassanides.

[22] Le chalcédonisme est une doctrine christologique englobant les églises et les théologiens chrétiens qui acceptent la définition donnée au concile de Chalcédoine (451) concernant la liaison entre la nature divine et humaine de Jésus-Christ. Bien que la plupart des Églises chrétiennes modernes soient chalcédoniennes, entre le 5ème et 8ème siècle, l’ascendance du christianisme chalcédonien n’était pas toujours assurée. Les disputes dogmatiques soulevées lors du synode conduisirent au schisme chalcédonien et à la formation d’un corps d’Églises non chalcédoniennes, connues sous le nom d’Églises orthodoxes orientales ou Églises des trois conciles. Les Églises chalcédoniennes restèrent unies à Rome, Constantinople et les trois autres patriarcats grecs de l’Est (Alexandrie, Antioche et Jérusalem), et furent organisées sous Justinien II au concile in Trullo sous le nom de Pentarchie. La majorité des Chrétiens arméniens, syriens, coptes et éthiopiens rejetèrent la définition chalcédonienne, et sont rassemblées dans les Églises orthodoxes orientales. Cependant, certains Chrétiens arméniens (en particulier en Cappadoce et dans la région de Trébizonde dans l’Empire byzantin), acceptèrent les décisions du concile de Chalcédoine et prirent part à des polémiques contre l’Église apostolique arménienne. Les Églises de tradition syriaque parmi les Églises catholiques orientales sont également chalcédoniennes.

[23] Pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l’Europe et l’Asie. Sa capitale est Bakou, sa langue officielle est l’azéri et sa monnaie est le manat. Du 7ème au 10ème siècles, la région connaît un essor politique, sous les Sajides, les Chirvanchahs, les Salarides, les Ravvadides et les Cheddadides. Au 12ème siècle, après l’effondrement de l’Empire seldjoukide, les Atabegs d’Azerbaïdjan règnent depuis leur capitale de Nakhitchevan, puis d’Ardabil, et enfin de Tabriz, sur l’Azerbaïdjan iranien actuel et sur l’Arran (l’Azerbaïdjan moderne). Leur territoire est ensuite conquis par le Khwarezmchahs Jalal ad-Din au 13ème siècle, dont l’État succombe ensuite aux Mongols. Au 13ème siècle, l’Empire mongol des Khulaguides est fondé, avec sa capitale à Tabriz.

[24] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.