Fergus mac Muirchertach (mort en 566)
Co Ard ri Érenn de 565 à 566
Il apparaît comme l’un des rois Uí Néill du Nord [1] qui établissent leur hégémonie dans l’année qui suit la mort de Diarmait mac Cerbaill
Fils de Muirchertach Mac Ercae fondateur de la puissance du Cenél nEógain [2] et de Duisech une fille de Dauí Tenga Uma Uí Briúin roi de Connacht [3].
Les actes de la génération de Forggus se trouvent à la limite de l’époque où l’on commence à compiler des annales à Iona [4] dont le monastère est fondé en 563 et qui deviendra l’atelier d’origine de composition des chroniques d’Irlande [5]. Les annales relèvent une série de batailles, à partir de 547, ou, avec une date alternative, 543, et se terminent par ce qui semble avoir été l’année de la mort de Forggus en 566.
Bien que Forggus et son frère et Haut-Roi d’Irlande [6] Domnall, soient les fils de Muirchertach mac Muiredaig, également connu sous le nom Mac Ercae du Cenél nÉogain, ils sont alliés avec les dirigeants de Cenél Conaill, une autre lignée des Uí Néill du Nord, à laquelle appartenait Colomba et Adomnan.
Les combats de Forggus commencent avec la bataille de la rivière Sligo en 547 ou 543 contre Éogan Bél issu des Uí Fhiachrach, la plus puissante des lignées des Connachta [7] en dehors des Uí Néill et qui avait établi un pouvoir fort dans ce qui est maintenant le nord du Connacht, dans le comté de Sligo [8] et le comté de Mayo [9].
Forggus et son frère Domnall apparaissent alors comme les ennemis d’une lignée rivale les Connachta, très probablement des alliés antérieurs et très proches des Uí Néill. L’objet du conflit est la suzeraineté sur les Connachta. Au combat de la rivière Sligo ils défont et tuent Éogan Bél et à la suite de ce succès en 550 ils battent et tuent également deux de ses fils, Ailill Inbanda et Áed Fortobol, beaucoup plus à l’ouest, près de la baie de Clew.
La seconde mention de Forggus concerne un combat en 561 : la bataille de Cúl Dreimne qui sera entourée de légendes à la suite de l’exil de Colomba en Grande-Bretagne, mais qui est un évènement qui selon les annalistes représente un total changement d’orientation de l’activité de Forggus et de son frère Domnall.
Ils sont désormais alliés avec Ainmere mac Sétnai et Nainnid mac Duach du Cenél Conaill et avec Áed mac Echach des Uí Briúin, une autre lignée des Connachta, dont le domaine sera ensuite centré dans ce qui est le moderne comté de Roscommon [10].
Leur ennemi est l’ard ri Erenn [11] en place, Diarmait mac Cerbaill, qui règne sur le royaume de Mide [12] et celui de Brega [13]. Cette bataille représente une attaque d’éléments venant du nord et de l’ouest dans le Connacht, contre le roi, qui a réussi à s’imposer après la prise de contrôle des Midlands d’Irlande [14] par les Uí Néill.
La bataille ne permet pas aux vainqueurs de s’emparer du titre d’ard ri Erenn, la haute royauté d’Irlande qui n’est prise conjointement par Forggus et son frère Domnall seulement en 565 après que Diarmait mac Cerbaill soit tué par un prince Cruithni d’Ulaid [15].
Les deux frères commencent leur règne sous des auspices prometteurs avec une victoire en 566 sur les ennemis principaux des Uí Néill, les Hommes du Leinster [16], mais Domnall meurt la même année et son frère semble, d’après les annales fragmentaires avoir trouvé la mort à peu près au même moment.
Ils ont cependant, réussi à bâtir une alliance entre les membres des Uí Néill du Nord. Ils ont comme successeur leur allié Ainmere mac Sétnai du Cenél Conaill et ce dernier sera suivi par un nouveau règne conjoint à celui de leur frère Báetán mac Muirchertach et du fils de Domnall, Eochaid mac Domnaill
Notes
[1] Les Uí Néill étaient une grande dynastie irlandaise. Il signifiait les « descendants de Niall Noigiallach », et se rapportait à un groupe de parenté irlandais. Les Uí Néill n’étaient ni une tribu, ni une confédération de tribus, mais une dynastie, c’est-à-dire qu’ils étaient composés, dès le 6ème siècle, de quelques douzaines de personnes réparties sur un vaste territoire au nord et au centre de l’Irlande. Ils devinrent à partir de la seconde moitié du 6ème siècle la dynastie dominante de la moitié nord de l’Irlande. Ses diverses branches donnèrent un certain nombre de hauts rois d’Irlande entre les 7ème et 11ème siècles.
[2] Cenél nEógain est le nom des descendants d’Eoghan mac Néill, le fils de Niall Noígiallach ancêtre des Uí Néill., qui fonda au 5ème siècle en Ulster le royaume d’Ailech. Ce royaume s’étendait approximativement sur l’actuel comté de Tyrone, et sur certaines parties des comtés de Londonderry, de Donegal, de Fermanagh, de Monaghan et d’Armagh. En 1020, les Cenél nEógain furent pourchassés par le haut-roi Mael Seachlainn II Mór à travers le Sliab Fuait
[3] Connacht ou Connaught est une province de la République d’Irlande située à l’ouest sur la côte atlantique. La province comprend les cinq comtés de Galway, Leitrim, Mayo, Roscommon et Sligo. Après la première intervention des barons anglo-normands en Irlande Guillaume du Bourg reçoit vraisemblablement le titre de « seigneur de Connaught » mais il ne peut pas prendre possession de son domaine qui demeure entre les mains des Uí Conchobair jusqu’en 1224/1235. À cette date Richard Mor de Burgh se prévalant des droits de son père réclame l’investiture sur le Connacht. Il reçoit l’appui de son parent Hubert de Burgh qui est « Justicier d’Irlande » et qui l’autorise à effectuer une levée féodale parmi les barons normands pour conquérir le Connacht à partir de 1227. Après avoir vaincu Felim mac Cathal Crobderg Ua Conchobair roi de Connacht issu des Uí Conchobair qui ne conserve plus comme vassal du roi d’Angleterre que cinq cantons de son ancien royaume Richard de Burgh se proclama seigneur de Connaught en 1235.
[4] Iona est une petite île du nord-ouest de l’Écosse, dans les Hébrides intérieures, séparée de l’île de Mull par le détroit d’Iona. L’île, avec 4,8 km du nord au sud et 2,4 km de d’est en ouest, s’étend sur 800 hectares. Le point le plus élevé, Dun I, culmine à 101 m. En 563, saint Colomba d’Iona ou Columcille, exilé d’Irlande, a fondé un monastère sur l’île sous le double patronage de Conall mac Comgaill, roi de Dal Riada, et de Brude mac Maelchon, roi des Pictes. Sa communauté connut une belle évolution, comme en témoignent les croix savamment sculptées et les pierres tombales, mais fut décimée par les invasions nordiques au 8ème et au 9ème siècles.
[5] Les Chroniques d’Irlande est le nom moderne donné à une présumée collection d’annales ecclésiastiques, ayant enregistré les événements en Irlande entre les années 432 et 911. Plusieurs annales anciennes, existant encore maintenant, rapportent les événements dans le même ordre et avec des mots identiques jusqu’en 911, date à partir de laquelle elles poursuivent des narrations différentes.
[6] La souveraineté suprême de l’Irlande est une construction littéraire du Moyen Âge. La liste conventionnelle des individus ayant porté le titre de ard rí Érenn (« haut-roi d’Irlande » ou « roi suprême d’Irlande ») emprunte autant à la mythologie et à la légende qu’à l’histoire.
[7] Les rois de Connacht étaient les souverains de la province du Connacht, qui se trouve à l’ouest du fleuve côtier Shannon. Ce nom ne lui fut appliqué qu’au début du Moyen Âge d’après le nom de la dynastie régnante des Connachta.
[8] Le comté de Sligo est une circonscription administrative de la république d’Irlande située dans la province du Connacht sur la côte nord-ouest de l’île d’Irlande. Le comté est bordé à l’ouest par le comté de Mayo, au sud par celui de Roscommon et à l’est par celui de Leitrim. Ila une superficie de 1 836 km2
[9] Le comté de Mayo est un comté situé sur la côte ouest de l’Irlande dans la province du Connacht, à la frontière des comtés de Sligo, Galway et Roscommon.
[10] Le comté de Roscommon est une circonscription administrative de la République d’Irlande située dans la province du Connacht. Sa superficie est de 2 547 km2. La capitale de comté est Roscommon.
[11] Le Ard rí Érenn désigne, dans la mythologie celtique et l’histoire médiévale de l’Irlande, le souverain qui règne sur la totalité de l’île. Ard rí signifie « roi suprême » et « Érenn » provient de la déesse Ériu, véritable personnification du pays
[12] Mide, est le nom d’un royaume irlandais médiéval. Son nom signifiait « Milieu », du fait qu’il se trouvait au centre de l’Irlande. Le royaume de Mide incluait l’actuel comté de Meath dont le nom reprend celui du royaume, mais également le Comté de Westmeath et des parties des modernes comtés de Cavan, Dublin, Kildare, Longford, Louth et enfin Offaly.
[13] L’origine du nom du royaume de Brega est Mag Breg, la plaine de Brega, dans les actuels Comté de Meath et de Dublin. Annexé au 6ème siècle par les Uí Néill descendants de Conall Criamthain un fils de Niall Noigiallach Le royaume de Brega comprenait la Colline de Tara site où les Ard ri Érenn étalent traditionnellement proclamés
[14] Les Midlands d’Irlande sont une région du centre de l’Irlande, composée approximativement des comtés de Laois, de Leitrim, de Longford, d’Offaly, de Roscommon, de Tipperary, et de Westmeath.
[15] Les Ulaid étaient un peuple du nord-est de l’Irlande primitive, qui donna son nom à la province moderne d’Ulster
[16] Le Leinster est une des quatre provinces traditionnelles de l’Irlande. Recouvrant la partie orientale de l’île