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L’histoire pour le plaisir

Jean Cavalier

mercredi 13 septembre 2023, par ljallamion

Jean Cavalier (1681-1740)

Chefs des camisards

Son père, un paysan illettré, est contraint par la persécution de devenir catholique ainsi que sa famille. Cependant, sa mère l’élève secrètement dans la foi protestante. Il est goujat [1] de ferme, puis mitron [2] à Anduze [3]. Il doit s’exiler à Genève [4] au cours de l’année 1701 en raison de ses convictions religieuses. Il retourne dans les Cévennes [5] après l’assassinat au Pont-de-Montvert [6], de l’abbé François de Langlade du Chayla , inspecteur des missions catholiques, le 24 juillet 1702, événement qui marque le début de la guerre des Cévennes*

En quelques mois, Jean Cavalier devient le principal chef de la révolte des camisards, dont il porte dès lors l’étendard. Il se révèle être un excellent meneur d’homme et un fin tacticien militaire, avec une parfaite connaissance du pays, ce qui offre un rôle capital : le maréchal de Villars, dit de lui qu’il était aussi courageux en attaque que prudent en retraite.

Durant ces 2 années terribles que dure ce soulèvement de paysans protestants, il tient tout d’abord en échec le lieutenant général Victor-Maurice de Broglie , puis son remplaçant, le maréchal de France Nicolas Auguste de La Baume de Montrevel .

Les mois de novembre et décembre 1702 voient les premiers succès camisards. Le jour de Noël 1702, Jean Cavalier ose tenir une assemblée religieuse aux portes d’Alès [7] et met en fuite les milices locales qui viennent l’attaquer.

À Vagnas [8], le 10 février 1703, il met en déroute les troupes royales, mais, bientôt vaincu à son tour, il doit fuir. Le 29 avril 1703, après avoir convoqué une assemblée dans la vallée de Malle-Bruisse, Cavalier se retire avec une troupe de camisards près de la tour de Bilhot à proximité de Bagard [9], dont la situation semble sûre. Le secret de cette retraite est éventé, à la suite de la trahison d’un meunier, qui assure la subsistance des camisards. 100 louis d’or lui sont offerts par le maréchal de Montrevel, en échange d’informations qui permettent au brigadier de Planque de mener une attaque surprise qui se révèle victorieuse sur les camisards. Au cours de la nuit du 29 au 30 avril 1703, 300 camisards sont tués, tandis que dans les rangs de l’armée royale, 8 officiers et 12 soldats trouvent la mort.

Mais, le 14 mars 1704, 1 100 camisards commandés par Jean Cavalier remportent leur plus grande victoire : 400 à 600 soldats d’élite de la marine et 60 dragons du Roi sont mis en déroute à Martignargues [10], entre 180 et 350 soldats royaux sont tués lors de l’affrontement contre une vingtaine de morts pour les camisards. À l’annonce de cette nouvelle, Louis XIV renvoie Montrevel et nomme un autre maréchal de France, Claude Louis Hector de Villars, pour le remplacer.

Le 19 avril, à Nages [11], 2 jours avant son départ, Montrevel à la tête de 1 000 hommes bat cependant Cavalier et s’empare de son quartier général. Cavalier parvient tout de même à conserver les deux tiers de ses troupes. Aussi, le 30 avril, entame-t-il des négociations avec les Royaux. En dépit de la volonté royale de s’imposer par la force en exerçant des représailles souvent très violentes contre les huguenots cévenols par le brûlement des Cévennes, politique de la terre brûlée menée depuis septembre 1703 par l’armée royale, le charisme, l’irréductible volonté, l’absolue confiance de ses partisans et les victoires qu’il remporte, imposent Jean Cavalier comme un interlocuteur incontournable du maréchal de Villars, désireux de mettre un terme à cette sédition meurtrière.

Le 16 mai, Cavalier rencontre à Nîmes [12] le maréchal de Villars et demande l’amnistie pour lui et ses hommes, l’autorisation de quitter la France et la libération des prisonniers, la permission pour tous les religionnaires de vendre leurs biens, et demande pour lui-même un régiment dont il serait le colonel. Le 27 mai 1704, Louis XIV se montre favorable aux requêtes des camisards conduits par Cavalier. Cette capitulation n’est pas du goût des autres chefs camisards, qui poursuivent la lutte, mais privés de leur seul chef militaire d’envergure et donc sans grand succès.

Devenu colonel, Cavalier se voit attribuer une pension annuelle de 1 200 livres, mais, par crainte d’être compromis auprès de ses coreligionnaires, il quitte la France le 23 juin 1704, accompagné d’une centaine de ses fidèles compagnons d’armes.

Cavalier se met un temps au service du duc de Savoie [13], qui lui accorde de constituer et commander un régiment de camisards pour servir le roi d’Angleterre lors de la guerre de Succession d’Espagne [14]. En 1706, à la tête d’un régiment anglo-portugais composé en partie de camisards, il se bat contre la France, et échappe de peu à la mort lors de la bataille d’Almansa [15], où il est grièvement blessé et son régiment détruit, ce qui provoque sa retraite militaire.

Jusqu’en 1710, il fait la navette entre l’Angleterre et la Hollande, avant de se retirer près de Dublin [16], où il vit de la petite pension qu’il a obtenue. Il épouse une Irlandaise, Eachna Mckay.

Il lui faut attendre l’année 1735 pour être promu général de brigade. En 1738, George II, roi de Grande-Bretagne et d’Irlande, le nomme lieutenant-gouverneur de l’île de Jersey [17].

Il meurt le 17 mai 1740, dans sa demeure de Chelsea [18] au bord de la Tamise [19]. Il est enterré dans le cimetière de ce faubourg ouest de Londres.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Jean Cavalier/ Portail du protestantisme/ Catégories  : Camisard/ Personnalité jersiaise/ Militaire protestant

Notes

[1] De l’occitan gojat (« garçon, serviteur, valet »)

[2] Apprenti boulanger ou pâtissier

[3] Anduze, en occitan Andusa, est une commune française située dans le centre du département du Gard, en région Occitanie.

[4] Genève, ville suisse située à l’extrémité sud-ouest du Léman. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de Suisse après Zurich. Elle est le chef-lieu et la commune la plus peuplée du canton de Genève. Dès 1526, des marchands allemands propagent à Genève les idées de la Réforme luthérienne parmi les commerçants genevois ; la même année, Genève signe un traité de combourgeoisie avec Berne et Fribourg. Sous l’influence de Berne, Genève accepte de laisser prêcher des prédicateurs dans la ville, dont Guillaume Farel en 1532. Le 10 août 1535, la célébration de la messe catholique est interdite et, le 26 novembre, le Conseil des Deux-Cents s’attribue le droit de battre monnaie à sa place alors que la ville est à nouveau menacée par la Savoie. La Réforme est définitivement adoptée le 21 mai 1536 en même temps que l’obligation pour chacun d’envoyer ses enfants à l’école. Genève devient dès lors le centre du calvinisme et se trouve parfois surnommée la « Rome protestante »

[5] Les Cévennes forment une chaîne montagneuse faisant partie du Massif central, située entre les départements de la Lozère et du Gard, prolongeant au sud les monts du Vivarais situés en Ardèche et en Haute-Loire, et au nord les monts de Lacaune et de l’Espinouse situés en partie dans le département de l’Hérault. La dénomination inclut également, sur ses contreforts sud-est, une partie de la plaine méridionale dont fait partie le bassin alésien.

[6] Le Pont-de-Montvert est une ancienne commune française, située dans le département de la Lozère en région Occitanie, devenue, le 1er janvier 2016, une commune déléguée de la commune nouvelle de Pont de Montvert - Sud Mont Lozère. Elle était le chef lieu de l’ancien canton du Pont-de-Montvert.

[7] Alès est une commune française située dans le nord du département du Gard, en région Occitanie. Souvent considérée comme la capitale des Cévennes, elle est le siège d’une des deux sous-préfectures du Gard.

[8] Vagnas est une commune française, située dans le département de l’Ardèche en région Auvergne-Rhône-Alpes.

[9] Bagard est une commune française située dans le département du Gard, en région Occitanie.

[10] Le 14 mars 1704 se déroule la bataille du Devès de Martignargues. Les troupes royales composées de six cents fantassins et cinquante cavaliers, les meilleurs du Languedoc, commandés par l’Enseigne de Vaisseau (Lieutenant) Jacques Pierre Tuffanel de la Jonquière tentent de mettre fin à la traque de quatre cents camisards. Mais leur chef Jean Cavalier décide de leur tendre une embuscade. Celle-ci aura lieu près du hameau de Martignargues dans une ravine. Cavalier se tient au centre du chemin bien visible avec une centaine d’homme, il a auparavant dissimulé ses meilleurs tireurs sur le bas côté. Trompés par la ruse du camisard les soldats de Louis XIV se précipitent et tirent une salve, de trop loin, et ne peuvent recharger à temps. Récitant un psaume les camisards ripostent et chargent de tous côtés. Des centaines de soldats furent tués, ceux qui essayent de fuir sont assommés ou tués à coups de fourche. Grâce à cette victoire les assaillants amassent un butin considérable (armes, équipement, etc.). Cet épisode fait grand bruit à la Cour.

[11] Nages est une commune française située dans le département du Tarn, en région Occitanie. Sur le plan historique et culturel, la commune est dans le Lacaunais, un ensemble de plateaux où l’élevage de brebis laitières est prépondérant.

[12] Nîmes est une commune du sud de la France, préfecture du département du Gard en région Occitanie. Située à quelques kilomètres de la mer Méditerranée et des montagnes des Cévennes, la ville se trouve sur l’axe très fréquenté reliant la basse vallée du Rhône à la plaine languedocienne et sur l’arc méditerranéen entre Marseille et Barcelone. En 472, aux Vandales succédèrent les Wisigoths. Aux Wisigoths succédèrent les Arabo-musulmans du califat omeyyade (appelés "Sarrasins" par les occidentaux de ce temps) qui, après avoir franchi les Pyrénées en 719, prennent Nîmes en 725. Ceux-ci s’installèrent jusqu’à la reconquête de la région par Charles Martel en 737, les divers combats de ces rudes époques entraînant de très grands dommages à la cité. De Nîmes, partit un raid musulman en direction de la ville d’Autun, qui fut ravagée le 22 août 725. Ce fut certainement pendant ce temps que l’amphithéâtre fut converti en citadelle.

[13] Le duché de Savoie est un ancien duché indépendant, noyau des États de Savoie, devenu Royaume de Sardaigne en 1713, et divisé entre la France et l’Italie en 1860. Le 19 février 1416, l’empereur Sigismond 1er érige le comté de Savoie en duché de Savoie, lui offrant une autonomie politique sans précédent. Les successeurs d’Amédée VIII de Savoie portent désormais le titre de duc jusqu’à ce qu’ils deviennent rois de Sicile, puis de Sardaigne au début du 18ème siècle.

[14] La guerre de Succession d’Espagne est un conflit qui a opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, dont l’enjeu était la succession au trône d’Espagne à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol Charles II et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d’installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir réduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France, même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettaient pas une union aussi étroite que celle qui était espérée par Louis XIV. La guerre de succession donna néanmoins naissance à la dynastie des Bourbons d’Espagne, qui règne toujours aujourd’hui.

[15] La bataille d’Almansa est une bataille de la guerre de Succession d’Espagne qui s’est déroulée en 1707 à Almansa en Espagne. Pour l’anecdote, elle fut décrite comme probablement la seule bataille dans l’histoire dans laquelle les troupes anglaises étaient commandées par un Français, et les Français par un Anglais

[16] Dublin est la plus grande ville de l’île d’Irlande et de l’État d’Irlande, dont elle est la capitale (Belfast étant la capitale de l’Irlande du Nord). La ville est située sur la côte orientale de l’île et au centre du comté de Dublin. Dublin est la plus grande ville d’Irlande en importance et en nombre d’habitants depuis le haut Moyen Âge. Dublin est le centre historique, politique, artistique, culturel, économique et industriel de l’Irlande.

[17] Jersey est la plus grande des îles Anglo-Normandes, dont la capitale est Saint-Hélier. Sa superficie est de 118,2 km². Elle appartient au bailliage de Jersey. La conquête de l’Angleterre en 1066 a lié l’île pour la première fois à la Couronne d’Angleterre. En 1155, l’abbaye de Saint-Hélier a été fondée sur l’îlot à côté de l’Hermitage de Saint-Hélier. En 1204, le roi de France Philippe-Auguste conquiert la Normandie. Les îles de la Manche restent sous le contrôle de Jean sans Terre, roi d’Angleterre et duc de Normandie. Désormais, il y eut une Normandie continentale et une Normandie insulaire, séparées. Le roi d’Angleterre fut considéré comme duc de Normandie dans les îles. Les Constitutions du roi Jean Sans Terre assurent les libertés et l’autonomie des îles – c’est l’origine du gouvernement de Jersey. Le château de Mont-Orgueil est construit afin de défendre l’île contre les Français. Aujourd’hui, le château, qui domine la côte à l’est de l’île, est un grand lieu d’intérêt pour les touristes et un symbole de l’indépendance de Jersey.

[18] Chelsea est un quartier de l’ouest de Londres, sur la Tamise.

[19] La Tamise est un fleuve du sud de l’Angleterre, qui se jette dans la mer du Nord. D’une longueur totale de 346 km, c’est le plus long fleuve dont le cours se trouve entièrement en Angleterre (qui à la fois commence et finit en Angleterre) et le second plus long pour le Royaume-Uni (après la Severn). La Tamise prend sa source à Thames Head, dans le Gloucestershire, puis coule en direction de l’est, vers Oxford et Reading, puis traverse Londres, dont elle tire sa renommée et aboutit enfin dans la mer du Nord, grâce à son estuaire.