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Matthias 1er de Habsbourg

dimanche 10 septembre 2023, par lucien jallamion

Matthias 1er de Habsbourg (1557-1619)

Empereur du Saint Empire-Roi de Bohême-Roi de Hongrie sous le nom de Matthias II

Cinquième enfant de l’empereur Maximilien II du Saint Empire et de Marie d’Espagne. Bien que doté de peu de talent, il est rempli d’ambition et intrigue contre son frère Rodolphe II, alors empereur. Celui-ci, pour l’humilier, ne lui accorde ni position ni argent. Il va même jusqu’à lui refuser l’autorisation de se marier.

Pourtant à la mort de son frère Ernest d’Autriche , il reprend le titre de gouverneur de Hongrie [1]. En 1606, il signe le traité de Zsitva-Torok [2] qui légalise la partition de la Hongrie entre les Habsbourg [3], le sultan [4] Ahmet 1er et la Transylvanie [5] du prince Étienne II Bocskai .

En 1611, la santé mentale de Rodolphe II se dégradant, Matthias réussit à convaincre la famille des Habsbourg de le nommer à la tête de celle-ci et de prendre la régence de l’empire. Marchant sur Prague [6] à la tête d’une armée, il oblige son frère, Rodolphe II, à lui céder par écrit la Hongrie, la Bohême [7] et la Moravie [8].

Le 11 novembre de cette même année, Rodolphe II abdique. Matthias lui laisse le château de Prague [9], et lui verse une pension. L’année suivante, il est élu empereur du Saint Empire.

Entre-temps, il a épousé, en 1611, Anne d’Autriche (1585-1618) , sa cousine et petite cousine, avec laquelle il n’a pas d’héritier.

En 1616, suite à des pogroms organisés dans certaines villes allemandes, Matthias prend fait et cause pour les juifs maltraités et fait décapiter les meneurs de ces émeutes.

Des rumeurs concernant la comtesse Élisabeth Báthory arrivent jusqu’à ses oreilles. Il décide de la faire arrêter car celle-ci aurait fait tuer 600 jeunes filles dans le but, selon une légende postérieure, de prendre des bains dans leur sang pour conserver une beauté éternelle. Elle est enfermée jusqu’à sa mort dans son château, mais échappe à un procès du fait de sa haute noblesse.

Choisissant son cousin Ferdinand II comme successeur, il plonge ainsi l’Europe dans la guerre de Trente Ans [10].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du Petit Larousse illustré 2013, 2012 (ISBN 978-2-03-587355-2).

Notes

[1] Le royaume de Hongrie est le terme historiographique donné à différentes entités politiques de la Hongrie au Moyen Âge (à partir de 1001), à l’époque moderne et jusqu’à l’époque contemporaine (1946). La date de création du royaume remonte à l’an 1001, lorsque Étienne (István) transforme l’ancienne grande-principauté en royaume chrétien. L’unité du royaume est mise à mal lors de l’occupation ottomane d’une partie du pays en 1526, durant laquelle deux territoires se disputent la continuité royale (la Hongrie royale dominée par l’empire d’Autriche et la Hongrie orientale, prémisse de la principauté de Transylvanie). Le royaume de Hongrie recouvre l’essentiel de son territoire médiéval d’abord en 1848-1849, puis dans le cadre du compromis austro-hongrois signé en 1867 et conserve son régime après le démantèlement du pays en 1920 jusqu’à 1946, sous la forme d’une régence. Entre l’an 1001 et 1946, le royaume de Hongrie a cessé d’exister à trois reprises : en 1849, lors de la Révolution hongroise de 1848, de la République démocratique hongroise de 1918 et de la République des conseils de Hongrie de 1919. Depuis 1946, la Hongrie est une république.

[2] La paix de Zsitvatorok est un traité de paix qui a conclu la Guerre de treize ans entre l’Empire ottoman et la monarchie de Habsbourg le 11 novembre 1606. Le traité fait partie d’un système de traités de paix qui a mis un terme à l’insurrection anti-Habsbourg d’Étienne II Bocskai. Le traité est signé en Hongrie royale, à l’ancienne confluence de la rivière Zsitva (actuelle Žitava), un affluent du Danube, sur le site du village de Zsitvatorok (actuelle Žitavská Tôň) rattaché de nos jours à la commune de Radvaň nad Dunajom en Slovaquie. La paix a été signée pour 20 ans et a été interprétée de différentes manières par les historiens diplomatiques.

[3] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780.

[4] Sultan est un nom masculin, de l’arabe sulṭān : autorité, domination ou souveraineté et un titre porté par des monarques musulmans depuis l’an 1000 environ. Ce mot correspond à l’hébreu biblique (šilṭōn), qui signifie lui aussi puissance. Un territoire gouverné par un sultan est un sultanat. L’épouse ou concubine d’un sultan, ou un sultan féminin, est appelée sultane. Dans l’ancien Empire ottoman, la mère du sultan régnant est appelée sultane validé.

[5] Le territoire de la principauté de Transylvanie a varié dans le temps : son cœur historique correspond à une région située à l’est de la Transylvanie actuelle, dans le centre de la Roumanie. La toponymie laisse penser que différentes ethnies y ont cohabité entre le 3ème et le 10ème siècle. S’y succédèrent des Huns (confédération à dominante turcophone), des Gépides (germanophones), des Avars (autre confédération turcophone), des Slaves (slavonophones), des Bulgares (confédération à composantes iranienne et turque), des Iasses (Alains iranophones). Selon la Gesta Hungarorum, Gelou aurait été le premier dux des Valaques et des Slaves de Transylvanie, vaincu et tué par les Magyars au 10ème siècle en 900 ou 903, et son duché se serait soumis au traité d’Esküllő (aujourd’hui Aşchileu, au nord-ouest de Cluj), mais la fiabilité de cette source est contestée. Quoi qu’il en soit, à partir du 11ème siècle, les Magyars, peuple parlant une langue du groupe finno-ougrien venu du nord de la Mer Noire (pays d’Etelköz) et installés à la place des Avars au centre du bassin danubien, étendent progressivement leur emprise jusqu’aux chaîne des Carpates, y compris sur les montagnes de l’Est (massif du Bihor), puis sur ce qui devient alors la Transylvanie

[6] Prague est la capitale et la plus grande ville de la République tchèque, en Bohême. Située au cœur de l’Europe centrale, à l’ouest du pays, la ville est édifiée sur les rives de la Vltava. Capitale historique du royaume de Bohême, berceau du peuple tchèque, Prague connaît son apogée au 14ème siècle sous le règne du roi de Bohême et empereur germanique Charles IV qui en fait la capitale de l’Empire. Elle est alors un centre culturel et religieux de première importance, où naissent les balbutiements de la réforme protestante lorsque Jan Hus prêche contre les abus de la hiérarchie catholique et le commerce des indulgences. Brièvement redevenue capitale impériale et culturelle au tournant des 16ème et 17ème siècles sous le règne de Rodolphe II, Prague perd progressivement en importance jusqu’à la Renaissance nationale tchèque au 19ème siècle puis la création de la Tchécoslovaquie au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1918, dont elle devient la capitale.

[7] Le royaume de Bohême était un royaume situé dans la région de la Bohême, en Europe centrale, dont la plupart des territoires se trouvent actuellement en République tchèque. Devenu une possession héréditaire des Habsbourg en 1620, le royaume a fait partie du Saint Empire jusqu’à sa dissolution en 1806, après quoi il est devenu une partie de l’Empire d’Autriche, puis de l’Empire austro-hongrois.

[8] La Moravie est une région d’Europe centrale, formant aujourd’hui la partie orientale de la République tchèque. Ses villes principales sont Brno et Olomouc. Dans le premier tiers du 11ème siècle, la Moravie est rattachée à la Bohême. La Moravie est aujourd’hui entourée par la Bohême à l’ouest, l’Autriche au sud, la Slovaquie à l’est, la Silésie et la Pologne au nord.

[9] Le château de Prague est le château fort où les rois de Bohême, les empereurs du Saint-Empire romain germanique, les présidents de la République tchécoslovaque, puis de la Tchéquie, siègent ou ont siégé. Les joyaux de la couronne de Bohême y sont conservés. Le Livre Guinness des records l’a classé comme étant le plus grand château ancien du monde ; il a en effet une emprise au sol de 570 mètres de long sur 130 de large. Situé sur la colline d’Opyš et dominant la Vieille Ville de Prague et Malá Strana, cet ensemble monumental émerge d’une couronne de jardins et de toits et déploie sa longue façade horizontale d’où jaillissent les tours de la cathédrale Saint-Guy et de la basilique Saint-Georges.

[10] La guerre de Trente Ans est une série de conflits armés qui a déchiré l’Europe de 1618 à 1648. Les causes en sont multiples mais son déclencheur est la révolte des sujets tchèques protestants de la maison de Habsbourg, la répression qui suivit et le désir de ces derniers d’accroître leur hégémonie et celle de la religion catholique dans le Saint-Empire. Ces conflits ont opposé le camp des Habsbourg d’Espagne et du Saint-Empire, soutenus par l’Église catholique romaine, aux États allemands protestants du Saint-Empire, auxquels étaient alliées les puissances européennes voisines à majorité protestante, Provinces-Unies et pays scandinaves, ainsi que la France qui, bien que catholique et luttant contre les protestants chez elle, entendait réduire la puissance de la maison de Habsbourg sur le continent européen.