Septième fils de Moulay Chérif, fondateur de la dynastie alaouite [1], il se révolte à la suite de la mort de son père contre son frère Mohammed ben Cherif , qui est à la tête de la dynastie qui contrôle alors l’est et le nord du Maroc. Il réussit à le tuer puis lui succède en tant que souverain alaouite contrôlant un vaste territoire. Il s’empare ensuite de Fès [2] le 27 mai 1667, se proclame sultan, et devient le premier sultan alaouite.
Il installe son frère, le futur sultan Ismaïl ben Chérif, comme khalifa [3] à Fès et part renforcer son pouvoir au sud. Il met 2 ans pour mater les rebelles de Marrakech [4] qui contestent son autorité et pénètre dans la ville en 1669. Jusqu’à sa mort en avril 1672 des suites d’une chute de cheval à Marrakech, Rachid ben Chérif se partage entre Marrakech, Fès et Rabat [5] et reconstruit un pouvoir central. À sa mort, son frère Ismail ben Cherif lui succède à la tête du pays.
Après sa victoire contre son frère Moulay Mohammed, Rachid devient souverain de la dynastie alaouite. Il s’attaque ensuite en août 1664, à la kasbah [6] d’Aaron Ibn Mechaal, gouverneur juif et très riche de Taza [7], dans le territoire des Béni-Snassen [8]. Il exécute ce dernier, puis s’empare de tous ses biens et y enterre son frère. Il partage le butin avec les Béni-Snassen et les tribus Arabes aux alentours, puis il s’empare en 1665 de la ville de Taza sous le contrôle des Dilaïtes [9], et en fait sa capitale, puis retourne ensuite à Oujda [10], pour y recruter des hommes, organiser son armée et recevoir les serments d’obéissances et les présents des tribus.
En apprenant les massives soumissions des tribus envers Moulay Rachid, les habitants de Fès se réunissent aux côtés des Hayâïna [11], et des habitants du Houz. Ils s’engagent ainsi à ne pas prêter serment à Moulay Rachid et à le combattre. Moulay Rachid prend connaissance de tous ces faits seulement après son retour à Taza. Pendant ce temps, Mohammed Ben Mohammed Chérif, le fils de son défunt frère, se révolte à Sijilmassa [12]. Moulay Rachid se lance à l’attaque de celle-ci, puis l’assiège pendant 9 mois avant que Mohammed ne prenne la fuite. Moulay Rachid s’empare ainsi de la ville, y restaure ses remparts et organise sa défense, puis retourne à Taza.
Lorsque les habitants de Fès et leurs alliés apprennent la nouvelle, ils s’organisent et décident de s’attaquer à Taza en avril 1666. Les coalisés qui atteignent Taza et qui se retrouvent en face de l’armée de Moulay Rachid, prennent la fuite sans combattre. Rachid les poursuit jusqu’au fleuve du Sebou [13]. Une paix est demandée par les habitants de Fès que Moulay Rachid refuse finalement.
En août, Moulay Rachid assiège la ville de Fès. Après de violents combats qui ont duré 3 jours, les Alaouites se retirent. Moulay Rachid est touché par une balle à l’oreille. Le mois suivant, Moulay Rachid décide de reprendre le siège de Fès, il le lève quelque temps après. En plein mois de Ramadan, Il se dirige vers le nord et met fin à une révolte dans le Rif* dont il s’empare.
En avril, Moulay Rachid campe pour la 3ème fois sous les murs de Fès. Le siège reprend. Après de violents combats, le 26 mai 1667, l’armée de Moulay Rachid réussit à entrer dans Fès, grâce à une brèche pratiquée dans les remparts, provoquant la fuite du gouverneur de la ville Elddoraïdi. Dans la nuit du 27, les Alaouites s’attaquent à Fès el Bali [14], et en prennent le contrôle. Ibn Seghir, le chef des Lemthiens, et son fils prennent la fuite et se réfugient dans le bastion de Bab el-Djisa, tandis qu’Ibn Salah, le chef des Andalous, s’échappe de la ville le matin du 28. À la fin des combats, Moulay Rachid se proclame sultan, les habitants de la ville lui prêtent finalement serment de fidélité et le reconnaissent comme sultan.
Il prend le contrôle du palais du gouverneur, et n’exerce aucune violence envers les habitants de la ville. . Une fois reconnue souverain par les habitants de Fès, sans perdre de temps, Moulay Rachid lance des espions à la recherche des chefs fugitifs. Ibn Salah est capturé en premier dans la banlieue de Fès, avec ses compagnons. Certains d’entre eux sont exécutés, puis le reste au côté d’Ibn Salah sont enfermés à la prison de Bab Dâr Ben Chegra. Ibn Seghir et son fils, sont ensuite également attrapés au sein de la tribu Hayâïna, au nord de Fès. Ils sont eux aussi emprisonnés à Bab Dâr Ben Chegra. Moulay Rachid décide finalement d’en finir avec eux, et 7 jours plus tard, ils sont exécutés.
Rachid ben Chérif contrôle donc grâce à cette victoire toutes les régions orientales, et les environs de Fès. Mais avant de s’attaquer au sud-ouest du Maroc et principalement à Marrakech, Rachid décide d’en finir avec Khadir Ghaïlan, et de s’emparer de la province du Gharb sous son contrôle. Cependant celui-ci a contracté une alliance avec les Anglais, par l’intermédiaire du gouverneur de Tanger [15], le baron John Belasyse , respectée par le gouverneur lui succédant, le colonel Henry Norwood . Rachid met donc en place une expédition depuis Fès, et lève une grande armée en direction de la province du Gharb. Il est renforcé par les massives défections au sein de l’armée de Khadir Ghaïlan, dont la trahison du gouverneur des Beni Arous, El-Hassan El-Fetouh, qui lui livre l’important passage des montagnes qui protégeait les possessions de Ghaïlan. En apprenant le désastre, Khadir Ghaïlan prend fuite et se dirige en direction de Ksar El Kébir [16] poursuivi par Moulay Rachid. Celui-ci arrivé dans les lieux, s’attaque à la ville provoquant une importante bataille en juillet 1668.
Après un long combat de 5 heures, finalement favorable à Moulay Rachid, Ghaïlan prend la fuite en direction de Assilah [17] et s’y enferme. Rachid abandonne Ksar El Kébir, et poursuit Ghaïlan avec le reste de toute son armée, mais ne réussit finalement pas à prendre le contrôle d’Assilah, repoussé par l’artillerie anglaise arrivé au secours de Ghaïlan.
Il retourne ensuite assiéger Ksar El Kébir, dont les habitants lui ont fermé les portes de la ville, qui avait été pourtant reprise, mais qui avait dû être abandonné pour se lancer à la poursuite de Ghaïlan. Il en reprend le contrôle.
Par la suite, Rachid lance une expédition contre les Ait Ouallal, tribu qui soutient la Zaouïa de Dila [18]. Il les surprend et leur infligent une lourde défaite. À peine de retour à Fès, Muhammad al-Hajj ad-Dila’i lève une armée composée de plusieurs tribus berbères dont se trouvent les Ait Ouallal, et campe à Bab Meroura, non loin de Fès. Moulay Rachid engage le combat avec les Dilaïtes, avant qu’ils ne fassent retraite après 3 jours d’affrontements. Moulay Rachid soumet par la suite les Beni Zerouâl du Rif, puis s’empare de Tétouan [19], et capture le chef de la ville Ahmed Ennaqsis ainsi qu’un grand nombre de notables qu’il emprisonnent à Fès. À partir de là, il repart vers le Rif, et mate une révolte des Béni-Snassen, puis marche avec son armée en direction de la localité de Guigou, dans la tribu des Aït Yousi, puis oblige ses habitants à payer ses impôts.
En 1672, Moulay Mohamed, neveu de Sultan, alors Vice-roi de Marrakech, veut se rendre indépendant. Moulay Rachid marche alors sur Marrakech avec son armée pour rétablir l’ordre et exile son neveu dans la région de Tafilelt. Moulay Rachid veut célébrer la victoire par une fête publique et un repas magnifique. Il a coutume de boire du vin à ces occasions. Suite au repas, il va se promener à cheval dans le Jardin du Palais et par accident se casse la tête en chutant. Il meurt quelques jours plus tard.