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Cosmas Indicopleustès

vendredi 24 février 2023, par ljallamion

Cosmas Indicopleustès

Grec syrien du 6ème siècle

Établi à Alexandrie [1], adepte du christianisme nestorien [2]. Sans doute marchand d’épices, il fit plusieurs voyages en mer Rouge [3], dans le golfe Persique [4] et en Éthiopie [5]. Il a composé, entre 547 et 549, une description du monde en 12 livres intitulée Topographie chrétienne, dans laquelle il rejette l’image du monde des savants grecs, incompatible selon lui avec l’enseignement de la Bible.

L’ouvrage est anonyme, l’auteur s’y désigne seulement comme un chrétien. Au 9ème siècle, le patriarche Photius, qui en fait une recension dans le codex 36 de sa Bibliothèque, ne connaît pas le nom de l’auteur.

Le nom Cosmas Indicopleustès apparaît seulement au 11ème siècle dans des manuscrits citant le textede sa description du monde.

Le vrai nom de l’auteur, Constantin d’Antioche, est donné uniquement par l’Arménien du 7ème siècle Anania de Shirak , qui est aussi le seul, parmi les auteurs que nous connaissons, à évoquer la controverse avec Jean Philopon sur les formes du ciel et de la terre.

L’auteur dit lui-même qu’il est négociant, importateur de produits exotiques, basé à Alexandrie. Il évoque un voyage qu’il a effectué à Adoulis [6], 25 ans plus tôt, au début du règne de l’empereur Justin 1er, alors qu’Ella Asbeha, roi d’Axoum [7], était en guerre contre les Himyarites [8]. D’autre part, il parle de 2 éclipses de soleil s’étant produites en 547.

Quant à ses voyages, il dit explicitement qu’il a côtoyé, sans y faire escale, l’île de Dioscoridès [9], qu’il a navigué personnellement dans les trois golfes que sont la Mer Méditerranée, la Mer Rouge et le Golfe Persique, qu’il est passé près du cap Gardafui [10].

Cependant, il est certain qu’il n’est pas allé lui-même jusqu’à ce que nous nommons l’Inde, et qu’il n’en parle que d’après ce qu’il en a lu ou entendu.

Son voyage au pays de Sasou, près des sources du Nil Bleu [11], est controversé : il précise qu’il parle en partie de ce qu’il a vu lui-même, en partie de ce qu’il a entendu dire, mais certains éléments ne paraissent pas très vraisemblables.

Sur la question de la forme générale du monde, il dit au début du livre II qu’il a recueilli là-dessus l’enseignement d’un certain Patrikios, venu du pays des Chaldéens en compagnie de son disciple Thomas d’Édesse, qui mourut à Constantinople [12], et devenu depuis catholicos [13] de l’Église de Perse [14].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Wanda Wolska, « Stéphanos d’Athènes et Stéphanos d’Alexandrie. Essai d’identification et de biographie », Revue des Études Byzantines, vol. 47, 1989, p. 5-89.

Notes

[1] Alexandrie est une ville en Égypte. Elle fut fondée par Alexandre le Grand en -331 av. jc. Dans l’Antiquité, elle a été la capitale du pays, un grand centre de commerce (port d’Égypte) et un des plus grands foyers culturels hellénistiques de la mer Méditerranée centré sur la fameuse bibliothèque, qui fonda sa notoriété. La ville d’Alexandrie est située à l’ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Cette dernière était rattachée à la création de la ville par l’Heptastade, sorte de digue servant aussi d’aqueduc, qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.

[2] Doctrine hérétique de Nestorius qui reconnaissait les deux natures du Christ, humaine et divine, mais en niait la consubstantialité ; de ce fait même, l’hérésie niait que la Vierge puisse être appelée « Mère de Dieu ». Malgré sa condamnation par le concile d’Éphèse (431), le nestorianisme gagna la Perse, puis l’Asie, jusqu’à l’Inde et la Chine. Au 12ème siècle époque de son apogée, l’Église nestorienne comptait quelque 10 millions de fidèles. Aujourd’hui, seuls subsistent quelques dizaines de milliers de fidèles, principalement en Iraq et aux États-Unis, la majorité des nestoriens ayant rallié l’Église catholique à partir du 18ème siècle

[3] La mer Rouge est une mer intracontinentale du bassin Indo-Pacifique entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient d’une superficie d’environ 450 000 km². C’est une mer d’une grande importance stratégique et commerciale qui permet aux navigateurs en provenance de la mer Méditerranée et à destination de l’océan Indien, ou vice-versa, de ne pas être contraints de faire le tour de l’Afrique.

[4] Le golfe Persique est un golfe de l’océan Indien qui s’étend sur une superficie de 251 000 km². Il sépare l’Iran (l’ancienne Perse) de la péninsule arabique. À l’est, il communique avec le golfe d’Oman et la mer d’Arabie en passant par le détroit d’Ormuz. La profondeur du golfe Persique ne dépasse pas les 100 m et la salinité y est très forte.

[5] Considérée comme l’un des berceaux de l’humanité, l’Éthiopie est avec le Tchad, le Maroc et le Kenya, l’un des pays où l’on retrouve les plus anciens hominidés. On y a découvert Lucy en 1974 et, en 2003, les plus anciens spécimens d’Homo sapiens. Au sein de l’Afrique, l’Éthiopie se caractérise comme l’un des pays à avoir conservé sa souveraineté lors du partage de l’Afrique au 19ème siècle

[6] près de l’actuelle Massaoua

[7] Aksoum ou Axoum est une ville septentrionale d’Éthiopie, dans la province du Tigré. C’est l’un des centres religieux de l’Église éthiopienne orthodoxe. Aksoum fut le centre de l’Empire aksoumite entre le 1er et le 6ème siècle de notre ère. Les Aksoumites ont adopté le christianisme comme religion d’État entre 330 et 360 sous le roi Ezana. On connaît, en effet deux séries monétaires en or, l’une portant le disque et le croissant, l’autre, la croix chrétienne. C’est ce qui permet de situer cet évènement dans cette fourchette. Le royaume d’Axoum a été le premier État à utiliser l’image de la croix sur ses monnaies. Cette religion aurait été importée par un prisonnier, Frumentius, qui avait obtenu la confiance du roi et qui devint, à sa mort, le conseiller de son épouse, veuve, entre 330 et 360. Il accorda des lieux de cultes aux marchands étrangers. Le chef de l’Église éthiopienne était nommé par le patriarche d’Alexandrie

[8] Himyar est un royaume antique d’Arabie du Sud qui connut son apogée au début du 1er siècle en constituant un Empire qui contrôlait une grande partie de l’Arabie méridionale. Ses habitants sont appelés Himyarites ou parfois Homérites.

[9] c’est-à-dire Socotra

[10] Le cap Guardafui, est un cap de Somalie situé dans la région du Pount. Bien que situé à la pointe extrême de la Corne de l’Afrique, il ne constitue pas le point le plus oriental du continent africain, ce point étant représenté par le cap Hafun situé plus au sud. Il se situe entre la mer d’Arabie à l’est et au sud et le golfe d’Aden au nord, non loin de l’archipel de Socotra.

[11] Le Nil Bleu ou Bahr el-Azrak est un cours d’eau d’Afrique de l’Est qui prend naissance au lac Tana sur les hauts plateaux abyssins, puis qui forme le Nil lors de sa confluence avec le Nil Blanc à Khartoum, au Soudan.

[12] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[13] e titre de catholicos est un titre équivalent à celui de patriarche porté par des dignitaires de plusieurs Églises orthodoxes orientales, notamment les Églises de la tradition nestorienne et les Églises monophysites, en particulier l’Église apostolique arménienne.

[14] L’Église de Perse ou Église de l’Orient, parfois appelée Église d’Assyrie ou Église de Mésopotamie, fut une des premières Églises chrétiennes. Selon la tradition, elle aurait été fondée par l’apôtre Thomas. D’abord dans la juridiction de l’Église d’Antioche, elle proclama son indépendance en 424 en tant que Catholicosat de Séleucie-Ctésiphon. Elle a connu plusieurs schismes au cours de son histoire et aujourd’hui plusieurs Églises, appartenant à des communions différentes, en sont les héritières directes