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25 avril 1800 Bataille de Moeskirch

lundi 26 septembre 2022, par lucien jallamion

 25 avril 1800 Bataille de Moeskirch : Moreau l’emporte de nouveau.


Avant-propos : Bonaparte a fini victorieusement sa campagne d’Italie, mais l’Autriche malgré sa défaite italienne n’est pas encore à genoux, elle dispose d’une armée très puissante en Allemagne, cette armée peut si elle le désire envahir la France.

Bonaparte devenu premier consul de France, remet le commandement de l’armée d’Allemagne au général Moreau , celui-ci n’écoute pas les plans de Bonaparte, et se fit uniquement à son instinct, son but est clair, battre l’Autriche chez elle et l’abattre pour de bon . Objectif : destruction de l’armée autrichienne et menacer Vienne [1].

Pour cela, il dispose d’une armée de 96 929 fantassins partagés en 123 bataillons, 15 478 cavaliers en 137 escadrons et 6830 artilleurs servant 116 pièces et groupés en 61 compagnies. Kray , lui, dispose de 98 000 fantassins, 25 000 cavaliers et 7500 artilleurs. Les deux armées disposent donc de forces égales.

Moreau et ses excellents lieutenants Lecourbe , Gouvion-St-Cyr , Decaen , Richepanse , Ney , vont remporter d’éclatantes victoires à Stockach [2], Menningen [3], Hochstadt, Nordlingen [4], Engen, Maskirch [5], et enfin Hohenlinden, le triomphe final.


Moreau, dont le but était d’agir toujours sur la gauche de Kray, afin de le rejeter au-delà du Danube [6], de l’éloigner du Tyrol [7] et de s’assurer la paisible possession de la Bavière [8], crut devoir lui porter un coup encore plus vigoureux avant que les généraux Michael Kienmayer et Starray , qui s’avançaient en hâte, ne fussent arrivés en ligne.

Le 4 mai, il se mit en mouvement sur Moeskirch, après avoir rendu à Lecourbe la division Lorges, à laquelle il joignit la cavalerie d’ Hautpoul . L’aile droite, qui était la plus avancée, précéda l’armée sur Moeskirch, la réserve suivait en seconde ligne. Saint-Cyr, avec le centre, dut marcher sur Siptingen, s’étendant par sa gauche jusqu’à Tuttlingen [9].

Kray avait envoyé au prince Fernidand l’ordre de le rejoindre en hâte, pour former avec Rosemberg la droite de l’armée. Son centre, aux ordres du général Nauendorf , était postée derrière le village de Neudorf. Les plateaux de Moeskirch étaient occupés par la gauche, commandée par le prince de Lorraine.

Cette position, couverte par un grand ravin, est élevée et d’un accès difficile ; il y fallait arriver par la chaussée de Krumbach [10], resserrée entre deux bois très épais et battue par les feux croisés de 25 pièces de gros calibre.

Cette batterie démonta, le 5 mai au matin, en quelques instants, une batterie française de 18 pièces qu’on voulut lui opposer pour protéger le débouché de la division Montrichard qui marchait en tête du corps de Lecourbe.

La division Montrichard était flanquée par celle de Vandamme, qui fut dirigée de Bodorf sur Galmansweiler et détacha par Klosterwad une brigade pour couper la communication entre Moeskirch et Pfullendorf [11]. La gauche de Lecourbe fut portée dans la direction de Nenhausen sur le flanc droit de l’ennemi.

La droite de Moreau allait donc se trouver seule engagée par suite de l’éloignement de la réserve. Lorsque Montrichard jugea les mouvements des colonnes de droite et de gauche suffisamment avancés, il revint à la charge sur la chaussée de Krumbach, et suivant à droite et à gauche la lisère des bois qu’il n’avait pas pu traverser, il marcha droit et à découvert sur la position, et l’emporta en rejetant sur Moeskirch la partie de la ligne qui lui était opposée.

Dans le même moment, la division de gauche attaquait Heurdorf, qu’on pouvait regarder comme la clef de la grande position. On s’y battit avec fureur. Le village fut pris et repris plusieurs fois. Les français débordés par 8 bataillons, allaient cependant être enveloppés, quand la division Delmas , de la réserve, arriva à leur secours et rétablit le combat.

Pendant qu’une partie de la division Vandamme, qui avait filé par Klosterwald, menaçait les derrières de Moeskirch, l’aile gauche de Kray fut forcée de plier devant une attaque du général Gabriel Molitor menée à la baïonnette, combinée par une attaque de Montrichard.

L’ennemi ne s’opiniâtra point à conserver la plateau. Depuis 2 heures que durait le combat acharné, il avait reçu successivement plusieurs renforts, et il venait d’être joint enfin par les dernières troupes de l’archiduc Fernidand, lorsqu’il se décida à exécuter un changement de front par sa droite, en suivant l’escarpement du ravin qui descend vers Krumbach.

Cette nouvelle position, parallèle au Danube, lui donnait un grand avantage par les colonnes françaises qui continuaient à l’attaquer obliquement par la chaussée de Krumbach. Déjà la division Delmas allait être forcée, quand la division Leclerc , en ce moment aux ordres de Bastoul , vint se former à gauche.

Kray, avec ses réserves, chargea lui-même plusieurs fois la ligne française, espérant peut-être enlever le village de Krumbach qui se trouvait derrière, et gagner ainsi la chaussée de Stokach où étaient entassés les équipages de l’armée républicaine. Bastoul et Delmas repoussèrent les efforts des autrichiens, mais sans succès décisif ; enfin l’arrivée de Richepanse à Krumbach décida la victoire française.

Richepanse détacha aussitôt une de ses brigades pour soutenir Bastoul et Delmas, et se porta avec le reste de ses forces par Boll, sur la droite de l’ennemi. Kray ne crut pas devoir attendre l’effet de cette manœuvre ; il profita de la nuit déjà commencée pour effectuer sa retraite sur les hauteurs de Bucheim et de Rhordorf. L’armée française passa la nuit sur le champ de bataille.

La bataille de Moeskirch fut aussi meurtrière pour les français que pour les autrichiens. Son principal résultat fut d’obliger Kray à passer le Danube, ce que sa droite fit vers Hausen, et son centre vers Sigmaringen [12]. La gauche se replia par la rive droite sur Mengen.

La conduite de Saint-Cyr, qui, avec le tiers de l’armée, resta à peu près inactif pendant cette affaire, est inexplicable.

Ce général campa le même soir entre Liptingen et Neuhausen. Gilles Joseph Martin Bruneteau vicomte de Sainte-Susanne , filant toujours sur la rive gauche du Danube, où Moreau avait cru devoir le porter, vint se mettre en ligne avec Saint-Cyr, vers Geisengen.

Notes

[1] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg

[2] La seconde bataille de Stockach eut lieu à Stockach, le 3 mai 1800 (12 floréal de l’an VIII), entre l’armée française commandée par Claude Jacques Lecourbe et l’armée autrichienne commandée par le prince Joseph-Marie de Lorraine-Vaudémont et se solda par une victoire française.

[3] Memmingen est une ville dans l’État fédéral allemand de Bavière, dans le district de Souabe. Memmingen est située près de la frontière de l’État de Bade-Wurtemberg, aux rives de l’Iller à 50 kilomètres au sud de Ulm et 115 kilomètres au sud-ouest de Munich.

[4] Nördlingen (Norlingue, en français) est une ville de Bavière dans l’arrondissement de Danube-Ries, sur la Route romantique. Située dans le cœur de la zone de Ries, l’ancienne ville libre impériale de Nördlingen a gardé un aspect médiéval presque totalement préservé. En 1215, Nördlingen devient une ville impériale libre. En 1219, la foire de la Pentecôte, la plus importante de la Haute Allemagne dure 10 jours. Elle vit la naissance en 1455 du peintre Bartholomäus Zeitblom, mais il fut surtout actif à Ulm. En 1529, elle fait partie de la minorité protestante à la Diète d’Empire de Spire. Le protestantisme s’y développe. Pendant la guerre de Trente Ans, Nördlingen est le lieu de deux batailles, en 1634 et 1645. La ville perd la moitié de sa population et son importance économique.

[5] Les 4 et 5 mai 1800 une bataille eut lieu entre les troupes françaises et les troupes autrichiennes près de Messkirch pendant la guerre de la Deuxième Coalition. Une inscription avec le nom de Messkirch sur l’Arc de Triomphe à Paris la rappelle.

[6] Le Danube est le deuxième fleuve d’Europe par sa longueur (après la Volga qui coule entièrement en Russie). Il prend sa source dans la Forêt-Noire en Allemagne lorsque deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, se rencontrent à Donaueschingen où le fleuve prend le nom de Danube. La longueur du Danube dépend du point de départ considéré : 2 852 km pour la confluence de Donaueschingen mais 3 019 km à partir de la source de la Breg. Il coule vers l’est et baigne plusieurs capitales de l’Europe centrale, orientale et méridionale

[7] Le comté de Tyrol était un comté du Saint Empire romain germanique, ayant pour capitale la ville de Merano puis à partir de 1420, Innsbruck. C’est en 1140 que naît le comté. Cet État a existé pendant plus de 750 ans, jusqu’à sa division en 1919 par le traité de Saint-Germain-en-Laye.

[8] Le duché de Bavière est une ancienne principauté allemande qui fut membre du Saint-Empire romain germanique puis rattaché à l’Électorat de Bavière. Sa capitale était la ville de Munich. Vers l’an 600, le territoire de l’actuel État libre de Bavière était occupé par trois tribus : les Baiern, qui ont donné leur nom au pays (Bavière se dit Bayern en allemand), les Francs et les Suèves. Tandis que l’actuelle Bavière du Nord tombait sous la souveraineté des Francs, les Alamans et les Bavarois formaient, au sud, des territoires souverains séparés par la rivière Lech. À ses débuts, le duché de Bavière s’étendait loin vers l’est et le sud, jusqu’à la Carinthie actuelle, en Basse-Autriche et en Haute-Italie. Mais le cœur du pays se situait sur le Danube. Aux 10ème et 12ème siècles, ces territoires ont donné naissance aux duchés de Bavière, de Carinthie et d’Autriche. Le principal siège ducal était Ratisbonne.

[9] Tuttlingen est une ville allemande située dans le land de Bade-Wurtemberg. Elle est le chef-lieu de l’arrondissement de Tuttlingen.

[10] Krumbach est une ville d’Allemagne, située dans le Land de Bavière et dans la circonscription du district de Souabe. C’est la deuxième ville de l’arrondissement de Guntzbourg.

[11] Pfullendorf est une ville allemande du Bade-Wurtemberg, située dans la région de la Linzgau à 20 km au nord du lac de Constance.

[12] Sigmaringen est une ville située dans le sud de l’Allemagne, dans le land du Bade-Wurtemberg, sur le Danube. Mentionnée dès 1077, elle est successivement capitale de la principauté de Hohenzollern-Sigmaringen, puis de la province de Hohenzollern. Elle est réputée pour son château, parfaitement préservé, qui servit de siège au gouvernement en exil du régime de Vichy à la fin de la Seconde Guerre mondiale.