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L’histoire pour le plaisir

Bûrândûkht

jeudi 14 avril 2022, par lucien jallamion

Bûrândûkht (morte en 632)

Impératrice d’Iran sous la dynastie sassanide de 630 à 632

Elle est, avec sa sœur Azarmedûkht , l’une des deux seules shâhdokht [1], à monter sur le trône de Perse sassanide [2].

Bûrândûkht est une fille de Khosro II Parviz. Elle aurait été épousée par Schahr-Barâz qui cherchait vraisemblablement à légitimer son accession au trône.

Après les meurtres de Schahr-Barâz et du prétendant Khosro III , elle est proclamée impératrice à Ctésiphon [3], mais elle doit faire face à la tentative d’usurpation de Châhpûhr V ou Shapur V , le fils de son époux.

S’appuyant sur le “Pahlav” Farrukh Hormozd V , i“spahbud” du Khorassan [4], Bûrândûkht essaie de stabiliser la situation de l’empire. Pour atteindre ce but, elle signe une paix définitive avec Byzance [5] ; son ambassade, dirigée par la catholicos [6] nestorien [7] Ichoyahb II, traverse la Syrie [8] pour se rendre à la cour d’Héraclius à Alep [9].

Elle tente ensuite de revitaliser l’empire en améliorant la justice, en rétablissant les infrastructures, baissant les taxes et frappant de la monnaie. Elle ne réussit pas à mener à bien la restauration du pouvoir central, qui a été fortement affaibli par la guerre avec Byzance et les guerres civiles. Mise en échec par le refus des gouverneurs de faire rentrer les taxes et par la révolte des provinces de l’est de l’empire et l’opposition de la noblesse de Parsig, Bôran abdique en faveur de sa sœur soutenue par ces derniers.

Après la mort de sa sœur Azarmedûkht, Bôran est rétablie sur le trône avec l’appui de Rostam Farrokhzad et des Ispahbudhān [10]. Toutefois, les troupes sassanides sont défaites en 631 lors des combats de Namariq et de Kaskar [11] contre les envahisseurs arabes.

Lors de cette dernière bataille, les forces perses sont conduites par Nasri, le frère de Māhādharjushnas, le défunt régent d’Ardachîr III et les deux fils de Vistahm . Son général Bahman Jaduya , connu sous le nom ou titre de Mardānshāh, obtient l’année suivante un premier et éphémère succès lors de la bataille du pont [12]. La reine meurt de maladie à Ctésiphon après 2 ans de règne, alors que son empire allait devoir faire face à la poursuite de l’offensive des troupes musulmanes.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Nahal Tajadod, Les Porteurs de Lumière, Plon, coll. « Le doigt de Dieu », Paris, 1993 (ISBN 2259026672).

Notes

[1] littéralement fille du Shâh

[2] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[3] Ctésiphon est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km².

[4] Le Khorassan est une région située dans le nord-est de l’Iran. Le nom vient du persan et signifie « d’où vient le soleil ». Il a été donné à la partie orientale de l’empire sassanide. Le Khorassan est également considéré comme le nom médiéval de l’Afghanistan par les Afghans. En effet, le territoire appelé ainsi englobait en réalité l’Afghanistan actuel, le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan, ainsi que le nord-est de l’Iran. Dans sa longue histoire le Khorassan a connu de nombreux conquérants : Grecs, Arabes, Turcs, Mongols, etc.

[5] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[6] Le titre de catholicos est un titre équivalent à celui de patriarche porté par des dignitaires de plusieurs Églises orthodoxes orientales, notamment les Églises de la tradition nestorienne et les Églises monophysites, en particulier l’Église apostolique arménienne.

[7] Doctrine hérétique de Nestorius qui reconnaissait les deux natures du Christ, humaine et divine, mais en niait la consubstantialité ; de ce fait même, l’hérésie niait que la Vierge puisse être appelée « Mère de Dieu ». Malgré sa condamnation par le concile d’Éphèse (431), le nestorianisme gagna la Perse, puis l’Asie, jusqu’à l’Inde et la Chine. Au 12ème siècle époque de son apogée, l’Église nestorienne comptait quelque 10 millions de fidèles. Aujourd’hui, seuls subsistent quelques dizaines de milliers de fidèles, principalement en Iraq et aux États-Unis, la majorité des nestoriens ayant rallié l’Église catholique à partir du 18ème siècle

[8] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[9] Alep est une ville de Syrie, chef-lieu du gouvernorat d’Alep, le gouvernorat de Syrie le plus peuplé, situé dans le Nord-Ouest du pays. Pendant des siècles, Alep a été la ville la plus grande de la région syrienne et la troisième plus grande ville de l’Empire ottoman

[10] La maison d’Ispahbodhan ou la maison d’Aspahbadh était l’un des sept grands clans parthes de l’empire sassanide. Comme les Sasaniens, ils revendiquaient la descendance de la dynastie achéménide. Ils ont également revendiqué la descendance du légendaire personnage Kaianide Esfandiar, qui était le fils de Vishtaspa, qui, selon des sources zoroastriennes, était l’un des premiers disciples de Zoroastre.

[11] Kaskar, ou Kachkar est une cité antique, aujourd’hui disparue, du sud de la Mésopotamie, dans l’actuel Irak. Elle est mentionnée dans les fonds syriaques, comme lieu de fondation d’un monastère par saint Jean de Dailam et comme ayant été un foyer chrétien syriaque.

[12] La Bataille du pont eut lieu en 631/632 ou en 634 entre les arabes menées par Abou Ubaid et les forces de l’empire sassanide menés par Bahman Jādhuyih. Les Sassanides en sont sortis victorieux.