Théophylacte Simocatta ou Theophylaktos Simokatès
Historien byzantin du début du 7ème siècle
Théophylacte, que l’on peut considérer comme le dernier historien du monde antique, était originaire de la province romaine d’Égypte [1]. À côté d’œuvres mineures, il composa sous le règne de l’empereur Héraclius une œuvre historiographique intitulée Histoires.
Il a peut-être exercé les hautes fonctions de préfet urbain de Constantinople [2], s’inscrivit dans la suite des historiens du 6ème siècle comme Procope de Césarée, Agathias de Myrina, Ménandre le Protecteur et fit le récit du règne de l’empereur d’Orient Maurice 1er, en particulier des guerres que ce dernier mena contre les Perses sassanides [3] et les Slaves [4]. L’ouvrage, comme le dit clairement sa préface, a été composé sous le règne d’Héraclius, et son contenu laisse penser qu’il était entièrement terminé vers 630, la dernière guerre de l’empire d’Orient sous Héraclius contre les Perses est apparemment bien terminée, alors que la conquête arabe qui s’amorce en 634 n’a pas encore commencé, ou du moins aucune allusion n’y est faite.
L’œuvre de Théophylacte, quoique très inférieure au plan de la langue et du style à celles des historiens du Bas-Empire constitue cependant une source d’information essentielle sur les Perses et les Slaves. Il s’est inspiré d’historiens de la fin du 6ème siècle dont l’œuvre est presque entièrement perdue, comme Théophane de Byzance et Jean d’Épiphanie. Il rédige encore en grec ancien, mais sa prose contient un grand nombre de formes qui annoncent déjà le grec médiéval.
Théphylacte Simocatta est aussi un épistolographe [5] auteur d’un recueil de 95 lettres fictives, divisé en trois parties : les lettres morales, les lettres de paysans, les lettres de courtisanes. On a également de lui un livre de Quaestiones naturales.
Notes
[1] Pendant l’Empire romain, le gouverneur de l’Égypte romaine (praefectus Aegypti) était un préfet qui administrait la province romaine d’Égypte avec l’autorité déléguée (imperium) de l’empereur. L’Égypte fut établie en tant que province romaine à la suite de la bataille d’Actium, où Cléopâtre en tant que dernier souverain indépendant de l’Égypte et son allié romain Marc Antoine ont été vaincus par Octave, l’héritier adoptif du dictateur romain assassiné Jules César.
[2] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.
[3] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.
[4] Parmi les tribus slaves en expansion à partir du 4ème siècle de notre ère, on trouve les Serbes blancs ou aujourd’hui Sorabes qui migrèrent d’abord vers l’ouest à travers la Pologne et la Tchéquie actuelles. Leurs descendants vivent aujourd’hui en Lusace, à l’est de l’Allemagne, plus exactement entre l’Elbe et la Saale, dans ce qui était jadis la Grande-Moravie. Cette région, s’appelle la « Serbie blanche », le blanc symbolisant l’ouest chez les Slaves. Au 7ème siècle, à l’époque de l’Empereur byzantin Héraclius, la majeure partie des serbes blancs migra en plusieurs vagues entre 610-641 vers la région centrale des Balkans où ils assimilèrent les Valaques et les Illyriens locaux, donnant ainsi naissance au peuple Serbe. Plusieurs principautés serbes furent fondées au 9ème siècle mais se disloquèrent à la fin du 12ème siècle. Le processus de christianisation fut engagé par les moines Cyrille et Méthode, qui évangélisèrent tous les peuples slaves, y compris les Serbes, et qui inventèrent l’alphabet cyrillique à partir des lettres grecques. Les premiers prénoms chrétiens, comme Stefan ou Petar firent alors leur apparition. La dynastie des Nemanjić, ou Némanides, qui régna sur la Serbie de 1170 à 1371 transforma l’État indépendant de Rascie (Raška) en un vaste empire.
[5] L’épistolier ou l’épistolière est un auteur dont la correspondance a une valeur littéraire avérée (si les lettres sont fictives, on parlera de roman épistolaire). Cet aspect de la littérature s’est particulièrement affirmé à partir du 17ème siècle, en concomitance avec le développement de la sociologie de l’art.