Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Rodrigue de Castille

mardi 10 août 2021, par ljallamion

Rodrigue de Castille (vers 825-873)

Premier comte de Castille de 860 à sa mort-Comte d’Alava à partir de 868

Gouverneur d’une marche à l’est du royaume des Asturies [1], il réussit à devenir l’un des plus puissants seigneurs chrétiens et peut être considéré comme le fondateur de la Castille [2].

Ordoño 1er met à profit la domination militaire asturienne croissante ainsi que les problèmes internes de l’Émirat [3] pour établir et fortifier des places stratégiques dans le bassin du Douro [4]. Rodrigue, repeuple la Peña d’Amaya [5], ce qui assure la présence asturienne sur la rive droite de l’Èbre [6].

Rodrigue de Castille serait fils deRamire 1er, roi des Asturies et le demi-frère d’Ordoño 1er d’Oviedo, roi des Asturies de 850 à 866.

Jusqu’à l’avènement de Ramire 1er la succession au trône n’est pas patrilinéaire et les filles des rois jouent un rôle considérable. Il est donc important que la mère de Rodrigue, Paterna de Castille , soit d’ascendance royale qui descendrait des Balthes [7].

Ses origines wisigothes [8] contribuent à faire du premier comte de Castille, un personnage important de l’Espagne chrétienne

Le nouveau roi Ordoño délègue le gouvernement de ses territoires frontaliers à des membres de sa famille proche. Ceux-ci auront une grande liberté d’action en échange de leur fidélité.

Au départ, Rodrigue n’est qu’une sorte de gouverneur des possessions asturiennes sur la rive droite de l’Èbre qui atteignent l’ancien limes. Formant une région difficile à défendre, elle est défendue par des châteaux, des castillos, ce qui lui vaut d’être appelée Castille vers l’an 800.

L’arrivée d’Ordoño Ier d’Oviedo en 850 au trône coïncide avec une nouvelle rébellion du chef des Banu Qasi [9], Musa II, qui contrôle la vallée de l’Èbre, entre La Rioja [10] et Saragosse [11]. Musa II, est allié avec son demi-frère Eneko Arista, roi de Pampelune [12] et il cherche à créer un royaume musulman indépendant de Cordoue.

En 852 les troupes asturiennes et gasconnes font face aux Basques et aux troupes de Banu Qasi dans la première bataille d’Albelda. Les musulmans et leurs alliés gagnent la bataille. Musa II contrôle presque la totalité de La Rioja.

Pendant ce temps Abd al-Rahman II meurt en 852 et son fils Muhammad 1er est nommé émir. Dans un premier temps, son règne est tranquille mais après avoir nommé vizir [13] Hashim ben ’Abd al-Aziz, le mécontentement s’étend des Mozarabes [14] aux muladíes [15]. Et c’est Tolède [16] qui va devenir le centre de la résistance au pouvoir de l’émir.

Les mozarabes, dirigés par Eugenio, contestent le gouverneur musulman et conquièrent la forteresse de Calatrava [17], en demandant aide militaire à Ordoño. Celui-ci envoie au comte Gatón du Bierzo, qui met en échec les partisans de l’émir en Andújar [18] en 853, bien qu’en 854 les troupes asturiennes sont battues lors de la bataille de Guadalacete, au sud-ouest de Tolède. Toutefois, le soulèvement se reproduit en 858. Par la suite les soulèvements se multiplieront dans Al-Andalus [19].

En continuelle rébellion contre Cordoue, Musà II essaye de s’emparer de la vallée de l’Èbre et de La Rioja. En 855, il effectue une razzia contre l’Alava [20] et Al-Qilá et après il restaure et fortifie la forteresse d’Albelda de Iregua [21], dans La Rioja.

En voyant la menace que cette forteresse suppose sur les territoires orientaux du royaume asturien, Ordoño 1er lance une offensive contre Albelda de Iregua. Après une lutte acharnée, Ordoño prend la forteresse et il la rase en 857.

Alphonse III des Asturies est couronné le 25 décembre 866 et c’est la première fois qui les Castillans viennent en aide à un roi à Oviedo. Indubitablement, Rodrigue va maintenant avoir une grande influence sur le nouveau roi, alors qu’il était resté jusqu’ici qu’un vassal des rois des Asturies. Le comte au début de l’année 867 doit retourner à Castille, pour faire face à de nouvelles difficultés.

Les Maures [22] pénètrent à nouveau dans les comtés d’Alava et de Castille. Cette fois ils sont dirigés par un autre fils de l’émir Muhammad, al-Hakam. Celui-ci arrive jusqu’à Djernik [23], ville que ses troupes attaquent et pillent, pour ensuite passer par la vallée de Mena, par Espinosa de los Monteros et Bricia. Ils envahissent la région de Reinosa [24], en Cantabrie [25]. Mais, le comte Rodrigue s’en retournant d’Oviedo est là. Al-Hakam retourne à Cordoue, après quelques combats contre les chrétiens. C’est le dernier raid des musulmans avant bien des années. Après 867, l’émirat de Cordoue connaît une recrudescence de ses problèmes internes.

D’autre part, profitant des problèmes successoraux, un grand seigneur ou un comte appelé Eglyón ou Elyón se révolte en Alava. Rodrigue écrase la rébellion en 868, sans même sortir son épée. Cela lui donne un prétexte pour joindre le comté d’Alava à ses terres. Bien que son nom n’apparaisse pas parmi les signatures des documents de l’évêché de Valpuesta, si ce n’est sur une donation à Obarenes en 870 et sur une lettre du monastère de San Millán de Salcedo du 18 avril 873, dans la vallée de Kuartango [26], avec celle du seigneur sarrasin [27] Muñoz, qui pourrait être le gouverneur de Rodrigue dans ses terres d’Alava.

Les dernières apparitions sur des documents d’archives du comte Rodrigue datent de 873. Le décès de Rodrigue survient le 4 octobre 873. A sa mort, c’est son fils Diego Rodriguez dit Diego de Castille qui lui succède.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Rodrigue de Castille/ Portail de Castille-et-León/ Catégories : Personnalité du IXe siècle/ Comte de Castille

Notes

[1] Le royaume des Asturies fut la première entité politique chrétienne établie sur la Péninsule Ibérique après la chute du Royaume wisigoth (qui suivit la mort du Roi Rodrigue à la Bataille de Guadalete) et la Conquête musulmane de l’Hispanie. Le royaume perdura de 718 à 925, lorsque Fruela II accéda au trône du Royaume de León.

[2] la Castille résulte de l’évolution du petit comté de Castille (du 9ème siècle au 11ème siècle), suivi par le royaume de Castille (du 11ème siècle au 13ème siècle), par la vaste couronne de Castille (13ème siècle au 19ème siècle), par les régions de Vieille-Castille et Nouvelle-Castille (du 19ème siècle au 20ème siècle), pour enfin former une région composée de communautés à statut autonome (à compter de la fin du 20ème siècle).

[3] L’Émirat de Cordoue est le premier État unifié d’Al-Andalus. Fondé en 756 par le seul rescapé de la dynastie omeyyade, il se transforma en califat de Cordoue en 929.

[4] Le Douro est un fleuve qui prend sa source en Espagne à 2 160 m d’altitude, dans la sierra de Urbión appartenant à la cordillère Ibérique. Il serpente à travers la Meseta pendant 612 km. Puis sur 122 km, il marque la frontière entre l’Espagne et le Portugal dans une région accidentée, sa pente s’accentue et son lit se creuse entre de hautes parois granitiques. En aval de Barca de Alva, il devient complètement portugais sur les 206 derniers km de son cours et devient navigable avant de se jeter dans l’océan Atlantique à Porto.

[5] Amaya est le nom d’une cité antique cantabre, située au sommet du massif du même nom, haut de 1 377 mètres, au nord-ouest de la Province de Burgos, en Espagne. La ville était située à la limite sud de la Cantabrie à l’époque romaine, à une position stratégique contrôlant l’accès au territoire cantabre depuis le sud. En 712, alors capitale du Duché de Cantabrie, elle capitule devant les troupes de Tariq ibn Ziyad, qui mettent à nouveau à sac la ville en 714. Durant le règne d’Alphonse 1er des Asturies, roi des Asturies, la ville se relève et devient siège d’un évêché en 780, mais sa situation exposée aux incursions ennemies provoque son dépeuplement rapide, jusqu’à ce qu’Ordoño 1er d’Oviedo charge le premier comte de Castille, Rodrigo, de sa reconstruction sous le nom d’Amaya Patricia en 860. Sous le règne de Ramire II, la ville se repeuple. Cependant, le déplacement de la frontière vers le sud permet l’installation des habitants dans les vallées. En 989, Abderramane IV attaque de nouveau la ville pour ce qui sera la dernière bataille sous ses murs.

[6] L’Èbre est le plus puissant des fleuves espagnols. Sa longueur est de 928 km et son bassin versant a 85 550 km² de superficie.

[7] Les Balthes sont, avec les Amales, les deux grands lignages gothiques se disant issus du Dieu Gaut.

[8] Les Wisigoths ou Tervinges étaient un peuple germanique issu des Goths. Les Wisigoths sont ceux qui, migrant depuis la région de la mer Noire, s’installèrent vers 270-275 dans la province romaine abandonnée de Dacie (actuelle Roumanie), au sein de l’Empire romain, alors que les Ostrogoths s’installèrent, pour leur part, en Sarmatie (actuelle Ukraine). Les Wisigoths migrèrent à nouveau vers l’ouest dès 376 et vécurent au sein de l’Empire romain d’Occident, en Hispanie et en Aquitaine.

[9] Les Banu Qasi ou Banu Kazi ou Banū Qāsī, fils du seigneur Cassius, sont une importante famille d’origine vasconne et wisigothique. Devenue muladí, elle joua un rôle politique et militaire de premier plan dans la Marche supérieure d’Al-Andalus, pendant les premières guerres de la Reconquista et lors des nombreux soulèvements que connut l’émirat de Cordoue, entre les 8ème et 10ème siècles. Cette famille, originaire de Tudela, dans le sud de la Navarre, étendit son autorité sur la région de Tarazona, Ejea de los Caballeros et Nájera. La famille donna également des gouverneurs à Pampelune, du fait de leurs alliances avec les rois de Navarre. Musa ibn Musa, dans la première moitié du 10ème siècle, fut, par sa mère, le demi-frère d’Eneko Arista, roi de Pampelune.

[10] La Rioja est une communauté autonome du Nord de l’Espagne, provinciale, sans littoral, traversée par l’Èbre et la Oja, limitée par le Pays basque au nord, par la Navarre au nord et à l’est, par l’Aragon à l’est et par la Castille-et-León au sud et à l’ouest. Le point culminant de la province est le San Lorenzo à 2 271 mètres (Sierra de la Demanda).

[11] Saragosse est une ville espagnole, capitale de la province du même nom et de l’Aragon. Saragosse est située sur l’Èbre à mi-chemin entre Madrid et Barcelone, environ 300 kilomètres de chacune d’elles, et à 340 kilomètres de Valence. Un important traité fut signé à Saragosse (traité de Saragosse) en 1529 entre Espagnols et Portugais pour le partage des découvertes du Nouveau Monde.

[12] Pampelune en français, Pamplona en castillan, Iruña ou encore Iruñea en basque, est une ville et une commune de la communauté forale de Navarre en Espagne. C’est la capitale de la Navarre. Elle se situe à 440 m d’altitude. Le royaume de Pampelune, constitué en 905, fut le noyau de celui de Navarre.

[13] Le mot persan vizir, désigne un fonctionnaire de haut rang, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dirigeants musulmans (califes, émirs, maliks, padishah ou sultans).

[14] Mozarabe est le nom donné aux chrétiens vivant sur le territoire espagnol conquis à partir de l’an 711 par les armées musulmanes et connu à l’époque comme Al-Andalus (l’Andalousie actuelle), sur le sud de la péninsule ibérique. Les mozarabes avaient dans la société arabe le statut de dhimmi, statut d’infériorité inscrit dans la loi. Ils partageaient ce statut avec les juifs, en tant que non-croyants à l’Islam. C’est seulement dans la pratique, et non dans la loi, que leur culture, leur organisation politique et leur pratique religieuse étaient tolérées. Elles étaient assorties d’une certaine protection légale et donc un contrôle strict. Les mozarabes versaient, en outre, un impôt de capitation, la djizya, sur la zakat, cette aumône aux pauvres obligatoire qui est, en tant que telle, un des piliers de l’Islam.

[15] Le mot muladi vient de l’arabe, muwallad, qui signifie : adapté ou métis. Le terme possède deux significations proches qui tendent à définir l’identité d’une personne non arabe mais souvent européenne convertie à la foi musulmane à l’époque d’al-Andalus

[16] Tolède est une ville qui se trouve dans le centre de l’Espagne, capitale de la province du même nom et de la communauté autonome de Castille-La Manche. Lors des Grandes invasions du 5ème siècle qui ravagèrent un Empire romain d’Occident déclinant, Tolède est pillée à plusieurs reprises par les Barbares (Vandales, Suèves et Alains) qui ont envahi la péninsule Ibérique à partir de l’an 409. À partir du milieu du 6ème siècle, Tolède devient la capitale des Wisigoths, devenus les nouveaux maîtres d’une grande partie de la péninsule. Au début du 8ème siècle, lors de la conquête musulmane de l’Espagne, le dernier souverain wisigoth, Rodrigue, est battu par le conquérant arabe Tariq ibn Ziyad à la bataille de Guadalete en 711. Tolède tombe aux mains des musulmans en 712. À partir de là, la ville fait partie du Califat omeyyade, puis de l’Émirat de Cordoue (755–929), et enfin du Califat de Cordoue. Le 25 mai 1085, en pleine Reconquista, les chrétiens dirigés par le roi Alphonse VI de Castille reprennent Tolède aux musulmans.

[17] Calatrava la Vieja est une ancienne ville médiévale espagnole du royaume de Castille. Fondée par les arabes sous le nom de Qal’at Rabah (forteresse de Rabah), elle a laissé son nom à la région et à l’Ordre de Calatrava. Abandonnée au 15ème siècle et aujourd’hui en ruines, elle est située sur le territoire de la commune de Carrión de Calatrava.

[18] Andújar est une commune située dans la province de Jaén de la communauté autonome d’Andalousie en Espagne.

[19] Al-Andalus est le terme qui désigne l’ensemble des territoires de la péninsule Ibérique et de la Septimanie qui furent sous domination musulmane de 711 (premier débarquement) à 1492 (chute de Grenade). L’Andalousie actuelle, qui en tire son nom, n’en constitua longtemps qu’une petite partie. La conquête et la domination du pays par les Maures furent aussi rapides qu’imprévues et correspondirent à l’essor du monde musulman. Al-Andalus devint alors un foyer de haute culture au sein de l’Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et ouvrant ainsi une période de riche épanouissement culturel

[20] L’Alava (officiellement Araba/Álava) est l’une des trois provinces de la communauté autonome du Pays basque, dans le nord de l’Espagne. Sa capitale est la ville de Vitoria-Gasteiz. C’est aussi une des sept provinces historiques du Pays basque. Longtemps indépendante, l’Alava est rattachée en 1200 au royaume de Castille, sous réserve du maintien de ses privilèges et lois locales, les fors

[21] Albelda de Iregua est une commune de la communauté autonome de La Rioja, en Espagne.

[22] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole.

[23] Herrenchun ?

[24] Reinosa est une commune d’Espagne, dans la communauté autonome de Cantabrie, et le chef-lieu de la comarque de Campoo. Elle est arrosée par les fleuves de l’Èbre et de l’Híjar, et c’est la localité la plus froide de Cantabrie. Géographiquement, cette municipalité est entièrement enclavée dans la municipalité de Campoo de Enmedio.

[25] La Cantabrie est une communauté historique et une communauté autonome monoprovinciale espagnole. Elle est délimitée à l’Est par la Communauté autonome du Pays basque (province de Biscaye), au Sud par la Castille-et-León (provinces de León, de Palencia et de Burgos), à l’Ouest par les Asturies et au Nord par la mer Cantabrique. Santander en est la capitale et la commune la plus peuplée.

[26] Kuartango en basque ou Cuartango en espagnol, est une commune d’Alava, dans la communauté autonome du Pays basque en Espagne.

[27] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi Arabes, Ismaélites ou Agaréniens. D’autres termes sont employés également comme Maures, qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de Sarrasin se cristallise finalement sur l’opposition avec l’ennemi dans le contexte des Croisades menées par l’Occident chrétien en Terre sainte.