Sa capitale se trouvait à Shouchu [1].
Membre de la famille impériale, ses ancêtres venaient de Pei [2]. Son père, Liuchang était le fils de Gaozu, fondateur de la dynastie, et roi Li de Huainan [3].
À sa mort, l’empereur avait divisé le fief entre ses trois fils. C’est ainsi que Liu An reçut à 16 ans le titre de roi de Huainan, Liu Bo celui de roi de Xishan et Liu Ci celui de roi de Lujiang.
Selon les historiographes de la dynastie, Liu An n’aimait guère la chasse ni la guerre, s’intéressant surtout à l’alchimie et aux lettres, particulièrement au Zhuangzi [4] et aux auteurs de l’ancien État de Chu [5] comme Qu Yuan dont il commenta un poème, le Li sao [6]. Il avait rassemblé autour de lui de nombreux spécialistes de divers domaines qu’il mit au travail pour la rédaction du “Honglie ou Vastes lumières”, plus couramment appelé Huainanzi [7] qu’il présenta à l’empereur Wudi en 139 av. notre ère.
À partir de la mort de Gaozu, les rois des fiefs périphériques prirent de plus en plus d’indépendance et de nombreuses rébellions armées ou tentatives de complot se produisirent.
Le père de Liu An lui-même était mort après s’être rebellé contre l’empereur. Le nouveau roi de Huainan, bien que peu porté sur les armes, n’était pas dénué d’ambition politique, et son entourage attendait beaucoup de lui. Selon Sima Qian, sa première velléité de révolte daterait de la 6ème année du règne de Wudi où apparut une comète, présage de changement de pouvoir.
Ses conseillers l’auraient alors pressé de lever une armée ; Wudi n’avait à l’époque pas encore d’héritier. Liu An hésita et laissa passer sa chance. Une 2ème occasion se présenta lorsque l’empereur priva son fils Liu Qian de fief pour inconduite. Liu An détermina un plan de campagne avec l’un de ses conseillers principaux, le stratège Wu Bei. Néanmoins, quand le plan fut prêt il se remit à hésiter. Déçu par son manque de détermination, Wu Bei décida de l’abandonner et le dénonça à Wudi en 123 av. notre ère. En 122, une expédition punitive fut envoyée contre lui. Liu An se suicida.
Il fut enterré au pied de la face sud du mont Bagong [8], mont des Huit seigneurs [9], situé à 1,5 km au nord du comta de Shou, dans une tombe tournée vers la rivière Fei.
Amateur de la littérature aux résonances chamaniques de la région de Chu, intéressé par l’alchimie et les techniques d’immortalité, le roi de Huainan a laissé beaucoup de légendes dans le folklore taoïste et la région où il vécut. Lui-même et ses huit conseillers seraient devenus immortels, et on montre sur le mont Bagong les traces de l’endroit d’où ils se sont envolés
Le Bèncào gàngmù [10], important traité médical des Ming [11], lui attribue l’invention du tofu [12] lors d’une expérience alchimique.