Le 21 octobre 1805, Horatio Nelson livre sa dernière bataille au large du cap Trafalgar, non loin de Cadix [1]. Il navigue depuis l’âge de 12 ans et a perdu un bras et un œil au combat. Il a battu une flotte française devant Aboukir, en Égypte [2].
À Naples [3], ses amours tapageuses avec lady Hamilton ont défrayé la chronique mondaine. Tandis que l’Angleterre forme une troisième coalition [4] contre la France, Nelson reprend du service.
Napoléon 1er a réuni 200.000 hommes à Boulogne [5] et envisage de les faire débarquer en Angleterre avec pas moins de 3000 embarcations. Cela ne se peut qu’à la condition que la flotte anglaise soit éloignée de la Manche.
L’amiral de Villeneuve reçoit consigne d’entraîner les Anglais le plus loin possible. La première partie du plan se déroule comme prévu. Nelson poursuit l’escadre française jusqu’aux Antilles.
Les Français tentent de revenir au plus vite vers la Manche pour couvrir le débarquement en Angleterre. Mais, traqué par Nelson, il se réfugie dans le port espagnol de Cadix où des navires espagnols, alliés de la France, viennent le rejoindre.
L’amiral Villeneuve, en dépit de l’ordre précis de l’empereur, a différé son départ pour les côtes du royaume de Naples, où il aurait dû soutenir l’action de Laurent de Gouvion-Saint-Cyr contre les Bourbons. Il redoute d’avoir à affronter l’escadre anglaise. Au matin du 21 octobre, avec les navires espagnols de l’amiral Federico Carlos Gravina y Nápoli , il se décide à sortir de Cadix. Au large du cap Trafalgar, il se retrouve face aux Anglais. Mais les navires qu’il commande s’étirent sur une ligne de quelque 6 kilomètres. Horatio Nelson engage la bataille.
Nelson coupe cette ligne en trois. Elle met aux prises 27 navires anglais contre 33 franco-espagnols.
Une mêlée violente et confuse s’engage. 5 heures plus tard, le centre et l’arrière de Villeneuve sont défaits. Il ne reste que 15 des 33 bâtiments de la flotte de Villeneuve. Les autres sont pris ou coulés. 7 000 marins ont été tués, noyés ou sont hors de combat.
Les Anglais n’en perdent aucun. Mais l’amiral anglais est blessé sur le pont de son navire, le bien-nommé Victory, par une balle tirée de la hune du Redoutable.
Il meurt avant de pouvoir savourer son triomphe. Son corps est ramené à Londres dans un tonneau de rhum, seul moyen d’éviter une décomposition prématurée. Il est inhumé dans la cathédrale Saint-Paul à Londres [6].
La défaite de Trafalgar enlève à Napoléon 1er tout espoir de débarquer en Angleterre et de la soumettre.
Avant même la bataille navale, l’empereur a pris conscience des faiblesses de l’amiral de Villeneuve et compris qu’il ne pourrait pas compter sur l’appui de son escadre.
Dès le 3 septembre 1805, il avait levé le camp de Boulogne, entraînant la Grande Armée à marches forcées vers Vienne en Autriche. Ce sont alors les batailles d’Ulm [7], Austerlitz et quelques autres victoires tout aussi glorieuses.
Mais quelque prestige que l’empereur retire de ses succès terrestres, il est désormais prisonnier du Continent et n’a plus les moyens de vaincre l’Angleterre.