Élisabeth de Hongrie dite Sainte Élisabeth de Hongrie, sainte Élisabeth de Thuringe (1207-1231)
Fille du roi André II de Hongrie de la dynastie des Árpád [1] et de Gertrude d’Andechs-Meran ou Gertrude de Méranie de la dynastie des Babenberg [2].
Fiancée à 4 ans et mariée à 14 ans au landgrave [3] Louis IV de Thuringe , elle a connaissance du mouvement fondé en Italie par François d’Assise auquel elle adhère.
Élisabeth de Hongrie vécut de 1211 à 1228 au château de Wartbourg [4] auprès de son époux le landgrave Louis IV de Thuringe et de leurs enfants et de sa belle-mère, la landgravine douairière Sophie de Bavière.
Des franciscains allemands font découvrir à la jeune Landgravine l’esprit de François d’Assise et elle décide alors de renoncer à une vie de luxe et de frivolité pour se mettre au service des pauvres.
Sa piété la fait juger extravagante voire indigne par la cour et notamment sa belle-mère, la landgravine Sophie. Ainsi entrant dans une église, la jeune souveraine dépose sa couronne au pied de la croix ; Sa belle-mère la critique et lui fait remarquer publiquement que son attitude est indigne d’une princesse. Élisabeth lui rétorque qu’elle ne saurait porter une couronne d’or quand son Dieu porte une couronne d’épine.
Son époux meurt de la peste en 1227 mais elle refuse d’être remariée, sa belle-famille la chasse avec ses 3 enfants. Son oncle, évêque, calme la famille. Les 3 enfants seront élevés par la famille ducale.
Désormais elle consacre toute sa vie et son argent aux pauvres pour qui elle fait construire un hôpital.
Élisabeth revêt l’habit du Tiers-ordre franciscain [5] et prend pour directeur spirituel Conrad de Marbourg . Celui-ci la traite sans ménagement voire avec une cruauté à laquelle elle répond par une douceur exemplaire.
Morte en 1231 à Marbourg [6], ses restes ont été exhumés en 1232. Canonisée dès 1235.
L’ordre Teutonique [7] a fait construire une église gothique, destinée à recevoir ses reliques. Celles-ci attirèrent des foules nombreuses faisant de Marbourg un grand centre de pèlerinage de l’Occident chrétien.
Notes
[1] Árpád est le nom de la première dynastie qui règne en Hongrie de 895 à 1301, d’après le nom de son premier duc, Árpád de Hongrie, qui règne de 895 à 900 ?.
[2] La maison de Babenberg est une des maisons nobles d’origine franconienne qui a gouverné le margraviat d’Autriche (Ostarrichi), puis le duché d’Autriche de 976 jusqu’à l’extinction de lignée masculine en 1246.
[3] Titre de noblesse équivalent, lorsqu’il est employé seul, à celui de comte. Dans le Saint Empire romain germanique, il fut combiné avec d’autres termes dénotant une juridiction ou un domaine de responsabilité, assortis de concessions spéciales d’autorité ou de rang jusqu’à la fin du régime féodal.
[4] Le château de la Wartbourg est situé sur une colline au sud-ouest d’Eisenach en Thuringe, d’où il surplombe la ville. À l’époque, on appelait ce territoire le grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach. Il aurait été fondé en 1067 par le landgrave Louis II « le Sauteur » (Ludwig der Springer), ainsi nommé car on raconte qu’il fut emprisonné dans une tour, dont il s’échappa en sautant du sommet dans les douves. Le château, perché sur un éperon rocheux, se présente comme un assemblage de constructions de différentes époques.
[5] Moines de l’ordre mineur de frères laïcs mendiants fondé par saint François d’Assise en 1209, sur les principes rigoureux de l’humilité totale et de la pauvreté extrême. Les franciscains ont une mission de prédication itinérante. Au 13ème siècle, l’ordre se divise, malgré les tentatives de conciliation de saint Bonaventure, entre les adeptes de la règle de pauvreté originelle et les spirituels, qui jugent la mission d’enseignement incompatible avec la misère matérielle. Malgré ces dissensions, et les diverses branches qui en découlent, les franciscains poursuivent une lutte active contre les hérésies et se répandent rapidement au travers de la chrétienté. Les franciscains portent une robe brune avec une corde pour ceinture (ce qui leur a valu le nom de cordeliers), habit des pauvres de leur temps. A la fin du 13ème siècle, il existe déjà 1500 maisons de franciscains. L’ordre franciscain s’est diversifié en trois courants : les frères mineurs, les frères mineurs conventuels et les frères mineurs capucins. Il existe aussi un tiers ordre de laïcs. Les franciscains sont partis en mission dans le monde entier.
[6] Marbourg est une ville de Hesse en Allemagne, chef-lieu de l’arrondissement de Marbourg-Biedenkopf. Elle est traversée par la rivière Lahn. C’est une ville libre depuis le 12ème siècle, au cours duquel elle a acquis l’autonomie municipale. De cet héritage découle le statut spécial dont dispose encore aujourd’hui la ville, comme six autres villes de Hesse. La Philipps-Universität de Marbourg, fondée en 1527, est la plus ancienne des universités protestantes d’Allemagne. Elle joue un rôle particulièrement important pour l’image de marque de la ville et est étroitement mêlée à l’identité municipale. Marbourg est une cité estudiantine, dressée à flanc de colline. Elle se distingue par son château perché sur un éperon et par son imposante église gothique, dédiée à sainte Élisabeth. Cette dernière, princesse de Hongrie venue se retirer ici pour soigner les malades incurables, fit longtemps de la ville un centre de pèlerinage. Avec la Réforme protestante, Marbourg devint un important foyer de théologie protestante.
[7] L’État monastique des chevaliers Teutoniques ou État teutonique, fut fondé, en 1226, par les chevaliers de l’ordre Teutonique. Il se transforma, en 1525, en duché de Prusse, future province de Prusse-Orientale, part de l’État prussien. Après des tentatives en 997 et 1147 pour soumettre les Baltes occidentaux, le duché de Mazovie intensifia ses attaques, à partir de 1209, pour soumettre ces peuples païens. En représailles, ceux-ci firent des incursions en Mazovie. Ne parvenant pas à les vaincre, le duc Conrad 1er de Mazovie invita, d’abord, les chevaliers de l’ordre Teutonique à s’installer en Pologne, à la frontière avec les Borusses, puis les encouragea à pénétrer sur les territoires de ceux-ci en 1231. Au milieu du 13ème siècle, les Borusses tentèrent une ultime révolte qui ne fit que précipiter leur déclin. Les Prussiens du sud-ouest furent vaincus et conquis en une dizaine d’années ; ceux du sud-est et du nord-est furent conquis dans la seconde moitié du 13ème siècle. L’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, plus intéressé par l’action politique que religieuse de l’ordre (composé surtout de chevaliers allemands), octroya au grand maître de l’Ordre tous les privilèges d’un prince d’Empire, dont le droit de souveraineté sur les territoires nouvellement conquis. Par cette bulle signée à Catane, en 1224, la Prusse, la Livonie et plusieurs provinces voisines furent déclarées Reichsfreie. Ce décret soumit les provinces susmentionnées directement à l’autorité de l’empereur du Saint Empire et à l’Église. En outre, par la bulle d’or impériale de Rimini (mars 1226) et la bulle d’or papale de Rieti (1234), la Prusse devint possession officielle de l’ordre Teutonique. La bulle d’or de Rieti autorisait également les membres de l’ordre de Dobrin qui avait échoué dans sa mission de christianiser les Prussiens et dont les effectifs étaient restés modestes à rejoindre l’ordre Teutonique. Ce dernier fusionna en 1237, avec les chevaliers Porte-Glaive (ou ordre de Livonie), ce qui lui permit de s’étendre au nord et de se renforcer.