Muirchertach mac Neill na Goiceall Creacan (mort en 943)
Chef du Cenél nEógain-Roi d’Ailech de 919 à 943
Fils de l’Ard ri Érenn [1] Niall Glúndub* et de Gormlaith, fille de Flann Sinna Ard ri Érenn. Il était donc lié par ses parents au Cenél nEógain [2] des O’Neill du Nord et au Clan Cholmáin [3] des O’Neill [4] du Sud.
Après la mort de son père, survenue lors de la défaite irlandaise devant les Vikings de Dublin, le 15 septembre 919, le titre d’Ard ri Érenn fut repris par son oncle maternel Donnchadh Donn et celui de roi d’Ailech [5] par son cousin Fergal mac Domnaill auquel il succédera en 938.
Muichertach reprend quant à lui le combat contre les Vikings. En 921 il remporta une victoire contre le roi Gothfrith sur la rivière Bann. Le 28 décembre 926, à la tête de son clan et des gens d’Ulidia [6], il écrasa les Vikings d’Alpthann Uí Ímair près de Newry [7] mais dut se retirer à l’approche du roi Gothfrith Uí Ímair venu lui-même en renfort de Dublin.
En 927, il défait et tue Goach, chef du Cianachta Glinne Gemhin, vassal rebelle du comté de Derry [8]. Bien qu’il ait épousé sa cousine Flann, fille de Donnchadh Donn, les relations entre les deux rois s’étaient rapidement dégradées, entraînant plusieurs conflits ; toutefois en 938, il organisa avec son beau-père une expédition dans le territoire des Vikings de Dublin [9] près de la rivière Greece [10].
L’année suivante, les Vikings surprennent Ailech et s’emparent du roi ; ce dernier réussit à s’échapper de leur navire dans le L Lough Swilly [11] avant qu’ils n’atteignent la mer.
En 940, allié avec Donnchadh Donn, il met à sac le Leinster [12] et le Munster [13] et en 941 il marche contre les Déisi [14] du comté de Waterford [15] qui font soumission, ainsi que l’Ossory [16].
Après la mort de son épouse en 940, Muirchertach mac Neill se remarie avec Dubhdara, fille de Ceallach, roi d’Ossory. Il organise la même année une expédition contre les implantations vikings aux îles Hébrides [17].
Durant son absence, Cellachán Caisil , roi de Cashel [18], attaqua les Deisi désormais vassaux de Muirchertach. Le roi d’Ailech, qui souhaitait faire valoir ses droits au titre d’Ard ri Érenn, organise alors une campagne ou "Grand circuit d’Irlande" qui fait l’objet d’un poème épique composé par son barde, Gormacan mac Maolbrighde.
À partir de l’Uladh, dont il fit prisonnier le roi, il surprend les Danois de Dublin dont il obtint un otage de marque nommé Sihtric. Il traverse l’Ossory où il est reçu par ses alliés et arrive enfin au Munster où il obtient des otages du roi Cellachan de Cashel. Il retourne dans son royaume d’Ailech par le Thommond [19], Galway [20] et Roscommon [21].
Le 26 février 943, Muirchertach mac Neill est tué lors d’un combat contre le roi de Dublin Blacair Gothfrithson à Ardee [22]. Il est considéré comme un grand guerrier par les Annales d’Ulster [23] qui n’hésitent pas à le présenter comme “l’Hector du monde occidental”
Notes
[1] Le Ard rí Érenn désigne, dans la mythologie celtique et l’histoire médiévale de l’Irlande, le souverain qui règne sur la totalité de l’île. Ard rí signifie « roi suprême » et « Érenn » provient de la déesse Ériu, véritable personnification du pays
[2] Cenél nEógain est le nom des descendants d’Eoghan mac Néill, le fils de Niall Noígiallach ancêtre des Uí Néill., qui fonda au 5ème siècle en Ulster le royaume d’Ailech. Ce royaume s’étendait approximativement sur l’actuel comté de Tyrone, et sur certaines parties des comtés de Londonderry, de Donegal, de Fermanagh, de Monaghan et d’Armagh. En 1020, les Cenél nEógain furent pourchassés par le haut-roi Mael Seachlainn II Mór à travers le Sliab Fuait
[3] Le Clan Cholmáin est le nom de la descendance de Colmán Már mac Diarmato, fils de Diarmait mac Cerbaill. C’est une branche méridionale des Uí Néill. Le clan compte en son sein de nombreux Rois de Mide (Meath). Au 10ème siècle et 11ème siècle leurs successeurs les Uí Máelshechlainn étaient établis à Dun na Sciath près du Lough Ennell ou à Cro-inis sur le lac lui-même
[4] Les Uí Néill étaient une grande dynastie irlandaise. Il signifiait les « descendants de Niall Noigiallach », et se rapportait à un groupe de parenté irlandais. Les Uí Néill n’étaient ni une tribu, ni une confédération de tribus, mais une dynastie, c’est-à-dire qu’ils étaient composés, dès le 6ème siècle, de quelques douzaines de personnes réparties sur un vaste territoire au nord et au centre de l’Irlande. Ils devinrent à partir de la seconde moitié du 6ème siècle la dynastie dominante de la moitié nord de l’Irlande. Ses diverses branches donnèrent un certain nombre de hauts rois d’Irlande entre les 7ème et 11ème siècles.
[5] Les rois d’Ailech étaient les descendants de Eógan, c’est-à-dire les Cenél nEógain, et appartenaient ainsi à une branche des Uí Néill. Après la destruction d’Ailech dans le comté de Donegal par Muircheartach Ua Briain en 1101, ou peut-être même à partir de 1050, les rois d’Ailech furent reconnus à Tuloch-Og dans le comté de Tyrone Les Mac Lochlainn transfèrent ensuite le lieu de leur intronisation à Derry alors que leurs rivaux les O’Neill demeurent à Tuloch-Og.
[6] L’Ulster
[7] Comté de Down
[8] Derry ou Londonderry (son nom officiel), du gaélique doire signifiant chênaie, est une cité d’Irlande du Nord. Seconde ville de la province britannique après Belfast
[9] Les Vikings envahissent le territoire environnant Dublin au cours du 9ème siècle, établissant ainsi le royaume de Dublin, le premier et le plus durable des royaumes vikings en Irlande, Grande-Bretagne et dans toute l’Europe hors Scandinavie à l’exception du Royaume de Man et des Îles. L’étendue du royaume correspond peu ou prou à l’actuel Comté de Dublin
[10] comté de Kildare
[11] Le Lough Swilly est une sorte de profond fjord situé au nord de l’Irlande entre la péninsule d’Inishowen à l’est et la péninsule de Fanad à l’ouest, dans le comté de Donegal. À l’extrémité nord du Lough se trouvent le cap Fanad avec son célèbre phare et le cap Dunaff. Sur ses rives se trouvent les villes de Buncrana à l’est et Rathmullan sur le côté ouest. À l’extrémité sud du Lough se trouve Letterkenny.
[12] Les rois de Leinster, gouvernèrent la province irlandaise de Leinster jusqu’en 1632
[13] Situé au sud-ouest de l’île, le Munster (en irlandais An Mhumhain) (en latin Momonia), est l’une des quatre provinces d’Irlande. Le Munster est la plus grande des provinces d’Irlande, et celle qui est placée le plus au sud. Sa plus grande cité est Cork.
[14] Les Déisis sont un peuple de l’Irlande. Le nom Déisi qui signifie au sens propre « Peuple soumis ou Vassaux » est le nom porté pendant la période historique par deux populations d’Érainn l’une dans le royaume de Brega et l’autre dans le Munster.
[15] La ville de Waterford est la capitale du comté de Waterford en Irlande. C’est la principale ville de la région sud-est, et la cinquième du pays. Fondée en 914 par les Vikings, c’est la plus ancienne cité de l’île.
[16] Les rois d’Osraige ou Ossory en anglais ; régnèrent sur ce qui fut principalement un État tampon entre le Leinster et le Munster. Les frontières sud de l’Osraige étaient les fleuves côtiers Barrow et Suir, bien qu’à l’origine ce territoire s’étendît jusqu’à la mer, et que ses rois eussent quelque influence sur les rois normands de Waterford. Vers le nord, il se peut qu’il se soit étendu au-delà des montagnes Slieve Bloom et ait atteint le fleuve Shannon, mais, pendant la période historique, il s’arrêtait au sud de ces montagnes, la rivière Nore constituant généralement la frontière. En partant du nord, et en pivotant dans le sens des aiguilles d’une montre, il était bordé par les royaumes ou seigneuries suivantes : Ele, Ui Duach, Loigis, Ui Drona, Uí Cheinnselaigh, Déisi Mumhain, et Eóganachta Caisel. La ville principale et la capitale de cet état était Kilkenny. Le comté actuel de Kilkenny, ainsi que la partie ouest du comté de Laois, constituent le cœur de cet ancien royaume. On dit que le nom d’Osraige vient des Usdaie, une tribu que la carte d’Irlande de Ptolémée place à peu près dans la même zone qu’Osfraige occupa plus tard. Les autres tribus du voisinage étaient les Brigantes et les Cauci. Les Osfraiges se réclamaient descendre des Ivernes. Selon les généalogies traditionnelles le royaume d’Osraige aurait été fondé par Oenghus Oisrithe un descendant du fabuleux Breasal Breac. Ses propres descendants auraient exercé le pouvoir avant d’être renversés à la fin du 5ème siècle par Cucraidh mac Duach Iarleith de la famille des rois de Munster. Ils auraient recouvré leur héritage au 6ème siècle et ce n’est qu’à partir de cette époque que l’on peut donner une liste des rois d’Osraige. Au 11ème siècle la dynastie régnante prit le nom de Mac Gillo Patraic, qui fut plus tard changé en celui de Fitz-Patrick. Après l’invasion des anglo-normands les Mac Gillo Patraic durent se réfugier dans le haut Ossory qu’ils conservèrent jusqu’en 1537 époque à laquelle Brian Og Mac Gillo Patraic mort en 1551 se soumit au roi d’Angleterre.
[17] Les Hébrides, sont un archipel du Royaume-Uni situé dans l’ouest de l’Écosse. Ces îles sont divisées en deux grands groupes séparés entre eux par le bras de mer baptisé The Little Minch et la mer des Hébrides. Le contrôle des Hébrides intérieures et extérieures par les Norvégiens fut à l’origine de guerres incessantes jusqu’au partage de 1156. Les Hébrides extérieures restaient la possession du Royaume de Man et des Îles tandis que les Hébrides intérieures s’en détachèrent sous la conduite de Somerled, un parent celto-normand de Lulach et de la maison royale de Man. Bien que les Hébrides intérieures, connues à partir de 1156 sous le nom de Royaume des Hébrides, fussent encore en droit sous la souveraineté norvégienne, ses chefs étaient écossais de langue et de culture plus que scandinaves. Après sa victoire en 1156, Somerled conquit deux ans plus tard l’île de Man elle-même et devint le dernier roi de Man et des Îles à régner à nouveau sur l’ensemble des îles que comprenait autrefois le royaume. Après sa mort en 1164, les souverains de Man cessèrent de contrôler les Hébrides intérieures. En 1262 eut lieu un raid écossais sur Skye, ce qui amena le roi de Norvège Håkon IV à se rendre en Écosse afin de régler l’affaire. Vers la fin de l’année 1263, Håkon fit voile vers l’Écosse avec une armée d’invasion forte de 200 navires et de 15 000 hommes. La flotte norvégienne essuya des tempêtes près des côtes écossaises, et il fallut transporter quarante navires par voie de terre jusqu’au Loch Lomond. Finalement eut lieu une petite escarmouche à la bataille de Largs, dans laquelle les Norvégiens et leurs alliés de Man commandés par Magnus III de Man n’obtinrent qu’un léger avantage tactique sur les Écossais commandés par Alexander Stewart. Après la bataille, le mauvais temps obligea la flotte norvégienne et mannoise à se retirer vers les Orcades. À son arrivée à Kirkwall, Håkon, malade et fatigué, décida de passer l’hiver dans le palais de l’évêque Heinrkr pour reprendre sa campagne l’été suivant. Ses plans furent cependant déjoués lorsqu’il mourut en décembre. Sa couronne passa à son fils Magnus VI de Norvège, qui jugea que faire la paix avec les Écossais était plus important que de maintenir les possessions norvégiennes sur les îles à l’ouest de l’Écosse et en mer d’Irlande. Le traité de Perth de 1266 laissa les Hébrides et l’île de Man à l’Écosse pour 5 000 marcs et un tribut annuel de 100 marcs. L’Écosse confirmait en même temps la souveraineté norvégienne sur les îles Shetland et les Orcades. Cependant le contrôle de Man par les Écossais ne devint effectif qu’après la défaite des Mannois et de leur dernier roi norvégien, Godfred Magnuson de Man, à la bataille de Ronaldsway en 1275.
[18] Cashel est une ville du Comté de Tipperary, dans le sud des midlands d’Irlande. Cashel fut la capitale du royaume de Munster. C’est dans cette ville que fut assemblé, en 1172 à la demande d’Henri II d’Angleterre, le synode de Cashel. Celui-ci incluait des attitudes envers le mariage, le célibat clérical, le système sacramentel et le contrôle des terres de l’église.
[19] Le comté de Thomond est un des comtés historiques de l’Irlande qui correspond aux actuels comtés de Clare et de Limerick ainsi qu’au nord du Comté de Tipperary et à une partie du Comté d’Offaly. Le royaume puis comté de Thomond est issu du partage définitif du royaume de Munster qui intervint après la mort du roi Domnall Mor mac Toirdhelbach Ua Briain en 1194. Cette partie du royaume resta entre les mains des descendants de Brian Boru qui constituèrent la famille O’Brien, l’autre s’appelant Comté d’Ormonde. Le premier roi de Thomond fut Muircheartach mac Domnall Ua Briain (détrôné en 1208).
[20] Galway est une ville de la province de Connacht, dans le comté de Galway, sur la côte ouest de l’Irlande. Son nom vient de la rivière Corrib (Gaillimh), qui traverse la ville. Elle est également surnommée la « ville des tribus » en référence aux quatorze tribus qui se partageaient la ville à l’époque anglo-normande.
[21] Roscommon est une ville du comté de Roscommon en Irlande. Son nom provient de Saint Coman qui y fonda un monastère au 8ème siècle.
[22] Comté de Louth
[23] Les Annales d’Ulster sont des chroniques de l’histoire médiévale irlandaise. Les entrées couvrent la période allant de 431 à 1540. Celles allant jusqu’à l’année 1489 furent compilées à la fin du 15ème siècle par le scribe Ruaidhri Ó Luinín, sous le patronage de Cathal Óg Mac Maghnusa, sur l’île de Belle Isle sur le lac Lough Erne, dans la province d’Ulster. Les entrées plus tardives furent rajoutées par d’autres auteurs.