Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 7ème siècle > Feuillen de Fosses ou Foillan, Foilan

Feuillen de Fosses ou Foillan, Foilan

mercredi 29 janvier 2020, par lucien jallamion

Feuillen de Fosses ou Foillan, Foilan

Moine irlandais du 7ème siècle-Missionnaire en Belgique-Fondateur de l’abbaye de Fosses-la-Ville

Feuillen de Fosses Fondateur de l'abbaye de Fosses-la-VilleLes trois saints frères, Ultan , Fursy (Fursey) et Pholian (plus tard Feuillen) quittèrent leur pays natal d’Irlande alors dévasté par des invasions étrangères, pour se retirer sur une île. De là ils passèrent au pays des Anglo-Saxons, au Suffolk [1], où grâce au roi Sigebert d’Est-Anglie, ils établirent une communauté monastique à Cnoberesburg [2], vers 634.

Fursy quitta la communauté vers 643 pour passer une année seul avec son frère Ultan dans un ermitage, laissant la direction du monastère à Feuillen. Environ 1 an plus tard, il quitta l’Est-Anglie [3] pour de bon et s’établit en Neustrie [4] à Lagny-sur-Marne [5] : Feuillen devint alors abbé de Cnobheresburg. Puis, à la suite d’une des nombreuses guerres qui opposèrent le roi chrétien des Est-Angles, Anna d’Est-Anglie dont les filles Edilburge et Saethryth habitaient à l’abbaye de Faremoutiers [6], et ses voisins païens, ce dernier dut s’exiler, le monastère fut pillé et détruit, et les moines furent faits prisonniers.

Feuillen paya la rançon exigée pour la libération de ses moines, rassembla les saints livres et précieuses reliques qui avaient échappé au pillage et traversa la Manche pour se réfugier au royaume des Francs, où son frère Fursy l’avait précédé comme missionnaire

Feuillen et ses compagnons furent bien accueillis à Péronne [7] par Erchinoald, maire du palais [8]. Cependant, pour des raisons qui ne sont pas claires, ils quittèrent Péronne pour se rendre à Nivelles [9] où se trouvaient déjà des moines irlandais.

Sainte Gertrude de Nivelles, de famille aisée et cultivée et sœur de Grimoald, y était abbesse d’un monastère double. Se liant d’amitié avec Feuillen, qui selon la tradition des moines irlandais était abbé-évêque, elle le mit à contribution pour l’organisation de son monastère, surtout dans le domaine de l’enseignement de la loi divine [10] et de la célébration de l’office divin.

Cependant, désirant évangéliser les populations au sud de la Sambre [11], Gertrude mit son domaine de Fosses à la disposition de Feuillen et de ses moines irlandais. Ils s’y établirent et construisirent un monastère vers 650 qui fut placé sous la règle de saint Benoît [12]. Les moines connurent rapidement un grand rayonnement missionnaire. Mais Feuillen ne le vit pas. En 655, lors d’un déplacement le saint et ses compagnons furent assassinés par des bandits.

Parmi les nombreux moines irlandais qui évangélisèrent l’Austrasie [13], Feuillen est un des mieux connus. Grâce à ses contacts avec Erchinoald, maire du palais de Péronne et les membres de la famille de Pépin de Landen dont Gertrude de Nivelles était la fille, il put jouer un rôle influent dans la christianisation de la région.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Alain Dierkens, Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse (viie – xie siècles) : Contribution à l’histoire religieuse des campagnes du Haut Moyen Âge, Sigmaringen, Jan Thorbecke, 1985, 375 p. (ISBN 3-7995-7314-3)

Notes

[1] Le Suffolk a des frontières au nord avec le Norfolk, à l’ouest avec le Cambridgeshire et au sud avec l’Essex. Il est bordé à l’est par la mer du Nord. La capitale du comté est Ipswich et les autres villes importantes sont Lowestoft et Bury St Edmunds. La ville de Felixstowe est, quant à elle, l’un des plus grands ports de containers d’Europe.

[2] Cnobheresburg est un site monastique anglo-saxon du 7ème siècle situé dans le royaume d’Est-Anglie. Il est couramment localisé à Burgh Castle, un village du Norfolk. D’après l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais de Bède le Vénérable, qui s’appuie sur une hagiographie antérieure du moine irlandais Fursy, le roi des Angles de l’Est Sigeberht offre un terrain à Fursy pour y construire un monastère vers 630. Bède précise que « le monastère était agréablement situé dans les bois, non loin de la mer, aménagé dans un château dont le nom est Cnobheresburg en langue anglaise, c’est-à-dire « la cité de Cnobhere ». Le successeur de Sigeberht, Anna, dote encore davantage ce monastère en terres et en biens. Au bout de quelques années, peut-être vers 643, Fursy décide de se retirer du monde et confie Cnobheresburg à son frère Foillan.

[3] L’Est-Anglie ou royaume des Angles de l’Est, est un royaume anglo-saxon établi au cours du Haut Moyen Âge sur les actuels comtés anglais du Suffolk et du Norfolk. Sa fondation légendaire, vers le milieu du 6ème siècle, aurait été le fait d’envahisseurs germaniques appartenant à la tribu des Angles. Il disparaît comme entité indépendante après les invasions vikings du 9ème siècle, mais le titre de comte d’Est-Anglie continue à être donné au sein du royaume d’Angleterre jusqu’à la fin du 11ème siècle, et la région conserve le nom d’Est-Anglie à ce jour.

[4] Royaume franc qui couvrait le nord-ouest de la France actuelle, et avait pour capitale Soissons. Néanmoins, il semble que le terme de Neustrie ne soit apparu qu’un siècle après la création du royaume. La Neustrie avait été créée lors du partage qui suivit la mort de Clovis 1er, en 511, et revint à Clotaire 1er, qui, au terme de son long règne de 50 ans, avait réussi à reconstituer le royaume de son père. Elle fut le 2ème grand royaume franc né lors des partages successoraux mérovingiens à partir des territoires conquis sur Syagrius. Son aire géographique était limitée par la Loire au sud, l’océan Atlantique et la Basse-Bretagne à l’ouest, et la Champagne à l’est. Elle s’étendait jusqu’en Flandre au nord.

[5] Lagny-sur-Marne est une commune française située dans le département de Seine-et-Marne. La commune de Lagny-sur-Marne s’étend entre la vallée de la Marne et le début du plateau de la Brie. La Marne constitue la limite nord de la commune. Lagny est situé à 28 km à l’est de Paris.

[6] Située à quelques kilomètres à l’ouest de la ville de Coulommiers, l’abbaye Notre-Dame de Faremoutiers est fondée à l’époque mérovingienne vers 620 par sainte Fare. Le symbole héraldique de la double crosse, figurant encore sur le blason de la commune de Faremouriers, rappelle que Notre-dame de Faremoutiers a eu le rang d’abbaye royale. Cette abbaye était un monastère double, le premier du genre en France, accueillant moines et moniales. Deux fois détruit, il a connu plusieurs états architecturaux successifs, dont on peut voir aujourd’hui, à côté des bâtiments contemporains, des pans de fondations médiévales.

[7] Somme

[8] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.

[9] L’abbaye de Nivelles (ou abbaye Sainte-Gertrude de Nivelles) fut fondée vers 648-649 par la veuve de Pépin de Landen, Itte Idoberge avec le concours de l’évêque Saint Amand. À son origine, elle abrite des moniales. La communauté fait appel à des moines irlandais de l’abbaye de Péronne ; Feuillen, dirigeant de Péronne, envoie les plus âgés à Nivelles et les plus jeunes à Fosses à 30 km de Nivelles. Nivelles devient une communauté double dirigée par un abbé et une abbesse, et plus tard uniquement par une abbesse. Au 9ème siècle, commence un processus de sécularisation qui se terminera au 12ème siècle.

[10] les Saintes Écritures

[11] La Sambre est une rivière franco-belge, affluente de la Meuse, de 190 km de long.

[12] L’ordre de Saint-Benoît plus connu sous le nom d’ordre des Bénédictins, est une fédération de monastères ayant, au cours de leur histoire, adopté la règle de saint Benoît. Ainsi saint Benoît de Nursie en est-il considéré comme le fondateur en 529.

[13] la partie sud de la Belgique d’aujourd’hui