Cinquième enfant d’ Antoine d’Estrées , marquis de Cœuvres [1] et de Françoise Babou de La Bourdaisière .
En 1580, à 10 ans, elle est reçue comme novice [2] à l’abbaye de Saint-Louis de Poissy [3]. Il est dit qu’elle devint quelques années après la maîtresse d’Henri III comme l’avait été sa mère.
Sa liaison avec le roi est mentionnée en 1585 dans les lettres des ambassadeurs à la cour d’Henri III.
Selon Jacqueline Boucher, Henri III lui donna l’abbaye de Bertaucourt [4], ce qui peut être considéré comme une marque de faveur, voire un cadeau de rupture.
Le 26 avril, Henri III la présente au Saint-siège pour lui obtenir l’abbaye de Maubuisson [5], le pape refuse la jugeant trop jeune.
Il lui sera finalement obtenu par Henri IV en 1594. On prétend aussi qu’elle aurait été sa maîtresse passagère.
Le 1er mars 1595, Angélique d’Estrées est intronisée abbesse de Maubuisson en présence d’Henri IV. Ce dernier lui accorde 30 cordes [6] de bois pour son chauffage. A partir de ce moment, Angélique d’Estrées va mener à l’abbaye de Maubuisson une existence mondaine.
En 1599, à la mort de Gabrielle d’Estrées , le cœur de celle-ci est enterré à l’abbaye de Maubuisson. En 1604, Nicolas Boucherat, nouvel abbé de Cîteaux [7], prend la direction des Cisterciens [8] et entreprend la réforme des couvents de Bernardines. Il effectue une courte visite en 1609 à l’abbaye de Maubuisson mais ne réforme rien.
En 1609, Angélique d’Estrées cumule depuis des années les bénéfices de l’abbaye de Bertaucourt et celle de l’abbaye de Maubuisson. Elle le fait remarquer à Henri IV qui demande au pape de remédier à cet abus.
Cinq ans plus tard en 1614, Nicolas Boucherat envoie des réformateurs à l’abbaye de Maubuisson mais l’abbesse, Angélique d’Estrées, les contraint à la fuite en les privant de nourriture.
Mais le 3 février 1618, Nicolas Boucherat se présente avec une troupe armée et enfonce les portes de l’abbaye. Angélique d’Estrées est conduite aux Filles pénitentes de Sainte-Magloire [9]. Le 10 septembre 1619, Angélique d’Estrées s’échappe de Sainte-Magloire grâce à la complicité de son beau frère, Charles de Sanzay époux de Marie-Françoise d’Estrées, et de quelques jeunes nobles de ses amis. Elle pénètre de force à l’abbaye de Maubuisson et en expulse la mère qui l’a remplacé dite "mère Angélique" et les religieuses fidèles à celle-ci.
250 archers arrivent pour se saisir d’Angélique d’Estrées qui est, cette fois, enfermée aux Carmélites.
Finalement en 1620, son frère, François Hannibal d’Estrées lui procure un refuge dans sa ferme de la Glaux [10].
En 1628, Angélique d’Estrées plaide contre la mère Marie Suireau qui l’a remplacé, puis on n’entend plus parler d’elle.
Elle meurt six ans plus tard et enterrée au couvent des Clarisses à Paris, lieu de sa détention en 1619.